FAIRE CHOIX, ELIRE, OPTER, PRÉFÉRER, Ve syn. (Grammaire) termes relatifs, ou seulement au jugement que l'âme porte de différents objets dont elle a comparé les qualités entr'elles, ou à ce jugement, et à une action qui suit ou doit suivre ce jugement qui la détermine à être telle ou telle. Chaisir est relatif aux choses ; faire choix, aux personnes. La salubrité des lieux est un objet que le souverain ne doit pas négliger, quand il se choisir une résidence ; la probité rigoureuse est une qualité essentielle dans les personnes dont il fera choix pour être ses ministres. Chaisir est relatif à la comparaison des qualités ; préférer, à l'action qui la suit. J'ai choisi entre beaucoup d'étoffes ; mais après avoir bien examiné, j'ai donné la préférence à celle que vous me voyez. Le moment où l'on aperçoit l'excellence d'un objet sur un autre est celui de la préférence, au moins dans l'esprit. Lorsque M. l'abbé Girard a dit qu'on ne choisissait pas toujours ce qu'on préférait, et qu'on ne préférait pas toujours ce qu'on choisissait, il nous a paru qu'il n'opposait pas ces deux termes par leurs véritables différences. On préfère toujours celui qu'on a choisi ; on prendrait toujours celui qu'on a préféré ; mais on n'a pas toujours ni celui qu'on a choisi, ni celui qu'on a préféré. Chaisir ne se dit que des choses, mais préférer se dit et des choses et des personnes : on peut préférer le velours entre les étoffes, et les caractères doux entre les autres. M. l'abbé Girard prétend que l'amour préfère et ne choisit pas : cette pensée, ou l'opposition des acceptions préférer et choisir en ce sens, nous parait fausse ; le seul amant qui n'ait pas choisi, c'est celui qui n'ayant pas deux objets à comparer, n'a pu donner la préférence. Opter, c'est être dans la nécessité ou d'accepter ou de refuser l'une de deux choses : lorsqu'il n'y a pas contrainte d'acceptation ou de refus, il peut y avoir encore un cas d'option, mais c'est le seul ; celui où l'on n'aperçoit entre deux objets aucune raison de préférence. Elire ne se dit guère que d'un choix de personnes relatif à quelque dignité qui s'obtient à la pluralité des voix : le souverain choisit ses favoris ; le peuple élit ses maires.