(Commerce) On nomme ainsi aux antilles ceux qui s'engagent avec les habitants des îles pour les servir pendant trois ans. On les appelle plus communément trente-six mois à cause des trois années composées de douze mois chacune pour lesquelles ils s'engagent.

Comme notre commerce d'Amérique, tant dans les îles que dans la terre ferme, ne peut se soutenir que par le travail de ces engagés, il y a sur cette matière plusieurs règlements, et particuliérement ceux du 16 Novembre 1716, du 20 Mai 1721, et du 15 Fevrier 1724.

Celui de 1716 assujettit les négociants français qui envoyent des vaisseaux dans nos colonies, d'y embarquer un certain nombre d'engagés à proportion de la force de leur bâtiment, à peine de deux cent livres d'amende contre ceux qui ne rapporteraient pas des certificats de la remise de ces engagés dans les colonies ; permettant au surplus de compter pour deux engagés tout homme qui saurait un métier ; comme de maçon, tailleur, charpentier, &c.

L'ordonnance de 1721 convertit le règlement de 1716 dans l'alternative d'envoyer un certain nombre d'engagés, ou de payer pour chacun d'eux la somme de soixante livres à l'Amirauté. Mais les négociants ayant abusé de cette indulgence, en présentant aux bureaux des classes du port de leur embarquement, des particuliers qu'ils disaient engagés, quoiqu'il n'en fût rien, qu'ils renvoyaient après les avoir fait passer en revue, et pour la décharge desquels ils se contentaient de rapporter des certificats de désertion. Le règlement de 1724 ordonne, que sans nul égard à ces certificats de désertion, les négociants et capitaines de vaisseaux assujettis au transport des engagés payeront 60 livres pour chaque engagé, et cent vingt livres pour chaque engagé de métier qu'ils n'auront pas remis aux îles et dont ils ne rapporteront pas un certificat. Diction. de Comm. de Trev. et Chambers, et règlements du Comm. (G)

ENGAGE, ou trente-six mois. (Marine) On donnait ce nom en France à ceux qui veulent passer aux îles de l'Amérique pour chercher à travailler et y faire quelque chose, et n'ayant pas le moyen de payer leur passage, s'engageaient avec un capitaine pour trois années entières, et ce capitaine cédait l'engagé à quelque habitant des îles qui l'employait et le faisait travailler pendant les trois années, après lesquelles il était libre. Ce marché ne se fait plus aujourd'hui. Les Anglais passaient aussi des engagés dans leurs colonies, mais l'engagement était de sept ans.