Imprimer
Catégorie parente: Logique
Catégorie : Synonyme
JUREMENT, (Synonyme) Le serment se fait proprement pour confirmer la sincérité d'une promesse ; le jurement pour confirmer la vérité d'un témoignage.

Le mot de serment est plus d'usage pour exprimer l'action de jurer en public, et d'une manière solennelle. Celui de jurement exprime quelquefois de l'emportement entre particuliers. Le serment du prince ne l'engage point contre les lois ni contre les intérêts de son état. Les fréquents jurements ne rendent pas le menteur plus digne d'être cru.

Enfin le mot serment est d'un usage beaucoup plus étendu que celui de jurement, car il se prend au figuré par toutes sortes de protestations qu'on fait dans le commerce du monde. Balsac dit en ce sens, que Jupiter rit également des serments des amants et des rais. (D.J.)

SERMENT, VOEU, (Religion, Morale) ce ne sont point deux termes synonymes, et la différence qui se trouve entre ces deux actes religieux, mérite d'être exposée.

Tout serment, proprement ainsi nommé, se rapporte principalement et directement à quelque homme auquel on le fait. C'est à l'homme qu'on s'engage par-là : on prend seulement Dieu à témoin de ce à quoi on s'engage, et l'on se soumet aux effets de sa vengeance, si l'on vient à violer la promesse qu'on a faite, supposé que l'engagement par lui-même n'ait rien qui le rendit illicite ou nul, s'il eut été contracté sans l'interposition du serment.

Mais le vœu est un engagement où l'on entre directement envers Dieu, et un engagement volontaire, par lequel on s'impose à soi-même de son pur mouvement, la nécessité de faire certaines choses, auxquelles sans cela on n'aurait pas été tenu ; au moins précisément, et déterminément ; car si l'on y était déjà indispensablement obligé, il n'est pas besoin de s'y engager : le vœu ne fait alors que rendre l'obligation plus forte, et la violation du devoir plus criminelle, comme le manque de foi, accompagné de parjure, en devient plus odieux, et plus digne de punition, même de la part des hommes.

Comme le serment est un lien accessoire qui suppose toujours la validité de l'engagement auquel on l'ajoute, pour rendre les hommes envers qui l'on s'engage plus certains de notre bonne-foi ; dès-là qu'il ne s'y trouve aucun vice qui rende cet engagement nul ou illicite, cela suffit pour être assuré que Dieu veut bien être pris à témoin de l'accomplissement de la promesse, parce qu'on sait certainement que l'obligation de tenir sa parole, est fondée sur une des maximes évidentes de la loi naturelle, dont il est l'auteur.

Mais quand il s'agit d'un vœu, par lequel on s'engage directement envers Dieu à certaines choses, auxquelles on n'était point obligé d'ailleurs, la nature de ces choses n'ayant rien par elle-même qui nous rende certains qu'il veut bien accepter l'engagement ; il faut, ou qu'il nous donne à connaître sa volonté par quelque voie extraordinaire, ou que l'on ait là-dessus des présomptions très-raisonnables, fondées sur ce qui convient aux perfections de cet être souverain. On ne peut s'imaginer, sans lui faire outrage, qu'il se prête à nos désirs, toutes les fois qu'il nous prendra envie de contracter avec lui, et de gêner inutilement notre liberté : ce serait supposer qu'il retire quelqu'avantage de ces engagements volontaires, qui doivent être toujours des devoirs indispensables.

Le docteur Cumberland prétend qu'on se forme une nouvelle obligation après le serment dans les engagements qu'on prend ; mais cette nouvelle obligation n'empêche pas que la validité du serment n'ait une liaison nécessaire avec la validité de l'engagement, pour la confirmation duquel on le prête. La première et la principale raison, pourquoi celui qui manque à la parole donnée avec serment, mérite d'être puni, c'est parce qu'il a violé ses engagements ; le parjure le rend seulement plus coupable, et digne d'une plus rigoureuse punition. Quoiqu'il peche alors, et contre cette loi naturelle qui ordonne de tenir ce que l'on a promis, et contre celle qui défend d'invoquer le nom de Dieu témérairement, cela ne change point la nature des obligations qui naissent de-là, en tant que jointes ensemble, de telle manière que la violation de ce qui se rapporte à Dieu, suppose ici nécessairement une infraction de l'autre qui regarde les hommes, auxquels on s'engage en prenant Dieu à témoin. On ne le prend à témoin, que pour confirmer l'engagement où l'on entre envers ceux à qui l'on jure ; et si l'on a lieu de croire qu'il veut bien se rendre garant de l'engagement et vengeur de son infraction, c'est uniquement, parce que l'engagement n'a rien en lui-même qui le rende ou illicite, ou invalide. Traité des lois naturelles. (D.J.)

SERMENT, s. m. (Littérature) attestation religieuse de la vérité, de quelque affirmation, engagement, promesse, etc. Mais nous ne voulons pas ici considérer le serment en théologien, en jurisconsulte, ni en moraliste ; nous en voulons parler en simple littérateur, et d'une façon très-concise. On trouvera dans les mém. des insc. des détails étendus sur le même sujet, et dans le même plan, car cette matière envisagée de cette manière, présente quantité de choses agréables, curieuses et solides ; c'est l'histoire de tous les peuples.

L'usage des serments fut ignoré des premiers hommes. La bonne-foi regnait parmi eux, et ils étaient fidèles à exécuter leurs engagements. Ils vivaient ensemble sans soupçon, sans défiance. Ils se croyaient réciproquement sur leur parole, et ne savaient ce que c'était, ni que de faire des serments, ni de les violer. Dans ces premiers jours du monde naissant, dit Juvenal, les Grecs n'étaient pas toujours prêts à jurer, et si nous en croyons M. Despréaux.

Le Normand même alors ignorait le parjure.

Mais sitôt que l'intérêt personnel eut divisé les hommes, ils employèrent pour se tromper la fraude et l'artifice. Ils se virent donc réduits à la triste nécessité de se précautionner les uns contre les autres. Les promesses, les protestations étaient des liens trop faibles ; on tâcha de leur donner de la force en les marquant du sceau de la religion, et l'on crut que ceux qui ne craignaient pas d'être infidèles, craindraient peut-être d'être impies. La discorde, fille de la nuit, dit Hesiode, enfanta les mensonges, les discours ambigus et captieux, et enfin le serment, si funeste à tout mortel qui le viole. Obligés d'avoir recours à une caution étrangère, les hommes crurent la devoir chercher dans un être plus parfait. Ensuite plongés dans l'idolâtrie, le serment prit autant de formes différentes que la divinité.

Les Perses attestaient le soleil pour vengeur de l'infraction de leurs promesses. Ce même serment prit faveur chez les Grecs et les Romains : témoin ce beau vers d'Homère.




Affichages : 4648