ou TORTELLE, (Histoire naturelle, Botanique) erysimum ; genre de plante à fleur en croix composée de quatre pétales. Le pistil sort du calice, et devient dans la suite un fruit ou une silique composée de deux panneaux, et divisée en deux loges par une cloison intermédiaire ; cette silique renferme des semences qui sont le plus souvent minces et arrondies. Ajoutez aux caractères de ce genre le port des plantes de ses espèces. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.

L'espèce commune d'érysimum est nommée erysimum vulgare, par C. B. P. et Tourn. I. R. H. 228. sa racine est simple, de la grosseur du petit doigt ou environ, blanche, ligneuse, âcre, et ayant la saveur de la rave ; ses tiges sont hautes de deux coudées, cylindriques, fermes, rudes et branchues ; ses feuilles sont en grand nombre vers le bas, longues d'une palme et plus, velues, divisées de chaque côté en plusieurs lobes, comme triangulaires ; celui qui est à l'extrémité est plus ample, et partagé en trois.

Ses fleurs sont très-petites, disposées en longs épis sur les rameaux ; elles sont en croix, composées de quatre pétales, jaunes, contenues dans un calice à quatre feuilles velues ; leur pistil se change en une silique longue au-moins d'un demi-pouce, cylindrique, terminée par une corne partagée en deux loges qui contiennent de petites graines brunes, d'une saveur piquante.

On trouve fréquemment cette plante sur les murs, les masures, et le long des haies ; elle est fort estimée pour résoudre et enlever par l'expectoration, la mucosité gluante qui se trouve dans la gorge, dans les bronches, et dans les vésicules du poumon ; elle agit par ses parties subtiles, volatiles et âcres, qui incisent, résolvent, et détergent.

Après l'incendie de Londres, les botanistes observèrent une grande quantité de l'espèce de vélar ; nommée erysimum latifolium majus glabrum, qui parut sur plus de deux cent arpens de terre, où l'incendie s'était étendue. Ce fait singulier prouve bien et la grande multitude de semences de plantes répandues par-tout, et la nécessité de certaines circonstances pour les faire éclore. La terre est donc pleine d'une infinité inconcevable de végétaux parfaitement formés en petit, et qui n'attendent pour paraitre en grand, que certains accidents favorables ; et l'on pourra imaginer de-là, quoique très-imparfaitement, combien de différentes richesses la nature renferme dans son sein ! (D.J.)

VELAR, ou TORTELLE, (Mat. méd. et Pharmac.) cette plante est de la classe des cruciferes de Tournefort ; elle est dans un état moyen ou tempéré relativement au principe mobile, c'est-à-dire à l'alkali volatîle spontané, qui est propre à toutes les plantes de cette classe. La plante entière est d'usage : on peut l'employer comme anti-scorbutique, avec les autres matières végétales analogues ; c'est surtout sa graine qui est recommandée contre cette maladie ; elle approche beaucoup pour la saveur de celle de roquette et de moutarde. Les auteurs la recommandent aussi à la dose d'un gros en substance, dans la suppression d'urine, et dans les ulcères des poumons.

Mais la vertu la plus célébrée du velar, c'est celle que les médecins lui ont assez généralement reconnue de guérir l'asthme, la toux invétérée, et surtout l'enrouement et l'extinction de voix ; qualités qu'on a attribué cependant aussi aux navets et aux choux, qui à la vérité son fort analogues au vélar. Rondelet qui a mis le premier cette plante en usage, l'a spécialement employée pour rétablir la voix ; et on dit qu'il l'a rendue par ce seul remède à plusieurs chantres de tout âge qui l'avaient entièrement perdue ; c'est de cette tradition que vient sans-doute le nom de syrop du chantre, qu'on donne communément à un syrop de vélar composé, qui est fort usité contre l'enrouement. Voici la préparation de ce syrop, selon la pharmacopée de Paris.

Syrop composé de vélar, ou syrop du chantre. Prenez orge entier, raisins secs mondés, réglisse seche rapée et pilée, de chacun deux onces ; bourache et chicorée, de chacune trois onces ; faites bouillir dans douze livres d'eau commune jusqu'à la dissipation de la quatrième partie ; passez avec expression ; d'autre part prenez vélar frais trois livres, racine d'aulnée et de pas d'âne récente, de chacune deux onces, capillaire de Canada une once, sommités seches de romarin et de stoechas, de chacun demi-once ; semences d'anis, six gros ; fleurs seches de violette, de bourache, et de buglose, de chacun deux gros : ayant haché ou pilé ce qui doit être haché ou pilé, versez sur toutes ces matières la précédente décoction encore bouillante ; macérez pendant vingt-quatre heures dans un alembic d'étain ou de verre, alors retirez par la distillation au bain marie, huit onces de liqueur, de laquelle vous ferez un syrop en y fondant le double de son poids de beau sucre à la chaleur du bain marie.

Prenez le résidu de votre distillation, passez-le avec une forte expression, clarifiez-le au blanc-d'œuf avec trois livres de sucre et une livre de beau miel, et cuisez-le en consistance de syrop que vous mêlerez, lorsqu'il sera presque refroidi, avec le précédent.

La dose de ce syrop est d'une ou de plusieurs onces dans une décoction ou une infusion convenable, telle que l'eau-de-vie, l'infusion de thé, de pied de chat, de coquelicot, etc.

On trouve aussi dans les boutiques un syrop de vélar simple, qui n'est pas inférieur à celui-ci, ou du moins qui lui serait fort analogue quant aux principes fournis par le vélar, si on le préparait par la distillation, comme le syrop composé. On ne devine pas trop pourquoi la pharmacopée de Paris néglige de retenir dans le syrop simple, le principe mobîle du vélar qu'elle ménage dans le syrop composé. Le vélar entre dans le syrop composé de rossolis. (b)