S. f. (Histoire naturelle, Insectologie) pelote de fil et de glu, sous laquelle les vers à soie et certaines chenilles se renferment lorsqu'elles deviennent nymphes. Mais nous prenons ici le mot de coque, avec les Naturalistes, dans un sens plus étendu, pour désigner toute enveloppe ou nid de différente texture et figure, formé par les insectes à divers usages.

Ces petits animaux, après s'être choisis un endroit commode pour se garantir de tout accident, munissent ce lieu par toutes sortes de retranchements également diversifiés et appropriés à leur nature. Les uns, soit à cause de la délicatesse de leur enveloppe, soit pour transpirer plus lentement, pour se développer dans leur juste saison, soit pour prendre la forme d'insecte parfait, se font des coques très-épaisses, et souvent impénétrables à l'eau et à l'air.

D'autres se filent des coques de soie, et d'autres font sortir dans ce dessein des pores de leurs corps, une espèce de coton pour les couvrir. Tel est l'insecte du Kermès. Plusieurs fortifient leurs coques en y faisant entrer leurs poils, dont ils se dépouillent ; et ceux qui n'en ont point et qui manquent de soie, rongent le bois et emploient les petits fils qu'ils en ont détachés, à affermir l'intérieur et l'extérieur de leur enveloppe. Ils humectent ces fils avec une espèce de gomme qui sort de leur corps, et qui est très-propre à durcir leur travail. Si l'on prend une de ces coques séchée, et qu'on la fasse ensuite bouillir dans de l'eau, on la trouvera plus légère qu'elle n'était avant cette opération ; elle a donc perdu sa gomme dans l'eau bouillante.

Il y a quelques insectes qui se font deux et même trois coques les unes dans les autres, filées toutes avec un art remarquable par le même animal, et non par différents ichneumons : la chose arrive quelquefois, lorsqu'un ichneumon, après avoir causé la mort à un insecte qui avait déjà filé sa coque, et après avoir ensuite filé la sienne, a été détruit à son tour par un second ichneumon qu'il renfermait dans ses entrailles. Il est aisé de s'apercevoir du fait, parce qu'en ce cas les dépouilles de chaque animal consumé, se trouvent entre la coque qu'il s'est filée et celle de celui qu'il a détruit. Voyez ICHNEUMON.

Les coques ne sont pas moins différenciées par leur figure. La plupart sont ovales, ou sphéroïdes ; d'autres de figure conique, cylindrique, angulaire, etc. Il y a des coques en bateau, d'autres en forme de navette, et d'autres en larme de verre, dont le corps serait fort renflé, et la pointe recourbée. Un curieux naturaliste, M. Lionnet, dit qu'il en connait même qui sont composées de deux plans ovales convexes, collées l'une à l'opposite de l'autre sur un plan qui leur est perpendiculaire, qui est partout d'égale largeur, et qui suit la courbure de leur contour ; ce qui donne à ces coques une forme approchante de nos tabatières ovales aplaties par les côtés.

On ferait un volume, si l'on voulait entrer dans le détail sur la diversité de figure des coques des insectes, sur les matériaux dont ils les forment, sur l'art et l'industrie qui y est employé ; tout en est admirable. Mais il faut ici renvoyer le lecteur aux ouvrages de Malpighi, de Leeuwenhoèk, de Swammerdam, de M. de Reaumur, et de M. Frisch ; je me borne à dire en peu de mots d'après l'ingénieux M. Lionnet, le but de la fabrique de ces nids.

Le premier usage pour lequel les insectes se construisent des coques, et qui est même le plus fréquent, c'est pour y subir leur transformation. L'insecte s'y renferme, et n'y laisse presque jamais d'ouverture apparente : c'est-là qu'il se change en nymphe ou en chrysalide. Ces coques paraissent servir principalement à trois fins. La première est de fournir par leur concavité intérieure à la chrysalide ou à la nymphe, dès qu'elle parait, et lorsque son enveloppe est encore tendre, un appui commode, et de lui faire prendre l'attitude un peu recourbée en avant, qu'il lui faut pour que ses membres (surtout ses ailes) occupent la place où ils doivent demeurer fixés jusqu'à ce que l'insecte se dégage de son enveloppe : elles servent en second lieu à garantir l'animal dans cet état de faiblesse, des injures de l'air, et de la poursuite de ses ennemis ; enfin elles empêchent que ces chrysalides ou ces nymphes ne se dessechent par une trop forte évaporation. Les coques qui n'ont presque aucune consistance, n'ont probablement que la première de ces fins pour objet ; celles qui sont plus fermes, sans être pourtant impénétrables à l'air et à l'eau, paraissent aussi servir pour la seconde ; et les autres semblent être destinées à satisfaire à ces trois fins différentes, selon les différents besoins que les insectes paraissent en avoir.

