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Catégorie parente: Histoire naturelle
Catégorie : Botanique ancienne
S. f. (Botanique ancienne) Les anciens n'ont point déterminé fixement ce qu'ils entendaient par le mot de fleur, flos : quelquefois ils ont caractérisé de ce nom les étamines ou filets qui sont au centre de la fleur ; et c'est ce qu'il faut savoir pour entendre plusieurs passages de leurs écrits. Par exemple, quand Aurélianus nomme la rose une fleur d'un beau jaune, soutenue par un calice pourpre, il est clair qu'il entend par le mot de fleur, les étamines qui sont au milieu de la rose, lesquelles sont en effet d'un beau jaune et en grand nombre ; et qu'il appelle le calice de la fleur, les feuilles ou pétales pourpres que nous nommons communément la rose même. C'est en suivant la même explication qu'il semble que Virgile peint notre baume sous le nom d'amello ; il dit qu'il a une fleur jaune, et des feuilles pourpres pour disque. Or on voit qu'il désigne par le nom de fleur, les étamines ou filets qui sont jaunes dans le baume ; et par les feuilles qui l'entourent, il entend le calice de la fleur qui est pourpre ou violet : mais que de grâces ne sait-il point mettre dans la peinture de son amello !

Est etiam flos in pratis, cui nomen amello

Fecêre agricolae, facilis quaerentibus herba.

Namque uno ingentem tollit de cespite sylvam

Aureus ipse : sed in foliis quae plurima circum

Funduntur, violae sublucet purpura nigrae.

Saepe deum nexis ornatae torquibus arae.

Asper in ore sapor : tonsis in vallibus illum

Pastores, et curva legunt prope flumina mellae.

Hujus odorato radices incoque Baccho,

Pabulaque in foribus plenis appone canistris.

Georg. liv. IV.

Pline en décrivant le narcisse, appelle le calice cette partie jaune qui occupe le centre, et il nomme fleurs les feuilles ou pétales qui l'environnent. On a critiqué Pline d'avoir appelé cette partie de la fleur le calice ; mais son dessein n'était dans cette occasion, que de comparer la fleur tubuleuse du narcisse pour la ressemblance, avec celle des calices ou ciboires dont les Grecs et les Romains se servaient dans les festins.

FLEUR, (Botanique histor. moderne) production naturelle qui précède le fruit, et produit la graine ; ou bien, si on l'aime mieux, c'est la partie de la plante qui renferme les parties propres pour la multiplication de l'espèce.

Suivant Rai, la fleur est la partie la plus tendre de la plante ; partie remarquable par sa couleur, sa forme, ou par l'une et l'autre, et qui adhere communément aux rudiments du fruit. M. de Jussieu dit, qu'on doit nommer proprement fleur, cette partie de la plante qui est composée de filets et d'un pistil, et qui est d'usage dans la génération : mais plusieurs fleurs n'ont point de pistil, et plusieurs autres n'ont point de filets. M. de Tournefort définit la fleur, cette partie de la plante qui se distingue ordinairement des autres parties par des couleurs particulières, qui est le plus souvent attachée aux embryons des fruits, et qui dans la plupart des plantes semble être faite pour préparer les sucs qui doivent servir de première nourriture à ces embryons, et commencer le développement de leurs parties.

Enfin M. Vaillant regarde les fleurs comme les organes qui constituent les différents sexes dans les plantes ; il prétend que les feuilles des fleurs ne sont que des enveloppes qui servent à couvrir les organes de la génération, et à les défendre ; il appelle ces enveloppes ou tuniques du nom de fleurs, quelque structure et quelque couleur qu'elles aient, soit qu'elles entourent les organes des deux sexes réunis, soit qu'elles ne contiennent que ceux de l'un ou de l'autre, ou seulement quelques parties dépendantes de l'un des deux, pourvu toutefois que la figure de ces tuniques ne soit pas la même que celles des feuilles de la plante, supposé qu'elle en ait. Sur ce principe il nomme fausses fleurs ou fleurs nues, les organes de la génération qui sont dénués de tuniques ; et de vraies fleurs, ceux qui en sont revêtus : ainsi il exclut du nombre des vraies fleurs, les fleurs à étamines.

On distingue dans les fleurs, les feuilles ou pétales, les filets, les sommets, le pistil, et le calice : sur quoi voyez l'article FLEURS DES PLANTES. J'ajoute que les fleurs, conformément au nombre de leurs pétales, sont nommées monopétales, dipétales, tripétales, terapétales, c'est-à-dire à une, à deux, à trois, à quatre feuilles, etc.

Rai prétend que toute fleur parfaite a des pétales, des étamines, des sommets, et un pistil, qui est lui-même ou le plein fruit, ou l'extrémité du fruit ; et il regarde comme fleurs imparfaites, toutes celles qui manquent de quelqu'une de ces parties.

Les fleurs sont distinguées en mâles, femelles, et hermaphrodites. Les fleurs mâles sont celles dans lesquelles il y a des étamines, mais qui ne portent point de fruit. Les fleurs femelles sont celles qui contiennent un pistil, auquel le fruit succede. Les fleurs hermaphrodites sont celles dans lesquelles se trouvent les deux sexes, et c'est ce qui est le plus ordinaire ; tels sont le narcisse, le lis, la tulipe, le géranium, la sauge, le thym, le romarin, etc.

La structure des parties est la même dans les fleurs où les sexes sont partagés ; la seule différence consiste en ce que les étamines et les sommets, c'est-à-dire les parties mâles sont séparées dans celles-ci des pistils, et se trouvent quelquefois sur la même plante et quelquefois sur des plantes différentes ; entre les plantes qui ont les parties mâles et femelles, mais à quelque distance les unes des autres, l'on compte le concombre, le melon, la courge, le blé de Turquie, le tournesol, le noyer, le chêne, le hêtre, etc. Article de M(D.J.)

FLEURS DES PLANTES, (Bot. syst.) M. de Tournefort a préféré, dans sa distribution méthodique des plantes, les caractères tirés des fleurs, pour établir les classes de sa méthode, qui est celle que nous suivons dans cet ouvrage pour la dénomination et la définition des différents genres de plantes. Cet auteur distingue cinq parties dans les fleurs ; savoir les feuilles, les filets, les sommets, le pistil, et le calice ; mais toutes ces parties ne se trouvent pas dans toutes les fleurs.

Les feuilles de la fleur sont aussi appelées pétales, pour les distinguer des feuilles de la plante. Les pétales sont ordinairement les parties les plus apparentes et les plus belles de la fleur, mais toutes les fleurs n'en ont pas, et il est souvent très-difficîle de déterminer les parties auxquelles on doit donner le nom de pétales, ou celui de calice.

Les filets sont placés pour l'ordinaire dans le milieu de la fleur ; ceux qui soutiennent des sommets sont appelés étamines. Il y a des filets simples, il y en a de fourchus.

Les sommets sont les parties qui terminent les étamines, quelquefois l'extrémité de l'étamine forme le filet en s'élargissant ; mais dans le plus grand nombre des plantes, les sommets sont attachés à l'extrémité des étamines. La plupart des sommets sont partagés en deux bourses qui renferment de petits grains de poussier, et qui s'ouvrent de différentes manières.

Le pistil est pour l'ordinaire au centre de la fleur ; il y a beaucoup de variété dans la figure de cette partie ; elle est pointue dans un très-grand nombre de plantes, et renflée à la base. Il y a aussi des pistils qui sont arrondis, carrés, triangulaires, ovales, semblables à un fuseau, à un chapiteau, etc. L'embryon du fruit se trouve le plus souvent dans le pistil ; il est aussi quelquefois au-dessous ou au-dessus. Dans presque toutes les plantes, l'extrémité du pistil est couverte de poils fistuleux, parsemée de petites veines, et ouverte par plusieurs fentes.

Le calice est la partie extérieure de la fleur, qui enveloppe les autres parties, ou les soutient, ou qui les enveloppe et les soutient. On doit donner aussi le nom de calice à la partie extérieure et postérieure qui se trouve dans quelques fleurs, et qui est différente des feuilles, des fleurs, et de leur pédicule. Il y a des fleurs qui ont des feuilles qui paraissent être un calice ; elles sont de vraies feuilles, lorsqu'elles ne servent ni d'enveloppe ni de capsule aux semences qui viennent après la fleur ; mais si ces prétendues feuilles restent et servent d'enveloppe ou de capsule aux semences, on doit leur donner le nom de calice.

M. de Tournefort ne considère pour distribution méthodique des plantes, que la structure des fleurs ; il les divise d'abord en fleurs à feuilles, et en fleurs à étamines. Les premières sont celles qui ont non-seulement des filets chargés de sommets, c'est-à-dire des étamines, mais encore des feuilles que l'on appelle pétales, flores petalodes ; les autres au contraire n'ont que des étamines sans pétales, flores staminei, seu capillacei et apetali : telles sont les fleurs de l'avoine, de l'arroche, de la bistorte, etc. Les chatons, nucamenta seu juli, sont des fleurs à étamines.

Les fleurs à feuilles sont simples ou composées. Les fleurs simples se trouvent chacune dans un calice : il y en a de plusieurs sortes ; les unes n'ont qu'une seule feuille coupée régulièrement ou irrégulièrement, telles sont les fleurs en cloche, flores campaniformes, c'est-à-dire les fleurs qui ont la figure d'une cloche, d'une campane, ou d'un grelot ; les autres ressemblent à un entonnoir, flores infundibuliformes, par exemple la fleur de l'oreille d'ours. Les fleurs en soucoupe diffèrent des précédentes, en ce que leur partie supérieure a la forme d'un bassin plat, dont les bords sont relevés. Les fleurs des primevères sont de cette espèce. Les fleurs en rosette, flores rosati, ont la figure d'une mollette d'éperon ou d'une roue. Les fleurs en muffle, flores labiati, sont formées en-devant par une sorte de masque. Les fleurs en gueule, flores personati, sont terminées en-avant par deux lèvres, qui leur donnent l'apparence d'une gueule. Enfin les fleurs irrégulières d'une seule feuille ressemblent à différentes choses, et peuvent être désignées par ces ressemblances.

Parmi les fleurs simples, il s'en trouve qui ont quatre feuilles qui forment une croix, flores cruciformes. Il y en a d'autres qui ont plusieurs feuilles disposées, comme celles de la rose, flores rosalli ; ou de l'oeillet, flores cariophillei ; ou du lis, flores liliacei ; ou qui sont placées irrégulièrement, flores polypetali anomali. Les fleurs papilionacées, flores papilionacei, sont ainsi appelées, parce qu'elles ressemblent en quelque sorte à un papillon qui a les ailes étendues ; ce sont les fleurs des plantes légumineuses, comme les pais, les feves, etc. flores leguminosi ; elles ont quatre ou cinq feuilles : il y en a une au-dessus de la fleur qui est appelée l'étendard, vexillum, et une autre au-dessous qui est le plus souvent double, et que l'on nomme carina, parce qu'elle ressemble au fond d'un bateau ; les deux autres sont sur les côtés de la fleur comme des ailes.

