S. m. (Grammaire) il se dit de tout ce qu'on regarde comme original, et dont on se propose d'exécuter la copie. Ce mot se prend au simple et au figuré, au physique et au moral. Cette femme a toutes les parties du corps de la plus belle forme, et des plus grandes proportions. Ce serait un modèle précieux pour un peintre ; mais c'est un modèle de vertu, que son indigence ne réduira jamais à s'exposer nue aux regards curieux d'un artiste. Voyez aux articles suivants d'autres acceptions de modèle.

MODELE, en Architecture ; original qu'on propose pour l'imiter, ou pour le copier. Voyez ORIGINAL.

On dit que l'église de S. Paul de Londres a été bâtie sur le modèle de S. Pierre de Rome. Voyez ARCHETIPE et TYPE.

Modele est en particulier en usage dans les bâtiments, et il signifie un patron artificiel, qu'on fait de bois, de pierre, de plâtre ou autre matière, avec toutes ses proportions, afin de conduire plus surement l'exécution d'un grand ouvrage, et de donner une idée de l'effet qu'il fera en grand.

Dans tous les grands édifices, le plus sur est d'en faire des modèles en reliefs, et de ne pas se contenter d'un simple dessein.

MODELE. Voyez GABARIT.

MODELE, (Peinture) on appelle modèle en Peinture tout ce que les Dessinateurs, les Peintres, les Sculpteurs se proposent d'imiter.

On appelle plus particulièrement modèle, un homme qu'on met tout nud à l'académie, ou chez soi, dans l'attitude qu'on veut, et d'après lequel les Peintres peignent ou dessinent, et les Sculpteurs modèlent des bas-reliefs ou ronde-bosses, en terre ou en cire.

On dit poser le modèle ; c'est le professeur du mois qui pose le modèle à l'académie. Voyez ACADEMIE.

Modele se dit encore des figures que les Sculpteurs modèlent d'après le modèle à l'académie, et de celles qu'ils font chez eux, de quelque matière qu'elles soient, pour exécuter d'après elles.

MODELE, (Sculpt. ant.) les Sculpteurs nomment modèles, des figures de terre ou d'argile, de plâtre, de cire, qu'ils ébauchent pour leur servir de dessein, et en exécuter de plus grandes, soit de marbre, soit d'une autre matière.

On sait que les anciens faisaient ordinairement leurs premiers modèles en cire. Les artistes modernes ont substitué à la cire l'argile, ou d'autres matières semblables également souples. Ils les ont trouvées plus propres, surtout, à exprimer la chair, que la cire, qui leur a paru trop tenace, et s'attacher trop facilement.

Néanmoins on ne peut pas dire que la méthode de faire des modèles en argîle ait été ignorée des Grecs, ou qu'ils ne l'aient point tentée, puisqu'on nous a même transmis le nom de celui qui en a fait le premier essai. C'était Dibutade de Sicyone. On sait encore qu'Arcesilade, l'ami de Lucullus, s'acquit une plus grande célébrité par ses modèles en argile, que par ses ouvrages. Il exécuta de cette manière une figure qui représentait la félicité, dont Lucullus fit monter le prix à soixante mille sesterces. Octavius, chevalier romain, paya au même artiste un talent, pour le modèle d'une tasse en plâtre, qu'il voulait faire exécuter en or.

L'argîle serait sans doute la matière la plus propre à former des figures, si elle gardait constamment son humidité ; mais comme elle la perd lorsqu'on la fait secher et cuire, il faut nécessairement que ces parties solides se rapprochent entr'elles, que la figure perde sa masse, et qu'elle occupe ensuite un moindre espace. Si cette diminution que souffre la figure était égale dans toutes ses parties et dans tous ses points, la même proportion lui resterait toujours, quoiqu'elle fût plus petite, mais ce n'est pas ce qui arrive. Les petites parties de la figure se sechant plus vite que les grandes, le corps, comme la plus forte de toutes, se seche le dernier, et perd en même temps moins de sa masse que les premières.

La cire n'est point sujette à cet inconvénient ; il ne s'en perd rien, et il y a moyen de lui donner la surface unie de la chair, qu'elle ne prend que très-difficilement lorsqu'on la modèle. Ce moyen est de faire un modèle d'argile, de l'imprimer dans du plâtre, et de jeter ensuite de la cire fondue dans le moule.