Le second usage des coques des insectes est, lorsqu'ils en bâtissent pour y demeurer dans le temps qu'ils sont encore insectes rampans, qu'ils mangent, et qu'ils croissent. Ces coques sont alors ordinairement des étuis ouverts par les deux bouts. L'insecte y loge, il les agrandit à mesure qu'il croit, ou bien il s'en fait de nouvelles. Ce ne sont pas celles que les insectes font en roulant des feuilles, qui sont les plus dignes de notre admiration. M. de Reaumur, qui a donné lui-même un mémoire très-curieux sur ce sujet, convient dans un autre que les fourreaux que se font les teignes aquatiques et terrestres, de différents genres et de différentes espèces, l'emportent sur les coques des chenilles. Ce sont en effet des chefs-d'œuvre, où l'art et l'arrangement paraissent avec bien plus d'éclat.

Le troisième usage des coques ou des nids que se font les insectes, est pour servir d'enveloppe à leur couvée. Mais il faut convenir que cet usage est extrêmement rare, et les araignées nous en fournissent presque le seul exemple : je ne dis pas le seul exemple qui existe, ce qui serait du dernier ridicule. Plus on étudie l'Histoire naturelle, plus les exemples qu'on croyait rares ou uniques se multiplient ; les exceptions deviennent enfin des règles générales. Art. de M(D.J.)

* COQUE, s. f. (Marine et Corderie) faux pli ou boucle qui se fait à une corde qui a été trop tordue en la fabriquant. Une corde sujette à faire des coques est d'un mauvais service, soit par le retard que ce défaut apporte aux manœuvres courantes, lorsque les coques se présentent pour passer dans les mouffles, soit par la fraction même des mouffles, si on ne s'est pas aperçu à temps qu'une coque se présentait.

COQUE, (Jardinage) est une enveloppe forte et dure, particulière à certains fruits, tels que la noix et autres. (K)

* COQUES et VANONS, (Pêche) sorte de coquillage qui renferme un poisson.

Voici la manière d'en faire la pêche ou récolte, telle qu'elle se pratique à Rincheville dans le ressort de l'amirauté de Carentan et à Isigni, etc.

Pour prendre des coques, les pêcheurs attendent que la marée soit presqu'au plus bas de l'eau ; ce coquillage se tient à la superficie des sables, dont il ne reste couvert que de l'épaisseur d'un écu au plus. On connait qu'il y a des coques sur les fonds où l'on est, par les petits trous qu'on remarque au sable, et que les coques font avec la partie que l'on nomme leur langue, qu'elles baissent sur le sable pour paitre. On connait encore qu'il y a des coques, en roulant sur le sable quelque chose de lourd qui fait craquer les coquillages qui sont au-dessous ; alors les pêcheurs foulent, piétinent le sable encore mouillé de la marée, l'émeuvent, et les coques viennent alors d'elles-mêmes au-dessus du sable, où l'on les ramasse avec une espèce de rateau de bois ; on les désable aussi quelquefois avec une petite faucille ou autre semblable instrument de fer.

Les pêcheurs riverains qui font cette pêche, la commencent vers la fin de Février et la continuent jusqu'à la S. Jean ; elle ne se pratique aisément que de jour, à cause de la difficulté de connaître les trous que les coques font au sable : lorsque le temps est tempéré, les coques tirées hors de l'eau peuvent vivre jusqu'à sept à huit jours ; en été elles ne durent pas seulement trois jours, encore faut-il qu'elles soient mises dans un lieu frais.