S. m. lucius, (Histoire naturelle) poisson de rivière qui se trouve aussi dans les lacs et les étangs, il est fort commun dans toutes les eaux douces. Le brochet est long, son dos est presque carré, lorsqu'il est gras. Il a le ventre gros, la queue courte, la tête carrée et percée de petits trous ; le bec allongé à-peu-près comme celui d'une oie : il y a sur le devant de la mâchoire inferieure de petites dents recourbées en-dedans. La mâchoire supérieure n'en a point de correspondantes à celles de l'autre mâchoire : mais il y en a deux rangs sur le palais. Les yeux sont de couleur d'or, les écailles sont petites et minces ; de sorte que lorsque ce poisson est jeune, il semble n'avoir point d'écailles : mais elles deviennent dans la suite dures et apparentes. Le corps est parsemé de taches jaunâtres, le dos est noirâtre, le ventre blanc, les côtés de couleur d'argent : mais lorsque le brochet est vieux, ils sont de couleur d'or ; plus ce poisson est jeune, plus il approche de la couleur verte. Il a deux nageoires au bas des ouies, deux autres au bas du ventre qui sont fortes. Il y a auprès de la queue une nageoire de couleur dorée et tachetée de noir, posée en-dessus, et une autre en-dessous ; la queue est fourchue et parsemée de taches brunes. La ligne qui s'étend le long du corps dans le milieu n'est marquée que par de petits points. Les brochets des grandes rivières et des lacs ont la chair ferme ; ceux au contraire qui sont dans les eaux dormantes et fangeuses, ne sont pas bons à manger. Ces poissons sont très-voraces ; ils s'efforcent quelquefois pour avaler d'autres poissons qui sont presqu'aussi gros qu'eux : ils commencent par la tête, et ils attirent peu-à-peu le reste du corps à mesure qu'ils digèrent ce qui est dans leur estomac ; on les a vus avaler de petits chiens et de petits chats que l'on avait noyés dans des rivières. Souvent ils se nourrissent de grenouilles : mais on dit que s'ils avalent un crapaud de terre ils le vomissent. On prétend qu'ils n'attaquent point les perches à cause des aiguillons qu'elles ont sur le dos ; cependant on a rapporté qu'ils prenaient les perches en-travers dans leur bouche, et qu'ils les y tenaient jusqu'à ce qu'elles fussent mortes avant que de les avaler. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'ils n'épargnent pas même les poissons de leur espèce. Rondelet, Willughby. Voyez POISSON. (I)

BROCHET de mer voyez SPET. (I)

* On lit dans du Bravius de piscinis piscium, lib. I. chap. IIe que la grenouille saute quelquefois sur la tête du brochet, l'embrasse de ses pattes, qu'elle les lui met dans les yeux, et les lui creve. Aldrovande et Cardan prétendent que si l'on jette un brochet à qui on aura ouvert le ventre, dans un étang ou un réservoir où il y ait des tanches, il ne mourra pas de sa blessure ; l'humeur gluante de la tanche, contre laquelle il Ve se frotter, l'ayant bien-tôt fait cicatriser. Voilà des faits qu'il serait aisé de vérifier : il ne s'agirait pour le premier, que de tenir pendant longtemps un brochet dans un réservoir où il y aurait bien des grenouilles, et où il n'y aurait que cela ; et pour le second, que de blesser un brochet et le jeter entre des tanches.

On croit que le brochet vit longtemps. On dit qu'il en fut trouvé un dans un étang d'Allemagne en 1497, qui avait un anneau d'airain passé dans la couverture de ses ouies, sur lequel il y avait une inscription grecque, faisant mention que c'était l'empereur Frédéric II. qui l'avait mis dans cet étang ; ce poisson avait au moins 267 ans, si le fait est vrai.

Il y a des brochets auxquels on trouve des œufs et une laite en même temps ; d'où l'on conclut qu'ils sont hermaphrodites.

* La pêche du brochet n'a rien de particulier, si ce n'est celle qui se fait à la bricole. On a un réservoir de petits poissons, mais il faut donner la préférence au carpeau. Ayez un hameçon à deux crochets, x y, faites entrer une ligne par la queue du carpeau, et la faites sortir par sa bouche. Attachez au bout de la ligne qui sortira par la bouche du poisson au hameçon à deux crochets recourbés vers la queue du poisson. Passez un morceau de liège F. dans votre ligne, afin que le poisson reste suspendu entre deux eaux en l'endroit qu'il vous plaira, entortillez le reste de votre ligne à un piquet placé sur le bord de la rivière. Disposez plusieurs appâts de cette nature dans les endroits où vous croyez qu'il y a du brochet, bien-tôt cet animal vorace avalera et les poissons et les hameçons. Il faut que la corde soit entortillée au piquet de manière qu'elle puisse se devider ; pour cet effet on prend une branche fourchue, A B C D, Pl. de Pêche : on fend les bouts des fourchons C D. On entortille la ligne E autour de ces fourches ; et quand on est parvenu à leurs extrémités, C D, on fiche la ligne E dans la fente d'un des fourchons C. Le brochet, en se débattant, a bien-tôt fait sortir la ligne de la fente ; lorsqu'elle n'y est plus détenue, elle se devide et permet au brochet de s'écarter.

Cuisine. On prépare le brochet de plusieurs manières : au court-bouillon, à la sauce d'anchois, et à la Polonaise. On le frit, on le met en ragout, ou on le farcit.

On emploie, en Médecine, ses mâchoires et sa graisse : cette dernière est fort en usage, et on en oint la plante des pieds pour détourner un catarrhe et pour apaiser la toux. Dale dit qu'on en frotte avec succès la poitrine des enfants dans le rhume et dans la toux.

La mâchoire inférieure est dessicative et détersive : on la regarde comme spécifique dans la pleurésie ; elle sert, de même que les autres os de la tête, contre le calcul, les fleurs blanches, et pour faciliter l'accouchement. Ses cendres employées à l'extérieur, arrêtent l'évacuation de la sanie, détergent les vieilles plaies, et dessechent les hémorrhoïdes. L'eau distillée du fiel du brochet est estimée bonne contre les maladies des yeux.

On recommande son fiel dans les maladies froides accompagnées de l'inactivité de la bîle ; il passe aussi pour guérir les fièvres intermittentes, étant pris au commencement de l'accès. La dose est de sept ou huit gouttes dans une liqueur appropriée.

Son cœur produit le même effet.

Les petites pierres ou osselets de la tête sont recommandés pour hâter l'accouchement, purifier le sang, faire venir les règles, exciter l'urine, chasser la pierre des reins et de la vessie, et contre l'épilepsie. On en peut donner depuis vingt-cinq grains jusqu'à un gros.

On doit éviter de manger les œufs du brochet, parce qu'ils excitent des nausées, et qu'ils purgent assez violemment.

Il contient beaucoup d'huîle et de sel volatil, et médiocrement de phlegme, ce qui le rend assez nourrissant ; cependant il ne convient pas à tout le monde, il est indigeste chez bien des gens. (N)