scorzonera, s. f. (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur en demi fleurons, soutenus par un embryon, et réunis dans un calice oblong et écailleux. L'embryon devient dans la suite une semence ordinairement revêtue d'une enveloppe et garnie d'une aigrette. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.

Entre les seize espèces de scorsonere établies par Tournefort, nous décrirons la commune, celle qui est à larges feuilles sinueuses, scorzonera latifolia, sinuata, C. B. P. 275. I. R. H. 476.

Sa racine est longue d'un pied, simple, vivace, grosse comme le pouce, noirâtre en-dehors, blanche en-dedans, tendre, facîle à rompre, charnue, pleine d'un suc laiteux très doux au goût ; elle pousse une tige à la hauteur de deux pieds, ronde, cannelée, creusée, divisée en plusieurs rameaux revêtus d'un peu de duvet. Ses feuilles sont longues, assez larges, semblables à celles de la barbe de bouc, lisses, embrassant la tige par leur base, un peu sinueuses, et crêpées sur leurs bords, fermes, nerveuses, terminées par une pointe longue, étroite, d'un verd obscur.

Ses fleurs naissent aux sommités de la tige et des rameaux, amples et jaunes ; chacune d'elles est formée en bout à demi-fleurons, soutenu par un calice grêle, composé de feuilles en écailles. Aux fleurs succedent des semences longues, déliées, blanches, garnies chacune d'une aigrette au sommet. On cultive cette plante dans presque tous les potagers où elle fleurit en Juin, et même jusqu'à l'automne ; elle croit en Espagne sans culture aux lieux humides, et dans les bois montagneux. (D.J.)

SCORSONERE, (Mat. med. et diete) la racine fraiche de cette plante a une saveur douçâtre qui n'est point desagréable, est absolument inodore, et elle est pleine d'un suc laiteux. Ce suc se détruit, se décompose peu-à-peu, à mesure que la racine se desseche, et la saveur douçâtre dégenere aussi par la même altération en un goût leger d'amertume. Elle conserve dans la cuite avec l'eau un goût particulier assez relevé et comme aromatique.

On mange fort communément, comme tout le monde sait, la racine de scorsonere, soit dans les potages, soit avec diverses viandes, soit seules, en ragoût au jus ou au beurre, en friture, etc. cet aliment passe pour fort salutaire. Il est au moins assez généralement reconnu qu'il est innocent, c'est-à-dire fort indifférent pour la plupart des sujets.

Le suc de cette racine, sa décoction et son eau distillée, sont des remèdes généralement employés dans la petite vérole, et vantés contre les fièvres malignes, la peste et les morsures des bêtes venimeuses. Il est cependant plus que vraisemblable que ces vertus sont absolument imaginaires ou du moins très-legeres, et c'est-là le sentiment de M. Cartheuser. Cet auteur ne reconnut dans la scorsonere qu'une qualité analeptique, adoucissante et tempérante qu'il a déduit du principe muqueux, ou selon lui, gommeux. Or la qualité adoucissante et du principe muqueux n'étant rien moins que démontrée, il pourrait bien être que la vertu accordée à la scorsonere par M. Cartheuser, fût aussi imaginaire que celle qu'il lui accorde. Voyez MUQUEUX. La racine de scorsonere a été d'ailleurs comptée parmi les remèdes propres contre les obstructions des viscères du bas-ventre, les maladies hypochondriaques, les hydropisies naissantes, etc. Nicolas Monard médecin espagnol, a composé un traité sur la scorsonere. (b)