S. m. (Histoire naturelle, Zoologie) cochlea, animal testacée : il y en a un très-grand nombre d'espèces, tant terrestres qu'aquatiques ; on leur donne aussi le nom de limas. Voyez COQUILLAGES et COQUILLES. Pour donner une idée des coquillages de ce genre, nous rapporterons seulement ici une courte description du limaçon commun des jardins, appelé vulgairement l'escargot. Cet animal est oblong ; il n'a ni pieds ni os : on y distingue seulement la tête, le cou, le dos, le ventre, et une sorte de queue ; il est logé dans une coquille d'une seule pièce, d'où il sort en grande partie, et où il rentre à son gré. La peau est lisse et luisante sous le ventre, ferme, sillonnée, et grainée sur le dos, plissée et étendue de chaque côté en forme de fraises, au moyen desquelles l'animal rampe comme un ver. La tête a une bouche et des lèvres, et quatre cornes, deux grandes placées plus haut que les deux autres, qui ont moins de longueur. Les grandes sont pyramidales et terminées par un petit bouton rempli d'une humeur jaunâtre, au milieu duquel on aperçoit un point noirâtre assez ressemblant à une prunelle ; les petites cornes ne diffèrent des grandes, qu'en ce qu'elles n'ont que le tiers de leur grosseur et de leur grandeur, et que l'on ne voit pas à leur extrémité un point noirâtre. On a prétendu que le bouton des grandes cornes était un oeil ; mais l'opinion la plus accréditée est que ces quatre cornes ne sont que des antennes que l'animal emploie pour sentir les obstacles qui se rencontrent dans son chemin ; la bouche est grande et garnie de dents. Les limaçons ont chacun les deux sexes ; ils sont hermaphrodites ; il y a au côté droit du cou un trou fort apparent, qui est en même temps le conduit de la respiration, la vulve et l'anus, et qui même a différentes cavités, et en particulier a des intestins tortueux qui flottent dans le ventre. Au temps de l'accouplement ces intestins se gonflent et se renversent, de façon qu'ils se présentent à l'ouverture de l'anus alors fort dilatée, sous la figure d'une partie masculine et d'une partie féminine. Il sort par la même ouverture du cou un aiguillon fait en forme de lance à quatre ailes terminée en pointe très-aiguè et assez dure, quoique friable. Lorsque deux limaçons se cherchent pour s'accoupler, ils tournent l'un vers l'autre la fente de leur cou, et dès qu'ils se touchent par cet endroit, l'aiguillon de l'un pique l'autre ; cette sorte de flèche ou de petit dard se sépare du corps de l'animal auquel il était, tombe par terre, ou est emporté par le limaçon qui en a été piqué : celui-ci se retire ; mais peu de temps après il revient et pique l'autre à son tour. Après ce préliminaire, l'accouplement ne manque jamais de se faire. Les limaçons s'accouplent jusqu'à trois fois de quinze jours en quinze jours, et à chaque fois on voit un nouvel aiguillon. M. du Verney a comparé cette régénération à celle du bois du cerf. L'accouplement dure dix ou douze heures, pendant lesquelles ces animaux sont comme engourdis : la fécondation n'a lieu qu'après le troisième accouplement. Au bout d'environ dix-huit jours, les limaçons pondent par l'ouverture de leur cou des œufs qu'ils cachent en terre ; ces œufs sont en grand nombre, sphériques, blancs, revêtus d'une coque molle et membraneuse, collés ensemble en manière de grappe, et gros comme de petits pois ou des grains de vesce. Aux approches de l'hiver, le limaçon s'enfonce dans la terre, ou se retire dans quelque trou ; il forme à l'ouverture de sa coquille avec sa bave un petit couvercle blanchâtre et circulaire de matière un peu dure et solide lorsqu'elle est condensée, néanmoins poreuse et mince pour laisser entrer et sortir l'air. L'animal reste ainsi pendant six ou sept mois sans mouvement et sans prendre de nourriture ; au printemps il ouvre sa coquille. Les limaçons mangent les feuilles, les fruits, les grains, plusieurs plantes ; ils font de grands dégâts dans les jardins pendant la nuit, surtout lorsqu'il pleut : les tortues détruisent beaucoup de ces animaux. Histoire naturelle des anim. par M M. de Nobleville et Salerne, tom. I.

