Synonyme

APPÉTIT, (Grammaire, Synonyme) l'un et l'autre désignent une sensation qui nous porte à manger. Mais la faim n'a rapport qu'au besoin, soit qu'il naisse d'une longue abstinence, soit qu'il naisse de voracité naturelle, ou de quelque autre cause. L'appétit a plus de rapport au goût et au plaisir qu'on se promet des aliments qu'on Ve prendre. La faim presse plus que l'appétit ; elle est plus vorace ; tout mets l'apaise. L'appétit plus patient est plus délicat ; certain mets le réveille. Lorsque le peuple meurt de faim, ce n'est jamais la faute de la providence ; c'est toujours celle de l'administration. Il est également dangereux pour la santé de souffrir de la faim, et de tout accorder à son appétit. La faim ne se dit que des aliments ; l'appétit a quelquefois une acception plus étendue ; et la morale s'en sert pour désigner en général la pente de l'âme vers un objet qu'elle s'est représentée comme un bien, quoiqu'il n'arrive que trop souvent que ce soit un grand mal.

THRÉSOR PUBLIC, (Synonyme) en latin fiscus, aerarium. Le premier mot se dit proprement du trésor du prince, parce qu'on le mettait autrefois dans des paniers d'osier ou de jonc, et le second du trésor de l'état.

A Rome, sous les premiers empereurs, on appelait aerarium, les revenus publics, ceux de l'épargne, destinés aux besoins et aux charges de l'état ; et on nommait fiscus, ceux qui ne regardaient que l'entretien du prince en particulier ; mais bien-tôt après, ces deux mots furent confondus chez les Romains, et nous avons suivi leur exemple. Aussi le dictionnaire de Trévoux définit le fisc par trésor du roi, ou du royaume indifféremment : car, ajoute ce dictionnaire, la différence de ces deux choses que l'on remarquait dans le commencement de l'empire romain, ne se trouve point en France. Il n'y a que trop d'autres pays où le trésor du prince et le trésor public sont des termes synonymes : voyez cependant THRESOR PUBLIC. Du mot fisc, on a fait confisquer, confiscare, bona fisco addicère, par la raison que tous les biens que les empereurs confisquaient, appartenaient à leur fisc, et non point au public. Les biens de Séjan, dit Tacite (annal. liv. V.), furent transportés du trésor public dans le fisc de l'empereur. L'usage des confiscations devint si fréquent, qu'on est fatigué de lire dans l'histoire de ce temps-là, la liste du nombre infini de gens dont les successeurs de Tibere confisquèrent les biens. Nous ne voyons rien de semblable dans nos histoires modernes ; on n'a point à dépouiller des familles de sénateurs qui aient ravagé le monde. Nous tirons du moins cet avantage, dit M. de Montesquieu, de la médiocrité de nos fortunes, qu'elles sont plus sures ; nous ne valons pas la peine qu'on confisque nos biens : et le prince qui les ravirait serait un mauvais politique.

S. m. (Grammaire et Synonyme) On distingue les mauvaises actions des hommes relativement au degré de leur méchanceté. Ainsi faute, crime, forfait, désignent tous une mauvaise action : mais la faute est moins grave que le crime ; le crime, moins grave que le forfait. Le crime est la plus grande des fautes ; le forfait, le plus grand des crimes. La faute est de l'homme ; le crime, du méchant ; le forfait, du scélérat. Les lois n'ont presque point décerné de peines contre les fautes ; elles en ont attaché à chaque crime : elles sont quelquefois dans le cas d'en inventer, pour punir le forfait. La faute, le crime, le forfait, sont des péchés plus ou moins atroces. Dans une mauvaise action, il y a l'offense faite à l'homme, et l'offense commise en vers Dieu : la première se désigne par les mots de faute, crime, et forfait ; la seconde, en général par le mot de péché. Le prêtre donne l'absolution au pécheur ; et le juge fait pendre le coupable. La médisance est une faute ; le vol et la calomnie sont des crimes ; le meurtre est un forfait. Il y a des fautes plus ou moins graves ; des crimes plus ou moins grands ; des forfaits plus ou moins atroces. Si le méchant qui attenterait à la vie de son père commettrait un horrible forfait, quel nom donnerons-nous à celui qui assassinerait le père du peuple ? Voyez CRIME.

RECONNOISSANCE, sub. f. (Synonyme) ces deux mots désignent une même chose, le sentiment des bienfaits qu'on a reçus ; avec cette différence, que le second est toujours en règne, et que le premier, quoique plus moderne, n'ayant été hasardé que sur la fin du seizième siècle, commence à vieillir dans le dix-huitième. " Quant à la gratitude, dit Montagne, (car il me semble que nous avons besoin de mettre ce mot en crédit), l'exemple du lion qui récompensa Androclus du bienfait qu'il avait reçu de lui, en venant le lecher dans l'amphithéâtre de Rome, est un exemple de cette vertu qu'Appien et Séneque nous ont consacrée ". Autre bizarrerie de notre langue ; le mot de méconnaissance est tombé, et le mot ingratitude a pris sa place. (D.J.)