S. f. (Grammaire) instrument ou de bois, ou de fer, ou d'autre matière, composé d'une tige, d'un manche ou fust, plus ou moins long, et terminé par une, deux ou trois pointes ou branches droites et aiguës, qu'on appelle des fourchons. Voyez dans les articles suivants, les différentes acceptions de ce mot.

Les fourches de fer sont ordinairement à trois fourchons ; elles servent à remuer le fumier et à le charger. Le taillandier les fait de quatre pièces ; il forge la douille, puis le fourchon du milieu, ensuite les deux autres. Il les soude tous trois séparément, les deux seconds à côté de celui du milieu. Voyez nos Planches de Taillanderie. 16 fourchon du milieu enlevé, 17 douille enlevée, 18 douille tournée et enlevée, 19 fourche avec deux fourchons reparés, et le troisième prêt à être soudé ; 20 la fourche entièrement reparée.

FOURCHES PATIBULAIRES ou GIBET, (Jurisprudence) sont des piliers de pierre au haut desquels il y a une pièce de bois posée en-travers sur deux de ces piliers, à laquelle pièce de bois on attache les criminels qui sont condamnés à être pendus et étranglés, soit que l'exécution se fasse au gibet même, ou que l'exécution ayant été faite ailleurs, on apporte le corps du criminel pour l'attacher à ces fourches, et l'y laisser exposé à la vue des passants.

Ces fourches ou gibets sont toujours placés hors des villes, bourgs et villages, ordinairement près de quelque grand chemin, et dans un lieu bien exposé à la vue, afin d'inspirer au peuple plus d'horreur du crime : c'est pourquoi ces fourches sont aussi appelées la justice, pour dire qu'elles sont le signe extérieur d'une telle justice.

On appelle ces sortes de piliers fourches, parce qu'anciennement au lieu de piliers de pierre, on posait seulement deux pièces de bois faisant par en-haut la fourche, pour retenir la pièce de bois qui se met en-travers, et à laquelle on attache les criminels.

L'origine du terme de fourches patibulaires est même encore plus ancienne ; elle remonte jusqu'aux premiers temps des Romains, chez lesquels, après avoir dépouillé le condamné à mort de tous ses habits, on lui faisait passer la tête dans une fourche, et son corps attaché au même morceau de bois qui finissait en fourche, était ensuite battu de verges jusqu'à ce que le condamné mourut de ses souffrances. Voyez Suétone, in Nerone, cap. xljx. Livius, lib. I. Seneca, lib. I. de irâ, cap. XVIe

Quelques-uns confondent les fourches patibulaires avec les échelles ou signes patibulaires, quoique ce soit deux choses différentes. L'échelle est bien aussi un signe de haute-justice, mais elle ne sert pas à mettre à mort ; elle n'est destinée qu'à pilorier.

A l'égard du simple signe patibulaire, ce nom se donne quelquefois au simple poteau ou carcan, qui est aussi une marque de haute-justice.

Les simples seigneurs hauts-justiciers ne peuvent avoir que deux piliers. Peronne, art. 20. Grand-Perche, 11. Blais, 20. Les châtelains en ont trois ; les barons en ont quatre ; les comtes en ont six. Tours, art. 74.

L'usage n'est cependant pas absolument uniforme à ce sujet ; car il y a des coutumes où les seigneurs châtelains peuvent avoir des fourches patibulaires à trois ou quatre piliers ; celle de Blais, art. 24. permet au moyen-justicier d'en avoir à deux piliers : cela dépend aussi des titres et de la possession.

Le roi comme souverain peut faire élever au-dedans de ses justices tel nombre de piliers que bon lui semble.

Lorsque les fourches patibulaires des seigneurs sont tombées de vetusté ou autrement, elles doivent être rétablies dans l'an et jour de leur destruction ; passé lequel temps elles ne peuvent être relevées sans lettres du prince dont l'entérinement doit être fait au bailliage royal, sur les conclusions du procureur du roi et sur le Ve de pièces : autrement les fourches patibulaires ne pourraient être élevées que pour le temps des exécutions seulement ; et l'exécution faite, le seigneur serait obligé de les faire abattre. Voyez Bacquet, des droits de justice, ch. IXe n. 10. 11. 12. (A)

FOURCHE, (Architecture) Voyez PENDENTIF.