Les fleurs composées sont celles dont le calice renferme plusieurs fleurs que l'on appelle fleurons, flosculi, ou demi-fleurons, semiflosculi. Parmi les fleurs composées on distingue les fleurs à fleurons, flores flosculosi ; les fleurs à demi-fleurons, flores semiflosculosi, et les fleurs radiées, flores radiati. Les fleurs à fleurons sont composées de plusieurs tuyaux que l'on appelle fleurons ; ils sont ordinairement fermés par le bas, ouverts par le haut, évasés, découpés le plus souvent en lanière ou en étoîle à plusieurs pointes, rassemblés en un seul bouquet, et renfermés dans un calice dont le fond est appelé la couche, thalamus, parce qu'il porte les embryons des semences qui ont chacun un fleuron. Les fleurs de l'absynthe, des chardons, de la jacée, sont des fleurs à fleurons. Les fleurs à demi-fleurons sont composées de plusieurs parties fistuleuses par le bas, et aplaties en feuilles dans le reste de leur longueur ; ce sont les demi-fleurons qui ne forment qu'un seul bouquet renfermé dans un calice, qui sert de couche aux embryons des semences. La dent de lion, la laitue, le laitron, etc. ont des fleurs à demi-fleurons. Les fleurs radiées ont des fleurons et des demi-fleurons ; les fleurons sont rassemblés dans le milieu de la fleur, et forment le disque ou le bassin ; les demi-fleurons sont rangés autour du disque en forme de couronne. Ces fleurons et ces demi-fleurons sont enveloppés d'un calice commun, qui est la couche des embryons des semences ; ils portent chacun pour l'ordinaire un fleuron, ou un demi-fleuron : telles sont les fleurs de l'aster, de la jacobée, de la camomille, etc.

Fleurs fleurdelisées. Les fleurs de cette espèce se trouvent sur plusieurs plantes ombelliferes ; elles sont composées de cinq feuilles inégales, disposées en forme de fleur-de-lis de France : telles sont les fleurs du cerfeuil et de la carotte.

Fleurs nouées : c'est ainsi que M. de Tournefort appelle les fleurs qui sont jointes aux embryons des fruits, comme celles des melons et des concombres qui portent sur les jeunes fruits, pour les distinguer des fleurs qui se trouvent sur ces plantes séparément des embryons, et que l'on nomme fausses fleurs. Il y a des plantes, par exemple le buis, dont les fleurs sont séparées des fruits sur le même pied. Il y en a aussi qui ne portent que des fleurs sur certains pieds, et seulement des fruits sur d'autres pieds de la même espèce de plante, comme l'ortie, le chanvre, le saule, etc.

Fleurs en umbelle ou en parasol. On a donné ce nom aux fleurs soutenues par des filets qui partent d'un même centre, à-peu-près comme les bâtons d'un parasol ; elles forment un bouquet dont la surface est convexée. Les fleurs de fenouil, de l'angélique, du persil, etc. sont en umbelle ou en parasol. Eléments de Botanique, et inst. rei herb. par M. de Tournefort.

M. de Tournefort distingue encore les fleurs en régulières et irrégulières. Les fleurs régulières sont celles dont le tour parait à-peu-près également éloigné de cette partie, que l'on peut regarder comme le centre de la fleur : telles sont les fleurs de l'oeillet, les roses, etc. Les fleurs irrégulières sont celles où cette proportion ne se trouve pas, comme sont les fleurs de la digitale, de l'aristoloche, de l'aconit, du lathyrus, etc.

Les fleurs labiées sont irrégulières, monopétales, et divisées en deux lèvres ; la lèvre supérieure s'appelle crête, et l'inférieure barbe. Quelquefois la crête manque ; alors le pistil et les étamines tiennent sa place, comme dans la pomme de terre, le scordium, la bugle, et d'autres : mais la plus grande partie ont deux lèvres. Il y en a en qui la lèvre supérieure est tournée à l'envers, comme dans le lierre terrestre ; mais plus communément la lèvre supérieure est convexe en-dessus, et tourne sa partie concave en-bas vers la lèvre inférieure, ce qui lui donne la figure d'une espèce de bouclier ou de capuchon, d'où l'on a fait les épithetes galeati, cucullati, et galericulati, qui conviennent presque toujours aux fleurs verticillées, qu'il s'agit enfin de faire connaître.

Les fleurs verticillées sont donc celles qui sont rangées par étages, et comme disposées par anneaux ou rayons le long des tiges : telles sont les fleurs du marrube, de l'ormin, de la sidéritis, etc.

Toutes les fleurs naissent sur des pédicules, où elles sont attachées immédiatement par elles-mêmes. Elles sont ou dispersées le long des tiges et des branches, ou ramassées à la cime de ces mêmes parties. Celles qui sont dispersées le long des tiges et des branches, sortent presque toujours des aisselles des feuilles, et sont attachées par elles-mêmes, ou soutenues par des pédicules.

Ces sortes de fleurs sont ou clair semées et rangées sans ordre dans les aisselles des feuilles, comme celles de la germandrée ; ou elles naissent par bouquets dans les aisselles des feuilles, comme celles de l'amendier ; ou bien elles sont disposées en rayons et comme par anneaux et par étages dans les aisselles des feuilles, comme on le voit dans la sidéritis, dans le faux dictamne, etc. Il y en a quelques-unes dont les anneaux sont si près les uns des autres, qu'ils forment un épi au bout de la tige : telles sont les fleurs de la bétoine, de la lavande ordinaire, etc.

Les fleurs qui naissent au bout des tiges et des branches sont ou seules, comme on le voit souvent en la rose ; ou ramassées en bouquet, en parasol, en épi.

Les bouquets sont ronds dans la rose de gueldre, oblongs dans le stoechas, en grappe dans la vigne, en girandoles dans la valériane, en couronnes dans la couronne impériale, en parasols dans le fenouil. Le froment, le seigle, l'orge, etc. ont les fleurs en épis, ramassées par paquets rangés en écailles. On voit des épis formés par plusieurs verticilles de fleurs, comme sont ceux de la lavande commune, de la bétoine, de la galeopsis, etc. On trouve des épis courbés en volute, comme ceux de l'herbe aux verrues ; il y en a quelques-uns où l'on ne remarque aucun ordre, comme ceux de la verveine commune. Tournefort.

Selon M. Linnaeus, les fleurs sont composées de quatre parties différentes, qui sont le calice, la corolle, l'étamine et le pistil.

Il y a sept sortes de calice : 1°. le périanthe, perianthium ; ce calice est le plus commun, il est composé de plusieurs pièces, ou s'il n'en a qu'une, elle est découpée. 2°. L'enveloppe, involucrum ; cette partie de la fleur est composée de plusieurs pièces disposées en rayons ; elle embrasse plusieurs fleurs qui ont chacune un périanthe. 3°. Le spathe, spatha ; c'est une membrane attachée à la tige de la plante, elle embrasse une ou plusieurs fleurs qui pour l'ordinaire n'ont point de périanthe propre ; sa figure et sa consistance varient ; il y a des spathes qui sont de deux pièces. 4°. La bale, gluma ; cette sorte de calice se trouve dans les plantes graminées ; elle est composée de deux ou trois valvules, dont les bords sont le plus souvent transparents. 5°. Le chaton, amentum, julus ; il est composé de fleurs mâles, ou de fleurs femelles, attachées à un axe ou poinçon ; lorsqu'il y a des écailles, elles servent de calice aux fleurs. 6°. La coèffe, calypthra ; c'est une enveloppe mince, membraneuse, et de figure conique pour l'ordinaire ; elle couvre les parties de la fructification : on la trouve aux sommités des fleurs de plusieurs mousses. 7°. La bourse, volva ; ce calice est une enveloppe de quelques champignons ; elle les renferme d'abord, et ensuite il se fait dans le haut une ouverture, par laquelle ils sortent au-dehors.

La corolle, corolla ; il y en a de deux espèces, le pétale, et le nectarium. Le pétale est monopétale ou polypétale, c'est-à-dire d'une seule pièce ou de plusieurs pièces, qui sont les feuilles de la fleur ; lorsqu'il n'y a qu'une seule pièce, on y distingue le tuyau et le lymbe ; lorsqu'il s'y trouve plusieurs pièces, chacune a un onglet et une lame. Le nectarium contient le miel ; c'est une fossette, une écaille, un petit tuyau, ou un tubercule. Le fleuron et le demi-fleuron dont il a déjà été fait mention, sont aussi des espèces de corolles.

L'étamine, stamen, est la partie mâle de la génération des plantes ; elle est composée du filet et du sommet anthera, qui renferme les poussières fécondantes.

Le pistil est la partie femelle de la génération ; il est composé du germe, du style, et du stigmate ; le germe renferme les embryons des semences ; le stîle est entre le germe et le stigmate, mais il ne se trouve pas dans toutes les plantes ; le stigmate est l'ouverture qui donne entrée aux poussières fécondantes étamines, pour arriver aux embryons des semences à-travers le style. Florae parisiensis prodrom. par M. Dalibard, Paris, 1749. Voyez PLANTE. (I)

FLEURS, (Physique) Des couleurs des fleurs. Après l'exposition des deux principaux systèmes de Botanique sur cette matière, il reste à parler des couleurs des sleurs, et de l'art de les conserver.

L'on convient assez généralement parmi les Chimistes, que les couleurs dépendent du phlogistique, que c'est de sa combinaison avec d'autres principes, que résulte leur différence.

L'analyse nous a appris que les fleurs abondent en une huîle essentielle, à laquelle, conformément à cette idée, leurs couleurs et la variété qui y règne peuvent être attribuées ; parce qu'une seule et même huile, l'huîle essentielle de thym, par exemple, produit toutes les couleurs que nous trouvons dans les différentes fleurs des plantes, depuis le blanc jusqu'au noir parfait, avec toutes les ombres de rouge, de jaune, de pourpre, de bleu, et de verd, en mélant cette huîle avec différentes substances. Ainsi, selon M. Geoffroy, les huiles essentielles des plantes, pendant qu'elles sont renfermées dans les fleurs, peuvent leur procurer différents mélanges, par cette aimable variété de couleurs qu'elles possèdent.

Les infusions des fleurs, ou de quelques parties des plantes, rougissent par des acides, verdissent par des alkalis ; et l'on ne doute point que ce ne soit le phlogistique dont les teintures ou les infusions sont chargées, qui, par son union avec les sels, produit ces différentes couleurs. M. Geoffroy rapporte quelques expériences dans les Mémoires de l'académie des Sciences, année 1707. qui lui font conjecturer que ces combinaisons peuvent être les mêmes dans les plantes où l'on remarque les mêmes couleurs.

Les principales couleurs qui s'observent dans les fleurs sont le verd, le jaune citron, le jaune orangé, le rouge, le pourpre, le violet, le bleu, le noir, et le transparent, ou le blanc : de ces couleurs diversement combinées, sont composées toutes les autres.

Le verd serait, suivant ce système, l'effet d'une huîle raréfiée dans la fleur, et mêlée avec les sels volatils et fixes de la seve, lesquels restent engagés dans les parties terreuses, pendant que la plus grande partie de la portion aqueuse se dissipe. Du moins si l'on couvre des feuilles, en sorte que la partie aqueuse de la seve ne puisse se dissiper, et qu'elle reste au contraire avec les autres principes dans les canaux des feuilles, l'huîle se trouve si fort étendue dans cette grande quantité de phlegme, qu'elle parait transparente et sans couleur ; et c'est ce qui produit apparemment la blancheur de la chicorée, du celeri, etc. car cette blancheur parait n'être dans ces plantes, et dans la plupart des fleurs blanches, que l'effet d'un amas de plusieurs petites parties transparentes, et sans couleur chacune en particulier, dont les surfaces inégales réfléchissent en une infinité de points, une fort grande quantité de rayons de lumière.

Quand les acides rendent aux infusions de fleurs et aux solutions de tournesol la couleur rouge, c'est peut-être en détruisant l'alkali fixe, qui donnait au phlogistique dans ces teintures la couleur bleue ou brune. Dans les fleurs, toutes les nuances jaunes, depuis le citron jusqu'à l'orangé, ou rouge de safran, pourraient venir d'un mélange d'acide avec l'huile, comme on voit que l'huîle de thym digérée avec le vinaigre distillé, produit le jaune orangé ou le rouge de safran.

Toutes les nuances de rouge, depuis la couleur de chair jusqu'au pourpre et au violet foncé, seraient les produits d'un sel volatil urineux avec l'huîle ; puisque le mélange de l'huîle de thym avec l'esprit volatil de sel ammoniac, passe par toutes les nuances, depuis la couleur de chair jusqu'au pourpre et au violet foncé.

