S. m. (Commerce) sorte de négociateur qui s'entremet entre des négociants ou des commerçans, pour la vente de leurs marchandises, ou pour leur faire trouver de l'argent ; sur quoi ils ont un droit ou un salaire. Voyez CHANGE et AGENT DE CHANGE.

En Ecosse on les nomme broccarii, qui veut dire médiateurs ou entre-metteurs dans quelque affaire.

Leur affaire est de connaître les différentes variations dans le cours du change, d'en instruire les négociants, et de faire savoir à ceux qui ont de l'argent à recevoir ou à payer dans les pays étrangers, quelles sont les personnes auxquelles ils doivent s'adresser pour en négocier le change ; et quand la transaction est finie, c'est-à-dire quand l'argent est payé, ils ont à Paris pour droit de courtage, un quart pour cent, dont la moitié est payée par chacune des deux parties qui font la négociation. En Angleterre le droit de courtage n'est que d'un par mille.

En France, jusqu'au milieu du dix-septième siécle, on les appelait courtiers de change ; mais par un arrêt du conseil en 1639, ce nom fut changé en celui de agens de change, banque et finance : et au commencement du dix-huitième siècle on y ajouta le titre de conseillers du Roi, afin de rendre cet emploi encore plus honorable. Voyez AGENT DE CHANGE.

Au Caire et dans plusieurs villes du Levant, on appelle censals les Arabes qui font l'emploi de courtiers de change. Leur façon de négocier avec les commerçans européens a quelque chose de si singulier, que nous avons cru devoir en faire un article separé. Voyez CENSAL.

Les courtiers de change à Amsterdam, nommés makelaers, sont de deux espèces ; les uns sont nommés courtiers jurés, à cause du serment qu'ils font entre les mains des bourguemaîtres ; les autres négocient sans être autorisés pour cela : on appelle ces derniers courtiers ambulants. Les courtiers jurés sont au nombre de 395, dont 375 sont Chrétiens, et 20 Juifs. Il y a presque le double de ce nombre de courtiers ambulants ; de sorte qu'il y a près de mille courtiers de change à Amsterdam. Il y a cette différence entre les courtiers jurés et les courtiers ambulants, que les livres et le témoignage des premiers sont reçus dans les cours judiciaires, comme des preuves ; au lieu que dans un cas de contestation, les derniers sont récusés et leurs transactions annullées. La même distinction a aussi lieu en Angleterre entre ces deux sortes de courtiers.

Le droit des jurés courtiers de change à Amsterdam, est fixé par deux règlements, par celui de 1613, et par celui de 1623 ; pour les affaires du change, à 18 sols pour 100 livres de gros, qui valent 600 florins, c'est-à-dire 3 sols par 100 florins, payables moitié par le tireur, et moitié par celui qui paye l'argent ; mais l'usage a autorisé en cela bien des changements.

Dans l'Orient toutes les affaires se font par une espèce de courtiers que les Persans appellent dedal, c'est-à-dire grands parleurs. Leur façon de négocier est très-singulière. Après que les courtiers se sont étendus en de longs et souvent d'impertinens discours, ils ne s'entretiennent plus qu'avec les doigts lorsqu'il s'agit de conclure le marché. Le courtier de l'acheteur et celui du vendeur se donnent réciproquement la main droite, qu'ils couvrent avec leurs habits ou avec un mouchoir. Le doigt étendu signifie six ; plié, il veut dire cinq ; le bout du doigt dénote un ; la main entière signifie cent ; et le poing fermé, mille. Ils savent exprimer jusqu'aux sols et deniers avec la main. Pendant que ce commerce mystérieux dure, les deux courtiers paraissent aussi tranquilles et de sang froid, que s'il ne s'agissait de rien entr'eux. Voyez les Dictionnaire de Trévoux et du Comm. Chambers.