v. act. (Grammaire) c'est en général séparer ce qui était auparavant voisin ou contenu ; c'est le contraire de fermer. On ouvre une porte ; on ouvre une armoire, une serrure ; on ouvre une lettre ; on s'ouvre des vues sur la campagne ; on ouvre un pâté, des huitres, une bouteille ; on ouvre la terre, la tranchée ; on ouvre la bouche, un livre, la veine, un cadavre, la transpiration, un canal ; on ouvre les rangs ; on ouvre un corps en relâchant le tissu ; on ouvre une haie, les bras, les jambes, les cuisses ; on ouvre le fruit qui s'ouvre quelquefois de lui-même ; on ouvre une boutique, et l'on ouvre boutique ; on ouvre sa bourse à son ami ; on ouvre l'oreille ; on ouvre deux pointes de montagnes ou de clochers, c'est-à-dire qu'on les sépare à l'oeil l'une de l'autre par la position qu'on prend à leur égard ; on ouvre un bon avis ; on ouvre le chemin à une découverte ; on ouvre la porte à l'honneur, à la honte, au crime, au sort, au plaisir ; on ouvre son cœur à des traitres, son sentiment à des aveugles, sa pensée à des fourbes ; l'âme s'ouvre à la joie ; on s'ouvre à son directeur ; on s'ouvre au jeu, dans les affaires, dans une négociation ; l'esprit des jeunes gens s'ouvre quelquefois avec l'âge : on ouvre une assemblée ; on l'ouvre par un discours ; on ouvre le champ de bataille ; on ouvre le jeu ; la foule s'ouvre devant le roi, etc.

OUVRIR UN COMPTE, (Commerce) c'est le placer dans le grand livre. Voyez COMPTE et LIVRE.

OUVRIR LES PEAUX, termes de Chamoiseur, c'est les faire passer sur le poinçon, pour les rendre plus molles et plus maniables.

OUVRIR, terme de Fourbisseur, c'est par le moyen de l'écarissoir agrandir l'oeil du pommeau pour y introduire la soie.

OUVRIR, en terme de Gantier-Parfumeur, c'est élargir et détirer le gant à mesure qu'il seche pour qu'il ne se ride point.

OUVRIR LA LAINE, (Lainage) c'est la battre sur une claie, pour en faire sortir la poussière et les ordures, et la passer ensuite entre les deux grosses cardes, qu'on nomme cardasses en Languedoc, dont le cardeur en tient une à la main, et l'autre est attachée sur une espèce de chevalet. (D.J.)

OUVRIR UNE APPLIQUE, (Metteur en œuvre) c'est y percer avec le drille les trous, pour recevoir les pierres, et les ouvrir avec une lime ronde.

OUVRIR, en terme de Serrurier, c'est lorsqu'on a percé une pièce à froid ou à chaud, en finir l'ouverture, et lui donner la dernière forme qu'elle doit avoir ; on ouvre l'anneau d'une clé lorsqu'elle est enlevée et que l'on a percé le bout avec un poinçon : on l'ouvre sur le bout de la bigorne, et on le ravale dans l'étau.

OUVRIR, en terme de Cornettier, est l'action d'aplatir en gros les galins fendus ; ce qui se fait à l'aide d'une tenaille et d'une pince attachée par un bout à un banc ou établi. Cette pince tient le galin pendant qu'on l'ouvre, en l'abaissant avec les tenailles à main. Voyez PINCES et TENAILLES A MAIN.

OUVRIR LA BOSSE, terme de Verrerie, c'est lorsqu'après que le verre soufflé à plusieurs reprises a pris enfin la forme d'un bocal ou d'une calebasse, ce que les ouvriers appellent bosse, et qu'il a été incisé et branché, on le présente au feu du grand ouvreau, et qu'on l'y tourne en rond jusqu'à-ce que cette bosse s'étende d'elle-même, et s'ouvre tout à fait, en sorte qu'elle forme ce qu'on appelle un plat ou rond de verre.

On dit aussi ouvrir le verre à l'égard du verre en table, lorsque le gentilhomme-verrier ayant incisé en long le cylindre qu'il a soufflé, et l'ayant coupé par deux extrémités, le reporte à l'ouvreau ; et qu'après qu'il est suffisamment chauffé, il l'ouvre et l'aplatit avec une verge ou baguette de fer. Savary. (D.J.)

OUVROIR, s. m. (Architecture civile) c'est dans un arsenal, ou une manufacture, un lieu séparé où les ouvriers sont employés à une même espèce de travail. C'est aussi, dans une communauté de filles, une salle longue en forme de galerie, dans laquelle à des heures réglées, elles s'occupent à des exercices convenables à leur sexe. Il y a un bel ouvroir dans l'abbaye royale de S. Cyr. près de Versailles. (D.J.)

OUVROIR, (Commerce) vieux mot qui signifie la même chose que boutique. Voyez BOUTIQUE. Il signifie encore aujourd'hui ces boutiques légères et mobiles, faites de bois, qu'ont les maîtres Savetiers de Paris, presqu'à tous les coins des rues, derrière lesquelles ils étalent leurs marchandises, et travaillent de leur métier. On les appelle autrement des étals ou étaux. Voyez ETAL et ETAU. Dict. de Com.

OUVROIR, s. m. (Lainage) c'est dans les manufactures de lainage, le lieu où sont montés les métiers, et où les ouvriers travaillent.