Le noir, qui dans les fleurs peut être regardé comme un violet très-foncé, parait être l'effet d'un mélange d'acide par-dessus le violet pourpre du sel volatil urineux.

Les nuances du bleu proviendraient du mélange des sels alkalis fixes avec les sels volatils urineux et les huiles concentrées ; puisque l'huîle de thym devenue de couleur pourpre par l'esprit volatil du sel ammoniac, digérée avec l'huîle de tartre, prend une belle couleur bleue.

Le verd serait produit par les mêmes sels, et par des huiles beaucoup plus raréfiées ; du moins l'huîle de thym, couleur de violet pourpre, étendue dans l'esprit-de-vin rectifié et uni à l'huîle de tartre, donne une couleur verte.

Tel est le système de M. Geoffroy, par lequel il suppose que les combinaisons qui produisent les différentes couleurs dans les expériences chimiques, se trouvent les mêmes dans les fleurs des plantes, et produisent pareillement leurs différentes couleurs naturelles ; mais un tel système n'est qu'une pure dépense d'esprit : car outre que les expériences faites en ce genre sont fort bornées, ce serait une témérité de conclure du particulier au général, et plus encore des produits de la Chimie à ceux de la nature. En un mot, l'art qu'emploie cette nature pour former dans les fleurs l'admirable variété de leurs couleurs, surpasse toutes nos connaissances théoriques.

De la conservation des fleurs. Notre pratique n'est guère plus heureuse dans les moyens imaginés jusqu'à ce jour pour conserver aux fleurs une partie de leur beauté. Elles se gâtent tellement par la manière ordinaire de les sécher, qu'elles quittent non-seulement leurs premières couleurs, mais les changent même, et se flétrissent au point de perdre leur forme et leur état naturel : la prime-rose et la primevère ne quittent pas seulement leur jaune, mais acquièrent un verd foncé. Toutes les violettes perdent leur beau bleu, et deviennent d'un blanc pâle ; de sorte que dans les herbiers secs, il n'y a point de différence entre les violettes à fleurs bleues et les violettes à fleurs blanches.

Le chevalier Robert Southwell a bien voulu communiquer au public la meilleure méthode que je connaisse pour conserver les fleurs dans leur état naturel et dans leurs propres couleurs : voici cette méthode. On préparera deux plaques de fer longues de huit à dix pouces, ou davantage, larges à proportion, et d'une épaisseur suffisante pour n'être pas pliées : on percera ces plaques de fer à chaque coin, pour y mettre des écrous ou vis qui puissent les tenir serrées l'une contre l'autre à volonté. L'on cueillera sur le midi d'un jour bien sec la fleur qu'on voudra conserver ; l'on couchera cette fleur sur une feuille de papier pliée par la moitié, en étendant délicatement toutes les feuilles et les pétales : si la queue de la fleur est trop épaisse, on l'amincira, afin qu'elle puisse être aplatie ; ensuite on posera quelques feuilles de papier dessus et dessous la fleur. On mettra par-dessus le tout l'une des deux plaques de fer, sans rien déranger ; on en serrera les écrous ; l'on portera les plaques ainsi serrées dans un four qui ne soit pas trop chaud, et on les y laissera pendant deux heures. Quand les fleurs sont grosses et épaisses, il faut couper adroitement les derrières inutiles, et disposer les pétales dans leur ordre naturel.

Après avoir retiré vos plaques du four, faites un mélange de parties égales d'eau-forte et d'eau-de-vie ; ôtez vos fleurs de la presse des plaques, et frottez-les légèrement avec un pinceau de poil de chameau trempé dans la liqueur dont on vient de parler : ensuite pressez délicatement vos fleurs avec un linge, pour en boire toute l'humidité : après cela, ayez en main une eau gommeuse composée d'un gros de sang-de-dragon dissous dans une pinte d'eau ; trempez un pinceau fin dans cette eau gommeuse ; frottez-en toute votre fleur, et couvrez-la de papier : enfin mettez-la de nouveau sous presse entre vos deux plaques, pour fixer votre eau gommeuse. Au bout de quelque temps, tirez votre fleur de la presse, et toute l'opération est finie.

Auteurs. On peut consulter sur la structure des fleurs, le Discours de Vaillant, imprimé à Leyden en 1718 in -4°.

Morlandi observationes de usu partibusque florum, dont j'ai lu l'extrait dans le Journal de Leipsic, année 1705. Janv. pag. 275. Voyez aussi Grew, Malpighi, et Ray. Mais ceux qui par curiosité et par amour pour la Botanique, les Arts, et le Dessein, veulent se former une belle bibliothèque en ce genre, doivent connaître ou se procurer les livres suivants, que je vais ranger par ordre alphabétique.

Boym (Michaèl), jésuite, Flora sinensis ; Viennae-Austriae, 1656, in-fol.

Bry (Joh. Théod. de), Florilegium renovatum, pars I. Francof. anno 1612. II. anno 1614. III. anno 1518, fol. avec figures. Le même ouvrage a paru sous le nom de Anthologia magna ; Francof. 1626 et 1641, quatre tom. ordinairement reliés en un vol.

Besleri (Basilii) Hortus Eystettensis ; Norimbergae, 1613, deux vol. in-fol. charta imp. fig.

Dillenii (Joh. Jac.) Hortus Elthamensis ; Long. 1732. fol. mag. tab. aeneae 324.

Ferrari (Gio. Batt.) Flora overo cultura di fiori ; Romae, 1633 in -4°. et 1638. C'est le même ouvrage intitulé, Ferrarius, de florum culturâ, imprimé à Amst. en 1646 et 1664. in -4°. avec fig.

Hortus Malabaricus ; Amstelod. ab anno 1678 ad annum 1693, douze tomes in-fol. avec fig.

Laurembergius (Petrus) de plantis bulbosis et tuberosis ; Francof. 1654. in-4°. avec figures.

Linnaei (Caroli) Hortus Cliffortianus ; Amstelodami, 1737, in-fol. fig.

Munting (Abraham) Phytographia curiosa ; Amst. 1711, in-fol. avec fig.

Passaeus (Crispian), Hortus floridus ; Arnhemii, 1614, in-4°. oblong ; et à Utrecht, sous le titre de Jardin de fleurs, par Crispian de la Passe.

Parkinson (John.), A choice garden of all sorts of rarest flowers, etc. Lond. 1656. in-fol. avec fig.

Pontederae (Julii) Anthologia ; Patavii, 1720, in-4°. cum fig.

Recueil de plantes orientales, occidentales, et autres, au nombre de 250 planches gravées par Robert, Châtillon, et Bosse ; ce recueil de fleurs est très-rare et d'un très-grand prix.

Rossi (Giovanus Domenicus), Nuova ricolta di fiori cavati di naturale ; in Roma, 1645, fol.

Sloane (Hans). Voyez son Voyage à la Jamaïque, en anglais ; London, 1707 et 1725, fig.

Swertius (Emmanuel), Florilegium ; Francof. 1612. Amstelod. 1647. in-fol. imp. Antuerp. 1651 et 1657, fol. avec figures qui sont d'une grande beauté.

Theatrum Florae, in quo ex toto orbe venustiores flores aeri incisi proferuntur ; Paris 1622, chez de Mathonnière, in-fol. On attribue ce recueil à Robert.

Toulouse (Guillaume), maître brodeur de Montpellier, Livre de fleurs, feuilles, et oiseaux, inventé et dessiné d'après le naturel ; à Montpellier, 1656, fol. fig.

Anonymes. Flower-garden display'd in above 400 curious représentations of the most beautiful flowers, colour'd to the life ; London, 1735, fol.

J. H. Recueil de diverses fleurs mises au jour ; Paris, 1653, in-fol. Art. de M(D.J.)

FLEUR, (Agriculture) Les Jardiniers-Fleuristes restraignent le mot de fleur à quelques plantes qu'ils cultivent à cause de la beauté de leurs fleurs, et qui servent d'ornement et de décoration aux jardins, tels sont les oeillets, les tulipes, les renoncules, les anémones, les tubéreuses, etc. ce qu'il y a de singulier, c'est que nous n'avons point de belles fleurs, excepté les oeillets, qui originairement ne viennent du Levant. Les renoncules, les anémones, les tubéreuses, plusieurs espèces d'hyacinthes, de narcisses, de lys, en sont aussi venues ; mais on les a rectifiées en Europe par le secours d'un art éclairé. Il ne faut plus aller à Constantinople pour admirer ces fleurs ; c'est dans les jardins de nos curieux qu'il faut voir leur étalage successif, et en apprendre la culture.

Les fleurs ont des graines qui produisent des tiges ; et ces tiges sortent ou de racine ou d'oignons : ainsi on peut distinguer de deux sortes de fleurs ; celles qui viennent de racines, et celles qui viennent d'oignons : mais toutes ces fleurs peuvent se multiplier par des cayeux, par des boutures, par des tailles, et par des marcottes. Il serait trop long de faire venir de toutes les fleurs par le moyen de leurs graines ; il est d'autres moyens dont nous parlerons : cependant comme il y a quelques fleurs qu'il faut élever de graines, nous commencerons par en indiquer la manière.

De toutes les graines qui passent l'hiver, il y en a qu'on peut semer sur des couches, pour être replantées en d'autres lieux, et les autres ne se replantent que difficilement, ou point-du-tout. Les Jardiniers ordinaires sement toutes les graines des fleurs en quatre temps ; savoir, en Février, en Mars, en Avril, et en Mai ; mais on en peut semer pendant toute l'année.

On fait une couche de bon fumier ; on met dessus un demi-pié de vieux terreau bien pourri : au bout de huit ou dix jours que la couche sera faite, lorsque la plus grande chaleur en sera passée, on semera toutes les graines, chaque sorte dans son rayon ; on les couvrira de terreau, de l'épaisseur de deux travers de doigt ; on les arrosera avec un petit arrosoir, et une fois tous les jours, s'il fait sec. Quand elles seront grandes, on peut prendre un grand arrosoir ; et si elles se découvrent, on doit les recouvrir avec un peu de terreau. Il ne faut pas manquer de les couvrir tous les soirs, de crainte de la gelée blanche. Les couvertures ne doivent pas poser sur la couche ; on les élevera, ou on les mettra en dos d'âne sur des cerceaux ; et tout le tour de la couche sera bien bouché, pour que la gelée n'y entre point. On découvre ces fleurs semées de graines, quand le soleil est sur la couche, et on les recouvre le soir, quand le soleil est retiré. S'il ne gelait point, on pourrait les laisser à l'air ; mais on y doit prendre garde, parce que deux heures de gelée peuvent tout perdre.

Quand ces fleurs sont de la hauteur nécessaire pour les replanter, on les replante dans les parterres, partout où on le juge à propos, pourvu que la terre soit bonne et bien labourée. On leur redonnera de l'eau sitôt qu'elles seront replantées, et on continuera toujours, si la terre est seche, et qu'il ne pleuve point ; mais il ne faut rien arracher dans les rayons des couches, que les plantes ne soient grandes, de peur de les arracher pour de l'herbe ; car elles viennent de même.

