S. m. quercus, (Histoire naturelle, Botanique) genre d'arbre qui porte des chatons composés de sommets attachés en grand nombre à un petit filet. Les embryons naissent séparément des fleurs sur le même arbre, et deviennent dans la suite un gland enchassé dans une espèce de coupe, et qui renferme un noyau que l'on peut séparer en deux parties. Ajoutez aux caractères de ce genre que les feuilles sont découpées en sinus assez profonds. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez PLANTE. (I)

Le chêne est le premier, le plus apparent, et le plus beau de tous les végétaux qui croissent en Europe. Cet arbre naturellement si renommé dans la haute antiquité, si chéri des nations grecques et romaines, chez lesquelles il était consacré au père des dieux ; si célèbre par le sacrifice de plusieurs peuples ; cet arbre qui a fait des prodiges, qui a rendu des oracles, qui a reçu tous les honneurs des mystères fabuleux, fut aussi le frivole objet de la vénération de nos pères, qui faussement dirigés par des druïdes trompeurs, ne rendaient aucun culte que sous les auspices du gui sacré : mais ce même arbre, considéré sous des vues plus saines, ne sera plus à nos yeux qu'un simple objet d'utilité ; il méritera à cet égard quelques éloges bien moins relevés, il est vrai, mais beaucoup mieux fondés.

En effet, le chêne est le plus grand, le plus durable et le plus utîle de tous les arbres qui se trouvent dans les bois ; il est généralement répandu dans les climats tempérés, où il fait le fondement et la meilleure essence des plus belles forêts. Cet arbre est si universellement connu, qu'il n'a pas besoin des secours équivoques de la botanique moderne pour se faire distinguer ; il s'annonce dans un âge fait, par une longue tige, droite, et d'une grosseur proportionnée à sa hauteur, qui surpasse ordinairement celle de tous les autres arbres. Sa feuille se fait remarquer surtout par sa configuration particulière ; elle est oblongue, plus large à son extrémité, et découpée dans ses bords par des sinuosités arrondies en-dehors et en-dedans, qui ne sont constantes ni dans leur nombre, ni dans leur grandeur, ni dans leur position. Comme cet arbre est un peu lent à croitre, il vit aussi fort longtemps, et son bois est le plus durable de tous, lorsqu'il est employé, soit à l'air, soit à l'abri, dans la terre, et même dans l'eau, où on ne compte sa durée que par un nombre de siècles. Le chêne, par rapport à la masse, au volume, à la force, et à la durée de son bois, tient donc le premier rang parmi les arbres forestiers ; c'est en effet la meilleure essence de bois qu'on puisse employer pour des plantations de taillis et de futaie. Dans un terrain gras il prend trois pieds de tour en trente ans ; il croit plus vite alors, et il fait ses plus grands progrès jusqu'à quarante ans. Comme l'exposition et la qualité du terrain décident principalement du succès des plantations, voici sur ce point essentiel des observations à l'égard du chêne.

Exposition. Terrein. Presque toutes les expositions, tous les terrains conviennent au chêne ; le fond des vallées, la pente des collines, la crête des montagnes, le terrain sec ou humide, la glaise, le limon, le sable ; il s'établit par-tout, mais il en résulte de grandes différences dans son accroissement et dans la qualité de son bois. Il se plait et il réussit le mieux dans les terres douces, limoneuses, profondes, et fertiles ; son bois alors est d'une belle venue, bien franc, et plus traitable pour la fente et la menuiserie : il profite très-bien dans les terres dures et fortes, qui ont du fond, et même dans la glaise ; il y croit lentement, à la vérité, mais le bois en est meilleur, bien plus solide et plus fort : il s'accommode aussi des terrains sablonneux, cretassés ou graveleux, pourvu qu'il y ait assez de profondeur : il y croit beaucoup plus vite que dans la glaise, et son bois est plus compacte et plus dur ; mais il n'y devient ni si gros ni si grand. Il ne craint point les terres grasses et humides, où il croit même très-promtement ; mais c'est au désavantage du bois, qui étant trop tendre et cassant, n'a ni la force, ni la solidité requise pour la charpente ; il se rompt par son propre poids lorsqu'il y est employé. Si le chêne se trouve au contraire sur les crêtes des montagnes, dans des terres maigres, seches ou pierreuses, où il croit lentement, s'éleve, peut et veut être coupé souvent ; son bois alors étant dur, pesant, noueux, on ne peut guère l'employer qu'en charpente, et à d'autres ouvrages grossiers. Enfin cet arbre se refuse rarement, et tout au plus dans la glaise trop dure, dans les terres basses et noyées d'eau, et dans les terrains si secs et si legers, si pauvres et si superficiels, que les arbrisseaux les plus bas n'y peuvent croitre ; c'est même la meilleure indication sur laquelle on puisse se régler lorsqu'on veut faire des plantations de chêne : en voici la direction.