LIMAÇON, (Diète et Matière médicale) on emploie indifféremment les gros limaçons des vignes, ou les petits limaçons des jardins.

Les paysans en font des potages et différents ragouts dans plusieurs provinces du royaume. Il est peu de mets aussi dégoutants pour les personnes qui n'y sont point accoutumées ; on peut croire même que celles qui en mangeraient sans rebut, le digéreraient difficilement. Leur chair spongieuse, mollasse, et l'espèce de suc visqueux et fade dont elle est chargée, paraissent peu propres à exciter convenablement le jeu des organes de la digestion, et à être pénétrés par les humeurs digestives.

C'est cependant par cette qualité de nourriture insipide et glutineuse, lenta, que la chair et les bouillons de limaçons ont été fort vantés comme un excellent remède contre le marasme et la phtisie ; mais ces bouillons sont encore plus inutiles ou plus nuisibles que ceux de grenouille et de tortue, etc.

On distille les limaçons avec le petit-lait pour en retirer une eau qui passe pour adoucir merveilleusement la peau, et pour blanchir le teint ; mais nous pensons que la petite quantité de parties gélatineuses qui sont élevées avec l'eau par la distillation, ne suffisent point pour lui communiquer une vertu réellement adoucissante, quoiqu'elle lui donne la propriété de graisser et de se corrompre. Voyez EAUX DISTILLEES.

La liqueur qui découle des limaçons pilés et saupoudrés d'un peu de sel ou de sucre, est un remède plus réel ; celle-ci est véritablement muqueuse ; elle peut soulager la douleur, étant appliquée sur les tumeurs goutteuses, phlegmoneuses, etc. Elle est capable d'adoucir la peau ; elle est surtout recommandable contre les vraies inflammations des yeux, c'est-à-dire celles qui sont accompagnées de chaleur et de douleur vive.

Les coquilles de limaçons sont comptées parmi les alkalis terreux dont on fait usage en Médecine. Voyez TERREUX, Pharmacie. (b)

LIMAÇON, insecte du, (Insectologie) petit animal à qui le corps des limaçons terrestres sert de domicile.

Il y a quantité d'insectes qui vivent sur la surface extérieure du corps de quelque animal ; tels sont les poux que l'on voit sur les quadrupedes, les oiseaux, et même sur les mouches, les frelons, les scarabées, etc. Il est d'autres insectes, qui vivent dans le corps de quelqu'autre animal, et l'on peut ranger sous ce dernier genre, toutes les espèces de vers, que la dissection a fait découvrir dans le corps de diverses sortes d'animaux ; mais les insectes dont nous allons parler d'après M. de Reaumur, (Mém. de l'Ac. des Scienc. ann. 1710.) habitent tantôt la surface extérieure d'une des parties du corps du limaçon terrestre, et tantôt ils vont se cacher dans les intestins de cet animal. Expliquons ces phénomènes.

On sait que le collier du limaçon est cette partie qui entoure son cou ; que ce collier a beaucoup d'épaisseur, et que c'est presque la seule épaisseur de ce collier que l'on aperçoit, lorsque le limaçon s'est tellement retiré dans sa coquille, qu'il ne laisse voir, ni sa tête, ni son empatement ; c'est donc sur le collier que l'on trouve premièrement les insectes dont il s'agit ici. Ils ne sont jamais plus aisés à observer, que lorsque le limaçon est renfermé dans sa coquille, quoiqu'on puisse les remarquer dans diverses autres circonstances. Les yeux seuls, sans être aidés du microscope, les aperçoivent d'une manière sensible ; mais ils ne les voient guère en repos ; ils marchent presque continuellement et avec une extrême vitesse, ce qui leur est assez particulier.