On plante les oignons des fleurs depuis le commencement de Septembre jusqu'à la fin d'Avril, c'est-à-dire deux fois l'année, en automne et au printemps : soit qu'on plante en pots ou en planche, il faut la même terre et la même façon à l'un qu'à l'autre. On prend un quart de bonne terre neuve, un quart de vieux terreau, et un quart de bonne terre de jardin ; on passe le tout à la claie : on fait en sorte qu'il y ait un pied de cette terre sur la planche ; on y plante les oignons, ou on en remplit les pots. Les oignons se plantent à la profondeur d'un demi-pié en terre. Les pots, qui doivent être creux et grands, sont mis en pleine terre jusqu'aux bords ; et on ne les en retire que quand ils sont prêts à fleurir. S'il ne gèlepoint, et que la terre soit seche, on leur donne un peu d'eau : s'il gelait bien fort, on mettrait quatre doigts d'épaisseur de bon terreau sur les planches, et on les couvrirait ; on mettrait des cerceaux dessus pour soutenir les paillassons, qu'on ôterait quand le soleil serait sur les planches, et qu'on remettrait quand il n'y serait plus. S'il fait sec au printemps, il faut arroser les oignons de fleurs.

Pour faire croitre extrêmement une fleur, on l'arrose quelquefois de lexive faite avec des cendres de plantes semblables, que l'on a brulées : les sels qui se trouvent dans cette lexive, contribuent merveilleusement à donner abondamment ce qui est nécessaire à la végétation des plantes, surtout à celles avec lesquelles ces sels ont de l'analogie.

Les fleurs qui ne viennent qu'au printemps et dans l'été paraitront dès l'hiver, dans les serres, ou en les excitant doucement par des aliments gras, chauds, et subtils, tels que sont le marc de raisins, dont on aura retranché toutes les petites peaux, le marc d'olives, et le fumier de cheval. Les eaux de basse-cour contribuent aussi beaucoup à hâter la floraison : mais nous en dirons davantage au mot OIGNON DE FLEURS ou PLANTE BULBEUSE.

L'intérêt et la curiosité ont fait trouver les moyens de panacher et de chamarrer de diverses couleurs les fleurs des jardins, comme de faire des roses vertes, jaunes, bleues, et de donner en très-peu de temps deux ou trois coloris à un oeillet, outre son teint naturel. On pulvérise, par exemple, pour cela de la terre grasse cuite au soleil ; on arrose ensuite l'espace de vingt jours d'une eau rouge, jaune ou d'une autre teinture, après qu'on a semé dans cette terre grasse la graine de la fleur, d'une couleur contraire à cet arrosement artificiel.

Il y en a qui ont semé et greffé des oeillets dans le cœur d'une ancienne racine de chicorée sauvage, qui l'ont relié étroitement, et qui l'ont environné d'un fumier bien pourri ; et par les grands soins du fleuriste, on a Ve sortir un oeillet bleu, aussi beau qu'il était rare. D'autres ont enfermé dans une petite canne, bien déliée et frêle, trois ou quatre graines d'une autre fleur, et l'ont recouverte de terre et de bon fumier. Ces semences de diverses tiges ne faisant qu'une seule racine, ont ensuite produit des branches admirables pour la diversité et la variété des fleurs. Enfin quelques fleuristes ont appliqué sur une tige divers écussons d'oeillets différents, qui ont poussé des fleurs de leur couleur naturelle, et qui ont charmé par la diversité de leurs couleurs.

Il y a beaucoup d'autres secrets pour donner de nouvelles couleurs aux fleurs, que les Fleuristes gardent pour eux.

Ce sont les plantes des fleurs les plus vigoureuses, que l'on réserve pour la graine, et l'on coupe les autres. Quand cette graine qu'on conserve est mûre, on la recueille soigneusement, et on la garde pour la planter en automne : on excepte de cette règle les graines de giroflées et d'anémones, qu'il faut semer presque aussi-tôt qu'on les a cueillies. Pour connaître les graines, on les met dans l'eau ; celles qui vont au fond sont les meilleures ; et pour les empêcher d'être mangées par les animaux qui vivent en terre, on les trempe dans une infusion de joubarbe ; et après cette infusion, ou les seme dans de bonne terre, comme on l'a dit ci-dessus.

Pour les oignons qui viennent de graines, ils ne se transplantent qu'après deux années, au bout desquelles on les met dans une terre neuve et légère, pour leur faire avoir des fleurs à la troisième année. Il nous reste à dire que pour garantir les fleurs du froid pendant l'hiver, il faut les mettre à couvert, mais dans un endroit aéré ; et dans l'été, il faut les défendre de la chaleur, en les retirant dans un endroit où le soleil ne soit pas ardent.

Pendant l'hiver, les fleurs ne demandent pas d'être humectées d'une grande quantité d'eau ; il les faut arroser médiocrement, 2 ou 3 heures après le lever du soleil, et jamais le soir, parce que la fraicheur de la terre et la gelée les feraient infailliblement mourir ; et quand on les arrose dans cette saison, on doit prendre garde de ne les pas mouiller ; il faut seulement mettre de l'eau tout-à-l'entour. Au contraire dans l'été, il les faut arroser le soir, après le soleil couché, et jamais le matin, parce que la chaleur du jour échaufferait l'eau ; et cette eau échauffée brulerait tellement la terre, que les fleurs tomberaient dans une langueur qui les ferait flétrir et sécher.

Les fleurs qui viennent au printemps, et qui ornent les jardins dans le mois de Mars, d'Avril, et Mai, sont les tulipes hâtives de toute sorte, les anémones simples et doubles à peluches, les renoncules de Tripoli, les jonquilles simples et doubles, les jacinthes de toutes sortes, les bassinets ou boutons d'or, l'iris, les narcisses, la couronne impériale, l'oreille d'ours, les giroflées, les violettes de Mars, le muguet, les marguerites ou paquettes, les primevères ou paralyses, les pensées, etc.

Celles qui viennent en été, c'est-à-dire en Juin, Juillet, et Aout, sont les tulipes tardives, les lis blancs, lis orangés ou lis-flammes, les tubereuses, les hémérocales ou fleurs d'un jour, les pivoines, les martagons, les clochettes ou campanules, les croix de Jérusalem ou de Malte, les oeillets de diverses espèces, la giroflée jaune, la julienne simple, la julienne double ou giroflée d'Angleterre, le pied d'alouette, le pavot double, le coquelicot double, l'immortelle ou elychrisum, les basilics simples ou panachés, etc.

Les fleurs qui viennent en automne, c'est-à-dire dans les mois de Septembre, d'Octobre, et de Novembre, sont le crocus ou safran automnal, la tubéreuse, le cyclamen automnal, le souci double, les amaranthes de toutes sortes ; le passe-velours ou queue de renard, le tricolor blanc et noir, les oeillets d'Inde, la bellesamine panachée, les roses d'Inde, le stramonium ou la pomme épineuse, le geranium couronné, la valérienne, le talaspic vivace, le muffle de lion, l'ambrette ou chardon benit, etc.

Les fleurs d'hiver, qui viennent en Décembre, Janvier, et Février, sont le cyclamen hivernal, la jacinthe d'hiver, les anémones simples, les perce-neige ou leucoyon, les narcisses simples, les crocus printaniers, les prime-vères, les hépatiques, etc.

Entre plusieurs ouvrages sur cette matière, on peut lire Ferrarius, de florum culturâ ; Amstel. 1648, in-4°. Morin, Traité de la culture des fleurs ; Paris, 1658, in-12, première édit. qui a été souvent renouvellée : Liger, le Jardinier-fleuriste ; Paris, 1705 : le Jardin de la Hollande ; Leyde, 1724, in-12 : Chomel ; et surtout Miller, dans son Dictionnaire du jardinage. Indépendamment de quantité de traités généraux, on ne manque pas de livres sur la culture de quelques fleurs particulières, comme des oeillets, des tulipes, des oreilles d'ours, des roses, des tubéreuses, etc. Enfin personne n'ignore que la passion des fleurs, et leur culture, a été poussée si loin en Hollande dans le dernier siècle, qu'il a fallu des lois de l'état pour borner le prix des tulipes. Article de M(D.J.)

FLEUR DE LA PASSION ou GRENADILLE, granadilla ; genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le pistil est entouré d'une frange à sa base, et sort d'un calice découpé. Il porte à son extrémité un embryon surmonté de trois corps ressemblans en quelque façon à trois clous. Les étamines sont placées au-dessous du pistil. L'embryon devient dans la suite un fruit ovoïde, presque rond et charnu. Ce fruit n'a qu'une seule capsule, et renferme des semences enveloppées d'une coèffe, et attachées aux côtés du placenta. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE. (I)

FLEUR AU SOLEIL, corona solis. Cette plante est différente de l'héliotrope ou tournesol. Voyez HELIOTROPE. Elle se divise en deux espèces : la première s'élève environ de cinq à six pieds, et forme une tige droite, avec des feuilles très-larges, dentelées en leurs bords ; il nait à sa sommité une grande fleur radiée, dont le disque est composé de plusieurs fleurons jaunes, arrangés en forme de couronne, au milieu de laquelle sont des demi-fleurons séparés par des feuilles pliées en gouttière, et comprises dans un calice où sont des loges à semences, plus grosses que celles du melon. Cette plante se tourne toujours vers le soleil d'où elle a pris son nom. Elle vient de graine fleurie en été, demande un grand air, une terre grasse, et beaucoup de soleil. La seconde espèce qui est plus basse, se divise en plusieurs rameaux, formant une touffe, et portant chacun une fleur plus petite que l'autre.

Ces soleils sont vivaces, et se multiplient par les racines. Ils se plaisent dans toutes sortes de terres, et la seule nature en prend soin. Ils ne conviennent que dans les potagers, et entre les arbres isolés d'une grande allée d'un parc ; rarement s'en sert-on dans les beaux jardins, à moins que ce ne soit à l'écart. On les peut tondre en buissons, en retranchant aux ciseaux les branches qui s'élèvent trop. (K)

FLEUR DE CARDINAL, Voyez CONSOUDE ROYALE.

FLEURS DE MUSCADE, (Pharmacie et Matière médicale) Voyez MACIS.

FLEURS, (Pharmacie) Les Apothicaires conservent dans leurs boutiques un nombre assez considérable de fleurs. Voyez leurs usages tant officinaux que magistraux aux articles particuliers.

Pour que ces fleurs soient de garde, elles doivent être desséchées très-rapidement, parce que le mouvement de fermentation qui s'excite pendant une dessication lente, détruirait leur tissu délicat, et altérerait par-là leur vertu et leur couleur. Qu'il faille conserver la vertu des fleurs qu'on desseche on en conviendra aisément ; qu'il soit très-utîle de conserver leur couleur autant qu'il est possible, on se le persuadera aussi lorsqu'on saura que non-seulement l'élégance de la drogue en dépend, mais même que la conservation de la couleur est un très-bon signe pour reconnaître la perfection du médicament.

Les fleurs qui ont une couleur délicate, telles que celles de mauve, de roses pâles, de petite centaurée, la violette, la perdent presqu'entièrement si on les expose immédiatement au soleil ; mais elles ne souffrent pas la moindre altération dans leur couleur, si on interpose le papier le plus mince entre la fleur à sécher et les rayons du soleil. Les fleurs de violette ont cependant besoin pour conserver leur couleur, d'être desséchées par une manœuvre particulière. Voyez VIOLETTE.

Le phénomène de la destruction de ces couleurs par l'action immédiate ou nue des rayons du soleil, est bien remarquable, en ce qu'elle ne dépend pas ici du soleil comme chaud ; car la chaleur que la fleur éprouve encore à l'ombre de ce papier, supposé qu'elle soit diminuée bien considérablement, peut être supérieure à celle qu'elle éprouverait aux rayons immédiats d'un soleil moins ardent ; et cependant l'ombre plus chaude conservera la couleur, et le soleil nud plus faible la mangera. Au reste peut-être faudrait-il commencer par constater le fait par de nouvelles expériences ; l'établissement du fait et des recherches sur la cause fourniraient les deux parties d'un mémoire fort curieux, dont la première serait physique et très-aisée, et la dernière chimique et très-difficile. (b)

FLEURS D'ARGENT, (Histoire naturelle, Minéralogie) nom donné par quelques auteurs à la substance que l'on nomme plus communément lac lunae. Voyez cet article.