Plantations. Si nous en croyons les meilleurs auteurs anglais qui aient traité cette matière, Evelyn, Hougton, Laurence, Mortimer, et surtout M. Miller qui est entré dans un grand détail sur ce point ; il faudra de grandes précautions, beaucoup de culture et bien de la dépense pour faire des plantations de chênes. Cependant, comme les Anglais se sont occupés avant nous de cette partie de l'agriculture, parce qu'ils en ont plutôt senti le besoin, et que M. Miller a rassemblé dans la sixième édition de son dictionnaire, tout ce qui parait y avoir du rapport, j'en vais donner un précis. Après avoir conseillé de bien enclorre le terrain par des hayes pour en défendre l'entrée aux bestiaux, aux lièvres et aux lapins, qui sont les plus grands destructeurs des jeunes plantations ; l'auteur anglais recommande de préparer la terre par trois ou quatre labours, de la bien herser à chaque fais, et d'en ôter toutes les racines des mauvaises herbes ; il dit que si le terrain était inculte, il serait à propos d'y faire une récolte de légume, avant que d'y semer le gland : qu'il faut préférer celui qui a été recueilli sur les arbres les plus grands et les plus vigoureux, sur le fondement que les plants qui en proviennent profitent mieux, et qu'on doit rejeter le gland qui a été pris sur les arbres dont la tête est fort étendue, quoique ce soit celui qui lève le mieux. On pourra semer le gland en automne ou au printemps ; suivant notre auteur, le meilleur parti sera de la semer aussi-tôt qu'il sera mûr, pour éviter l'inconvénient de rompre les germes en le mettant en terre au printemps, après l'avoir conservé dans du sable. Pour les grandes plantations on fera avec la charrue des sillons de quatre pieds de distance, dans lesquels on placera les glands à environ deux pouces d'intervalle ; et si le terrain a de la pente, il faudra diriger les sillons de façon à ménager l'humidité, ou à s'en débarrasser selon que la qualité du terrain l'exigera. Il faudra ensuite recouvrir exactement les glands, de crainte que ceux qui resteraient découverts, n'attirassent les oiseaux et les souris qui y feraient bien-tôt un grand ravage. L'auteur rend raison des quatre pieds de distance qu'il conseille de donner aux sillons ; c'est, dit-il, afin de pouvoir cultiver plus facilement la terre entre les rangées, et nettoyer les jeunes plants des mauvaises herbes ; sans quoi on ne doit pas attendre que les plantations fassent beaucoup de progrès. Les mauvaises herbes qui dominent bien-tôt sur les jeunes plants, les renversent et les étouffent, ou du moins les affament en tirant les sucs de la terre. C'est ce qui doit déterminer à faire la dépense de cultiver ces plantations pendant les huit ou dix premières années. Les jeunes plants, continue notre auteur, leveront sur la fin de Mars ou au commencement d'Avril ; mais il faudra les sarcler même avant ce temps-là, s'il en était besoin, et répeter ensuite cette opération aussi souvent que les herbes reviennent, en sorte que la terre s'en trouve nettoyée, jusqu'à ce que tous les glands soient levés et qu'on puisse les apercevoir distinctement ; auquel temps il sera à propos de leur donner un labour avec la charrue entre les rangées, et même une légère culture à la main dans les endroits où la charrue ne pourrait atteindre sans renverser les jeunes plants. Quand ils auront deux ans, il faudra enlever ceux qui seront trop serrés, et donner à ceux qui resteront un pied de distance, qui suffira pour les laisser croitre pendant deux ou trois ans ; après lesquels on pourra juger des plants qui pourront faire les plus beaux arbres, et faire alors un nouveau retranchement qui puisse procurer aux plants quatre pieds de distance dans les rangées ; ce qui leur suffira pour croitre pendant trois ou quatre ans ; auquel temps si la plantation a fait de bons progrès, il sera à propos d'enlever alternativement un arbre dans les rangées ; mais notre auteur ne prétend pas qu'il faille faire cette reforme si régulièrement qu'on ne puisse pas excéder ou réduire cette distance, en laissant par préférence les plants qui promettent le plus ; il ne propose même cet arrangement que comme une règle générale qu'on ne doit suivre qu'autant que la disposition et le progrès de la plantation le permettent. Quand par la suite les plants auront encore été réduits dans leur nombre, et portés à environ huit pieds de distance, ils ne demanderont plus aucun retranchement ; mais après deux ou trois ans, il sera à propos de couper pour en faire des sepées de taillis, les plants qui paraitront le moins disposés à devenir futaie, et qui se trouveront dominés par les arbres destinés à rester. C'est l'attention qu'on doit avoir toutes les fois qu'on fait quelque réforme parmi les arbres, avec la précaution de ne dégarnir que par degrés et avec beaucoup de ménagement les endroits fort exposés aux vents, qui y feraient de grands ravages et retarderaient l'accroissement. L'auteur anglais voudrait qu'on donnât vingt-cinq à trente pieds de distance aux arbres qu'on a dessein d'élever en futaie ; ils pourront jouir en ce cas de tout le bénéfice du terrain ; ils ne seront pas trop serrés, même dans les endroits où ils réussissent bien ; leurs têtes ne se toucheront qu'à trente ou trente-cinq ans ; et il n'y aura pas assez d'éloignement pour les empêcher de faire des tiges droites. Mais après une coupe ou deux du taillis, notre auteur conseille d'en faire arracher les souches, afin que tous les sucs de la terre puissent profiter à la futaie : la raison qu'il en apporte, est que le taillis ne profite plus dès qu'il est dominé par la futaie qui en souffre également ; car on gâte souvent l'un et l'autre, en voulant ménager le taillis dans la vue d'un profit immédiat.