Quelques petits que soient ces animaux, il ne leur est pas possible d'aller sur la surface supérieure du corps du limaçon, la coquille est trop exactement appliquée dessus : en revanche, ils ont d'autres pays intérieurs, où ils peuvent voyager. Le limaçon leur en permet l'entrée, toutes les fois qu'il ouvre son anus, qui est dans l'épaisseur du collier. Il semble que les petits insectes attendent ce moment favorable, pour se nicher dans les intestins du limaçon ; du moins, ne sont-ils pas longtemps à profiter de l'occasion qui se présente d'y aller. Ils s'approchent du bord du trou et s'enfoncent aussitôt dedans, en marchant le long de ses parois ; de sorte qu'on ne voit plus au bout de quelques instants sur le collier, aucun des petits animaux qu'on y observait auparavant.

L'empressement qu'ils ont à se rendre dans les intestins du limaçon, semblent indiquer que c'est là le séjour qu'ils aiment : mais le limaçon les oblige de revenir sur le collier toutes les fois qu'il fait sortir ses excréments ; car ses excréments occupant à-peu-près la largeur de l'intestin, chassent en avançant tout ce qui se présente en leur chemin ; de sorte que lorsque ces insectes arrivent au bord de l'anus ils sont contraints d'aller sur le collier ; et comme cette opération du limaçon dure quelque-temps, ils se promenent pendant ce temps-là sur le collier, d'où ils ne peuvent pas rentrer toujours quand il leur plait dans les intestins, parce que le limaçon leur en a souvent fermé la porte, pendant qu'ils parcouraient le collier.

On peut observer tout cela sur toutes les espèces de limaçons terrestres, et plus communément sur les gros limaçons des jardins. Il y a même certaines espèces de petits limaçons, chez lesquels on découvre ces insectes, jusqu'au milieu de leurs intestins. Cependant, quoiqu'on trouve ces animalcules sur les différentes espèces de limaçons terrestres, il ne faut pas les y chercher indifféremment en tous temps, car on en découvre rarement pendant les temps pluvieux. Ainsi pour ne se point donner la peine d'observer inutilement, il ne faut examiner les limaçons, qu'après une sécheresse. Apparemment qu'elle est propre à faire éclore ces insectes, ou peut-être aussi, qu'elle empêche la destruction de ceux qui sont déjà formés.

Le corps seul du limaçon est un terrain convenable à ces insectes. On ne les voit jamais sur sa coquille, et si on use de force pour les obliger d'y aller, ils ne sont pas longtemps après qu'on leur a rendu la liberté, sans regagner le collier dont on les a chassés.

A la vue simple, ils paraissent ordinairement d'une couleur très-blanche ; quelques-uns sont d'un blanc sale, et quelqu'autres d'un blanc dans lequel on aurait mêlé une très-légère teinture de rouge.

Un bon microscope est nécessaire pour apercevoir nettement leurs différentes parties. Il découvre leur trompe, dont ils se servent apparemment à sucer le limaçon ; elle est placée cette trompe au milieu de deux petites cornes très-mobiles, non-seulement de haut en bas, de droite à gauche, comme celles de la plupart des insectes ; mais encore en elle-même, en s'allongeant et se raccourcissant, comme celles des limaçons ; aussi arrive-t-il qu'on considère souvent ce petit animal, sans apercevoir ses cornes.

Son corps est divisé en six anneaux, et la partie antérieure à laquelle sont jointes la trompe et les cornes. Il a quatre jambes de quatre côtés, toutes garnies de grands poils ; elles paraissent terminées par quelques pointes, à-peu-près comme le seraient les jambes de diverses espèces de scarabées, auxquelles on aurait ôté la dernière articulation, qui est terminée par deux petits crochets. Leur dos est arrondi, et élevé par rapport aux côtés. Les côtés ont chacun trois ou quatre grands poils. Leur anus est aussi entouré de quatre à cinq poils d'une pareille longueur ; mais on n'en voit point sur le ventre.

Au reste, les limaçons de mer ne sont guère plus heureux que les limaçons de terre. Swammerdam a observé et a décrit les vermisseaux qui percent, criblent leurs coquilles, y établissent leur domicile, et finissent par attaquer la peau même du limaçon. (D.J.)

