Imprimer
Catégorie parente: Morale
Catégorie : Jurisprudence
S. f. en général, acte par lequel on dénie ou l'on renonce une chose d'une manière solennelle, et même avec serment. Voyez SERMENT.

Ce mot vient du Latin abjuratio, composé de ab, de ou contre, et de jurare, jurer.

Chez les Romains le mot d'abjuration signifiait dénégation avec faux serment, d'une dette, d'un gage, d'un dépôt, ou autre chose semblable, auparavant confiée. En ce sens l'abjuration est la même chose que le parjure ; elle diffère de l'éjuration qui suppose le serment juste. Voyez PARJURE, etc.

L'abjuration se prend plus particulièrement pour la solennelle renonciation ou retractation d'une doctrine ou d'une opinion regardée comme fausse et pernicieuse.

Dans les lois d'Angleterre, abjurer une personne, c'est renoncer à l'autorité ou au domaine d'une telle personne. Par le serment d'abjuration, on s'oblige de ne reconnaître aucune autorité royale dans la personne appelée le prétendant, et de ne lui rendre jamais l'obéissance que doit rendre un sujet à son prince. Voyez SERMENT, FIDELITE, etc.

Le mot d'abjuration est aussi usité dans les anciennes coutumes d'Angleterre, pour le serment fait par une personne coupable de félonie, qui se retirant dans un lieu d'asile, s'obligeait par serment d'abandonner le royaume pour toujours ; ce qui le mettait à l'abri de tout autre châtiment. Nous trouvons aussi des exemples d'abjuration pour un temps, pour trois ans, pour un an et un jour, et semblables.

Les criminels étaient reçus à faire cette abjuration en certains cas, au lieu d'être condamnés à mort. Depuis le temps d'Edouard le confesseur, jusqu'à la réformation, les Anglais avaient tant de dévotion pour les églises, que si un homme coupable de félonie se réfugiait dans une église ou dans un cimetière, c'était un asîle dont il ne pouvait être tiré pour lui faire son procès ; mais en confessant son crime à la justice ou au coroner, et en abjurant le royaume, il était mis en liberté. Voyez ASYLE et CORONER.

Après l'abjuration on lui donnait une croix, qu'il devait porter à la main le long des grands chemins, jusqu'à ce qu'il fût hors des domaines du roi : on l'appelait la bannière de Mere-Eglise. Mais l'abjuration déchut beaucoup dans la suite, et se réduisit à retenir pour toujours le prisonnier dans le sanctuaire, où il lui était permis de finir le reste de ses jours, après avoir abjuré sa liberté et sa libre habitation. Par le statut 21 de Jacques 1er, tout usage d'asile, et conséquemment d'abjuration, fut aboli. Voyez SANCTUAIRE. (G)



Affichages : 2469