Toute cette suite de culture méthodique peut être fort bonne pour faire un canton de bois de vingt ou trente arpens, encore dans un pays où le bois serait très-rare, et tout au plus aux environs de Paris où il est plus cher que nulle part dans ce royaume : mais dans les provinces, la dépense en serait énorme pour un canton un peu considérable. J'ai Ve que pour planter en Bourgogne, dans les terres de M. de Buffon, un espace d'environ cent arpens, où il commença à suivre exactement la direction dont on vient de voir le précis, une somme de mille écus ne fut pas suffisante pour fournir aux frais de plantation et de culture pendant la première année seulement : qu'on juge du résultat de la dépense, si l'on avait continué la même culture pendant huit ou dix ans, comme M. Miller le conseille ; le canton des plantations en question aurait couté six fois plus cher qu'un bois de même étendue qu'on aurait acheté tout venu et prêt à couper dans un terrain pareil : encore la plantation n'a-t-elle pas pleinement réussi par plusieurs inconvénients auxquels une culture plus longue et plus assidue n'aurait pas remédié. Un de ces inconvéniens, c'est de nettoyer le terrain des ronces, épines, genièvres, bruyeres, etc. Un plus grand œuvre, qui le croirait ? c'est de donner plusieurs labours à la terre ; cette opération couteuse sert, on en convient, à faire bien lever le gland, mais elle tourne bien-tôt contre son progrès : les mauvaises herbes qui trouvent la terre meuble, la couvrent au-dehors, et la remplissent de leurs racines au-dedans ; on ne peut guère s'en débarrasser sans déranger les jeunes plants, parce qu'il faut y revenir souvent dans un terrain qu'on commence à mettre en culture. Mais d'ailleurs, plus la terre a été remuée, plus elle est sujette à l'impression des chaleurs, des sécheresses, et surtout des gelées du premier hiver, qui déracinent les jeunes plants, et leur font d'autant plus de dommage que la plantation se trouve mieux nettoyée et découverte. Le printemps suivant y fait apercevoir un grand dépérissement ; la plupart des jeunes plants se trouvent flétris et desséchés ; d'autres fort languissants ; et ceux qui se sont soutenus, auront encore infiniment à souffrir, malgré tous les efforts de la culture la plus suivie, qui n'accélèrent point le progrès dans les terres fortes et glaireuses, dures ou humides. En essayant au contraire à faire dans un pareil terrain des plantations par une méthode toute opposée, M de Buffon a éprouvé des succès plus satisfaisants, et peut-être vingt fois moins dispendieux, dont j'ai été témoin. Ce qui fait juger que dans ces sortes de terrains comme dans ceux qui sont legers et sablonneux, où il a fait aussi de semblables épreuves, on ne réussit jamais mieux pour des plantations en grand, qu'en imitant de plus près la simplicité des opérations de la nature. Par son seul procédé, les bois, comme l'on sait, se sement et se forment sans autre secours ; mais comme elle y emploie trop de temps, il est question de l'accélerer : voici les moyens d'y parvenir : ménager l'abri, semer abondamment et couper souvent ; rien n'est plus avantageux à une plantation que tout ce qui peut y faire du couvert et de l'abri ; les genets, le jonc, les épines et tous les arbrisseaux les plus communs garantissent des gelées, des chaleurs, de la sécheresse, et sont un aide infiniment favorable aux plantations. On peut semer le gland de trois façons ; la plus simple et peut-être la meilleure dans les terrains qui sont garnis de quelques buissons, c'est de cacher le gland sous l'herbe dont les terres fortes sont ordinairement couvertes ; on peut aussi le semer avec la pioche dont on frappe un coup qui soulève la terre sans la tirer dehors, et laisse assez d'ouverture pour y placer deux glands ; ou enfin avec la charrue en faisant des sillons de quatre pieds en quatre pieds, dans lesquels on répand le gland avec des graines d'arbrisseaux les plus fréquents dans le pays, et on recouvre le tout par un second sillon. On emploie la charrue dans les endroits les plus découverts ; on se sert de la pioche dans les plants impraticables à la charrue, et on cache le gland sous l'herbe autour des buissons. Nul autre soin ensuite que de garantir la plantation des approches du bétail, de repiquer des glands avec la pioche pendant un an ou deux dans les plants où il en aura trop manqué, et ensuite de receper souvent les plants languissants, raffaux, étiolés ou gelés, avec ménagement cependant, et l'attention surtout de ne pas trop dégarnir la plantation, que tout voisinage de bois, de hayes, de buissons favorise aussi. Voyez dans les mémoires de l'académie des Sciences, celui de M. de Buffon sur la culture et le rétablissement des forêts, année 1739. On pourrait ajouter sur cette matière des détails intéressants que cet ouvrage ne permet pas. J'appuierai seulement du témoignage de Bradley cette méthode aussi simple que facile, qui a réussi sous mes yeux : " Pour éviter, dit-il, la dépense de sarcler les plantations, on en fait l'essai sur des glands qui avaient été semés ; et les herbes, loin de faire aucun mal, ont défendu les jeunes chênes contre les grandes sécheresses, les grandes gelées, etc. " Je citerai encore Ellis, autre auteur anglais plus moderne, qui assure qu'il ne faut pas sarcler une plantation ou un semis de chênes. Ces auteurs auraient pu dire de plus, que non-seulement on diminue la dépense par-là, mais même que l'on accélere l'accroissement, surtout dans les terrains dont nous venons de parler.