A l'égard de la façon dont les Grecs travaillaient en marbre d'après leurs modèles, il parait qu'elle différait de celle qui est en usage chez la plupart des artistes modernes. Dans les marbres anciens, on découvre par-tout l'assurance et la liberté du maître. Il est même difficîle de s'apercevoir dans les antiques d'un rang inférieur que le ciseau y ait enlevé, en quelque endroit plus qu'il ne fallait. Il faut donc nécessairement que cette main ferme des Grecs ait été guidée par des manières d'opérer plus sures, et plus déterminées que ne sont celles qu'on suit aujourd'hui.

D'habiles gens ont fait sentir les difficultés, les inconvéniens, et les erreurs où il est presque impossible de ne pas tomber, en se conformant à la méthode employée par nos sculpteurs modernes ; cette méthode ne saurait transporter ni exprimer dans la figure toutes les parties et toutes les beautés du modèle. Michel-Ange le sentit bien ; c'est pourquoi il se fraya une route particulière et nouvelle, qu'il serait à souhaiter qu'il eut daigné communiquer aux artistes. (D.J.)

MODELE, dans les ouvrages de fonte, le modèle est en quelque façon l'ouvrage même, dont le métal prend la forme ; la matière seule en fait la différence.

On fait ces modèles de différentes manières, suivant la grandeur des ouvrages ; savoir, de cire, pour les figures des cabinets des curieux, jusqu'à la hauteur de deux pieds ou environ ; d'argîle ou de terre à potier, depuis cette grandeur jusqu'à hauteur naturelle ; et de plâtre pour les grands ouvrages. La terre, quoique plus expéditive, est sujette à bien des inconvéniens, parce qu'on ne peut pas conserver longtemps un modèle un peu grand d'une égale fraicheur, ce qui fait que la proportion des parties peut s'alterer ; ce qui n'arrive point aux petits modèles de cire, non plus qu'à ceux de plâtre, avec lesquels on a la même liberté de reformer qu'avec la terre, et que l'on conserve autant de temps qu'il est nécessaire pour le perfectionner. Voyez FONDERIE.

MODELE, terme de fondeur de cloche, est une couche de ciment et de terre, de la forme de la cloche qu'on veut fondre, et de la même épaisseur que la cloche doit avoir. Le modèle se fabrique avec le compas sur le noyau. Voyez l'article FONTE DES CLOCHES.

MODELE, ancien terme de monnayage ; avant l'invention des planches gravées de monnayage, on se servait de lames de cuivre pour former les moules en lames. Voyez PLANCHES GRAVEES DE MONNOYAGE.

MODELER en terre ou en cire ; c'est, parmi les Sculpteurs, l'action de former avec de la terre ou de la cire les modèles ou esquisses des ouvrages qu'ils veulent exécuter, soit en marche, soit en bois, ou en fonte. Voyez MODELE et ESQUISSE.

Pour modèler en terre, on se sert d'une terre toute préparée, qui est la même dont se servent les Potiers de terre. On met cette terre sur une selle, ou chevalet. Voyez SELLE DE SCULPTEUR. On n'a pas besoin de beaucoup d'outils ; car c'est avec ses mains qu'on commence et qu'on avance le plus son ouvrage. Les plus grands praticiens se servent plus de leurs doigts que d'outils. Ils se servent néanmoins d'ébauchoirs bretelés pour finir et bretter la terre.

On modèle et on fait aussi des figures et esquisses de cire. Pour cet effet, l'on met sur une livre de cire demi-livre d'arcançon ou colophane : plusieurs y mettent de la térébenthine ; et l'on fait fondre le tout avec de l'huîle d'olive. On en met plus ou moins, selon qu'on veut rendre la matière plus dure ou plus molle. On mêle dans cette composition un peu de brun rouge, ou de vermillon, pour donner de la couleur. Lorsqu'on veut s'en servir, on la manie avec les doigts, et avec des ébauchoirs, comme on fait la terre. La pratique est la maîtresse dans cette sorte de travail, qui d'abord n'est pas si facile, ni si expéditif que la terre.