FOURCHES pour carener, (Marine) ce sont de longues et menues fourches de fer, qu'on emmanche au bout d'une épave, pour prendre le chauffage dans la carene et le porter au vaisseau ou en tel autre lieu qu'il est besoin. (Z)

FOURCHE de potence de pompe, [ Marine ] Voyez POTENCE.

FOURCHES, s. f. pl. [ Hydraul. ] sont des tuyaux de cuivre qui s'emboitent et se brident sur le corps de pompe de même matière, avec des brides qui se joignent par des écrous de cuivre et des rondelles de plomb ou de cuivre entre deux. Il est essentiel que ces fourches soient de même diamètre que le corps de pompe, ainsi que le tuyau montant. Voyez MACHINES HYDRAULIQUES, POMPE.

On appelle encore fourche ou branche, le tuyau qui se soude sur un autre dans la conduite des eaux. (K)

* FOURCHE, chez les Blanchisseurs de cire, c'est un instrument de bois long de quatre ou cinq pieds, terminé à un bout par deux branches qui sortent de la même tige, de la longueur d'un pied environ. La fourche sert à ôter les rubans de la baignoire, et les mettre dans la manne. Voyez ces mots.

Il y a une autre fourche qui ne diffère de la première, que parce qu'elle est bien plus petite ; ce qui la fait appeler fourchette ; elle sert à régaler les rubans. Voyez REGALER et RUBANS, et l'article BLANCHIR.

* FOURCHES ou ARBALETRES, terme d'ouvriers en gase ; ce sont des ficelles qui tiennent les lissettes dans le métier à faire des gases. Voyez GASE.

FOURCHES ou BRANCHES, (Jardinage) Voyez FOURCHONS.

FOURCHE, (Manège) outil assez connu et nécessaire dans une écurie. Il est des fourches de bois ; il est des fourches de fer. Le palefrenier se sert des unes et des autres ; des premières pour faire, pour remuer, et pour enlever la litière ; des secondes pour distribuer le fourrage dans le ratelier, et pour remuer le fumier, ou pour le ranger dans la cour destinée à cet effet. Le peu de confiance que mérite cette espèce de gens, devrait engager à bannir toute fourche de fer de nos écuries, souvent le défaut de zèle ou la paresse, les portent à en faire usage dans le cas où il serait de leur devoir de se servir de la fourche de bois, et un coup d'un des fourchons de fer est capable de blesser dangereusement l'animal : d'ailleurs une fourche de bois est aussi propre au transport de la paille et du foin, que celles que nous conseillons de proscrire. (e)

* FOURCHE, (Verrerie) tringle de fer d'environ six pieds de long, sur dix lignes de diamètre. On s'en sert pour avancer ou reculer une barre de la grille. Voyez l'article VERRERIE.

FOURCHE, (Vénerie) bâton à deux branches, qui reçoit le forhu dans la curée.

FOURCHE, (Montagne de la) Géographie haute montagne de Suisse, à l'extrémité orientale du pays de Vallais, qu'elle sépare du canton d'Uri ; ou plutôt, c'est une chaîne de montagnes fort hautes et fort étendues, ainsi appelées à cause de deux grandes pointes fort élevées en guise de fourches qu'on y remarque. C'est dans cette montagne, qui fait partie des Alpes lépontiennes, que le Rhône a sa source, dans les glacières éternelles dont elle est couverte. On confond quelquefois cette montagne, nommée en latin Bicornis, Furca, ou Furcula, avec celle de Saint-Gothard : c'est ici le grand chemin pour passer du canton d'Uri dans le Vallais. Voyez Scheuchzer, itinera Alpina, pag. 264. (D.J.)