A tous égards, l'automne est la saison la plus propre à semer le gland, même aussi-tôt qu'il est mûr ; mais si l'on avait des raisons pour attendre le printemps, il faudrait le faire passer l'hiver dans un conservatoire de la façon qu'on l'a expliqué au mot Chataigner ; et ensuite le semer aussi-tôt que la saison pourra le permettre, sans attendre qu'il soit trop germé ; ce qui serait un grand inconvénient.

Le chêne peut aussi se multiplier de branches couchées, qui ne font pas de si beaux arbres que ceux venus de gland ; et par la greffe, sur des arbres de son espèce ; mais on ne se sert guère de ces moyens que pour se procurer des espèces curieuses et étrangères.

Transplantation. Il y a quelques observations à faire sur la transplantation de cet arbre, qui ne gagne jamais à cette opération ; il y résiste mieux à deux ans qu'à tout autre âge, par rapport au long pivot qu'il a toujours, et qui le prive ordinairement de racines latérales : d'où il suit que quand on se propose d'employer le chêne en avenues ou autres usages semblables, il faut avoir la précaution de le transplanter plusieurs fois auparavant, afin qu'il soit bien enraciné. On ne doit jamais l'étêter en le transplantant ; c'est tout ce qu'il craint le plus, mais seulement retrancher ses principales branches : on ne doit même s'attendre ensuite qu'à de petits progrès, et rarement à avoir de beaux arbres.

Usage du bois. Nul bois n'est d'un usage si général que celui du chêne ; il est le plus recherché et le plus excellent pour la charpente des bâtiments, la construction des navires ; pour la structure des moulins, des pressoirs ; pour la menuiserie, le charronnage, le mairrain ; pour des treillages, des échalas, des cercles ; pour du bardeau, des éclisses, des lattes, et pour tous les ouvrages où il faut de la solidité, de la force, du volume, et de la durée ; avantages particuliers au bois de chêne, qui l'emporte à ces égards sur tous les autres bois que nous avons en Europe. Sa solidité répond de celle de toutes les constructions dont il forme le corps principal ; sa force le rend capable de soutenir de pesans fardeaux dont la moitié ferait fléchir la plupart des autres bois ; son volume ne le cede à nul autre arbre, et sa durée Ve jusqu'à six cent ans, sans altération, lorsqu'il est à couvert des injures de l'air : la seule condition que ce bois exige, est d'être employé bien sec et saisonné, pour l'empêcher de se fendre, de se tourmenter, et de se décomposer ; précaution qui n'est plus nécessaire, quand on veut le faire servir sous terre et dans l'eau en pilotis, où on estime qu'il dure quinze cent ans, et où il se pétrifie plus ordinairement qu'aucun autre bois. Quand on est forcé cependant d'employer à l'air du bois verd, sans avoir le temps de le faire saisonner, on peut y suppléer en faisant tremper ce bois dans de l'eau pendant quelque temps. Ellis en a Ve une épreuve qu'il rapporte : " Un plancher qui avait été fait de planches de chêne, qu'on avait fait tremper dans l'eau d'un étang, se trouva fort sain au bout de quatorze ans, tandis qu'un autre plancher tout voisin, fait de mêmes planches, mais qui n'avaient pas été mises dans l'eau, était pourri aux côtés et aux extrémités des planches ". C'est aussi l'un des meilleurs bois à bruler et à faire du charbon. Les jeunes chênes brulent et chauffent mieux, et font un charbon ardent et de durée ; les vieux chênes noircissent au feu, et le charbon qui s'en Ve par écailles, rend peu de chaleur, et s'éteint bien-tôt ; et les chênes pelards, c'est-à-dire dont on a enlevé l'écorce sur pied, brulent assez bien, mais rendent peu de chaleur.

