S. m. (Grammaire, Morale et Politique) ce mot ne signifiait autrefois qu'hôtellerie : les hôpitaux étaient des maisons publiques où les voyageurs étrangers recevaient les secours de l'hospitalité. Il n'y a plus de ces maisons ; ce sont aujourd'hui des lieux où des pauvres de toute espèce se réfugient, et où ils sont bien ou mal pourvus des choses nécessaires aux besoins urgens de la vie.

Dans les premiers temps de l'Eglise, l'évêque était chargé du soin immédiat des pauvres de son diocèse. Lorsque les ecclésiastiques eurent des rentes assurées, on en assigna le quart aux pauvres, et l'on fonda les maisons de piété que nous appelons hôpitaux. Voyez les articles DIXMES, CLERGE.

Ces maisons étaient gouvernées, même pour le temporel, par des prêtres et des diacres, sous l'inspection de l'évêque. Voyez EVEQUE, DIACRE.

Elles furent ensuite dotées par des particuliers, et elles eurent des revenus ; mais dans le relâchement de la discipline, les clercs qui en possédaient l'administration, les convertirent en bénéfices. Ce fut pour remédier à cet abus, que le concîle de Vienne transféra l'administration des hôpitaux à des laïcs, qui prêteraient serment et rendraient compte à l'ordinaire, et le concîle de Trente a confirmé ce decret. Voyez ECONOME.

Nous n'entrerons point dans le détail historique des différents hôpitaux ; nous y substituerons quelques vues générales sur la manière de rendre ces établissements dignes de leur fin.

Il serait beaucoup plus important de travailler à prévenir la misere, qu'à multiplier des asiles aux misérables.

Un moyen sur d'augmenter les revenus présents des hôpitaux, se serait de diminuer le nombre des pauvres.

Par-tout où un travail modéré suffira pour subvenir aux besoins de la vie, et où un peu d'économie dans l'âge robuste préparera à l'homme prudent une ressource dans l'âge des infirmités, il y aura peu de pauvres.

Il ne doit y avoir de pauvres dans un état bien gouverné, que des hommes qui naissent dans l'indigence, ou qui y tombent par accident.

Je ne puis mettre au nombre des pauvres, ces paresseux jeunes et vigoureux, qui trouvant dans notre charité mal-enrendue des secours plus faciles et plus considérables que ceux qu'ils se procureraient par le travail, remplissent nos rues, nos temples, nos grands chemins, nos bourgs, nos villes et nos campagnes. Il ne peut y avoir de cette vermine que dans un état où la valeur des hommes est inconnue.

Rendre la condition des mendiants de profession et des vrais pauvres égale en les confondant dans les mêmes maisons, c'est oublier qu'on a des terres incultes à défricher, des colonies à peupler, des manufactures à soutenir, des travaux publics à continuer.

S'il n'y a dans une société d'asiles que pour les vrais pauvres, il est conforme à la Religion, à la raison, à l'humanité, et à la saine politique, qu'ils y soient le mieux qu'il est possible.

Il ne faut pas que les hôpitaux soient des lieux redoutables aux malheureux, mais que le gouvernement soit redoutable aux fainéans.

Entre les vrais pauvres, les uns sont sains, les autres malades.

Il n'y a aucun inconvénient à ce que les habitations des pauvres sains soient dans les villes ; il y a, ce me semble, plusieurs raisons qui demandent que celles des pauvres malades soient éloignées de la demeure des hommes sains.

Un hôpital de malades est un édifice où l'architecture doit subordonner son art aux vues du médecin confondre les malades dans un même lieu, c'est les détruire les uns par les autres.

Il faut sans-doute des hôpitaux par-tout ; mais ne faudrait-il pas qu'ils fussent tous liés par une correspondance générale ?

Si les aumônes avaient un réservoir général, d'où elles se distribuassent dans toute l'étendue d'un royaume, on dirigerait ces eaux salutaires par-tout où l'incendie serait le plus violent.