FLEURS DE FER, (Histoire naturelle, Minéralogie) Flos martis, flos ferri, etc. nom que l'on donne improprement à une espèce de stalactite ou de concrétion pierreuse, spathique ou calcaire, qui est souvent d'un blanc aussi éblouissant que la neige, qui se trouve attachée aux voutes des souterrains de quelques mines ; ces stalactites ou concrétions sont de différentes formes et grandeurs, et la couleur en varie suivant que la matière en est plus ou moins pure. Le nom qu'on leur donne semblerait indiquer qu'elles sont martiales ou contiennent du fer ; mais lorsqu'il s'y trouve une portion de ce métal, ce n'est qu'accidentellement, et elles ne diffèrent en rien des autres stalactites. On dit que le nom de flos martis a été donné à cette espèce de concrétion dans les mines de fer de Stirie, où elle se trouve très-fréquemment. (-)

FLEURS D'ASIE, (Histoire naturelle, Minéralogie) nom que quelques voyageurs ont donné à un sel qui se trouve à la surface de la terre dans plusieurs endroits de l'Asie ; on l'appelle aussi terre savonneuse de Smyrne. C'est la même chose que le natron ou nitrum des anciens, d'où l'on voit que c'est un sel alkali fixe, semblable à la potasse ; il fait effervescence avec les acides, forme du savon avec les huiles, et est d'un goût caustique. Voyez NATRON et le supplément du Dictionnaire de Chambers. (-)

FLEURS, (CHIMIE) c'est un produit de la sublimation, qui se ramasse dans la partie supérieure des vaisseaux sublimatoires, sous la forme d'un corps rare et peu lié. Voyez SUBLIMATION.

FLEUR-DE-LIS, (Jurisprudence Franç.) fer marqué de plusieurs petites fleurs-de-lis par ordre de la justice, que le bourreau applique chaud pendant un instant sur l'épaule d'un coupable qui mérite peine afflictive, mais qui ne mérite pas la mort. Coquille observe que la flétrissure de la fleur-de-lis n'a pas seulement été introduite parmi nous comme une peine afflictive, mais de plus comme un moyen de justifier si l'accusé a déjà été puni par la justice de quelque crime, dont la récidive le rend encore plus criminel.

Cette idée de flétrissure est fort ancienne ; les Romains l'appelaient inscriptio. Les Samiens, au rapport de Plutarque, imprimèrent une chouette sur les Athéniens qu'ils avaient faits prisonniers de guerre.

Platon ordonna que ceux qui auraient commis quelque sacrilège, seraient marqués au visage et à la main, et ensuite fouettés et bannis. Eumolpe dans Pétrone, couvre le visage de son esclave fugitif, de plusieurs caractères qui faisaient connaître ses diverses fautes. Cette pratique eut lieu chez les Romains, jusqu'au temps de l'empereur Constantin, qui défendit aux juges de faire imprimer sur le visage aucune lettre qui marquât le crime commis par un coupable, permettant néanmoins d'imprimer cette lettre sur la main ou sur la jambe, afin, dit-il, que la face de l'homme qui est l'image de la beauté céleste, ne soit pas déshonorée. Leg. 17. cod. de poenis. Sans examiner la solidité de la raison qui a engagé Constantin à abolir la flétrissure sur le visage, nous dirons seulement que cette rigueur a paru trop grande par plusieurs autres motifs aux législateurs modernes, de sorte qu'en France et ailleurs on ne flétrit aujourd'hui que sur l'épaule. Voyez FLETRISSURE. Article de M(D.J.)

FLEURS D'UN VAISSEAU, (Marine) c'est la rondeur qui se trouve dans les côtés du vaisseau, ou bien toutes les planches qui forment cette rondeur dans le bordage extérieur, dont la plus basse est posée auprès de la dernière planche du bordage de fond, et la plus haute joint le franc bordage. Voyez BORDAGE DES FLEURS.

Pour la beauté du gabarit d'un vaisseau, il faut que les fleurs montent et s'élèvent avec une rondeur agréable à la vue, et bien proportionnée. Selon quelques charpentiers, le rétrecissement que fait la rondeur des fleurs de-haut en-bas, depuis le gros jusqu'au plat-fond, doit être du tiers du creux du vaisseau pris sous l'embelle ; par exemple, dix pieds de creux doivent donner trois pieds un tiers de retrécissement. (Z)

FLEURS, (Marine) donner les fleurs à un vaisseau. Voyez FLORER.

FLEUR, à fleur d'eau, (Marine) c'est-à-dire au niveau de la surface de l'eau. Tirer à fleur d'eau, c'est tirer au niveau, et le plus près qu'il est possible de la surface de l'eau. (Z)

FLEURS, dans l'art de Peinture. Peindre les fleurs, c'est entreprendre d'imiter un des plus agréables ouvrages de la nature. Elle semble y prodiguer tous les charmes du coloris. Dans les autres objets qu'elle offre à nos regards, les teintes sont rompues, les nuances confondues, les dégradations insensibles ; l'effet particulier de chaque couleur se dérobe pour ainsi dire aux yeux ; dans les fleurs, les couleurs les plus franches semblent concourir et disputer entr'elles. Un parterre peut être regardé comme la palette de la nature. Elle y présente un assortissement complet de couleurs séparées les unes des autres ; et pour montrer sans-doute combien les principes auxquels nous prétendons qu'elle s'est soumise, sont au-dessous d'elle, elle permet qu'en assemblant un grouppe de fleurs, on joigne ensemble les teintes que la plupart des artistes ont regardées comme les plus antipathiques, sans craindre qu'elles blessent les lois de l'harmonie. Est-il donc en effet des couleurs antipathiques ? non sans-doute. Mais la peinture et généralement tous les arts ne se voient-ils pas trop souvent resserrés par des chaînes que leur ont forgées les préjugés ? Qui les brisera ? le génie.

Les artistes enrichis de ce don céleste, ont le privilège de secouer le joug de certaines règles qui ne sont faites que pour les talents médiocres. Ces artistes découvriront en examinant un bouquet, des beautés hardies de coloris qu'ils oseront imiter. Pausias les surprit dans les guirlandes de Glycère, et en profita.

Je crois donc qu'une des meilleures études de coloris qu'un jeune artiste puisse faire, est d'assembler au hasard des grouppes de fleurs, et de les peindre ; qu'il joigne à cette étude celle de l'effet qu'elles produisent sur différents fonds, il verra s'évanouir cette habitude servîle d'apposer toujours des fonds obscurs aux couleurs brillantes qu'on veut faire éclater. Des fleurs différentes, mais toutes blanches, étalées sur du linge ; un cygne qui vient leur comparer la couleur de ses plumes ; un vase de cette porcelaine ancienne si estimée par la blancheur de sa pâte, et qui renferme un lait pur, formeront un assemblage dans lequel la nature ne sera jamais embarrassée de distinguer des objets, qu'elle semble avoir trop uniformement colorés. Pourquoi donc, lorsqu'il s'agit d'imiter l'éclat du teint d'une jeune beauté, recourir à des oppositions forcées et peu vraisemblables ? Pourquoi, si l'on veut éclairer une partie d'un tableau, répandre sur le reste de l'ouvrage une obscurité rebutante, une nuit impénétrable ? pourquoi donner ainsi du dégoût pour un art dont les moyens trop aperçus blessent autant que ses effets plaisent ? Ce que je viens de dire a, comme on le voit, rapport à l'art de la Peinture en général. Cependant comme le talent de peindre les fleurs est un genre particulier qui remplit souvent tous les soins d'un artiste, il est bon de faire quelques observations particulières. Une extrême patience, un goût de propreté dans le travail, un génie un peu lent, des passions douces, un caractère tranquille, semblent devoir entraîner un artiste à choisir des fleurs pour l'objet de ses imitations. Cependant pour les peindre parfaitement, toutes ces qualités ne suffisent pas. Les fleurs, objets qui semblent inanimés, par conséquent froids, demandent pour intéresser dans la représentation qu'on en fait, une idée de mouvement, une chaleur dans le coloris, une legereté dans la touche, un art et un choix dans les accidents, qui les mettent pour ainsi dire au-dessus de ce qu'elles sont Ces êtres qui vivent ont toutes ces qualités aux yeux de ceux qui les savent apercevoir ; et l'on a Ve Baptiste et Desportes avec une façon de peindre fière, large, et souvent prompte, imiter le velouté des roses, et rendre intéressante la symétrie de l'anémone. Une fleur prête d'éclore, une autre dans le moment où elle est parfaite, une troisième dont les beautés commencent à se flétrir, ont des mouvements différents dans les parties qui les composent. Celui des tiges et des feuilles n'est point arbitraire, c'est l'effet de la combinaison des organes des plantes. La lumière du soleil qui leur convient le mieux, offre par sa variété des accidents de clair-obscur sans nombre. Les insectes, les oiseaux qui jouissent plus immédiatement que nous de ces objets, ont droit d'en animer les représentations. Les vases où on les conserve, les rubans avec lesquels on les assemble, doivent orner la composition du peintre : enfin il faut qu'il s'efforce de faire naître par la vue de son ouvrage, cette sensation douce, cette admiration tranquille, cette volupté délicate qui satisfait nos regards lorsqu'ils se fixent sur la nature.

Mais insensiblement je paraitrais peut-être pousser trop loin ce que peut exiger un genre qui n'est pas un des principaux de l'art dont je parle. Je finis donc en recommandant aux Peintres de fleurs un choix dans la nature des couleurs, et un soin dans leur apprêt, qui semble leur devoir être plus essentiel qu'aux autres artistes ; mais qui n'est en général que trop souvent négligé dans les ateliers. Les fleurs sont un genre de peinture, comme l'histoire, le portrait, etc. On dit, ce peintre fait les fleurs, c'est un peintre-fleuriste. Article de M. WATELET.

FLEUR DE PECHER, (Manège et Maréchalerie) auber, mille-fleurs, expressions synonymes. L'immense variété des couleurs et des nuances de la robe ou du poil des chevaux, a fait imaginer une multitude de noms, à l'effet d'en spécifier les différences ; un mélange assez confus de blanc, de bay et d'alzan a paru sans-doute un composé approchant de la couleur des fleurs de pêche ; de-là la dénomination dont il s'agit. (e)

FLEUR DE FARINE, en terme de Boulanger, c'est la plus pure, la plus fine farine que les Boulangers mettent en usage.

FLEUR, terme de Fabrique de cuirs. Les Tanneurs, Corroyeurs, Chamoiseurs, Mégissiers, Peaussiers, et autres ouvriers qui préparent les peaux, appellent fleur la superficie ou le côté de la peau d'où l'on a enlevé le poil ou la laine : l'autre côté se nomme chair, parce qu'il y était attaché.

Les principaux apprêts qu'on donne aux cuirs pour les disposer à être employés aux différents usages qu'on en fait, se donnent du côté de la fleur.

Les Corroyeurs appliquent toujours les couleurs sur le côté de fleur ; il n'y a que les veaux passés en noir, auxquels ils appliquent une couleur orangée du côté de chair, par le moyen du sumac.

Les Peaussiers-Teinturiers en cuir, et les Chamoiseurs, appliquent les couleurs des deux côtés. Quand on donne aux peaux le suif des deux côtés, cette opération s'appellent donner le suif de chair et de fleur.

On appelle peaux effleurées, celles dont on a enlevé cette pellicule nommée épiderme ; mais on donne le nom de peaux à fleur à celles auxquelles on a conservé cette pellicule. Voyez TANNER, CORROYER, CHAMOIS, MEGIE.

FLEURS, terme de Marchand de modes ; ce sont de petites fleurs d'Italie de toute sorte de couleurs, que les marchands de modes achetent des marchands de fausses-fleurs, et les revendent aux femmes, qui les placent dans leurs cheveux et sur leur coiffure.