Aubier du bois. On distingue dans le bois du chêne l'aubier et le cœur : l'aubier est une partie de bois qui environne le tronc à l'extérieur, qui est composé de douze ou quinze cercles ou couches annuelles, et qui a ordinairement un pouce et demi d'épaisseur, quand l'arbre a pris toute sa grosseur : l'aubier est plus marqué et plus épais dans le chêne que dans les autres arbres qui en ont un, et il est d'une couleur différente et d'une qualité bien inférieure à celle du cœur du bois : l'aubier se pourrit promptement dans les lieux humides ; et quand il est placé séchement, il est bien-tôt vermoulu, et il corrompt tous les bois voisins ; aussi fait-il la plus grande défectuosité du bois de chêne ; et il est défendu aux ouvriers par leurs statuts d'employer aucun bois où il y ait de l'aubier. Mais on peut corriger ce défaut, et donner à l'aubier presque autant de solidité, de force, et de durée, qu'en a le cœur du bois de chêne : " Il ne faut pour cela, dit M. de Buffon, qu'écorcer l'arbre du haut em-bas, et le laisser sécher entièrement sur pied avant de l'abattre " ; et par les épreuves qu'il a faites à ce sujet, il résulte que " le bois des arbres écorcés et séchés sur pied, est plus dur, plus solide, plus pesant et plus fort que le bois des arbres abattus dans leur écorce ". Voyez les mémoires de l'académie des Sciences, année 1738.

Ecorce. On fait aussi usage de l'écorce du chêne : les Tanneurs l'emploient à façonner les cuirs ; mais l'écorce n'est pas l'unique partie de l'arbre qui ait cette propriété. M. de Buffon, par les épreuves qu'il a fait faire sur des cuirs, et dont il a été fait mention dans les mémoires de l'académie, s'est assuré que le bois du chêne a la même qualité, avec cette différence pourtant, que l'écorce agit plus fortement sur les cuirs que le bois, et le cœur du bois moins que l'aubier. On appelle tan l'écorce qui a passé les cuirs, et qui alors n'est pas tout à fait inutîle ; le tan sert à faire des couches dans les serres chaudes et sous des châssis de verre, pour élever et garantir les plantes étrangères et délicates.

Gland. Il y a du choix à faire et des précautions à prendre pour la récolte du gland, lorsqu'on veut faire des plantations. Si nous en croyons Evelyn, " il faut que les glands soient parfaitement mûrs, qu'ils soient sains et pesans ; ce qui se reconnait, lorsqu'en secouant doucement les rameaux, le gland tombe : il ne faudra cueillir que vers la fin d'Octobre, ou au commencement de Novembre, ceux qui ne tomberont pas aisément ; et il faut ramasser sur le champ celui qui tombe de lui-même ; mais toujours le prendre par préférence sur le sommet des arbres les plus beaux, les plus jeunes et les plus vigoureux, et non pas, comme l'on fait ordinairement, sur les arbres qui en portent le plus. " On peut ajouter aux circonstances qui doivent contribuer au choix du gland, celle de sa grosseur ; parce qu'en effet c'est la plus belle espèce de chêne qui produit le gros gland à longue queue, et qu'il est probable que ce gland produira des arbres de même espèce. Ce fruit est aussi de quelque utilité ; il sert à nourrir les bêtes fauves, à engraisser les cochons ; et il est aussi fort bon pour la volaille. Voyez GLAND.

Gui de chêne. On attribuait autrefois de grandes vertus à cette plante parasite, lorsqu'on la trouvait sur le chêne. Les druides faisaient accroire qu'il fécondait les animaux, et que c'était un fameux contrepoison ; on lui en attribue encore quelques-unes en Médecine, et il est recherché dans les Arts pour sa dureté et pour la beauté de ses veines. Quoi qu'il en sait, on trouve très-rarement du gui sur le chêne ; et cette rareté pourrait bien être son seul mérite : nous n'en pouvons que trop juger par bien des choses que l'on voit tous les jours prendre faveur par ce seul titre.

