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Catégorie : Monnaie
S. m. (Monnaie) Quelques-uns prononcent pattacon ; monnaie de Flandres faite d'argent qui a cours à-peu-près sur le pied de l'écu de France de soixante sols ; ils ne se reçoivent présentement qu'au poids dans les hôtels des monnaies, suivant le prix fixé par les ordonnances. Les diminutions du patagon sont les demi et les quarts.

Outre les patagons de Flandre, il s'en fabriquait aussi autrefois quantité en Franche-comté, quelques-uns au poids et au titre de ceux de Flandre, c'est-à-dire pesant vingt-deux deniers, et tenant de fin dix deniers sept grains, et quelques autres un peu plus forts, comme ceux qui avaient une croix à feuillage couronnée d'un côté, et de l'autre les armes de Bourgogne, qui pesaient vingt-deux deniers douze grains, et tenaient de fin dix deniers quatorze grains. (D.J.)

PATAGONS LES, (Géographie moderne) peuples de l'Amérique méridionale, dans la terre magellanique. Leurs bornes du côté du nord ne sont gueres connues : on les étend ordinairement jusque vers la rivière de los Camarones, et d'autres les poussent jusqu'à la rivière de la Plata. Du côté de l'orient ils sont bornés par la mer du Nord, au midi par le détroit de Magellan, et à l'occident par la Cordilière de los Andes.

Ce pays s'appelait Chiqua avant que Fernand Magellan l'eut nommé le pays des Patagons, quand il vit des géants au port de Saint Julien ; ces prétendus géants n'étaient au fond que des hommes très-grands, et qui auraient eu environ huit pieds par le rapport des mesures modernes au pied de roi.

Les Patagons sont couverts de peaux d'animaux assez grossièrement cousues. L'air de ce grand pays est différent selon son éloignement du pôle antarctique ou de la ligne ; mais en général il est plutôt froid que chaud.

Les Indiens patagons voyagent en portant avec eux leurs cabanes et tous les ustenciles du ménage ; ces cabanes ne consistent qu'en quelques piquets, dont une partie se met debout, et le reste en-travers de l'un à l'autre, et le tout est couvert de peaux de cheval. Ils marchent le jour, campent la nuit. La chair de cheval est presque leur unique nourriture ; les uns la mangent crue, les autres la font griller. Ce qu'ils nomment ville est une habitation qui consiste en cabanes petites, basses, irrégulières, éloignées entr'elles de trois pieds au plus, et séparées par une petite palissade à hauteur d'appui. Ils reconnaissent un chef dont la parure consiste en un tablier d'étoffe pendu à sa ceinture, et un bonnet de plume d'autruche qui lui sert de diadème.

Le continent des Patagons abonde en pâturages et en chevaux. Les Patagons, au-moins ceux que nous avons vus, dit l'auteur célèbre du voyage à la mer du Sud, ont communément cinq à six pieds de haut ; leur teint est de couleur olivâtre ; ils ont le nez et les yeux petits : leur naturel est fort doux. Leur roi ou chef n'a sur ses sujets d'autres prérogatives que d'être exempt de toute espèce de travail. Dans les festins il est confondu avec ses sujets ; et quand l'ivresse est de la partie, ils en viennent aux mains avec lui comme avec un autre.

Ces Indiens n'ont proprement aucune demeure fixe ; lorsque leurs chevaux ont consommé les pâturages d'un canton, ils transportent leurs cabanes et leurs effets dans un autre : cette transmigration se fait plusieurs fois dans l'année. Leurs habitations sont dispersées dans une grande étendue de pays ; chaque bourgade est composée d'un très-petit nombre de cabanes ; la bourgade même capitale est bien inférieure aux plus médiocres villages d'Angleterre pour le nombre d'habitations.

Ils ont quelque faible notion de la divinité ; ils rendent une façon de culte à la lune et au soleil. Le jour de la nouvelle lune ils s'assemblent en corps, et font une espèce de procession autour de leurs cabanes ; celui qui marche à la tête porte un cerceau garni de sonnettes de cuivre et de plumes d'autruche ; fait pirouetter de temps en temps ce cerceau, et à ce signal toute la troupe pousse de grands cris. Cette cérémonie dure environ une demi-heure.

