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Catégorie parente: Histoire naturelle
Catégorie : Botanique
S. m. (Histoire naturelle, Botanique) cornus, genre de plante à fleur en rose : le calice devient dans la suite un fruit en forme d'olive, ou rond, mou, charnu, dans lequel il y a un noyau divisé en deux loges qui renferment chacune une amande. Tournef. inst. rei. herb. Voyez PLANTE. (I)

CORNOUILLIER, (Jardinage) Parmi les espèces de cet arbre, qui sont assez nombreuses, on distingue deux ordres principaux, qui sont fort différents entre eux par le volume des arbres, la disposition des fleurs, la forme des fruits, la qualité du bois, mais que les Botanistes ont toujours fait aller ensemble, sous le spécieux prétexte de leurs arrangements méthodiques. Cette distinction se fait en cornouillier mâle et en cornouillier femelle ; cependant ces caractères se trouvent-là faussement employés, et ne peuvent servir qu'à induire en erreur, attendu que chaque espèce de ces arbres est mâle et femelle tout ensemble, et qu'ainsi les uns n'ont pas plus le droit d'être appelés mâles que les autres d'être nommés femelles. Comme l'on peut donc raisonnablement se dispenser de conserver ces dénominations abusives, je traiterai les prétendus cornouillers mâles sous le simple nom de cornouillier ; et ceux qu'on fait tout aussi mal-à-propos passer pour femelles sous celui de sanguin.

Le cornouillier est un petit arbre assez commun dans les bois et dans les haies, où quelquefois il s'élève jusqu'à dix-huit ou vingt pieds, sur un demi-pié de diamètre environ, et où le plus souvent aussi il ne forme qu'un buisson. Sa tige, lorsqu'il fait tant que s'élever, est tortue, courte, noueuse, et chargée de beaucoup de rameaux : son écorce d'un gris roussâtre, se détache lorsque l'âge la fait gerser : sa fleur jaunâtre et moussue, parait toute des premières en hiver, toujours au mois de Février, et dès le commencement, quand la saison est favorable : ses feuilles d'un verd-foncé, ne viennent qu'ensuite, et au moins deux mois plutard : son fruit fort ressemblant à l'olive, rougit en mûrissant au commencement de Septembre ; mais il se fait bien attendre. Quand on élève cet arbre de semence, ce n'est guère qu'après douze ans qu'il en produit. L'accroissement de cet arbre est si lent, qu'il lui faut quinze années pour prendre environ dix pieds de hauteur ; cependant rien n'est capable de retarder sa venue. Les intempéries des saisons ne portent point sur le cornouillier ; il endure le grand froid comme les fortes chaleurs ; le givre même, qui fait tant de ravages sur les végétaux ligneux, n'agit ni sur le jeune bois ni sur les fleurs de cet arbre, qui est si robuste à tous égards, qu'il s'accommode de tous les terrains et des plus mauvaises expositions : son bois a toutes les excellentes qualités de celui du cormier ; il serait aussi recherché, s'il avait autant de volume. Le cornouiller n'est pas sans quelqu'agrément ; sa fleur très-hâtive, assez apparente, et de longue durée ; son feuillage d'une belle verdure, qui n'est jamais attaqué des insectes, et qui souffre l'ombre des autres arbres ; et la figure régulière qu'on peut donner au cornouillier, sans nuire à son fruit, peuvent engager à l'employer dans quelque cas pour l'ornement.

On peut donc s'aviser quelquefois de multiplier cet arbre, qui pousse assez ordinairement des rejetons au pied, qu'on pourra tirer des bois, et ce sera la voie la plus courte : ou bien il faudra s'en tenir à semer les noyaux des cornouilles, qui, soit qu'on les mette en terre en automne ou au printemps, ne leveront qu'à l'autre printemps : ensuite avec la culture ordinaire des pepinières, et beaucoup de patience, on parviendra en huit ans à avoir des plants d'environ six pieds de haut, qui n'auront exigé qu'un peu de soin pour les faire venir droits, et que l'on pourra transplanter alors où l'on voudra.

