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Catégorie parente: Histoire naturelle
Catégorie : Zoologie
ovis, sub. f. (Histoire naturelle, Zoologie) animal quadrupede femelle, dont le bélier est mâle ; cependant c'est du nom de la femelle qu'on a dérivé les noms génériques oviaria et oviarium pecus, troupeaux de brebis. Voyez BELIER. Il y a des brebis qui ont de petites cornes : mais la plupart n'en ont point. On a distingué plusieurs sortes de brebis, par la différence du poil ou de la laine : on les a aussi désignées par les noms des pays où elles se trouvaient. M. Linnaeus a réduit toutes celles dont il est fait mention dans plusieurs auteurs, à trois espèces principales.

La brebis domestique, et celle qui a une très-grande queue, sont comprises sous la première espèce. Voyez MOUTON.

La seconde est celle du Strepsiceros de Crète ou de Candie, qui a les cornes droites et entourées par une gouttière dirigée en spirale ; au reste, elle ne diffère guère des nôtres. Belon dit qu'il y en a de grands troupeaux sur le mont Ida.

La troisième espèce comprend les brebis de Guinée ou d'Angole ; elles sont plus grandes que les nôtres ; le derrière de la tête est plus saillant, les oreilles sont pendantes, et les cornes petites et recourbées en-bas jusqu'aux yeux : ces brebis ont une crinière qui descend plus bas que le cou, des poils courts comme ceux du bouc au lieu de laine, et un fanon sous la gorge comme le bœuf. Voyez MOUTON, QUADRUPEDE. Ray, synops. anim. quadrup. Linnaei, syst. nat. (I)

* Choix des brebis. Le profit qu'on a tiré d'un troupeau, dépend principalement de la bonté des brebis. Une bonne brebis a le corps grand, les yeux de même, et fort éveillés ; la queue, les jambes, et les tétines longues ; le ventre grand et large ; la démarche libre et alerte ; les jambes bas-jointées, la tête, le dos et le cou, garnis de laine longue, soyeuse, déliée, luisante et blanche. La brebis noire n'est pas si estimée que la blanche : la grise et la tachetée de différentes couleurs l'est encore moins.

Age de la brebis. Que votre brebis ne soit ni trop jeune ni trop vieille. Celle de deux ans sera bonne à garder : laissez celle qui en aura plus de trois.

L'âge d'une brebis se connait à ses dents qui se fortifient jusqu'à trois et quatre ans. Passé cet âge, elles deviennent inégales entr'elles : mais c'est une affaire d'expérience que d'estimer l'âge par ces différences.

Espèce de brebis. Les brebis étrangères vous rapporteront plus que les communes. Les flandrines, ou celles qui sont venues des Indes en Hollande et en Flandre, vous donneront au moins deux agneaux par an ; seront plus fortes que vos brebis ordinaires ; porteront deux fois plus de laine, l'auront plus fine, et vous procureront des moutons et des béliers plus forts.

Ayez donc un bélier flandrin avec quelques brebis de cette espèce.

Il y a dans le pays Bressan, aux environs de Mantoue, des brebis dont la laine est grossière, mais qu'on tond jusqu'à trois fois par an : elles sont d'ailleurs si vigoureuses, qu'on peut les mener aux champs en tout temps.

Le pays Tessin a ses brebis : elles sont aussi vigoureuses que les bressanes, mais elles portent moins de laine. En récompense, elles sont belles, grosses, et donnent de beaux agneaux. Les bâtardes du Bressan sont estimées ; cependant elles sont moins fortes que les naturelles, quoique plus fortes que les tessines. On dit que c'est aux brebis de barbarie que l'Angleterre doit la beauté de ses draps : ce qu'il y a de certain, c'est qu'elles donnent trois fois plus de lait que les brebis du pays ; que la laine en est plus fine, et qu'on en tire deux fois davantage.

Chaisissez entre ces brebis les meilleures, et formez-en votre troupeau. Ayez de bonnes bergeries ; voyez l'article BERGERIE. Ne négligez pas le choix du berger ; voyez les articles BERGER et CHIEN DE BERGER.

Les brebis sont timides, douces, sensibles au chaud et au froid, et fort sujettes à maladies : elles ne passent guère neuf ans.

Nourriture des brebis. Il faut les nourrir d'herbes, de foin, de paille, et de son dans la bergerie : on peut aussi leur donner des raves, des navets, et des joncs marins hachés, de la vesce, du sainfoin, et de la luserne : dans le temps de disette, des feuilles d'ormeau, de frêne, et de bouleau, du cythise, des cosses et feuilles de légumes, des choux, etc. C'est principalement en hiver qu'on use de ces secours, au défaut des pâturages.

Lorsque le temps du pacage est venu, au printemps, en automne, et en hiver, on les y mène une fois par jour : elles sortent sur les neuf heures, et on les ramène avant le soleil couché. En été, elles y vont deux fois le jour. Elles partent dès le grand matin, et rentrent sur les dix heures : on les fait boire ; on les renferme dans la bergerie ; elles y reposent jusqu'à trois heures qu'elles retournent aux champs, où elles paissent jusqu'au coucher du soleil, qu'on les fait boire une seconde fois avant que de les renfermer. On ne les fait boire qu'une fois dans les autres saisons.

Il ne faut pas mener paitre au loin les brebis qui ont des agneaux ; il faut même alors leur donner le matin de bon foin. Tirez leur lait le matin, avant qu'elles sortent, et le soir quand elles reviennent.