FLEURS, (Rubanier) est une imitation de toutes les différentes fleurs imaginables, exécutées soit en soie, en vélin, ou en coques de vers à soie dépouillées de leur soie. A l'égard de celles qui sont de vélin ou de coques, la fabrique n'en appartient pas à ce métier, mais seulement l'emploi ; elles servent à orner les habillements des dames, à faire des coiffures, aigrettes, palatines, et quantité d'autres ouvrages à leur usage. Il est surprenant de voir la beauté et la variété de ces ouvrages exécutés en fleurs, qui, quoiqu'artificielles, représentent le naturel jusqu'à tromper les yeux des plus habiles connaisseurs. Effectivement les fleurs que ce métier fait éclore, imitent si parfaitement le nuancé et le fondu des couleurs, que le pinceau peut à peine faire mieux. Les fleurs de vélin, coques de vers, ou autres, que j'ai dit ne pas appartenir à ce métier, se font par différents artistes ; mais les plus belles et les plus parfaites nous viennent d'Italie.

FLEURS se dit encore de tout ce qui compose les différentes parties des desseins à l'usage de ce métier, quoique ce soient le plus souvent des parties qui regardent plutôt l'ornement que les fleurs.

FLEURS-DE-LIS, (Rubanier) c'est un ornement qui garnit les lisières de différents ouvrages ; ce sont des fers, ainsi que pour la dent de rat (voyez DENT DE RAT), qui servent à les former, à l'exception qu'ici il y a deux fers de chaque côté. Les fers servant à former les deux côtés de la fleurs-de-lis, lèvent seuls ; mais lorsqu'il s'agit de la pointe du milieu, les deux lèvent ensemble, et servent ainsi à former l'éminence nécessaire à cette figure. On sent parfaitement que lorsque la trame environne les deux fers à-la-fais, leur épaisseur double donne occasion à cette trame d'excéder plus considérablement que lorsqu'il n'en lève qu'un. Ainsi se termine la fleur-de-lis, pour être recommencée à une certaine distance égale.

FLEURS BLANCHES, (Médecine) par abréviation pour flueurs blanches, , fluor muliebris, fluor albus. On donne vulgairement ce nom à tout écoulement, à tout flux, qui se font par la voie des menstrues, de matière différente du sang et du pus.

C'est le rapport qui se trouve entre l'origine, l'issuè du fluide morbifique et celles des règles, dont le mot fleurs est un des synonymes, qui a donné lieu à l'application de ce nom-ci à cette maladie. C'est de ce rapport, joint à la couleur qui distingue le plus souvent les humeurs de cet écoulement vicieux, qu'a été formée, pour la désigner, la dénomination de fleurs blanches. On lui donne aussi le nom de perte blanche, pour exprimer que l'évacuation qui se fait dans ce cas, est absolument une lésion de fonction, par laquelle il se répand hors du corps des humeurs qui doivent y être retenues ; qu'elle est une vraie lésion à l'égard des vaisseaux d'où se fait cette effusion, qui ne doivent, hors le temps de la menstruation, laisser échapper rien de ce qu'ils contiennent.

On peut par conséquent regarder les fleurs blanches comme une espèce de diarrhée de la matrice, et du vagin ; d'autant plus que la matière de cet écoulement a cela de commun avec celle de la diarrhée proprement dite, qu'elle est d'aussi différentes qualités dans celui-là, que la matière de celle-ci, quant aux humeurs animales rendues dans le flux de ventre. En effet, l'humeur qui se répand dans les fleurs blanches, est tantôt séreuse ou lymphatique simplement ; tantôt elle est pituiteuse, ou muqueuse et glaireuse, tantôt elle est bilieuse, avec plus ou mois d'intensité, et même quelquefois sanieuse : d'où il s'ensuit que cette humeur peut se présenter sous différentes couleurs. Lorsque les premières qualités y dominent, elle est limpide et plus ou moins claire, sans couleur, avec les secondes qualités elle est plus ou moins blanchâtre, ressemblant à du lait ou à de la creme d'orge ; elle a plus ou moins de consistance. Avec la dernière des qualités mentionnées, elle parait jaunâtre, ou d'un verd plus ou moins foncé : dans les premiers de ces différents cas, elle n'a point ou très-peu d'acrimonie et de mauvaise odeur ; dans les derniers, elle est presque toujours acre, irritante, excoriante même, et plus ou moins fétide.

Les fleurs blanches forment quelquefois un écoulement continuel, rarement bien abondant ; quelquefois il cesse par intervalles irréguliers ou périodiques : il précède souvent chaque évacuation ordinaire des menstrues, et il subsiste quelque temps après qu'elle est finie.

La connaissance des causes du flux menstruel est absolument nécessaire pour juger de celles des fleurs blanches (voyez MENSTRUES) : il suffira d'en donner ici un précis, pour l'intelligence des différents symptômes, des différentes circonstances de cette maladie.

Le sang qui s'écoule périodiquement des parties de la génération, dans les personnes du sexe, est un effet de la pléthore générale et particulière, de la surabondance d'humeurs qui se forme dans leur corps, lorsqu'elles ont atteint l'âge où il ne prend presque plus d'accroissement : les sucs nourriciers qui étaient employés à cet usage, restent dans la masse du sang, en augmentent le volume, et font, par les lois de l'équilibre dans les solides du corps humain, que cet excès, qui est d'abord distribué dans tous les vaisseaux, est porté, par la résistance générale qu'ils opposent à être dilatés ultérieurement, dans ceux où cette résistance est moindre. Voyez ÉQUILIBRE (Economie animale). Tels sont les vaisseaux utérins, par la disposition qui leur est propre dans l'état naturel. Voyez MATRICE. Ils sont donc dans le cas de céder de plus en plus, à proportion que la plethore augmente ; mais ils ne cedent que jusqu'au point où le tiraillement de leurs parois devient une cause de réaction nécessaire pour le faire cesser, sans quoi ils perdraient absolument leur ressort : alors le surcrait de sang continuant à y être porté, force les orifices des vaisseaux lymphatiques, pénètre et se loge dans ceux-ci : les remplit à leur tour outre mesure ; aussi-bien que les sinus qui en dépendent ; en sorte que tous ces derniers vaisseaux ayant cédé au point où ils ne pourraient pas le faire davantage sans se rompre, sont aussi excités à réagir, pour se vider de l'excès des fluides qu'ils contiennent. Les divisions ultérieures de ces vaisseaux sont forcées à recevoir cet excès, et se dilatent à ce point, que les collatéraux qui s'abouchent dans la cavité de la matrice et du vagin, qui n'y laissent, hors le temps des règles, suinter qu'une petite quantité d'humeur lymphatique, comme salivaire, pour humecter et lubrifier ces cavités, et qui servent dans le temps de la grossesse à établir la communication entre la substance de la matrice et le placenta (voyez GENERATION), sont dilatés de manière à laisser passer d'abord une plus grande quantité de cette humeur, et ensuite la colonne de sang qui s'y fait une issue : ainsi ce dernier fluide s'écoule jusqu'à ce que l'excédent qui avait causé la surabondance d'humeur dans tout le corps, et dans la matrice en particulier, soit évacué, et permette à tous les vaisseaux de jouir de leur force systaltique ordinaire ; de manière que cet écoulement diminue et finit comme il a commencé. Les vaisseaux lymphatiques se resserrent peu-à-peu, au point de ne plus recevoir de globules rouges, et même de ne laisser échapper de la lymphe que de moins en moins, jusqu'à ce que les choses reviennent dans l'état où elles étaient, lorsque les vaisseaux utérins, tant sanguins que lymphatiques, ont commencé à être forcés à recevoir plus de fluides qu'à l'ordinaire.

Cela posé en général concernant la manière dont se fait l'écoulement du sang menstruel, il se présente naturellement à observer qu'il est donc précédé et suivi d'un flux de matière lymphatique que l'on peut regarder comme des fleurs blanches, qui paraissent naturellement avant et après les fleurs rouges ; mais comme celles-là subsistent très-peu dans l'état de santé, on ne les distingue pas des règles mêmes, tant que l'écoulement de l'humeur blanche est peu considérable par sa quantité et par sa durée, après celui de l'humeur rouge : ainsi dans le cas contraire, où la pléthore est non-seulement assez considérable, assez subsistante pour donner lieu aux menstrues, mais encore pour empêcher qu'après qu'elles sont finies, les vaisseaux lymphatiques se resserrent tout de suite assez pour ne plus laisser échapper rien de ce qu'elles contiennent ; le flux d'humeurs blanches, qui se fait après celui du sang, n'étant pas d'aussi peu de durée qu'à l'ordinaire, et subsistant au-delà, à proportion de la quantité de fluide surabondant qui donne lieu à l'effort, à la contre-nitence de tous les autres vaisseaux du corps pour ne pas s'en charger, et pour la forcer à se jeter sur la partie qui résiste le moins, et à se vider par les conduits qui en favorisent la vuidange.

Mais cet écoulement étant de trop, respectivement à ce qui se passe en santé, doit donc à cet égard être mis au nombre des lésions de fonctions : c'est la maladie des fleurs blanches. Si la cause qui la produit, c'est-à-dire la surabondance d'humeurs, se renouvelle continuellement au degré suffisant pour retenir les vaisseaux lymphatiques utérins toujours trop dilatés, les fleurs blanches seront continuelles : si celle-là n'est qu'accidentelle, son effet cessera bientôt avec elle : si elle a lieu souvent par intervalles, les fleurs blanches reviendront aussi de temps en temps ; et elles disposeront la partie, dont les vaisseaux souvent forcés perdront peu-à-peu leur ressort, à rendre l'écoulement plus fréquent et ensuite continuel, par l'habitude que contracteront les humeurs à s'y porter, comme dans la partie du corps la plus faible.

Par conséquent cet écoulement devra être attribué au seul vice des solides, au relâchement excessif des vaisseaux utérins, puisqu'on peut concevoir dans ce cas que les fleurs blanches peuvent avoir lieu sans qu'il précède aucune pléthore ; et que la portion ordinaire des fluides distribuée à ces vaisseaux suffit pour en fournir la matière, attendu que la force retentrice leur manque : d'où il s'ensuit souvent que la diminution de la masse des humeurs, qui se fait par cette voie, est suffisante pour en emporter le surabondant à mesure qu'il se forme ; ce qui fait qu'il ne se ramasse point de sang dans la substance de la matrice ; et que la matière des menstrues manquant, elles n'ont pas lieu, et sont suppléées par les fleurs blanches, quant à la diminution du volume des humeurs.

Mais si au vice des solides de cette partie, se joint une dissolution des fluides en général, les fleurs blanches seront bien plus abondantes, attendu que dans ce cas le défaut de consistance des humeurs rendra l'évacuation encore plus facîle ; elle deviendra véritablement colliquative, et sera suivie de tous les mauvais effets que l'on peut aisément se réprésenter. C'est par cette raison que, selon l'observation d'Eugalinus, les règles manquent aux femmes scorbutiques, et sont suppléées par des fleurs blanches ordinairement fort abondantes.

Les différentes qualités dominantes de la matière de ce flux contre nature, doivent être imputées d'abord à la masse des humeurs qui la fournit ; mais elle en contracte aussi de particulières, par le plus ou moins de séjour qu'elle fait dans les cavités des parties où s'en fait l'épanchement : ainsi la chaleur de ces cavités dispose cette matière retenue à se corrompre, par une sorte de putrefaction qui la rend d'autant plus acre, plus jaune, plus fétide, qu'elle était plus bilieuse en sortant des vaisseaux utérins. De cette acrimonie s'ensuit la disposition à procurer des érosions, des exulcérations aux parois de ces cavités. Plus la matière des fleurs blanches est abondante et continuelle, moins elles séjournent dans ces cavités ; moins elle contracte de nouvelles qualités, moins elle est disposée à devenir de mauvaise odeur, et à procurer les symptômes qui viennent d'être mentionnés.

