ou CASSIER, s. m. (Histoire naturelle, Botanique) est une des six espèces de groseiller de Boerhaave, ou des quatorze que compte Miller.

Le nom de cassier, ou plutôt de cassis, qui a présentement passé en usage, lui a été donné par les Poitevins. Quelques-uns l'appellent très-improprement poivrier. La dénomination de cassier est équivoque, celle de cassis ne méritait guère de faire fortune. On devrait nommer cet arbrisseau groseiller noir. En effet, c'est le ribes nigrum ou nigra, ribes fructu nigro, folio olente des Botanistes.

Ses feuilles sont semblables à celles de la vigne ; elles sont larges, un peu velues en-dessous, d'une odeur fétide, ainsi que ses fleurs qui naissent du même tubercule plusieurs ensemble, ramassées en grappe, et ressemblant à celles du groseiller blanc épineux. Ses baies sont oblongues, noires, acides, soit qu'elles soient mûres, soit qu'elles soient vertes, d'une saveur peu agréable. Cette plante vient communément dans le Poitou et la Touraine : elle est plus rare aux environs de Paris, et on la trouve seulement auprès de Montmorency.

On la cultive dans quelques jardins, mais très-rarement, à cause de son peu d'efficace réelle en médecine. Sa principale vertu consiste à être apéritive et diurétique ; c'est pourquoi quelques auteurs prescrivent le suc exprimé de ses feuilles fraiches, leur infusion ou décoction, dans les douleurs de reins et de la vessie.

On prépare dans plusieurs boutiques d'apothicaires un sirop, ou une conserve des feuilles ; et dans quelques maisons une gelée du fruit, qui n'a ni l'odeur, ni l'agrément de celle des groseilles rouges.

Paul Contant a vanté si fortement, si positivement les vertus du cassis pour la guérison de l'hydropisie et de la morsure des viperes, qu'il a trouvé bien des gens qui lui ont ajouté foi. Cet apothicaire de Poitiers est le premier qui a mis cette plante en réputation dans les provinces méridionales de France ; et par une bizarrerie qui dépend peut-être de la mauvaise odeur de ses fleurs, de ses feuilles, et du mauvais goût de son fruit, elle a trouvé de temps en temps des panégyristes qui ont du moins ressuscité la mémoire de son nom.

On vit paraitre en 1712 à Bourdeaux, un petit traité intitulé Propriétés admirables du cassis, dans lequel il est vanté comme une panacée universelle pour toutes sortes de maladies. Peu de temps après, M. Chauvelin, qui a été intendant de Touraine, ensuite de Picardie, conseiller d'état, mais qui n'était pas médecin, s'engoua des vertus du cassier, et répandit dans le public pour la guérison de la rage une composition, qu'on disait éprouvée, dont les feuilles de cet arbrisseau étaient la base.

Enfin il y a environ dix ans qu'on renouvella en Guienne les anciens éloges qu'on avait ci-devant prodigués au cassis : mais comme nous donnons avec vivacité dans les nouveautés réelles ou prétendues, nous nous en dégoutons de même. Ces éloges tombèrent l'année suivante ; la composition de M. Chauvelin contre la rage, a fait place à d'autres ; et toutes les vertus du cassis contre la morsure des viperes, l'hydropisie, la pierre, et le rhumatisme, se sont évanouies dans les pays où on les avait ressuscitées. Article communiqué par M(D.J.)

CASSIS, (Géographie) petite ville de France en Provence, avec un petit port de mer.