Excrescences. Le chêne est peut-être de tous les arbres celui qui est le plus sujet à être attaqué par différentes espèces d'insectes : ils font des excrescences de toutes sortes, sur les branches, le gland, les feuilles, et jusque sur les filets des chatons, où quelquefois le travail des insectes forme de ces excrescences qui imitent si bien une grappe de groseille rougeâtre, que bien des gens s'y trompent de loin. Les insectes forment aussi sur certaines espèces de chênes des galles dont on tire quelque service dans les Arts. Voyez NOIX DE GALLE. Cette défectuosité, aussi-bien que l'irrégularité de la tête de l'arbre, et la lenteur de ses progrès après la transplantation, peuvent bien être les vraies causes de ce que l'on fait si peu d'usage du chêne pour l'ornement des jardins.

Espèces. Il y a des chênes de bien des espèces ; les Botanistes en comptent au moins quarante, qui ne sont pour la plupart ni répandus, ni fort connus : on doit y avoir d'autant moins de regret, que nos chênes communs valent beaucoup mieux pour la qualité du bois, que tous ceux qui ont été découverts dans le Levant et en Amérique : il faut cependant convenir que les chênes d'Amérique ont plus de variété et d'agrément que les autres.

1. Le chêne à gros gland. Celui que C. Bauhin appelle chêne à long pédicule, est le plus grand et le plus beau de tous les chênes qui croissent en Europe. On le distingue dans son jeune âge par son écorce qui est vive, luisante et unie, d'une couleur d'olive rembrunie, irrégulièrement entre-mêlée, avec une couleur de cendre claire : ses feuilles sont plus grandes, et ont le pédicule plus long que dans les autres espèces ; le gland est aussi plus gros et plus long ; l'arbre le produit sur un pédicule de la longueur du doigt, qui souvent n'en porte qu'un seul ; et quelquefois jusqu'à trois. Son bois est franc, d'un bel oeil, et de la meilleure qualité.

2. Le chêne à gland moyen, désigné par le même botaniste sous la phrase de chêne mâle à pédicule court. Cet arbre dans toutes ses parties est subordonné à la première espèce ; sa feuille est moins grande, son gland est plus petit, plus rond, et a le pédicule de moitié plus court ; l'arbre même est d'une stature un peu moindre : il se fait remarquer surtout dans sa jeunesse par la couleur de son écorce, qui imite celle d'une peau d'oignon, et qui est entre-mêlée de parties blanchâtres. Le bois de cet arbre est solide, fort, et de bonne qualité.

3. Le chêne à petit gland, que le nomenclateur cité appelle le chêne femelle. On reconnait aisément cet arbre, à ce que son écorce est inégale, et qu'avant qu'il soit même parvenu à la grosseur du bras, elle est aussi crevassée et raboteuse que celle des vieux arbres : ses feuilles plus petites que dans les espèces précédentes, n'ont point de pédicule ; le gland, qui est aussi bien plus petit et rond, tient immédiatement à la branche ; l'arbre s'élève et grossit moins ; son bois est dur, rebours, et de mauvaise fente : il semble à tous égards que la nature ait épargné sur cette espèce ce qu'elle a prodigué en faveur de la première.

4. Le chêne à feuilles panachées. C'est une variété que le hasard a fait rencontrer, mais que l'on peut cependant multiplier par la greffe en fente ou en écusson sur les espèces communes. Ses feuilles sont généralement panachées de blanc, et d'une très-belle façon ; aussi cet arbre est-il fort estimé des curieux qui aiment les plantes panachées.

5. Le chêne toujours verd. Cet arbre croit naturellement en Espagne entre Cadix et Gibraltar ; mais on le trouve rarement à-présent parmi les collections d'arbres, même les plus recherchées et les plus complete s. On sait cependant qu'il est assez robuste ; il faut donc qu'il soit difficîle à élever. Au reste on ne doit pas confondre cette espèce de chêne avec ce que nous appelons le chêne-verd, qui est un arbre tout différent.

6. Le chêne cerrus. Quoique cet arbre soit originaire d'Espagne, d'Italie, et des provinces méridionales de ce royaume, il est cependant assez robuste pour résister parfaitement au froid des climats septentrionaux : sa feuille ressemble à celle du chêne commun, si ce n'est qu'elle est plus longue, et que les sinuosités qui l'environnent sont plus étroites et plus profondes : son gland est fort amer, et il est presqu'entièrement engagé dans une calotte qui est entourée de follicules pointus et de couleur cendrée ; on s'en sert au lieu de galle pour teindre les draps en noir, mais la teinture n'en est pas si bonne. C'est une des plus belles espèces de chêne, et en général il a le port et à-peu-près la hauteur du chêne commun.