LIMAÇON de mer, (Conchyliographie). Espèce de limaçon du genre des aquatiques. Leur coquille, dit M. Tournefort, est à-peu-près de même forme et de même grosseur que celle des limaçons de nos jardins, mais elle a près d'une ligne d'épaisseur, c'est une nacre luisante en dedans ; le dehors est le plus souvent couvert d'une écorce tartareuse et grisâtre, sous laquelle la nacre est marbrée de taches noires disposées comme en échiquier : il s'en trouve quelques-unes sans écorce, à fond roussâtre, et à taches noirâtres : la spire est plus pointue que celle des limaçons ordinaires ; ce poisson qui est longtemps hors de l'eau, se promene sur les rochers, et tire ses cornes comme le limaçon de terre ; elles sont minces, longues de cinq ou six lignes, composées de fibres longitudinales à deux plans externes et internes, entrecoupées de quelques anneaux ou muscles annulaires : c'est par le jeu de ces fibres, que ses cornes rentrent ou sortent au gré de l'animal.

Le devant du limaçon de mer, est un gros muscle ou plastron, coupé en dessous en manière de langue, vers la racine de laquelle est attaché le fermoir ; ce fermoir est une lame ronde, mince comme une écaille de carpe, luisante, souple, large de quatre lignes, roussâtre, marquée de plusieurs cercles concentriques ; le plastron est si fortement attaché par sa racine contre la coquille, que l'animal n'en saurait sortir, qu'après qu'on l'a fait bouillir ; on le retire alors tout entier, et l'on s'aperçoit que cette racine en se courbant, s'applique fortement au tournant du limaçon, dans sa surface intérieure ; le plastron qui est creusé en gouttière soutient les viscères de l'animal enfermés dans une espèce de bourse, tournée en tire-bourre, où aboutit le conduit de la bouche.

Il faut que le lecteur se contente ici de cette description grossière. C'est dans Swammerdam qu'il trouvera les merveilles délicates de la structure du limaçon aquatique et de sa coquille. (D.J.)

LIMAÇON, (en Anat.), la troisième partie du labyrinthe ou de la cavité intérieure de l'oreille. Voyez OREILLE.

Le limaçon est directement opposé aux canaux demi-circulaires, et on le nomme de la sorte par rapport à la ressemblance qu'il a avec la coquille dans laquelle le limaçon est renfermé. Il donne passage à la portion noble du nerf auditif ; son canal est divisé par une cloison ou septum, composée de deux substances, l'une presqu'entièrement cartilagineuse, et l'autre membraneuse.

Les deux canaux que forme cette cloison s'appellent échelles ; l'un qui aboutit au tympan par la fenêtre ronde, s'appelle échelle du tympan ; l'autre qui communique avec le vestibule par la fenêtre ovale, s'appelle échelle du vestibule. Le premier est le supérieur et le plus grand, l'autre est l'inférieur et le moindre. Voyez LABYRINTHE.

LIMAÇON, (en Architecture) Voyez VOUTE EN LIMAÇON.

LIMAÇON, (Horlogerie) pièce de la quadrature d'une montre ou d'une pendule à répétition.

Sa forme en général est en ligne spirale ; mais cette ligne est le résultat de différents ressauts formés par des arcs de cercle qui sont tous d'un même nombre de degrés, et qui ont successivement des rayons de plus petits en plus petits.

Le limaçon des heures, par exemple, étant divisé en douze parties, a douze ressauts, chacun desquels comprend un arc de trente degrés. Voyez les figures des Pl. d'Horlogerie ; celui des quarts étant divisé en quatre parties, n'a que quatre ressauts, dont chacun a quatre-vingt-dix degrés. Voyez les mêmes Planches.

Le limaçon des heures tient toujours concentriquement avec l'étoîle ; c'est par les différents ressauts que la répétition est déterminée à sonner plus ou moins de coups, selon l'heure marquée, comme il est expliqué à l'article REPETITION ; il fait son tour en douze heures. Voyez REPETITION.