S. f. (Botanique) xiphion, genre de plante à fleur liliacée, monopétale, ressemblante à celle de la flambe. Le pistil a trois pétales, et le calice devient un fruit de même forme que celui de la flambe ; mais la racine est bulbeuse ou composée de plusieurs tuniques. Tournefort, inst. rei herbariae. Voyez PLANTE.

IRIS, (Botanique) genre de plante bulbeuse, dont on a donné les caractères au mot FLAMBE.

Entre les 74 espèces d'iris de M. Tournefort, nous nous contenterons de décrire l'iris ordinaire, de dire un mot de l'iris de Florence, et de l'iris jaune de marais, qui toutes trois intéressent principalement les Médecins.

L'iris ordinaire, l'iris nostras, est l'iris vulgaris, Germanica, sive hortensis, sive sylvestris, de la plupart des botanistes.

Sa racine se répand obliquement sur la surface de la terre ; elle est épaisse, ridée, genouillée, d'un rouge brun en dehors, blanche en dedans, garnie de fibres à sa partie inférieure, d'une odeur âcre et forte, lorsqu'elle est récente, mais qui devient agréable lorsqu'elle a perdu son humidité. Les feuilles qui sortent de cette racine, sont larges d'un pouce, longues d'une coudée, fermes, pleines de nervures, et de la figure d'un poignard : elles sont tellement unies et touffues près de la racine, que la partie concave d'une feuille embrasse la partie convexe ou le dos de l'autre feuille. Entre ces feuilles s'élève une tige droite, cylindrique, lisse, ferme, branchue, divisée par quatre ou cinq nœuds, garnis de feuilles qui l'entourent, et qui sont d'autant plus petites, qu'elles se trouvent plus près du sommet.

Les fleurs commencent à paraitre vers le printemps, et sortent de la coèffe membraneuse qui les enveloppait : elles sont d'une seule pièce, divisée en six quartiers, trois élevés et trois rabattus, extérieurement de couleur de pourpre, ou de violette parsemée de veines blanches.

Le pistil s'élève du fond de cette fleur, surmonté d'un bouquet à trois feuilles de la même couleur, voutées, et formant une espèce de gueule.

Le calice devient un fruit oblong, relevé de trois côtes ; il s'ouvre en trois segments par la pointe, et est partagé en trois loges remplies de semences rondes, oblongues, placées les unes sur les autres.

Cette plante est cultivée dans nos jardins, et commence à fleurir à la fin de Mai.

L'iris de Florence, est appelée des Botanistes iris alba, iris flore albo, iris Florentina. Elle ne diffère point de l'iris ordinaire par la figure de ses racines, de ses feuilles et de ses fleurs ; mais seulement par la couleur. En effet, ses feuilles tirent plus sur le verd de mer ; ses fleurs d'un blanc de lait, ont peu d'odeur, mais très-agréable ; ses racines sont plus grandes, plus épaisses, plus solides, plus blanches, et plus odorantes que celles de l'iris-nostras. Elle croit sans culture aux environs de Florence, mais on ne la voit ici que dans nos jardins.

Sa racine est seule d'usage en Médecine : elle se trouve chez nos droguistes en morceaux oblongs, genouillés, un peu aplatis, de l'épaisseur d'un ou de deux pouces, blanche, dépouillée de ses fibres et de son écorce, qui est d'un jaune rouge ; elle donne une odeur de violette pénétrante ; son goût est âcre et amer. Elle entre dans plusieurs préparations galéniques ; on la croit propre à atténuer et inciser la lymphe qui embarrasse les bronches des poumons. On la mêle utilement dans les sternutatoires ; mais son principal usage est pour les parfums.

La racine de l'iris ordinaire tient son rang parmi les plus violents hydragogues, c'est pourquoi les sages médecins s'abstiennent de l'employer ; sa saveur est également âcre et brulante, et son acrimonie s'attache si fort à la gorge qu'on a raison de redouter ses effets sur l'estomac et sur les intestins.

L'iris jaune de marais, nommée par Tournefort iris vulgaris, lutea, palustris, produit de l'encre passablement bonne, si on la cuit dans de l'eau, et qu'on y jette un peu de limaille de fer, c'est le petit peuple d'Ecosse qui a fait cette découverte, dont personne ne se doutait. On coupe quelque racine de cette iris par tranches, qu'on met bouillir à petit feu dans une certaine quantité d'eau, jusqu'à ce que la liqueur soit suffisamment épaissie ; on la passe claire dans un autre vase ; on y plonge ensuite pendant quelque temps une lame inutîle de couteau, ou quelque autre morceau de fer, on frotte rudement ce morceau de fer avec un caillou fort dur qui se trouve dans le pays, et on répète ce frottement par intervalles, jusqu'à ce que la liqueur ait acquis la noirceur désirée.