Recommandez à votre berger d'éviter les pâturages épais et marécageux ; qu'il choisisse les lieux secs, aérés, élevés, ceux qui abondent en plantes odoriférantes, et les collines : les chardons et les épines gâtent la laine, et donnent la galle aux brebis. Mais il n'y a point de meilleurs pâturages que les bords de la mer et les environs des marais salans. Qu'il les fasse paitre à l'ombre dans les grandes chaleurs.

Il faut tenir le bélier séparé des brebis, soit aux champs, soit dans la bergerie, à moins qu'elles ne soient en chaleur ; et pour augmenter son troupeau, il en faut séparer toutes les vieilles brebis. Ce triage se fera sur la fin d'Avril.

La paille qu'on donne aux brebis se remet en gerbe, qu'on vend ; car les bêtes à laine n'en rongent que l'épi. On parque les brebis ; voyez l'article PARCAGE. On les tond vers le mois de Mai ; voyez TONTE. On les engraisse quand on veut s'en défaire ; voyez ENGRAIS. Quant à la propagation, voici comment on y procede.

Multiplication des brebis. Les brebis sont en chaleur depuis la Toussaint jusqu'au mois d'Avril ; elles agnellent donc aussi pendant six mois : elles portent pendant cinq. Comme le froid ferait périr les agneaux qui naitraient avant Décembre, on ne laisse approcher le bélier des brebis, que vers la fin de Juillet ou au mois d'Aout.

Ne laissez le bélier avec vos brebis que le temps qu'il faut pour qu'elles conçoivent. Vos agneaux vous viendront au temps où vous les attendrez, et vous ménagerez votre bélier. Nourrissez bien votre bélier pendant qu'il travaille, et faites prendre de l'eau salée à la brebis.

Il faut veiller sur les brebis, quand le temps de l'agnation approche. L'agneau et la mère périront souvent si on ne les aide. Voyez l'article AGNEAU. Vous enfermerez les brebis qui auront agnelé pendant quatre jours, avec du bon foin, du son mêlé d'un peu de sel, et de l'eau tiede, blanchie avec un peu de farine de millet ou de froment. Donnez-leur aussi de la feuille d'orme ou de frêne, amassée dans la saison. Le cinquième jour, elles pourront aller aux champs, mais non loin, de peur que leur lait ne s'échauffe. Si l'on veut tirer parti du lait de la brebis, il ne faut pas que l'agneau la tette.

Maladies des brebis. Comme les brebis sont fort délicates, elles sont, comme nous l'avons dit plus haut, sujettes à plusieurs maladies. Il faut soigneusement séparer les malades des autres. On s'en apercevra à plusieurs signes ; elles auront alors la tête lourde et les yeux troubles ; elles négligeront les pâturages ; elles ne bondiront point ; elles marcheront lentement ; elles se tiendront à l'écart ; elles chercheront l'ombre et la solitude ; elles chancelleront en marchant ; elles se coucheront souvent ; elles se traineront après les brebis saines : le berger ne saurait y regarder de trop près.

Voici un remède qui soulage assez généralement les bestiaux.

Prenez du foie d'antimoine, enveloppez-le dans un linge, mettez-le tremper dans une pinte de vin blanc ; ajoutez huit dragmes de sené, du sucre, de la noix muscade, et autres épices ; laissez infuser le tout 24 heures, et donnez un demi-septier de cette infusion à chaque brebis : cependant tenez la brebis ainsi médicamentée dans un lieu chaud, et ne la faites manger que le soir.

Les brebis sont principalement sujettes à la gale, voyez GALE : à la fievre, voyez FIEVRE : aux poux, voyez POUX : à la clavelée ou claveau, voyez CLAVELEE : à la toux, à l'enflure, à la difficulté de respirer ; ce qui marque abondance de sang, ou obstruction dans les viscères de la respiration. On les soulagera en leur fendant les naseaux, ou en leur coupant les oreilles : à la morve, voyez MORVE : à l'avertin, vertige, étourdissement, sang, folie ou tournant, voyez AVERTIN. Elles deviennent boiteuses ou de lassitude, ou parce que leurs ongles sont amollis, ou parce qu'elles ont resté longtemps dans leur fiente. Si c'est lassitude, laissez-les reposer dans la bergerie ; si c'est ongles amollis, coupez-leur l'extrémité de l'ongle gâté, mettez-y de la chaux vive, enveloppée d'un linge pendant un jour ; le lendemain substituez le verd-de-gris, et ainsi alternativement, chaux et verd-de-gris, jusqu'à ce que l'ongle soit guéri. Il y en a qui préférent à ce remède, de la vieille huîle de noix ou d'olive, mise en onguent par l'ébullition, avec de l'alun pulvérisé. Elles sont encore sujettes aux abcès, qu'il faut ouvrir quelque part qu'ils paraissent : quand l'abcès sera ouvert et vuidé, on distillera dedans de la poix fondue avec du sel brulé et mis en poudre, et l'on fera boire à la brebis de la thériaque délayée dans de l'eau. A la peste, qui les attaque en été et en hiver ; elles en meurent quand elles en sont malades : mais on préviendra cet accident, si on leur fait prendre pendant une quinzaine, au commencement du printemps et de l'autonne, tous les matins avant qu'elles aillent aux champs, de l'eau où l'on aura fait infuser la sauge et la marrube. Si une brebis se rompt la jambe, on la lui frottera avec de l'huîle et du vin mêlés ; on l'entortillera avec des linges, et on la soutiendra avec des éclisses : on la fera reposer trois ou quatre jours dans la bergerie, le cinquième elle pourra suivre les autres aux champs.

Usage. La brebis fournit dans le commerce les mêmes marchandises que le bélier et le mouton ; entre autres de la laine, qui sert dans les manufactures d'étoffes ; et sa peau, qu'on vend aux Tanneurs et aux Mégissiers.