S. m. (Botanique exotique) plante Américaine dont la racine est d'usage.

Il y a plusieurs plantes connues des Botanistes sous le nom de contrayerva ; et c'est un grand inconvénient, une source d'erreurs : mais du moins M. Houston chirurgien Anglais étant en Amérique, a recueilli dans les montagnes auprès de l'ancienne Vera-Crux, la racine qu'on nomme contrayerva dans les boutiques, et il a découvert que c'était une espèce de dorstenia, qu'il appele, comme le P. Plumier, dorstenia dentaria radice, dont il a donné la description et la figure dans les Trants. phil. an. 1731, n. 421.

Français Drack, si fameux par son voyage autour du monde, par ses expéditions et ses victoires contre les Espagnols, apporta le premier cette racine en Europe en 1580 ; c'est pourquoi Clusius l'appelle racine de Drack, Drakena radix.

La racine de cette plante ressemble beaucoup aux racines du sceau de Salomon ordinaire, ou de la dentaire ; car elle pousse plusieurs nœuds qui paraissent écailleux ; elle s'enfonce obliquement dans la terre, et y répand beaucoup de fibres branchues qui s'étendent de tous côtés ; enfin elle a un goût brulant comme est celui de la pyrethre ordinaire. Il sort de son sommet six ou huit feuilles semblables à celles de la berce, quoique beaucoup plus petites, de la longueur de quatre ou cinq pouces, découpées profondément, ou partagées en plusieurs pièces pointues et dentelées, un peu rudes au toucher, et d'un verd brun des deux côtés, dont les queues ont cinq ou six pouces.

Du même sommet de cette racine s'élèvent trois ou quatre pédicules un peu plus longs que les queues, qui soutiennent des fleurs d'une figure particulière ; car, selon M. Linnaeus qui a décrit cette fleur desséchée, gen. 840. chaque pedicule s'évase vers son extrémité, et forme une enveloppe commune, unie, anguleuse, grande, un peu renflée en-dessous, lisse et verte, et presque aplatie en-dessus ; sur laquelle nait un placenta commun, où sont logées beaucoup de fleurs très-petites qui en occupent le centre, lesquelles sont entourées de petites écailles noirâtres qui bordent la circonférence.

Ces fleurs n'ont point de pétales ; elles n'ont qu'un calice ou enveloppe particulière à chaque fleur, quadrangulaire, concave, plongé dans le placenta, et faisant corps avec lui, garni de quatre étamines dont les sommets sont un peu arrondis. L'embryon est sphérique, et porte un style simple et un stygmate obtus. Le placenta commun devient une substance charnue, dans laquelle sont nichées plusieurs graines arrondies et pointues, très-tendres et très-blanches. Cette plante croit dans le Pérou et le Mexique, d'où les Espagnols nous l'apportent. Art. de M(D.J.)

CONTRAYERVA, (Mat. med. et Pharmac.) Le contrayerva est un bon sudorifique : son odeur, sa saveur vive et piquante, et plus encore l'expérience, nous assurent de cette propriété pour laquelle il a été célebré : mais la vertu alexipharmaque qu'on lui a aussi accordée, en prenant même le terme dans sa signification la plus étendue, peut lui être contestée avec raison ; 1°. parce que les contre-poisons généraux sont des êtres assez imaginaires ; 2°. parce que les alexipharmaques sudorifiques ou proprement dits, avaient été imaginés contre certains venins coagulants dont les observations modernes ont démenti l'existence, ou du moins ont bien diminué le nombre ; 3°. parce que la manière de traiter les maladies qu'on appelait malignes ou venéneuses, par les sudorifiques, a presque été absolument abandonnée, ou du moins restreinte à un certain nombre de cas qui ne sont pas les plus ordinaires.

Par conséquent on ne peut employer la racine de contrayerva avec confiance, que dans les cas où les sueurs sont indiquées en général (Voyez SUDORIFIQUE), et point du tout dans les cas de morsures, même des bêtes venimeuses, où l'on guérit par des sueurs abondantes, comme dans celles de la vipere, lorsqu'on a raison de soupçonner que l'alkali volatil employé dans ce cas peut agir par une qualité spécifique : il faut du moins qu'on ait constaté par des expériences suffisantes qu'on peut attendre le même succès d'un sudorifique quelconque.

Schulzius recommande en particulier cette racine contre les maladies malignes accompagnées de dyssenteries qui règnent souvent dans les armées. On peut la donner en substance depuis un scrupule jusqu'à un gros ; ou bien en infusion dans une chopine de vin ou d'eau, depuis deux gros jusqu'à une demi-once.

L'esprit-de-vin tire du contrayerva une teinture assez chargée, que le même Schulzius recommande à la dose d'un demi-gros, mais qu'on peut augmenter sans danger selon le cas.

Neumann prétend que son infusion dans de l'eau est plus sure et plus efficace que cette teinture, parce que l'eau se charge plus des parties de cette racine que l'esprit-de-vin, et qu'on n'a pas à craindre de l'eau les mêmes inconvénients que des menstrues spiritueux. On peut compter que la matière extraite par l'esprit-de-vin ou par l'eau est de la même nature ; car on ne peut pas soupçonner Neumann, qui la désigne dans les deux cas par le nom d'extrait, d'avoir confondu une résine avec un extrait.

Le contrayerva entre dans l'eau thériacale, dans l'opiate de Salomon de la pharmacopée de Paris, dans la confection hyacinthe, et l'eau générale de cette même pharmacopée. L'extrait de cette racine entre dans la thériaque céleste.

Le contrayerva donne son nom à une composition fort connue dans les boutiques, principalement parmi les Anglais, sous le nom de lapis contrayervae, et dont la dispensation varie chez les différents auteurs, tels que Manget, Charas, Burnet, Bateus, et Fuller, qui donne à cette composition le nom de lapis alexiterius.

Préparation de la pierre de contrayerva. corne de cerf calcinée et préparée, corail rouge préparé, de chaque deux gros ; perles préparées, ambre blanc, yeux d'écrevisse, de chaque deux gros ; racine de contrayerva pulvérisée, pattes d'écrevisse préparées, de chaque demi-once : mêlez le tout exactement, et avec le mucilage de gomme arabique, faites-en une pâte dont vous formerez de petites boules de la grosseur d'une noix muscade.

On attribue à cette pierre les mêmes vertus qu'au contrayerva. Elle passe pour un sudorifique et un alexitaire excellent, et comme un bon préservatif contre la peste, la petite vérole, et les fièvres malignes. Les réflexions que nous avons faites au commencement de cet article, en rapportant les prétendues vertus alexipharmaques du contrayerva, ont lieu ici dans le même sens. (b)