Le suc de la racine d'iris dont je parle, est encore un si puissant hydragogue, qu'ayant été donné avec du syrop de nerprun à un hydropique désespéré, sur lequel le jalap, le mercure doux, et la gomme gutte n'avaient presque plus d'action ; ce remède-ci, à la dose de 80 gouttes d'heure en heure, fit évacuer au malade, au bout de quelques prises, plusieurs pintes d'eau mesure d'Ecosse, qui est le double de celle de Paris. Voyez le détail de cette observation dans les Mémoires d'Edimbourg, tom. V. (D.J.)

IRIS, en terme d'Anatomie, se dit d'un cercle qui entoure la prunelle de l'oeil, et qui est formé par une duplicature de l'uvée. Voyez UVEE.

Du centre orbiculo-ciliaire partent de toute la circonférence des fibres convergentes, qui font un petit cercle ; mais avant la pupille même, le cercle est plus étroit dans l'homme, et fait de plus courts rayons fibreux, parmi lesquels il est impossible de reconnaître aucunes fibres orbiculaires.

Les vaisseaux colorés de l'iris et de l'uvée, sont de plus petits genres ; les artères de la choroïde qui ont formé des cercles rayonnés passent sur le ligament orbiculo-ciliaire, dégénèrent en de petits troncs dans la circonférence, et en dernier lieu en cercle artériel de Ruysch.

De ce cercle les plus petites artérioles se rapprochent sous la forme de rayons sur l'iris et forment par leur réflexion et en se joignant avec les externes le cercle interne. Les petits vaisseaux de la membrane de Ruysch entrent de la même manière dans ce cercle, duquel il part de semblables artères, mais plus grandes, qui vont se distribuer à l'uvée. Hovius fait de plus mention de très-petits conduits entremêlés qui naissent du cercle, d'autres qui viennent des artérioles de l'uvée, et d'autres qu'il soupçonne aller en sens contraire vers la sclérotique. Ne serait-ce point-là ces autres artères lymphatiques que M. Ferrein a démontrées dans l'uvée ? Histoire de l'Acad. 1738. Haller, Comm. Boerh.

L'iris est de différentes couleurs, et percé dans son milieu d'un trou, à travers lequel on voit une petite tache noire, appelée la prunelle de l'oeil, autour de laquelle l'iris forme un anneau. Voyez PRUNELLE, OEIL, LIGAMENT, CILIAIRE, etc.

On donne aussi le nom d'iris à ces couleurs changeantes, qui paraissent quelquefois sur les verres des télescopes et des microscopes, à cause qu'elles imitent celles de l'arc-en-ciel.

C'est ainsi qu'on appelle encore le spectre coloré que le prisme triangulaire forme sur une muraille lorsqu'on l'expose sous un angle convenable aux rayons du soleil. Voyez PRISME.

IRIS, (Météorol.) voyez ARC-EN-CIEL, et jetez en passant les yeux sur l'image poétique qu'en a donné le chevalier Blackmore :

Thus oft the Lord of nature in the air

Hangs evening clouds, his sable canvass, where

His pencildip'd in heav'nly colours, made

Of intercepted beams, mix'dwith the shade

Of temper'd aether, and refracted light,

Paints his fair Rainbow, charming to the sight.

(D.J.)

IRIS ou PIERRE D'IRIS, (Histoire naturelle, Lithologie) nom donné par Pline et par d'autres naturalistes à une espèce de crystal, dans lequel on remarque les différentes couleurs de l'arc-en-ciel. Il parait que cette pierre ne diffère en rien du crystal de roche ordinaire. Wallerius donne le nom d'iris chalcedonica à une espèce de chalcédoine de trois couleurs, et qui en regardant le soleil au travers fait voir les nuances d'un arc-en-ciel. Cette pierre se trouve en orient, elle a une teinte ou jaunâtre ou pourpre. Quelques auteurs ont encore donné le nom d'iris à l'espèce de crystal de roche qui s'appelle fausse topase, et ils l'ont nommée iris citrina ou subcitrina. Wormius appelle le crystal noir, iris anthracini coloris.

