S. m. (Histoire naturelle fabuleuse) oiseau merveilleux qui, selon les idées populaires, vivait plusieurs siècles, et en mourant produisait de la moèlle de ses os un petit ver qui formait un nouveau phoenix.

Les Egyptiens, dit Hérodote dans son Euterpe, ont un oiseau qu'ils estiment sacré, que je n'ai jamais Ve qu'en peinture. Aussi ne le voit-on pas souvent en Egypte, puisque, si l'on en croit ceux d'Héliopolis, il ne parait chez eux que de cinq en cinq siècles, et seulement quand son père est mort. Ils disent qu'il est de la grandeur d'une aigle, qu'il a une belle houppe sur la tête, les plumes de son cou dorées, les autres pourprées, la queue blanche mêlée de pennes incarnates, des yeux étincelans comme des étoiles. Lorsque chargé d'années, il voit sa fin approcher, il se forme un nid de bois et de gommes aromatiques, dans lequel il meurt. De la moèlle de ses os il nait un ver d'où se forme un autre phoenix. Le premier soin de celui-ci est de rendre à son père les honneurs de la sépulture ; et voici comme il s'y prend, selon le même Hérodote.

Il forme avec de la myrrhe une masse en forme d'œuf : il essaie ensuite en la soulevant, s'il aura assez de force pour la porter : après cet essai, il creuse cette masse, y dépose le corps de son père, qu'il couvre encore de myrrhe ; et quand il l'a rendue du même poids qu'elle était auparavant, il porte ce précieux fardeau à Héliopolis, dans le temple du soleil. C'est dans les déserts d'Arabie qu'on le fait naître, et on prolonge sa vie jusqu'à cinq ou six cent ans.

Les anciens historiens ont compté quatre apparitions du phoenix ; la première sous le règne de Sésostris ; la seconde sous celui d'Amasis ; la troisième sous le troisième des Ptolémées. Dion Cassius donne la quatrième pour un présage de la mort de Tibere. Tacite place cette quatrième apparition du phoenix en Egypte sous l'empire de Tibere ; Pline la fait tomber à l'année du consulat de Quintus Plancius, qui vivait à l'an 36 de l'ére vulgaire : et il ajoute qu'on apporta à Rome le corps de ce phoenix ; qu'il fut exposé dans la grande place, et que la mémoire en fut conservée dans les registres publics.

Rendons justice aux anciens qui ont parlé de cet oiseau fabuleux ; ils ne l'ont fait que d'une manière qui détruit leur propre relation. Hérodote après avoir raconté l'histoire du phoenix, ajoute qu'elle lui parait peu vraisemblable. Pline dit que personne ne douta à Rome que ce ne fût un faux phoenix qu'on y avait fait voir ; et Tacite donne la même conclusion à son récit.

L'opinion fabuleuse du phoenix se trouve reçue chez les Chinois, dit le père du Halde dans sa description de la Chine ; ils n'ont donc pas été si renfermés chez eux, qu'ils n'aient emprunté plusieurs opinions des Egyptiens, des Grecs et des Indiens, puisqu'ils attribuent à un certain oiseau de leur pays la propriété d'être unique, et de renaître de ses cendres. (D.J.)

PHOENIX, (Botanique) nom donné par Kaempfer et Linnœus à un genre de plantes appelé par les autres botanistes elate et katovindel ; en voici les caractères. Ce genre de plante produit séparément des fleurs mâles et femelles, et leur enveloppe tient lieu de calice. Dans les fleurs mâles, les pétales sont au nombre de trois, ovales et concaves ; leurs étamines sont trois filets déliés, dont les bossettes sont très-courtes. Dans les fleurs femelles l'embryon du pistil est arrondi ; le stîle est court et pointu ; le fruit est une baie ovale, qui n'a qu'une seule loge ; elle renferme une semence dure comme un os, ovale, marquée d'une raie profonde dans toute sa longueur. Linnaei gen. plant. 513. Mus. cliff. 2. Hort. malab. 3. 23.