Ces qualités vicieuses de la matière des fleurs blanches, ne sont donc qu'accidentelles ; elles ne doivent pas la faire regarder comme excrémentitielle, selon l'idée qu'en avaient les anciens. Cette matière n'appartient pas plus au genre d'humeurs de cette dernière qualité, que le sang menstruel lui-même. Voyez MENSTRUES. Il y a cependant une exception à faire concernant une autre sorte d'écoulement contre nature, sans être virulent, dont la différence et même l'existence n'ont guère été remarquées, que l'on pourrait regarder comme des fausses fleurs blanches, entant qu'il leur ressemble, sans avoir la même source, ou comme une gonorrhée bénigne, puisqu'il n'est autre chose qu'une excrétion trop abondante de l'humeur prostatique de la mucosité des lacunes du vagin, une sorte de catarrhe des organes qui servent à séparer l'humeur excrémentitielle destinée à lubrifier ce canal.

Tout ce qui peut augmenter la pléthore générale dans les femmes, et surtout celle de la matrice en particulier, en y attirant, en y déterminant un plus grand abord d'humeurs : tout ce qui peut affoiblir le ressort des vaisseaux de cette partie, doit être mis au nombre des causes procatartiques des fleurs blanches ; comme la vie sédentaire, d'où suit trop peu de dissipation, l'excès d'aliments, la bonne chère, d'où suit une confection trop abondante de bon sang ; la transpiration, ou toute autre évacuation ordinaire, supprimée, d'où résulte la surabondance des fluides ; le tempérament luxurieux ; les fortes passions, effets de l'amour ; le coït trop fréquent, ou toute autre irritation des parties génitales, qui, par les tensions spasmodiques qu'ils y causent, gênent le retour du sang, le retiennent dans les vaisseaux utérins, causent la dilatation forcée trop fréquente de ceux-ci, d'où la perte de leur ressort, et les autres effets mentionnés en parlant des causes immédiates de la maladie dont il s'agit ; les grossesses multipliées, les fausses-couches répetées, qui contribuent aussi beaucoup, surtout dans les personnes cachectiques, à déterminer vers la matrice une trop grande quantité d'humeurs, à affoiblir le ton de ses vaisseaux, par consequent à établir la disposition aux fleurs blanches, &c.

Il suit de tout ce qui vient d'être dit des différentes causes de cette maladie, que toutes les personnes du sexe, dans quelqu'état qu'elles vivent, mariées ou non-mariées, jeunes ou vieilles, sont susceptibles de contracter les différents vices qui établissent la cause des fleurs blanches. Fernel dit qu'il a Ve des filles de sept à huit ans affectées de cette maladie : l'observation commune apprend aussi que des femmes y sont sujettes pendant la grossesse, et d'autres dans l'âge le plus avancé ; ainsi elle peut arriver avant le temps des règles, elle en est quelquefois l'annonce : mais elle n'a lieu le plus souvent qu'après que la disposition au flux menstruel est bien établie, et elle succede assez communément à la suppression de ce flux, soit que celle-ci ait lieu par maladie, ou qu'elle soit naturelle par l'effet de l'âge. Les fleurs blanches sont souvent un supplément aux menstrues, nécessaire et même salutaire ; mais dans l'un et dans l'autre cas, l'exercice, la vie laborieuse, comme on le voit à l'égard des femmes de campagne, dispense la plupart de celles qui s'y adonnent encore plus utilement, de ces incommodités dans tout le temps de leur vie.

L'écoulement d'une humeur quelconque qui n'est pas du pus, surtout lorsqu'elle est blanchâtre, suffit pour caractériser la maladie des fleurs blanches, dans les personnes à l'égard desquelles il n'y a lieu de soupçonner aucune maladie vénérienne. Il n'y a donc que la gonorrhée, c'est-à-dire la chaudepisse proprement dite, de cause virulente, ou le flux prostatique, avec lequel on puisse les confondre ; mais outre que cette sorte de flux vérolique est ordinairement beaucoup moins abondant encore que l'écoulement le moins considérable des fleurs blanches, il y a un moyen de les distinguer surement, proposé par Baglivi, prax. medic. lib. II. cap. VIIIe sect. 3. qui n'était pas inconnu à Ambraise Paré, quoique les auteurs intermédiaires n'en fassent pas mention. Voyez les œuvres d'Amb. Paré, liv. XXIV. chap. lxiij. Il consiste, ce moyen, à observer si l'écoulement équivoque parait continuer dans le temps des règles, ou non ; la cessation est une preuve qu'il n'est autre chose que les fleurs blanches, et sa continuation assure que c'est une gonorrhée. La raison en est évidente : celle-ci dépend d'une source (c. à d. les glandes prostates, ou les lacunes muqueuses du vagin, ou les ulcères formés dans le canal de l'urethre, les glandes et les parties voisines) indépendante du flux menstruel, au lieu que la matière des fleurs blanches est fournie par les mêmes vaisseaux que celle des menstrues.

Mais il n'est pas aussi aisé de distinguer le flux catarrheux du vagin, dont il a été question ci-devant sous le nom de fausses-fleurs blanches, c'est-à-dire la gonorrhée simple, qui n'a aussi rien de commun avec les menstrues, de celui qui est produit par une cause virulente : on ne peut guère s'assurer de n'être pas trompé à cet égard, quand on a affaire avec des personnes d'une vertu équivoque, dont on peut presque toujours suspecter la confession ; cependant si on peut observer la matière de l'écoulement dans sa source ou sur le linge, on peut aussi y appliquer la manière de faire la différence entre une gonorrhée virulente, à l'égard des hommes, et ce qui n'est qu'un flux de l'humeur prostatique. Voyez GONORRHEE.

On peut juger de l'intensité des causes qui ont donné lieu aux fleurs blanches, par celle des symptômes qui accompagnent ou qui sont les suites de cette affection : ainsi dans celle qui n'est qu'une extension du flux lymphatique, ordinairement, et après les règles ; extension qui consiste en ce qu'il dure assez pour être rendu bien sensible pendant un jour ou deux, il ne s'ensuit le plus souvent aucune lésion de fonctions marquée : elle est souvent dans ce cas, comme il a été dit, un supplément avantageux au défaut de l'évacuation naturelle du sang surabondant ; ou au moins elle peut durer longtemps, toute la vie, sans qu'on en sait, pour ainsi dire, incommodé, lorsque le sujet est d'ailleurs d'un bon tempérament.

Dans les sujets cachétiques, les fleurs blanches ainsi périodiques et faisant comme partie du flux menstruel, annoncent le peu de consistance de la masse des humeurs, la sérosité surabondante, le sang mal travaillé ; ce qui est le plus souvent un effet des vices contractés dans les premières voies par le défaut de sucs digestifs de bonne qualité, par une suite des obstructions du foie, de la rate, etc. en un mot, par de mauvaises digestions.

Lorsque les fleurs blanches sont continuelles, ou qu'elles reviennent souvent irrégulièrement, elles sont accompagnées des symptômes de la cachexie, de la pâleur du visage, quelquefois de la bouffissure de cette partie, surtout aux paupières, du dégout, de l'abattement des forces ; parce que cette maladie est un symptôme elle-même du vice dominant dans les solides et dans les fluides, c'est-à-dire du relâchement de l'atonie dans ceux-là, et de la cacochimie dans ceux-ci. Voyez DEBILITE, ÉQUILIBRE, FIBRE, CACHEXIE, CACOCHYMIE, CHLOROSE.

Lorsque la matière des fleurs blanches est fort séreuse, et qu'elle détrempe continuellement la matrice et le vagin, elles rendent ordinairement les femmes stériles, parce qu'elles éteignent et noient, pour ainsi dire, la liqueur séminale, selon que le dit le judicieux Hippocrate, Aphor. xlij. sect. 5. Il s'ensuit aussi très-souvent un relâchement si considérable des parois de ce canal, que le poids de la matrice qui tend à la faire tomber vers l'orifice extérieur des parties génitales, fait replier ce canal sur lui-même, et établit la maladie qu'on appelle chute de matrice, prolapsus uteri. Voyez MATRICE.

Si la matière des fleurs blanches coule moins abondamment, est d'une qualité bilieuse, séjourne dans la cavité de la matrice, elle devient acre, rongeante ; elle cause des ulcérations dans les voies par où elle passe : d'où s'ensuivent souvent de vrais ulcères de mauvaise qualité, susceptibles de devenir chancreux, et de détruire toute la substance de la matrice, après avoir causé des hémorrhagies des vaisseaux utérins, aussi abondantes que difficiles à arrêter, etc.

Cependant les fleurs blanches sont rarement dangereuses par elles-mêmes, si elles ne dépendent de quelque grande cause morbifique commune à tout le corps : celles qui sont récentes, produites par un vice topique et dans de jeunes sujets bien constitués, cedent aisément aux secours de l'art, placés convenablement aux vraies indications. Dans toutes les personnes d'une mauvaise complexion, surtout si elles sont d'un âge avancé, elles sont le plus souvent incurables ; mais on peut empêcher qu'elles ne procurent la mort en peu de temps, pourvu qu'on en suspende les progrès ; qu'on s'oppose à la corruption des humeurs fluentes, et à l'impression qu'elles portent sur les solides qu'elles abreuvent, pour empêcher qu'il ne se fasse des hémorrhagies, des ulcères, qu'il n'en résulte des chancres, suites funestes auxquelles la matrice a beaucoup de disposition.

Le traitement des fleurs blanches exige, pour être tenté et conduit à-propos, que la cause en soit bien connue ; que le vice dominant soit bien caractérisé : la moindre erreur à cet égard peut être de la plus grande conséquence. Ainsi, lorsque la pléthore seule procure cette maladie, la saignée peut être utile, même sans autre secours, pour faire cesser l'une et l'autre.

Mais ce remède serait très-contraire dans toute disposition ou affection cachectique, qui donnerait lieu aux fleurs blanches ; ce qui est le cas le plus ordinaire : les purgatifs hydragogues, les eaux minérales ferrugineuses, les diurétiques, les sudorifiques, associés selon l'art avec l'usage des médicaments toniques, corroboratifs, et surtout des martiaux ; aussi-bien que les amers, tels que la rhubarbe, le quina, le simarouba, peuvent être tous employés avec succès dans cette dernière circonstance, et selon l'observation de Boerhaave, Element. chimic. proc. lvij. usus. Les teintures de lacque, de mirrhe, y produisent aussi de très-grands effets.

Ces différents remèdes placés et administrés avec méthode, sont suffisans pour satisfaire aux principales indications qui se présentent à remplir, entant qu'ils sont propres à évacuer les mauvais levains des premières voies, qui, en passant dans les secondes, contribueraient à fournir la matière de l'écoulement contre nature ; entant qu'ils sont en même temps très-efficaces pour remettre les digestions en règle, en rendant le ressort aux organes qui concourent à opérer cette importante fonction, pour rétablir celles de la sanguification, de la circulation, et des secrétions, en ranimant aussi et en fortifiant l'action des solides, qui sont les principaux instruments de ces principales opérations de l'économie animale.

Cependant si le mal ne cede pas à ces différents moyens, la teinture de mouches cantharides, donnée dans une forte décoction de gayac, peut suppléer à leur insuffisance, surtout si les fleurs blanches ne sont pas invétérées : dans le cas où elles dureraient depuis longtemps, et où elles auraient éludé l'effet de tous les remèdes proposés jusqu'ici, il ne resterait plus à tenter que les mercuriels, dont on a eu quelquefois de grands succès. Ces deux derniers conseils sont donnés d'après le docteur Morgan, pratique medicinale, cité à ce sujet dans le IV. vol. des observations d'Edimbourg, 1742.