Enfin il y a des auteurs qui donnent le nom d'iris à une pierre orientale qui est de la couleur du petit lait mêlée d'une teinte légère de bleu céleste. (-)

IRIS, (Mythologie) divinité de la fable, qui la fait fille de Thamnas et d'Electre.

C'était, disent les Poètes, la messagère des Dieux et celle de Junon en particulier, comme Mercure l'était de Jupiter. Assise auprès du trône de la fille de Saturne et de Rhéa, elle attendait le premier signe de ses ordres, pour les porter au bout du monde ; alors volant d'une aîle légère, elle fendait les espaces immenses des airs, laissant après elle une longue trace de lumière, que peignait un nuage de mille couleurs aussi variées que brillantes.

Quelquefois députée par l'assemblée des Divinités célestes, elle descendait de l'olympe parée de sa robe d'azur, pour venir apprendre aux mortels effrayés la fin des tempêtes, et leur annoncer le retour du beau temps.

Dans ses moments de repos, elle avait soin de l'appartement de Junon et de ses magnifiques atours. Lorsque la déesse revenait des enfers dans l'olympe, c'était Iris qui la purifiait avec les parfums les plus exquis : cependant son principal emploi était d'aller trancher le cheveu fatal des femmes agonisantes, comme Mercure était chargé de faire sortir des corps les âmes des hommes prêtes à s'envoler.

Ainsi dans Virgile, Junon voyant Didon lutter contre la mort, après s'être poignardée, dépêche Iris du haut du ciel pour dégager son âme de ses liens terrestres, en lui coupant le cheveu dont Proserpine semblait refuser l'emploi, parce que la mort de la fondatrice de Carthage n'était pas naturelle ; mais c'est la peinture admirable qu'en fait le prince des Poètes qu'il faut lire :

Tum Juno omnipotens, longum miserata dolorem,

Difficilesque obitus, Irim demisit olympo,

Quae luctantem animam, nexosque resolveret artus ;

Nam quia nec fato, meritâ nec morte peribat,

Sed misera ante diem, subitoque accensa furore,

Nondùm illi flavum Proserpina vertice crinem

Abstulerat, stygioque caput damnaverat orco.

Ergò Iris, croceis per coelum roscida pennis,

Mille trahens varios adverso sole colores,

Devolat, et supra caput adstitit. Hunc ego diti

Sacrum jussa fero, teque isto corpore solvo :

Sic aït, et dextrâ crinem secat : Omnis et unà

Dilapsus calor, atque in ventos vita recessit.

Aeneïd. liv. IV. Ve 695.

Iris n'est peut-être après tout qu'une divinité purement physique, prise pour l'arc-en-ciel ; du moins on dérive assez bien son nom de , parler, annoncer ; et cette étymologie convient à Iris météore, et à Iris divinité fabuleuse. Comme Junon est la déesse de l'air, Iris en est la messagère ; elle annonce ses volontés, parce que l'arc-en-ciel nous annonce les changements de l'air, au moment de la pluie, et du soleil qui luit à l'opposite. (D.J.)

IRIS, (Docimasie) on donne encore ce nom à l'éclair. Voyez cet article. On appelle encore iris les petites bleuettes qui se croisent rapidement dans un essai qui bout sur la coupelle, et qui font dire qu'il circule bien. Voyez CIRCULER, ESSAI et AFFINAGE.

IRIS, (Géographie ancienne) rivière d'Asie dans la Cappadoce, selon Ptolomée ; c'est le Casalmach des modernes, rivière de Turquie dans la Natolie ; elle baigne les murs d'Amasie, patrie de Strabon, et Ve se perdre dans la mer Noire. (D.J.)

IRIS, VERD D'IRIS, (Peinture) couleur des plus tendres, et qui fait un très-beau verd. Voici comme elle se peut faire.

Prenez des fleurs de lys les plus bleues, qu'on appelle autrement iris ; séparez-en le dessus qui est satiné, et n'en gardez que cela, car le reste n'est pas bon ; ôtez-en même toute la petite nervure jaune ; pilez dans un mortier ce que vous aurez choisi ; ensuite jetez dessus un peu d'eau, trois ou quatre cuillerées plus ou moins, selon la quantité des fleurs ; il faut que vous ayez fait fondre dans cette eau un peu d'alun et de gomme, mais en petite quantité ; ensuite broyez bien le tout ensemble, puis le passez dans un linge fort, et mettez ce jus dans des coquilles que vous ferez sécher à l'air.