v. act. (Grammaire) en général c'est ôter les inégalités, applanir la surface, et lui donner de l'éclat. Ce mot se dit au simple et au figuré. On polit le marbre, on polit l'acier ; on polit les mœurs, on polit l'esprit ; on ne polit pas le cœur, on en exerce et augmente la sensibilité.

POLIR LES AIGUILLES, terme d'Aiguillier, qui signifie leur donner le poli nécessaire pour qu'elles puissent glisser aisément dans les étoffes ou toiles lorsqu'on s'en sert pour coudre. Voyez AIGUILLE.

POLIR, en terme d'Epinglier-Aiguilletier, est l'action d'ôter tous les coups de la lime douce d'une aiguille : voici comme on s'y prend. On enferme les aiguilles dans un morceau de treillis neuf, on en fait un rouleau que l'on lie avec des cordes serrées le plus qu'il a été possible. On y met de l'huîle et de l'émeri ; ensuite, à l'aide d'une planche attachée et suspendue par chaque bout à une corde qui tombe du plancher, et recouverte d'une grosse pierre, on le frotte fort longtemps en roulant cette planche sur les aiguilles qui sont posées sur une table.

POLIR, terme d'Arquebusier, c'est rabattre les inégalités qui sont sur le bois d'un fusil ou d'un pistolet après qu'il a été sculpté. Les arquebusiers se servent pour cela de pierre-ponce et de prêle.

POLIR, en terme de Boutonnier, c'est l'action de rendre unis et égaux les moules de boutons planés, en les frottant tous ensemble à force de bras dans une corbeille avec de la cire jaune.

POLIR, en terme de Bijoutier, c'est comme dans tout autre art, effacer les traits que peuvent avoir faits les différents outils dont on s'est servi ; toutes les pierres, potées, ou autres ingrédiens dont on se sert à cet effet, ne font que substituer des traits plus fins à ceux qu'ils enlèvent, et tout l'art consiste à se servir de pierres ou poudres qui en laissent de tellement fins et tellement raccourcis que l'oeil ne puisse les apercevoir.

Le poliment de l'or se fait ainsi. On se sert d'abord de pierres vertes qui se tirent de Bohème, pour dresser les filets, gravures, ornements et les champs d'iceux du dessus des tabatières.

Pour les dedans des tabatières, également de grandes pierres vertes et larges, et de grosses pierres de ponce ; après cette opération, qui a enlevé les traits de la lime et les inégalités de l'outil, on se sert de pierre-ponce réduite en poudre, broyée et amalgamée avec de l'huîle d'olive qui adoucit les traits de la pierre, et de la grosse ponce ; à cette seconde opération succede celle du tripoli : rien n'est plus difficîle que le choix de la pierre de tripoli et sa préparation ; il faut la choisir douce, et cependant mordante ; il faut la piler bien proprement, la laver de même, et ce n'est que du résultat de sept à huit lotions faites avec grand soin, dont on se sert, et que l'on conserve bien proprement ; le moindre mélange de mal-propreté nuit, et fait qu'on est souvent obligé de recommencer : on emploie cette poudre fine de tripoli avec du vinaigre, ou de l'eau-de-vie ; lorsqu'on a avec cette poudre effacé les traits de la ponce à l'huile, on termine par donner le vif à l'ouvrage. On se servait autrefois pour cette dernière opération de la corne de cerf réduite en poudre et employée avec l'esprit-de-vin ; mais depuis quelques années on s'est fixé à une poudre rouge, qu'on appelait d'abord rouge d'Angleterre, mais qui s'est depuis multipliée à Paris, et qui n'est autre chose que le caput mortuum des acides nitreux qui composent l'eau forte ; cette poudre employée avec l'eau-de-vie ou l'esprit-de-vin donne un beau vif, et termine le poliment de l'or.

POLIR, (Coutelier) c'est effacer les traits de la meule sur la polissoire. Voyez POLISSOIRE.

POLIR, en terme de Doreur, c'est effacer les traits qui ont pu rester sur la pièce après le gratage, et lui donner un beau lustre.

POLIR, en terme d'Eperonnier, c'est adoucir les coups de lime d'une pièce, et lui donner un certain éclat par le moyen du polissoir. Voyez POLISSOIR, et la fig. qui la représente.

POLIR une glace, (Manufacture de glace) c'est lui donner sa dernière façon avec l'émeri, de l'eau et de la potée qui est une terre rouge. L'ouvrier qui polit les glaces s'appelle polisseur, et l'instrument dont il se sert, polissoir.

POLIR, fer à, (outil de Gainier) c'est un morceau de fer large de deux pouces, long environ de trois ou quatre, plat et recourbé dans sa longueur, formant une espèce de demi-cercle, dont le bas est fait en meche pour s'emmancher dans un petit morceau de bois de la longueur de deux pouces, et gros à proportion. Les Gainiers font chauffer un peu ce fer, et polissent leurs ouvrages. Voyez les figures, Planches du Gainier.

POLIR, signifie en Horlogerie, rendre une pièce de métal unie, douce et brillante. Il est de la dernière conséquence que certaines pièces des montres et pendules soient bien polies : de ce genre sont les pivots, les pignons, les dentures, et toutes les parties de l'échappement.

Pour bien polir une pièce, les Horlogers commencent par l'adoucir le mieux qu'ils peuvent, voyez ADOUCIR ; ensuite, si ce corps est de laiton, comme les roues, la potence, les barettes, etc. ils prennent un bois doux, tel que le fusin, le bois blanc, etc. qu'ils enduisent de pierre pourrie et lavée, mêlée avec un peu d'huîle ; ils la frottent ensuite jusqu'à ce que sa surface et celle du bois soient seches et brillantes. Si les pièces à polir sont d'acier et plates, comme celles des quadratures, les ressorts de cadran, les petits corps, etc. ils prennent de la potée d'étain, ou du rouge d'Angleterre ; ils frottent ensuite avec des limes de fer ou de cuivre, comme nous l'avons Ve ci-devant, jusqu'à ce que la pièce et la lime soient seches et brillantes : mais si la pièce d'acier est fort délicate ; si, comme les pignons, elle a des sinuosités qu'une lime de fer ou de cuivre ne pourrait remplir que très-difficilement, pour lors ils prennent un bois dur, tel que le buis, avec du rouge, ou de la potée et de l'huîle ; puis ils frottent, ainsi qu'il a été dit ci-dessus. Lorsque les parties, par leur structure ou leur disposition, sont difficiles à polir, les Horlogers ont alors recours à différents outils, tels sont les outils à faire des faces, à polir les vis, etc.

POLIR, en terme de Lapidaire, c'est l'action de donner le brillant et l'éclat à une pierre en la frottant sur une roue plus ou moins dure, selon la qualité de la pierre, laquelle roue est humectée de temps en temps d'eau et de tripoli. Voyez TRIPOLI.

POLIR, en terme d'Orfèvre en grosserie, c'est au moyen de la pierre ponce, du tripoli et de la potée, adoucir jusqu'aux plus petits traits du rifloir ou de la lime douce, dont on s'est servi au réparage. Voyez REPARAGE.

POLIR au papier, (Lunetier) c'est après qu'un verre a été travaillé au bassin, et poli avec l'émeri ou la potée, on acheve le poliment sur un morceau de papier qu'on colle au fond du bassin où il a été fait.

POLIR, en terme de Tabletier-Cornetier, est unir et rendre luisant les peignes qui ont reçu toutes leurs autres façons ; ce qui s'opère en les frottant avec force à l'aide d'un policien de tripoli et d'urine. Voyez POLICIEN.