Une disette subite, une épidémie, multiplient tout-à-coup les pauvres d'une province ; pourquoi ne tranfererait-on pas le superflu habituel ou momentané d'un hôpital à un autre ?

Qu'on écoute ceux qui se récrieront contre ce projet, et l'on verra que ce sont la plupart des hommes horribles qui boivent le sang du pauvre, et qui trouvent leur avantage particulier dans le désordre général.

Le souverain est le père de tous ses sujets ; pourquoi ne serait-il pas le caissier général de ses pauvres sujets ?

C'est à lui à ramener à l'utilité générale, les vues étroites des fondateurs particuliers. Voyez l'article FONDATION.

Le fond des pauvres est si sacré, que ce serait blasphémer contre l'autorité royale, que d'imaginer qu'il fût jamais diverti, même dans les besoins extrêmes de l'état.

Y a-t-il rien de plus absurde qu'un hôpital s'endette, tandis qu'un autre s'enrichit ? Que serait-ce s'ils étaient tous pillés ?

Il y a tant de bureaux formés, et même assez inutilement ; comment celui-ci dont l'utilité serait si grande, serait-il impossible ? La plus grande difficulté qu'on y trouverait peut-être, ce serait de découvrir les revenus de tous les hôpitaux. Ils sont cependant bien connus de ceux qui les administrent.

Si l'on publiait un état exact des revenus de tous les hôpitaux, avec des listes périodiques de la dépense et de la recette, on connaitrait le rapport des secours et des besoins ; et ce serait avoir trop mauvaise opinion des hommes, que de croire que ce fût sans effet : la commisération nous est naturelle.

Nous n'entrerons point ici dans l'examen critique de l'administration de nos hôpitaux ; on peut consulter là-dessus les différents mémoires que M. de Chamousset a publiés sous le titre de vues d'un citoyen ; et l'on y verra que des malades qui entrent à l'hôtel-Dieu, il en périt un quart, tandis qu'on n'en perd qu'un huitième à la Charité, un neuvième et même un quatorzième dans d'autres hôpitaux : d'où vient cette différence effrayante ? Voyez les articles HOTEL DIEU et CHARITE.

HOPITAL MILITAIRE, c'est un hôpital établi par le Roi pour recevoir les officiers et les soldats malades ou blessés qui doivent y trouver tous les secours nécessaires, et qui les y trouveraient effectivement, si les règlements faits à ce sujet, étaient exactement observés.

Il y a un grand nombre de ces hôpitaux en France ; ils sont sous la direction du ministre de la guerre, qui nomme aux places de médecins et de chirurgiens que le Roi y entretient.

Il y a des entrepreneurs pour la fourniture des subsistances ; des commissaires ordonnateurs pour veiller à ce que ces entrepreneurs fournissent aux troupes ce qu'ils sont obligés de fournir, et que les aliments soient bons ; il y a aussi des inspecteurs de ces hôpitaux, etc.

Lorsque les armées sont en campagne, il y a un hôpital à la suite de l'armée. Celui qui la suit dans tous ses mouvements est appelé par cette raison, l'hôpital ambulant. (Q)

HOPITAL, (Marine) c'est un vaisseau destiné pour mettre les malades, à la suite d'une armée navale ou escadre composée de dix vaisseaux, afin de les retirer des vaisseaux où leur nombre pourrait embarrasser le service, et les soigner plus particulièrement. L'ordonnance de la Marine de 1689 dit que le bâtiment choisi pour servir d'hôpital sera sous la direction de l'intendant de l'armée, ou du commissaire préposé à la suite de l'escadre.

Le bâtiment choisi pour servir d'hôpital doit être garni de tous les agrès nécessaires à la navigation. Il faut que les ponts en soient hauts et les sabords bien ouverts, que les câbles se virent sur le second pont, et que l'entre-deux ponts soit libre, afin que l'on y puisse placer plus commodément les lits destinés pour les malades. (Z)