S. f. pl. (Jurisprudence) en latin institutiones, et que l'on appelle aussi en français instituts ou institutions, sont des abrégés qui renferment les premiers éléments de la Jurisprudence ; les plus célèbres sont celles de Caïus, de Justinien, et de Théophile.

Institutes de Caïus sont un abrégé du Droit romain qui fut composé par le célèbre jurisconsulte Caïus ou Gaïus, qui vivait sous Marc-Aurele ; ses institutes étaient divisées en quatre livres. La haute réputation que ce jurisconsulte s'était acquise, fit que longtemps avant Justinien, on donnait ces institutes à lire à ceux qui voulaient s'initier dans la science du Droit : cet ouvrage n'est point parvenu jusqu'à nous dans tout son entier ; nous en avons un abrégé qui en fut fait par Anien, l'un des principaux officiers d'Alaric, roi des Visigoths en Espagne. Cet abrégé est divisé en deux livres ; on y reconnait en beaucoup d'endroits les mêmes passages que Justinien emprunta de Caïus ; mais il y eut plusieurs retranchements et changements faits par Anien, pour rendre cet ouvrage conforme aux mœurs des Visigoths. Un jurisconsulte moderne nommé Oiselius, a recherché dans le digeste et ailleurs, tous les fragments des institutes de Caïus, et les a rétablis en quatre livres, comme ils étaient d'abord ; mais il y manque encore plusieurs titres, dont il n'a rien pu recouvrer. (A)

Institutes de Justinien, sont un abrégé du droit du code, première édition, et du droit du digeste, qui fut composé par ordre de cet empereur dans le temps même que l'on travaillait au digeste ; le motif qu'il eut en cela, fut de donner une connaissance sommaire du droit aux personnes qui ne sont pas versées dans les lais, et surtout aux commençans.

Il est probable que les institutes d'Ulpien, ceux de Caïus, et de quelques autres jurisconsultes, donnèrent à Justinien l'idée d'en faire de semblables. Quoi qu'il en sait, il chargea de cet ouvrage Tribonien, Théophile, et Dorothée, qui le formèrent de ce qu'il y avait de meilleur dans les institutes de Caius et autres livres des Jurisconsultes. Ces institutes furent confirmées par Justinien, qui leur donna force de loi dans tout l'empire ; et elles furent publiées le 11 des calendes de Décembre de l'an 533, avant la publication du digeste, qui ne fut faite que le 18 des calendes du mois de Janvier de la même année.

Les institutes de Justinien sont divisées en quatre livres : Accurse a imaginé que c'était pour faire allusion aux quatre éléments, que l'esprit des jeunes gens se nourrit par la lecture de ces quatre livres, de même que le corps humain est gouverné par les quatre éléments ; mais on sent aisément le ridicule de cette idée.

Le prooemium des institutes est une espèce de préface qui contient le dessein de l'ouvrage, sa division, et sa confirmation.

Chaque livre est divisé en plusieurs titres, dont la première partie s'appelle principium ; les autres sont appelées paragraphes.

Le premier livre traite du droit des personnes ; le second et le troisième, jusqu'au quatorzième titre inclusivement, traitent des choses ; le surplus du troisième livre, et les cinq premiers titres du quatrième livre, traitent des obligations qui naissent des contrats et quasi contrats, délits et quasi délits ; le reste du quatrième livre traite des actions.

Les institutes de Justinien sont regardées comme le meilleur des ouvrages publiés sous son nom ; ils contiennent en abrégé tout le système de la jurisprudence romaine : Cujas et plusieurs autres célèbres jurisconsultes ont pensé que cet ouvrage n'avait pas besoin de commentaires ; cependant plusieurs jurisconsultes en ont donné des abrégés ; d'autres en ont fait des paraphrases. Voyez Dorcholten, Pacius, Wesembek, Schneidwin, Corvinus, Faber, Mancius, Voet, Regnerus, et plusieurs autres ; le commentaire de Vinnius est un des plus estimés. (A)

Institutes de Lancelot, sont une institution au droit canonique, composée par Jean Paul Lancelot, qui brillait à Pérouse en 1550 : cet ouvrage est fort estimé.

Institutes de Théophile, sont une paraphrase des institutes de Justinien, composée en grec par le jurisconsulte Théophile, par ordre de l'empereur Phocas, lequel voulut par-là décréditer l'ouvrage de Justinien ; et en effet, pendant toute la durée de l'empire grec, on n'enseigna plus d'autres institutes que celles de Théophile. Ces dernières furent même encore longtemps après préférées au texte ; Viglius Zuichem fit imprimer la paraphrase grecque à Basle en 1534. Il y en eut ensuite plusieurs autres éditions ; Jacques Curtius jurisconsulte de Bruges, en fit une traduction latine qui fut imprimée à Lyon en 1581. Charles Annibal Fabrot, professeur en Droit à Aix en Provence, en donna deux éditions grecques et latines, accompagnées de scholies grecques et de notes. Enfin, Jean Doujat, célèbre professeur en Droit à Paris, donna en 1681, une édition en deux volumes in-12 de la traduction latine de Curtius, qu'il accompagna de ses notes et de celles de Cujas et de Fabrot ; on fait un grand usage de cette édition.

Institutes de Vinnius, sont un commentaire d'Arnold Vinnius jurisconsulte, sur les institutes de Justinien : il y en a eu plusieurs éditions, dont la dernière qui est de 1747, est accompagnée des notes de Jean Got. Heineccius. (A)