Il n'y aura nul choix à faire pour le terrain, et encore moins pour l'exposition : tout convient au cornouillier, même le sable et la pierraille ; plutôt cependant les lieux frais que chauds, et surtout l'ombre ; mais il ne faut pas qu'il soit trop serré, ni couvert par les autres arbres, si l'on veut qu'il se mette à fruit.

Ce fruit est la cornouille, dont on retire quelqu'utilité. Elle est dans sa maturité d'un rouge brillant, et d'un goût assez passable pour en manger ; mais ce doit être avec ménagement, par rapport à sa qualité astringente. On en fait de la gelée qui sert à cette fin, ou bien une boisson qui a la même vertu ; et il y a très longtemps que l'on dit qu'on peut aussi préparer les cornouilles avant leur maturité, comme on fait les olives, pour les manger en salade : il faut cependant que ce mets ne soit pas bon, puisqu'il n'est point en usage. Les anciens ont prétendu que la culture était contraire au cornouillier, et qu'elle nuisait même à la qualité de son fruit, qui perdait par-là de sa douceur. Il est vrai que cet arbre n'exige point de culture ; mais il n'est pas moins certain aussi, comme je m'en suis assuré, qu'il en profite beaucoup mieux quand on le cultive, et que son fruit en devient plus gros, plus coloré et d'un meilleur gout. Voyez CORNOUILLES.

Le bois du cornouillier est compacte, massif, des plus dur, d'un grain très-fin, et sans aubier. Il est excellent et fort recherché pour quantité de petits usages, où il est besoin de force, de solidité, et de durée ; le volume de ce bois ne permettant pas de l'employer en grand autant que celui du cormier, qu'il égale pourtant en qualité à très-peu-près.

Voici les différentes espèces de cornouillier que l'on connait à présent.

Le cornouillier sauvage. C'est l'espèce qui croit dans les bois, dans les haies, et à laquelle on peut le mieux appliquer ce qui vient d'être dit en général.

Le cornouillier franc. Ce n'est autre chose que l'espèce sauvage améliorée par les soins de la culture.

Le cornouillier à fruit jaune. Cette variété est assez rare ; les cornouilles en sont plus douces que les rouges.

Le cornouillier à fruit blanc. Autre variété encore plus rare que la précédente. Le fruit de cette espèce est plus précoce que dans les autres ; il vient à maturité dès le commencement du mois d'Aout. Cette cornouille est plus douce et plus agréable au goût qu'aucune, mais elle est plus petite.

Le cornouillier à fruit rouge foncé. Le fruit de cet arbre est plus gros que celui des autres espèces, et il est fort doux.

Le cornouillier à fruit tardif. Son fruit ne mûrit en effet qu'au commencement du mois de Novembre : il est d'un rouge pâle, et le plus aigre de tous.

Le cornouillier du Levant. Le fruit de cet arbre, qui est très-rare, est cylindrique.

Le cornouillier à feuille de citronnier. La feuille de cet arbre a beaucoup de ressemblance avec celle du citronnier, si ce n'est qu'elle est plus étroite.

Le cornouillier de Virginie à feuilles tachées. Cet arbre ressemble à notre cornouillier commun, avec cette différence seulement que sa feuille est plus longue, et qu'il s'en trouve quelques-unes qui sont pour ainsi dire maculées d'une couleur brune-roussâtre.

Le cornouillier de Virginie à gros fruit rouge. C'est un arbrisseau qui ne s'élève qu'à dix ou douze pieds, qui est très robuste, et qui se plait dans les terres humides et légères.

