S. m. (Histoire naturelle, Ichtyologie) poisson qui se trouve dans la haute mer, il croit jusqu'à une coudée et plus ; il a les yeux grands, le dos d'un gris cendré, le ventre blanc, la queue plate, la tête allongée et aplatie. L'ouverture de la bouche est grande, et la mâchoire inférieure un peu longue et plus large que la supérieure ; les deux mâchoires et le palais sont garnis de dents aiguës et courbées en arrière, il y a aussi au fond de la bouche et de l'oesophage des os durs et raboteux, l'anus est situé plus en avant que dans la plupart des autres poissons. Le merlus a deux nageoires près des ouïes, deux un peu au-dessous et plus près de la bouche, une longue qui s'étend depuis l'anus jusqu'à la queue, une sur le dos qui correspond à la précédente, et une plus petite placée près de la tête : il a sur les côtés du dos une ligne qui s'étend depuis les yeux jusqu'à la queue. Les merles qui vivent dans l'eau pure en pleine mer ont la chair tendre et de bon gout, ceux au contraire qui restent dans les endroits fangeux, deviennent gluans et de mauvais gout. Le foie de ce poisson peut être comparé pour la délicatesse à celui du surmulet. Rondelet, hist. des paiss. part. I. liv. IX. ch. VIIIe Voyez POISSON.

MERLUS, laite d'un, (science microscop.) M. Leeuwenhoek, après avoir observé la laite ou le semen d'un merlus vivant au microscope, en conclud qu'il contient plus d'animalcules qu'il n'y a d'hommes vivants sur la surface de la terre dans un même temps ; car il calcule que cent grains de sable faisant le diamètre d'un pouce, il suit qu'un pouce cubique contiendrait un million de grains de sable ; et comme il a trouvé que la laite du merlus est d'environ quinze pouces cubiques, elle doit contenir quinze millions de quantités aussi grandes qu'un grain de sable ; mais si chacune de ces quantités contient dix mille de ces petits animaux, il doit y en avoir dans toute la laite cent cinquante millions.

Maintenant pour trouver avec quelque vraisemblance le nombre des hommes qui vivent sur toute la terre dans un même temps, il remarque que la circonférence d'un grand cercle est de 5400 milles de Hollande ; d'où il conclud que toute la surface de la terre contient 9, 276, 218 de ces milles carrés ; et supposant qu'un tiers de cette surface ou 3, 092, 073 milles est une terre seche, et qu'il n'y a d'habité que les deux tiers de ce dernier nombre, ou 2, 061, 382 milles ; supposant encore que la Hollande et la Westfrise ont 22 milles de longueur et 7 de largeur, ce qui fait 154 milles carrés, la partie habitable du monde sera 13, 385 fois la grandeur de la Hollande et de Westfrise.

Si l'on suppose à présent que le nombre des habitants de ces deux provinces est d'un million et que les autres parties du monde soient aussi peuplées que celle-là, (ce qui est hors de vraisemblance), il y aura 13, 385 millions d'ames sur toute la terre ; mais la laite de ce merlus contient 150, 000 millions de ces petits animaux, elle en contient donc dix fois plus qu'il n'y a d'hommes sur la terre.

On peut calculer d'une autre manière le nombre de ces petits animaux ; car l'auteur du Spectacle de la nature dit que trois curieux ont compté avec toute l'attention dont ils sont capables, combien il entrait d'œufs d'une merlus femelle dans le poids d'une dragme, et ils se sont trouvés d'accord dans les nombres qu'ils avaient mis par écrit ; ils pesèrent ensuite toute la masse, et prenant huit fois la somme d'une drachme pour chaque once qui contient huit drachmes, toutes les sommes réunies produisirent le total de 9 millions 334 mille œufs.

Supposons maintenant (comme le fait M. Leeuwenhoeck par le semen masculinum des grenouilles) qu'il y a dix mille animaux petits dans la laite pour chaque œuf de la femelle, il s'ensuit que puisque la laite de la femelle s'est trouvée contenir neuf millions 334 mille œufs, la laite du mâle contiendra 93 mille 440 millions de petits animaux ; ce qui, quoique bien au-dessous du premier calcul, est toujours sept fois autant que toute l'espèce humaine.

Pour trouver la grandeur comparative de ces petits animaux, M. Leeuwenhoeck plaça auprès d'eux un cheveu de sa tête, lequel à travers de son microscope paraissait avoir un pouce de largeur, et il trouva que ce diamètre pouvait aisément contenir soixante de ces animaux ; par conséquent leurs corps étant sphériques, il s'ensuit qu'un corps dont le diamètre ne serait que de l'épaisseur de ce cheveu, en contiendrait 216 mille.

Il observa finalement que lorsque l'eau où il avait délayé la semence d'un merlus était exhalée, les petits corps de ces petits animaux se mettaient en pièce, ce qui n'arrivait point à ceux de la semence d'un bélier. Il attribue cette différence à la plus grande consistance et fermeté du corps du bélier, la chair d'un animal étant plus compacte que celle d'un poisson.

Dans la laite d'une autre sorte de merlus, nommé jack en anglais, on distingue au-moins dix mille petits animaux dans une quantité qui n'est pas plus grande qu'un grain de sable, qui sont exactement semblables en apparence à ceux du merlus ordinaire, mais plus forts et plus vifs. Voyez Baker, Microscop. observations. (D.J.)

MERLUS, (Pêche) La pêche du merlus ne se pratique que dans la baie d'Audierne, à trois ou quatre lieues seulement au large ; le poisson se tient ordinairement sur des fonds de sable un peu vaseux, il fuit les fonds durs et couverts de rochers ; quand il est bien préparé, sa qualité ne diffère guère de celle de l'Amérique, les chairs aux connaisseurs en paraissent un peu plus coriaces ; la pêche commence à la fin d'Avril et finit à la saint Jean.

Les pêcheurs qui font cette pêche ont chacun plusieurs lignes ; l'ain ou l'hameçon est garni d'un morceau de chair d'orphie ou d'éguille que l'on pêche exprès pour cet usage ; les rets sont dérivants ; deux hommes de l'équipage nagent continuellement, parce qu'autrement les pêcheurs ne prendraient rien. La meilleure pêche se fait la nuit sur les fonds de trente brasses de profondeur.

Pour saler et faire sécher le merlus, on lui coupe la tête et on le fend par le ventre du haut en bas, on le met dans le sel pendant deux fois vingt-quatre heures, d'où on le retire pour le laver dans l'eau de mer, on l'expose à terre au soleil pendant plusieurs jours jusqu'à ce qu'il soit bien sec, après quoi on le met en grenier dans les magasins jusqu'à ce qu'on le porte à Bordeaux, pour y être vendu en paquets de deux cent livres pesant.