7. Le petit chêne, cerrus. Son gland est plus petit que celui de l'espèce précédente. Ce petit arbre est peu connu.

8. Le petit chêne portant plusieurs galles jointes ensemble. Ce n'est qu'un arbrisseau dont on ne sait rien d'intéressant.

9. Le chêne, esculus. Ce petit arbre auquel on a conservé le nom que Pline le naturaliste lui avait donné, croit en Grèce et en Dalmatie.

10. Le chêne de Bourgogne. C'est un grand arbre qui croit naturellement en Franche-Comté, et qui est surtout remarquable par le calice de son gland, qui est hérissé de pointes assez longues, mais faibles ; du reste l'arbre est assez ressemblant au chêne commun.

11. Le chêne nain. C'est un très-petit arbrisseau, que j'ai Ve s'élever tout au plus à trois pieds en 15 ans de temps dans un terrain cultivé : mais dans les campagnes où il croit naturellement, il est si bas que rarement il a plus d'un pied : ses feuilles sont plus douces et un peu plus grandes que celles de nos chênes communs ; le calice du gland est plus plat, et ce gland est très-amer.

12. Le chêne roure. Il prend autant de hauteur que nos chênes communs. Il croit en plusieurs provinces de ce royaume, et on le trouve fréquemment aux environs d'Aubigny : sa feuille le fait distinguer principalement par une espèce de duvet qui la couvre ; son gland est si fort enveloppé dans le calice, qu'il ne mûrit pas bien en Angleterre dans les années humides.

13. Le petit chêne roure. Il diffère du précédent par sa stature qui est inférieure, et par sa feuille qui est garnie de petites pointes.

14. Le chêne roure portant galles. C'est un petit arbre qui croit dans la Pannonie et dans l'Istrie, et sur lequel on trouve la noix de galle dont on fait usage pour la teinture.

15. Le chêne roure à feuilles lisses. On trouve la noix de galle sur cet arbre, qui diffère des trois précédents par ses feuilles qui n'ont point de duvet.

16. Le chêne à gros gland, dont le calice est tout couvert de tubercules. Ce n'est qu'une variété, qui est plus rare qu'intéressante.

17. Le chêne d'Orient à gland cylindrique, avec un long pédicule. C'est un petit arbre très-rare.

18. Le chêne d'Orient, à feuilles de châtaignier. C'est un arbre de hauteur moyenne, dont le gland est renfermé dans un calice épais et écailleux.

19. Le chêne d'Orient à très-gros gland, dont le calice est hérissé de filets. C'est un grand arbre peu connu.

20. Le chêne d'Orient à feuilles étroites et à petit gland, avec un calice hérissé de pointes. Cet arbre est de petite stature.

21. Le chêne d'Orient à très-gros gland, et à feuilles agréablement découpées. Le calice du gland est aussi hérissé de filets. Cet arbre ne s'élève qu'à une moyenne hauteur.

22. Le chêne d'Orient à petites feuilles arrondies, et à gland cannelé. Cet arbre s'élève peu.

23. Le chêne d'Orient à gland cylindrique, et à feuilles arrondies, légèrement découpées. Cet arbre prend peu de hauteur.

Ces sept dernières espèces de chênes ont été découvertes dans le Levant par Tournefort, et y ont été retrouvées depuis, suivant le témoignage de M. Miller, par quelques voyageurs, qui en ont rapporté des glands en Angleterre, où trois de ces espèces ont réussi, et paraissent aussi robustes que nos chênes communs. Quoiqu'il en sait, ces arbres sont encore très-rares et très-peu connus.

24. Le chêne rouge de Virginie. Il croit plus promptement que le chêne commun, et il fait un gros arbre en peu d'années : sa feuille a moins de sinuosités que n'en ont celles de nos chênes, et les angles du dehors qui sont plus grands se terminent en pointes : la queue de cette feuille est toujours rougeâtre, et ce n'est qu'en automne que toute la feuille prend aussi cette couleur. Cet arbre est délicat dans sa jeunesse ; j'ai Ve que les hivers rigoureux ont constamment fait périr les plans d'un an et de deux ans, dans les terrains secs comme dans ceux qui étaient un peu humides. Le bois de cet arbre a des veines rouges.

25. Le chêne de Virginie à feuilles de chataigner. Il croit aussi vite, et devient aussi gros que le précédent. Il ne vient à la Virginie, que dans les fonds et dans les bons terrains : c'est le plus gros des chênes qui croissent dans l'Amérique : l'écorce en est blanche et écaillée ; le grain du bois n'est pas beau, quoiqu'on s'en serve beaucoup pour la charpente ; les feuilles sont larges et dentelées comme celles du chataigner. Il n'y a point d'autre chêne qui produise des glands aussi gros que celui-ci. Catesby.

