S. f. (Commerce) mesure de longueur dont on se sert en différents pays, et sous différents noms. Voyez MESURE.

L'aune est un bâton d'une certaine longueur, qui sert à mesurer les étoffes, les toiles, les rubans, etc.

L'aune de France a beaucoup de rapport à la verge d'Angleterre et de Séville ; à la canne de Provence, de Toulouse, de Naples, de Genèse de Livourne et autres villes d'Italie ; à la varre d'Aragon ; à la barre de Castille et de Valence ; à la brasse de Luques, Venise, Boulogne, etc. au palme de Sicîle ; au pic de Constantinople, de Smyrne et du Caire ; à la gueze des Indes et à celle de Perse. Voyez VERGE, CANNE, VARRE, etc.

Servius prétend que l'aune est la longueur que contiennent les deux bras étendus : mais Suétone ne fait de cela que la coudée. Voyez COUDEE.

Les aunes dont on se sert le plus communément en Angleterre sont l'aune Anglaise et celle de Flandre. L'aune d'Angleterre contient trois pieds neuf pouces ou une verge et un quart mesure d'Angleterre : l'aune de Flandre contient vingt-sept pouces ou 3/4 d'une verge mesure d'Angleterre ; de sorte que l'aune d'Angleterre est à celle de Flandre comme 5 est à 3.

L'aune de Paris contient trois pieds sept pouces huit lignes, conformément à l'étalon qui est dans le bureau des marchands Merciers, et qui par l'inscription gravée dessus, parait avoir été fait en 1554, sous le règne d'Henri II. Elle se divise en deux manières : la première, en demi- aune, en tiers, en sixième et en douzième ; et la seconde, en demi- aune, en quart, en huit et en seize, qui est la plus petite partie de l'aune, et après laquelle il n'y a plus de division établie dans le commerce.

Par l'ordonnance du Commerce, de 1673, article 11. du tit. I. il est ordonné à tous négociants et marchands, tant en gros qu'en détail, d'avoir à leur égard des aunes ferrées et marquées par les deux bouts, et il leur est défendu de s'en servir d'autres à peine de faux, et de cent cinquante livres d'amende, parce que les aunes non ferrées par le bout peuvent s'user, se raccourcir par le bout, et devenir fausses mesures.

Ricard, dans son traité du Commerce, donne la réduction suivante des aunes : 100 aunes d'Amsterdam en font 98 et 3/4, de Brabant, d'Anvers et de Bruxelles ; 58 1/2 de France et d'Angleterre ; 120 de Hambourg, de Francfort, Leipsic, Cologne ; 125 de Breslaw, en Silésie ; 112 1/2 de Dantzick ; 110 de Bergh et de Drontheim ; 117 de Stockholm. M. Savary, dans son Dictionnaire du Commerce, donne un rapport beaucoup plus étendu de l'aune d'Amsterdam avec les mesures des principales villes de l'Europe, et ce rapport ne quadre point avec celui de Ricard, quant à la proportion de l'aune d'Amsterdam avec celle de Brabant ; car M. Savary la met comme 100 à 60, et Ricard comme 100 à 125.

AUNE se dit aussi de la chose mesurée ; une aune de drap, une aune de taffetas.

AUNE COURANTE ou AUNE DE COURS ; c'est une mesure d'étoffe ou de tapisserie qui se prend sur la longueur, sans considérer la hauteur ; ainsi lorsqu'on dit qu'une tapisserie est composée de cinq pièces qui font douze aunes courantes, on doit entendre que les cinq pièces jointes ensemble ont douze aunes en longueur.

AUNE, est encore une mesure de Perse, et l'on en distingue de deux sortes ; l'une qu'on appelle aune royale, et qui a trois pieds de roi moins un pouce ; et l'autre qu'on appelle aune raccourcie, en Persan gueze moukesser, qui n'a que les deux tiers de l'aune royale. Voyez GUEZE. (G)