On fait le même usage du cerceau auprès des mourants ; mais si-tôt que le malade est mort, on l'ensevelit bien vite dans une peau de cheval avec tous les effets qui lui appartiennent, arcs, flèches, etc. On le porte tout de suite à quelque distance de l'habitation, et on le jette dans une fosse ronde qu'on a creusée exprès, et que l'on comble aussi-tôt.

Leur deuil consiste à rester seuls quelque temps, et à ne parler à personne ; pendant cette retraite, on leur envoie leur nourriture. Ils craignent extrêmement les spectres et les revenans, et par cela même ils sont sujets à en voir quantité. Ils les chassent autant qu'ils peuvent en frappant à grands coups sur les peaux de cheval dont leur cabane est entourée.

La polygamie leur est inconnue ; lorsque leur femme est en couche, l'entrée de sa cabane est interdite à tout le monde jusqu'à ce qu'elle en sorte elle-même portant son enfant entre ses bras. Aussi-tôt qu'elle en est délivrée, on enveloppe l'enfant d'une peau de mouton, on le couche sur une espèce de civière, dont le fonds est garni de la même peau ; on lui lie les bras et les jambes avec des espèces de courroies contre le bois de la civière, afin qu'il ne puisse pas tomber ; on suspend cette machine par les quatre coins : cette manière d'emmailloter doit avoir des avantages, car les Patagons sont bien faits ; mais ils ont tous le derrière de la tête aplati, ce qui vient sans doute de leur usage de tenir les enfants couchés sur le dos, sans autre oreiller que le bois de la civière.

Dans les premiers mois après la naissance, les mères mènent tous les matins leurs enfants à la rivière, et les y plongent. Cette pratique les rend si insensibles au froid, qu'au fort de l'hiver ils courent tout nuds sur la neige et la glace.

Les Patagons, hommes et femmes, portent des colliers et des brasselets de grains garnis de grelots : ils vont en course tous les printemps, et emploient l'été à chasser et à prendre des chevaux sauvages avec un nœud coulant, en quoi ils sont d'une adresse surprenante.

Les Patagons qui habitent les contrées voisines de la montagne des Cordilières sont très-belliqueux, et haïssent mortellement les Espagnols, et leur font une guerre continuelle ; ils sont comme les autres de haute taille, et d'un teint basané ; leurs armes sont la lance et la fronde, qu'ils manient avec beaucoup de dextérité. Ils se dispersent en différents partis dans ces vastes plaines, ayant chacun leur chef ou cacique, et montent à cheval comme à-peu-près nos houssards d'Europe. Leurs étriers sont un morceau de bois percé d'un trou pour y mettre le bout du pied ; leurs brides sont de crin, et le mords est de bois.

Ils n'ont point de demeures fixes, sont errants, et par-là même inaccessibles aux Espagnols ; ils font de temps en temps des courses sur les frontières espagnoles, enlèvent le bétail et les habitants ; mais de tous les prisonniers qu'ils font, ils ne gardent que les femmes et les enfants pour en faire des esclaves, et tuent le reste. (D.J.)

PATAGON TERRE DES, (Géographie moderne) On donne le nom de terre des Patagons à cette partie de l'Amérique méridionale qui est au sud des établissements des Espagnols et qui s'étend depuis ces colonies jusqu'au détroit de Magellan. La partie orientale de ce pays est remarquable par une particularité qui ne se trouve dans aucune autre contrée de notre globe connue ; c'est que quoique tout le pays qui est au nord de la rivière de la Plata soit rempli de bois et d'arbres de haute futaie, tout ce qui est au sud de cette rivière est absolument dépourvu d'arbres, à l'exception de quelques pêchers que les Espagnols ont plantés et fait multiplier dans le voisinage de Buenos-Ayres ; de sorte qu'on ne trouve dans toute cette côte de quatre cent lieues de longueur, et aussi avant dans les terres que les découvertes ont pu s'étendre, que quelques chétives broussailles. Le chevalier Narboroug, que Charles II. envoya exprès pour découvrir cette côte et le détroit de Magellan, et qui en 1670 hiverna dans le port Saint-Julien et dans le port Désiré, assure qu'il ne vit pas dans tout le pays un tronc d'arbre assez gros pour en faire le manche d'un couperet. Voyage de G. Anson, in -4°. Amsterdam 1749. (D.J.)




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