Mais l'usage de ces différents médicaments, pour opérer avantageusement, demande à être secondé par le régime, par la dissipation de l'esprit, et surtout par l'exercice du corps proportionné aux forces, et augmenté peu-à-peu : au surplus, pour un plus grand détail des secours propres à corriger les vices dominans dans cette maladie, considérée comme un symptôme de cachexie, voyez DEBILITE, FIBRE.

Mais dans les cas où il n'y a pas lieu de penser que les fleurs blanches dépendent d'aucun vice qui ait rapport à l'espèce de celui dont il vient d'être fait mention ; qu'au contraire le sujet qui en est affecté parait être d'un tempérament robuste, bilieux, avec un genre nerveux fort sensible, fort irritable, et que la maladie utérine est seulement causée par une faiblesse non pas absolue, mais respective, des vaisseaux de la matrice, qui sont forcés de céder à la contre-nitence excessive de tous les autres solides ; il faut prendre une route bien différente de celle qui vient d'être tracée : les adoucissants, les humectants, les antispasmodiques, remplissent, après les remèdes généraux, les principales indications qui se présentent alors. On peut donc faire tirer du sang, pour diminuer le volume des humeurs, la tension des vaisseaux ; employer les vomitifs, les purgatifs, pour nettoyer les premières voies, empêcher qu'elles ne fournissent au sang une trop grande quantité du recrément alkalescent ; faire diversion aux humeurs qui se portent à la matrice : le petit lait, le lait coupé, peuvent être employés pour corriger l'acrimonie dominante ; les bains domestiques, pour relâcher l'habitude du corps, sans opérer cet effet sur les parties génitales, que l'on en garantit, en les couvrant de fomentations aromatiques, fortifiantes. pour favoriser la transpiration, jeter de la détrempe dans le sang par ce moyen, et par un grand usage de tisanes émulsionnées : il convient aussi d'employer dans ce cas, selon la règle, les différentes préparations de pavot, d'opium, le castoréum, la poudre de gutete, etc. pour diminuer l'érétisme, l'irritabilité des nerfs qui pressent les humeurs de la circonférence au centre, et les déterminent vers la partie faible, vers la matrice : mais il faut surtout bien recommander principalement l'abstinence d'aliments crus, acres, de tout ce qui peut échauffer le corps et l'imagination dans différentes circonstances ; surtout lorsque le mal est dans son commencement.

Il n'est pas besoin, dans les fleurs blanches, de beaucoup de remèdes extérieurs : il est seulement important de tenir propres les parties par où se fait l'écoulement ; d'empêcher que les humeurs épanchées n'y séjournent, n'y croupissent. Lorsqu'on n'a pas prévenu cet effet, et l'acrimonie des humeurs et ce qui s'ensuit, on peut corriger ce vice par des lotions adoucissantes, faites avec le lait tiede, l'eau d'orge, le miel, etc.

Lorsque ces humeurs sortent d'organes fort relâchés, sans irritation, on peut employer pour les lotions, de l'eau tiede aiguisée d'esprit-de-vin, d'eaux spiritueuses parfumées d'eaux thermales comme dessicatives. On peut aussi user de vin blanc avec du miel, comme détersif et tonique, et de tous ces différents médicaments en injection, en fomentation : le vin rouge resserrerait trop ; il ne pourrait convenir que dans le cas d'une chute de matrice, où il serait même nécessaire de le rendre astringent.

Mais il ne faut jamais employer de remède qui ait cette dernière propriété, dans la vue d'arrêter l'écoulement des fleurs blanches ; à moins qu'on ne soit assuré que le vice qui l'entretient n'est que topique, n'est que la débilité des vaisseaux de la partie, et qu'il n'en reste aucun dans les humeurs ; sans quoi on s'expose, en empêchant l'excrétion de celles qui sont corrompues, dont la matrice est abreuvée, à enfermer, comme on dit vulgairement, le loup dans la bergerie : d'où s'ensuivent des dépôts funestes dans la substance de cet organe, des engorgements inflammatoires, qui ont beaucoup de penchant à se terminer par la gangrene ; ou ils tournent en skirrhe, qui devient aisément carcinomateux ; ou ils forment des abcès, des ulcères, des chancres, qui sont une source de maux, de douleurs violentes et durables, que la mort seule peut tarir ; ou il se fait des métastases sur des parties éloignées, sur les poumons, par exemple, d'où peut suivre la phtisie ; sur le foie, d'où peuvent succéder des suppurations sourdes de ce viscère ; sur les reins, d'où peut s'ensuivre, selon l'observation de Baillon (Ballonii opera, lib. I. consil. 59.) un diabete des plus funestes.

Ainsi il ne faut user d'astringens qu'avec beaucoup de prudence ; et en général, cette condition est très-nécessaire dans l'administration des remèdes, pour la cure des fleurs blanches : de quelque qualité que soit le vice qui les cause, il est toujours très-difficîle à détruire ; à cause de la structure, de la situation particulière de l'organe qui est affecté, de la nature des humeurs qui y sont distribuées, et de la lenteur respective du cours de ces humeurs ; il faut donc, pour l'honneur de l'art et de celui qui l'exerce, et pour préparer à tout événement les personnes affectées de cette maladie, se bien garder de faire espérer une sure, et encore moins une prompte guérison. Voyez MATRICE, (maladies de la) (d)

FLEURS-DE-LIS, s. m. pl. (Blason) armes des rois de France : personne n'ignore qu'ils portent d'azur à trois fleurs-de-lis d'or.

Les fleurs-de-lis étaient déjà employées pour ornement à la couronne des rois de France, du temps de la seconde race, et même de la première : on en voit la preuve dans l'abbaye de S. Germain des Prés, au tombeau de la reine Frédegonde, dont la couronne est terminée par de véritables fleurs-de-lis, et le sceptre par un lys champêtre. Ce tombeau, qui est de marqueterie, parsemé de filigrame de laiton, parait original : outre qu'il n'y a point d'apparence qu'on eut pensé à orner de la sorte le tombeau de cette reine longtemps après sa mort, puisqu'elle a si peu mérité cet honneur pendant sa vie.

Pour ce qui est de la seconde race, on trouve plusieurs portraits de Charles-le-Chauve dans les livres écrits de son vivant, avec de vraies fleurs-de-lis à sa couronne ; quelques-uns de ces manuscrits se gardent dans la bibliothèque du Roi, comme aussi dans celle de M. Colbert qui y est jointe ; et l'on en peut voir les figures dans le second tome des capitulaires de M. Baluze.

Mais comme les rois de France n'ont point eu d'armes avant le douzième siècle, les fleurs-de-lis n'ont pu y être employées qu'après ce temps-là. Philippe-Auguste est le premier qui s'est servi d'une fleur-de-lis seule au contre-scel de ses chartes ; ensuite Louis VIII. et S. Louis imitèrent son exemple : après eux, on mit dans l'écu des armes des rois de France, des fleurs-de-lis sans nombre ; et enfin elles ont été réduites à trois, sous le règne de Charles VII.

Voilà le sentiment le plus vraisemblable sur l'époque à laquelle nos rois prirent les fleurs-de-lis dans leurs armes ; et c'est l'opinion du P. Mabillon. M. de Ste. Marthe, fils et neveu des frères de Ste. Marthe, qui ont travaillé avec beaucoup de soin à recueillir nos historiens, et à éclaircir plusieurs points obscurs de notre histoire, pense que la fleurs-de-lis a commencé d'être l'unique symbole de nos rois sous Louis VII. surnommé le Jeune. L'on voit que son époque n'est pas bien éloignée de celle du P. Mabillon. Quant à l'opinion de ceux qui veulent que nos lis aient été dans leur origine le bout d'une espèce de hache d'armes appelée francisque, à cause de quelque rapport qui se trouve entre ces deux choses ; cette opinion n'est étayée d'aucune preuve solide. Nous pourrions citer plusieurs autres conjectures qui ne sont pas mieux établies ; mais nous nous arrêterons seulement à celle de Jacques Chifflet, à cause des partisans qu'elle s'est acquise.

Dans la découverte faite à Tournay en 1653, du tombeau de Childeric I. on y trouva l'anneau de ce prince, environ cent médailles d'or des premiers empereurs romains, 200 autres médailles d'argent toutes rouillées, un javelot, un graphium avec son stylet, et des tablettes ; le tout garni d'or : une figure en or d'une tête de bœuf avec un globe de cristal, et des abeilles aussi toutes d'or au nombre de trois cent et plus. Cette riche dépouille fut donnée à l'archiduc Léopold, qui était pour lors gouverneur des Pays-Bas ; et après sa mort, Jean-Philippe de Schonborn, électeur de Cologne, fit présent à Louis XIV. en 1665, de ces précieux restes du tombeau d'un de ses prédécesseurs : on les garde à la bibliothèque du Roi.

M. Chifflet prétend donc prouver par ce monument, que les premières armes de nos rois étaient des abeilles, et que des peintres et des sculpteurs mal habiles ayant voulu les représenter, y avaient si mal réussi, qu'elles devinrent nos fleurs-de-lis, lorsque dans le douzième siècle la France et les autres états de la chrétienté prirent des armes blasonnées : mais cette conjecture nous parait plus imaginaire que fondée ; parce que, suivant toute apparence, les abeilles de grandeur naturelle et d'or massif, trouvées dans le tombeau de Childeric I. n'étaient qu'un symbole de ce prince, et non pas ses armes. Ainsi dans la découverte qu'on a faite en 1646 du tombeau de Childéric II. en travaillant à l'église de S. Germain des Prés, on trouva quantité de figures du serpent à deux têtes, appelé par les Grecs amphisbène, lesquelles figures étaient sans-doute également le symbole de Childeric II. comme les abeilles l'étaient de Childeric I.

Au surplus, Chifflet, dans son ouvrage à ce sujet intitulé lilium francicum, a eu raison de se mocquer des contes ridicules qu'il avait lus dans quelques-uns de nos historiens, sur les fleurs-de-lis. En effet, les trois couronnes, les trois crapauds changés en trois fleurs-de-lis par l'ange qui vint apporter à Clovis l'écusson chargé de ces trois fleurs ; ce qui a engagé les uns à imaginer que les rois de France portaient au commencement de sable à trois crapauds d'or ; les autres, d'or à trois crapauds de sable ; et d'autres enfin, comme Trithème, d'azur à trois grenouilles de sinople ; tout cela, dis-je, ne peut passer que pour des fables puériles qui ne méritent pas d'être réfutées sérieusement. Article de M(D.J.)

FLEUR-DE-LISE, FLEURI, FLORETTE, etc. adj. sont des termes de blason, dont on se sert quant les lignes qui terminent les Pièces des armoiries, sont contournées en fleurs, en lis, en fleurs-de-lis, etc. ainsi l'on dit : il porte une croix fleur-de-lisée, etc. Voyez les Planches du Blason.

FLEUR, (Orig. Géographie) terminaison de plusieurs lieux maritimes de Normandie, Barfleur, Harfleur, Honfleur, etc. noms qui dans les anciens titres sont terminés en flot : en ce cas, cette terminaison vient de fluctus, qui a passé par le saxon ; car fléoten, en cette langue, signifie couler. Flot s'est changé en fleut ; et de fleut est venu fleur, comme du latin flos. Les noms des lieux de Hollande terminés en uliet, ont la même situation et la même origine. Le flévus des anciens est encore de ce genre, et vient de la même souche. Nous ne devons pas oublier d'observer que dans le bas-breton, les lieux dont les noms commencent par les syllabes de pleu et de plou, sont battus des flots de la mer ; et que l'origine de ces syllabes et celle de fleut ou de flou, qui signifie la même chose, peut avoir été commune à la langue celtique et à la langue germanique. Cette remarque est de M. Huet. origin. de Caen, pag. 448. (D.J.)