Le cornouillier de Virginie à grande fleur. Ce n'est qu'un arbrisseau de sept ou huit pieds de haut, qui pousse bien en pleine terre, et qui est très-commun à présent dans les pepinières autour de Londres, où il est connu sous le nom de dogwood de Virginie. Ce cornouillier se garnit de beaucoup de feuilles, qui sont plus grandes que celles des autres espèces ; mais il ne donne pas tant de fleurs, et M. Miller ne l'a point encore Ve porter de fruit en Angleterre. Voilà ce que cet auteur a dit de ce bel arbrisseau, qui ayant un agrément singulier, mérite que l'on recourre à Catesby, dont j'ai encore tiré ce qui suit. " Cet arbre n'est pas grand, son tronc n'a guère que huit ou dix pouces de diamètre ; ses feuilles, qui ressemblent à celles de notre cornouillier ordinaire, sont plus grandes et plus belles : ses fleurs paraissent au commencement de Mars ; et quoiqu'elles soient alors entièrement formées et ouvertes, elles ne sont pas si larges qu'une pièce de six sous ; elles augmentent ensuite jusqu'à la largeur de la main, et n'atteignent leur perfection que six semaines après qu'elles ont commencé à s'ouvrir : elles sont composées de quatre feuilles d'un blanc verdâtre, et il s'élève du fond de cette fleur une touffe d'étamines jaunes. Le bois de cet arbre est blanc, d'un grain serré, et il est aussi dur que le buis. Ses fleurs sont suivies de baies disposées en grappes, qui sont rouges, ovales, amères, de la grosseur d'une senelle, qui renferment un noyau fort dur, et qui en restant sur l'arbre sont d'un aussi bel aspect en hiver, que ses fleurs l'ont été au printemps ".

Le cornouillier de Virginie à grandes fleurs blanches et rouges. M. Miller estime que cet arbre n'est qu'une variété du précédent, dont il ne diffère qu'en ce que sa fleur sort d'une enveloppe qui est rouge, et qui contribue à la beauté de cet arbrisseau.

Le petit cornouiller de Virginie. C'est en effet un petit arbrisseau qui ne s'élève guère qu'à quatre ou cinq pieds, et qui n'est pas robuste. Il lui faut l'orangerie pour passer l'hiver à moins que de le placer contre un mur bien exposé, où il ne pourrait toujours résister qu'aux hivers ordinaires. Sa feuille est grande, et sa fleur assez belle.

Le sanguin, est un arbrisseau très-commun dans les bois, dans les haies, et dans les places incultes, où je l'ai Ve s'élever quelquefois à dix pieds. Sa tige est droite, menue, et égale ; l'écorce de ses jeunes rameaux est d'un rouge vif et foncé, qui a fait donner à cet arbrisseau le nom de sanguin. Sa fleur, qui est blanche, vient en ombelle au bout des nouvelles branches, et parait au commencement du mois de Juin. Les baies qui succedent sont noires dans leur maturité, un peu amères, et de fort mauvais goût ; tout le parti qu'on en peut tirer, c'est d'en faire de l'huîle qui est propre à bruler, suivant que je m'en suis assuré par plusieurs épreuves. Son bois est blanc, compacte, pas si dur que celui du cornouiller, et bien moins volumineux. Cet arbrisseau vient partout, et se multiplie plus qu'on ne veut.

Voici les différentes espèces de sanguin.

Le sanguin commun. C'est à cette espèce qu'on doit appliquer ce qui vient d'être dit du sanguin en général.

Le sanguin à feuille panachée. C'est une variété de l'espèce commune, dont on fait peu de cas.

Le sanguin à fruit blanc. Autre variété qui ne s'étend que sur la couleur du fruit.

Le sanguin de Virginie à feuille de laurier. On trouve dans tous les pays septentrionaux de l'Amérique cet arbrisseau, dont le fruit est d'une couleur bleue-noirâtre. Il ne s'élève qu'à la hauteur de notre sanguin commun.

Le sanguin de Virginie à feuille étroite. C'est une variété qui ne diffère de l'arbrisseau précédent que par la figure de la feuille.

Le sanguin d'Amérique à feuille blanche. C'est un bel arbrisseau, qui peut infiniment contribuer à l'ornement d'un jardin, par la blancheur singulière des ses feuilles qui se font remarquer au printemps, par les bouquets de fleurs blanches qui l'embellissent durant l'été, par les grandes grappes de ses baies bleues, qui toute l'automne sont d'un bel aspect, et par la couleur rouge et vive de l'écorce de ses rameaux qui le distinguent pendant l'hiver. (c)