ou FORJUREMENT, s. m. (Jurisprudence) c'est en Normandie une espèce d'abdication et de délaissement que l'on fait de quelque chose. Forjurer le pays, c'est abandonner le pays et se retirer ailleurs, comme font les forbannis et forjugés. Dans les anciens arrêts du parlement, il est souvent fait mention de forjurer, lorsqu'il est traité des assurements. Forjurer les facteurs en Hainaut, signifie renier les criminels, et abjurer tellement leur parenté qu'on ne prenne plus de part à leurs différends. Cet usage avait pris son origine des guerres privées, dans lesquelles les parents entraient de part et d'autre en faveur de leur parent ; et quand une fois on avait forjuré un parent, on ne lui succédait plus, comme il se voit dans le ch. lxxxviij. des lois d'Henri I. roi d'Angleterre, publiées par Lambard : Si quis propter foridiam vel causam aliquam de parentelâ, se velit tollere et eam fori juraverit, et de societate et hereditate et totâ illius ratione se separet. Il était autrefois d'usage en Hainaut, que quand un meurtre avait été commis, ou qu'il y avait eu quelqu'un blessé griévement jusqu'à perdre quelque membre, si les auteurs du délit ou leurs assistants s'absentaient ou se tenaient dans des lieux francs, les parents du côté du père comme de la mère, étaient tenus de forjurer les accusés : mais la coutume de Hainaut, ch. xlv. abolit ce forjur, et défend aux sujets de ce pays d'user dorénavant de cette coutume.

Forjurer son héritage, dans l'ancienne coutume de Normandie, ch. Xe c'est le vendre et l'aliéner. (A)