S. m. (Commerce) personne qui négocie, qui trafique ou qui fait commerce ; c'est-à-dire, qui achète, troque, ou fait fabriquer des marchandises, soit pour les vendre en boutique ouverte ou en magasin, soit aussi pour les débiter dans les foires et marchés, ou pour les envoyer pour son compte dans les pays étrangers.

Il y a des marchands qui ne vendent qu'en gros, d'autres qui ne vendent qu'en détail, et d'autres qui font donc ensemble le gros et le détail. Les uns ne font commerce que d'une sorte de marchandise, les autres de plusieurs sortes ; il y en a qui ne s'attachent qu'au commerce de mer, d'autres qui ne font que celui de terre, et d'autres qui font conjointement l'un et l'autre.

La profession de marchand est honorable, et pour être exercée avec succès, elle exige des lumières et des talents, des connaissances exactes d'arithmétique, des comptes de banque, du cours et de l'évaluation des diverses monnaies, de la nature et du prix des différentes marchandises, des lois et des coutumes particulières au commerce. L'étude même de quelques langues étrangères, telles que l'espagnole, l'italienne et l'allemande, peut être très-utîle aux négociants qui embrassent un vaste commerce, et surtout à ceux qui font des voyages de long cours ou qui ont des correspondances établies au loin.

On appelle marchands grossiers ou magasiniers, ceux qui vendent en gros dans les magasins ; et détailleurs, ceux qui achetent des manufacturiers et grossiers pour revendre en détail dans les boutiques. A Lyon, on nomme ceux-ci boutiquiers. A Amsterdam, on ne met aucune différence entre ces deux espèces de marchands, si ce n'est pour le commerce du vin, dont ceux qui ne sont pas reçus marchands ne peuvent vendre moins d'une pièce à la fais, pour ne pas faire de tort à ceux qui vendent cette liqueur en détail.

Les marchands forains sont non-seulement ceux qui fréquentent les foires et les marchés, mais encore tous les marchands étrangers qui viennent apporter dans les villes des marchandises pour les vendre à ceux qui tiennent boutique et magasin.

On appelle à Paris les six corps des marchands, les anciennes communautés des marchands qui vendent les plus considérables marchandises. Ces corps sont, 1°. les drapiers, chaussetiers ; 2°. les épiciers, apoticaires, droguistes, confiseurs, ciriers. 3°. Les merciers, jouailliers, quinqualliers ; 4°. les pelletiers-foureurs, haubaniers ; 5°. les bonnetiers, aumulciers, mitonniers ; 6°. les orfévres jouailliers.

Henri III. en 1577 et en 1581, y ajouta un corps ou communauté des marchands de vin ; mais en différentes occasions les six premiers corps n'ont pas voulu s'associer cette nouvelle communauté, et malgré divers règlements, le corps des marchands de vin ne parait pas plus intimement uni aux six autres anciens corps qu'il ne l'était autrefois.

Les marchands de vin sont ceux qui trafiquent du vin, ou qui en achetent pour le revendre. Il y a des marchands de vin en gros et des marchands de vin en détail. Les premiers sont ceux qui le vendent en pièces, dans des caves, celliers, magasins ou halles. Les autres qu'on nomme aussi cabaretiers ou taverniers, le débitent à pot et à pinte, dans les caves, tavernes et cabarets.

Les marchands libraires sont ceux qui font imprimer, vendent et achetent toutes sortes de livres, soit en blanc, soit reliés ou brochés. Voyez LIBRAIRE et LIBRAIRIE.

Les marchands de bois sont ceux qui font abattre et façonner les bois dans les forêts pour les vendre en chantier ou sur les ports. A Paris il y a deux sortes de marchands de bois à bruler, les uns qu'on nomme marchands forains, et les autres marchands bourgeois. Ces deux sortes de marchands sont ceux qui font venir le gros bois par les rivières, et c'est à eux seuls qu'il est permis d'en faire le commerce, étant défendu aux regrattiers d'en revendre. Voyez BOIS.

Ceux qui vendent des grains, comme blé, avoine, orge, etc. Ceux qui vendent des tuiles, de la chaux, des chevaux, prennent généralement la qualité de marchands. Plusieurs autres négociants, encore qu'ils ne soient proprement qu'artisans, comme les chapeliers, tapissiers, chandeliers, tanneurs, etc. prennent aussi le nom de marchands.

Les lingeres, grainières, celles qui vendent du poisson d'eau-douce ou de mer frais, sec ou salé, les fruitières, etc. sont aussi réputées marchandes.

Les marchands en gros et en détail sont réputés majeurs pour le fait de leur commerce, et ne peuvent être restitués sous prétexte de minorité.

La juridiction ordinaire des marchands est celle des juges et consuls, et leur premier magistrat de police à Paris pour le fait de leur commerce, est le prevôt des marchands. Voyez CONSULS et PREVOT DES MARCHANDS.

MARCHAND, se dit aussi des bourgeois et particuliers qui achetent. On dit d'une boutique qu'elle est fort achalandée, qu'il y vient beaucoup de marchands.

MARCHAND, se dit encore des marchandises de bonne qualité, qui n'ont ni fard, ni défaut, et dont le débit est facile. Ce blé est bon, il est loyal et marchand.

Les villes marchandes sont celles où il se fait un grand commerce, soit par rapport aux ports de mer et aux grandes rivières, qui y facilitent l'apport et le transport des marchandises, soit à cause des manufactures qui y sont établies.

On dit qu'une rivière est marchande, lorsqu'elle est propre pour la navigation, qu'elle a assez d'eau pour porter les bateaux, qu'elle n'est ni débordée, ni glacée. La Loire n'est pas marchande une grande partie de l'année, à cause de son peu de profondeur et des sables dont elle est remplie.

MARCHAND, se dit encore proverbialement en plusieurs manières, comme marchand qui perd ne peut rire, il n'est pas marchand qui toujours gagne, être mauvais marchand d'une entreprise, etc. Dict. de commerce.

MARCHAND, vaisseau. Voyez VAISSEAU.

MARCHANDER, Ve act. (Commerce) offrir de l'argent de quelque marchandise que l'on veut acheter, faire en sorte de convenir du prix.

Il y a de la différence entre marchander et mesoffrir. Il faut savoir marchander pour n'être pas trompé dans l'achat des marchandises, mais c'est se moquer du vendeur que de mesoffrir. Dictionnaire de Commerce. (G)