(Botanique) le laurier-tin, en anglais the laurustine, est un arbrisseau, dont Tournefort distingue trois espèces ; la première est nommée tinus prior dans ses I. R. H. Il croit à la hauteur d'un cornouiller femelle, poussant plusieurs verges longues, carrées, rameuses. Ses feuilles sont grandes, larges, presque semblables à celles du cornouiller femelle, et approchantes de celles du laurier, rangées deux à deux, l'une vis-à-vis de l'autre le long des branches ; ces feuilles sont noirâtres, luisantes, velues, toujours vertes, sans odeur, d'un goût amer, avec un peu d'astriction : ses fleurs naissent aux sommets des rameaux en bouquets, blanches, odorantes ; chacune d'elles est un bassin découpé en cinq parties. Quand cette fleur est passée, son calice devient un fruit qui approche en figure d'une olive, mais plus petit, et un peu plus pointu par le bout d'en-haut où il est garni d'une espèce de couronne ; sa peau est un peu charnue, et d'une belle couleur bleue : on trouve dans ce fruit une semence couverte d'une peau cartilagineuse. Cet arbrisseau vient aux lieux rudes et pierreux.

La seconde espèce de laurier-tin est appelée par le même Tournefort, tinus altera, I. R. H. Cet arbrisseau diffère du précédent, en ce qu'il est plus rameux et en ce que ses branches sont plus fermes, couvertes d'une écorce rouge-verdâtre ; ses feuilles sont un peu plus longues, plus étroites et plus veineuses ; sa fleur n'est pas si odorante, et elle tire un peu sur le purpurin ; son fruit est plus petit et d'une couleur plus brune. Cet arbrisseau croit aux lieux incultes et maritimes.

La troisième espèce est le tinus tertia, I. R. H. C'est un arbrisseau plus petit en toutes ses parties que les précédents ; il fleurit deux fois l'année, au printemps et en automne ; son fruit est d'un bleu noirâtre, d'ailleurs tout à fait semblable aux autres. On le cultive dans les jardins à cause de sa beauté, mais sa fleur a très-peu d'odeur.

Les fruits du laurier-tin, et principalement ceux de la dernière espèce, sont fort âcres et brulans ; ils purgent par les selles avec violence, et il n'est pas à propos de s'en servir à cause de leur âcreté caustique. (D.J.)

TIN - laurier, (Agriculture) la beauté du laurier-tin consiste principalement dans ses fleurs qui croissent à Noë, et pendant la plus grande partie de l'hiver. On le multiplie en semant son fruit, et en le gouvernant de même que celui du houx ; cependant la voie la plus prompte est de coucher en terre dès le mois de Septembre ses branches les plus tendres, qui prendront racine aussi-tôt, et fourniront des plantes telles qu'on les veut. Le laurier-tin croit fort vite, mais il devient rarement un grand arbre. On en forme souvent une plante à tête, que l'on place dans les parterres parmi les houx et les ifs ; il convient mieux de le planter auprès d'un mur, ou dans des bosquets où on pourrait éviter de le tailler à cause de ses fleurs, dont une main mal-adroite nous prive assez souvent en le taillant mal-à-propos.

Cette plante, ainsi que toutes les plantes exotiques, est disposée à fleurir dans la saison où tombe le printemps dans leur climat naturel. Bradley prétend que toutes les plantes qui viennent du cap de Bonne-Espérance poussent leurs rejetons les plus forts, et commencent à fleurir vers la fin de notre automne, qui est le temps du printemps dans cette partie de l'Afrique d'où on nous les apporte. Pareillement toutes les autres qui viennent des différents climats, conservent l'ordre naturel de leur végétation. Ainsi c'est dans notre saison du printemps qu'on doit tailler ces plantes exotiques, afin qu'elles puissent mieux se disposer à pousser dans l'hiver de fortes tiges à fleurs.

Le laurier-tin, quoique tendre à la gelée, aime à croitre à l'ombre, et fleurit fort bien dans la terre franche, sans le secours d'aucun engrais, qui le ferait avancer trop vite, le rendrait plus sensible au froid, et sujet à employer sa seve pour des tiges inutiles qui empêcheraient l'arbre de fleurir. (D.J.)

TINS, s. m. pl. (Marine) grosses pièces de bois, qui soutiennent sur terre la quille et les varangues d'un vaisseau, quand on le met en chantier et qu'on le construit. Voyez CONSTRUCTION et LANCER UN VAISSEAU A L'EAU.