26. Le chêne blanc de Virginie. C'est celui qui ressemble le mieux au chêne commun d'Angleterre, à la figure de ses feuilles, à ses glands, et à sa manière de croitre : son écorce est blanchâtre, le grain de son bois fin ; et c'est pour cela, aussi-bien que pour sa durée, qu'on le regarde à la Caroline et à la Virginie comme la meilleure espèce de chêne. Il croit sur toutes sortes de terroirs, et principalement parmi les pins, dans les lieux élevés et stériles. Catesby.

Cette espèce de chêne a bien réussi dans les plantations de M. de Buffon en Bourgogne. L'écorce de cet arbre est en effet blanchâtre ; sa feuille est plus grande et d'un verd plus pâle que celle de nos chênes communs ; mais il croit plus vite d'environ un tiers : il s'accommode mieux des mauvais terrains, et il est très-robuste ; ce qui doit faire juger qu'il serait bien avantageux de multiplier cet arbre.

27. Le chêne de Virginie à feuilles de saule. C'est un arbre de moyenne hauteur, dont la feuille qui ressemble à celle du saule, est encore plus longue, et dont le gland est très-petit.

28. Le chêne toujours verd, à feuilles oblongues et sans sinuosités. Sa hauteur ordinaire est d'environ quarante pieds. Le grain du bois est grossier, plus dur et plus rude que celui d'aucun autre chêne : il devient plus gros au bord des marais salés où il croit ordinairement. Son tronc est irrégulier, et la plupart du temps panché, et pour ainsi dire couché ; ce qui vient de ce que le terrain étant humide, a peu de consistance, et que les marées emportent la terre qui doit couvrir les racines : dans un terrain plus élevé ces arbres sont droits, et ont la cime régulière et pyramidale, et conservent leurs feuilles toute l'année. Leur gland est plus doux que celui de tous les autres chênes. Les Indiens en font ordinairement provision, et s'en servent pour épaissir les soupes qu'ils font avec de la venaison : ils en tirent une huîle très-agréable et très-saine, qui est presque aussi bonne que celle d'amande. Catesby.

29. Le chêne noir. C'est un arbre de moyenne hauteur, dont la feuille pour la forme approche de celle du sassafras. Cet arbre, au rapport de Catesby, croit ordinairement dans un mauvais terrain : il est petit, et a l'écorce noire, le grain grossier, et le bois ne sert guère qu'à bruler. Quelques-uns de ces arbres ont des feuilles larges de dix pouces.

30. Le chêne d'eau d'Amérique. C'est un arbre de moyenne hauteur, dont la feuille sans dentelure se termine par une espèce de triangle : il ne croit que dans les fonds pleins d'eau. La charpente qu'on en fait n'est pas durable ; ainsi on ne s'en sert guère que pour clorre les champs. Quand les hivers sont doux, il conserve la plupart de ses feuilles. Les glands qu'il porte sont petits et amers. Catesby.

31. Le chêne blanc de la Caroline. C'est un arbre de moyenne hauteur, qui a des veines verdâtres. Suivant Catesby, ses feuilles ont les entaillures profondes, et les pointes fort aiguës ; son écorce et son bois sont blancs, mais le grain n'est pas si serré que celui du précédent.

32. Le petit chêne à feuilles de saule. C'est un arbrisseau dont la feuille, quoique ressemblante à celle du saule, est néanmoins plus courte. Cet arbre, dit Catesby, est ordinairement petit ; son écorce est d'une couleur obscure, et ses feuilles d'un verd pâle, de la même figure que celle du saule : il croit dans un terrain sec et maigre ; il ne produit que peu de gland, encore est-il fort petit.

33. Le chêne rouge de Marylande. C'est un grand arbre dont les feuilles découpées comme celles du chêne esculus, sont plus grandes et garnies de pointes. Les feuilles de ce chêne, au rapport de Catesby, n'ont point de figure déterminée, mais elles sont beaucoup plus variées entr'elles que celles des autres chênes : il en est de même du gland. L'écorce de cet arbre est d'un brun obscur, très-épaisse et très-forte ; elle est préférable à toute autre pour tanner. Son bois a le grain grossier ; il est spongieux, et peu durable. Il croit dans un terroir élevé.

34. Le chêne d'eau d'Espagne. C'est un petit arbre dont la feuille ressemble à celle de l'olivier, et dont le gland est comprimé et joliment terminé par une houppe de filets.

35. Le chêne de Marylande. C'est un arbre de moyenne hauteur, dont la feuille qui ressemble à celle du chataigner est velue en-dessous.

36. Le chêne saule. On ne trouve jamais cet arbre que dans les fonds humides : les feuilles en sont longues, étroites, et unies aux extrémités comme celles du saule : le bois en est tendre, le grain gros, et il est moins bon pour l'usage que celui de la plupart des autres espèces de chêne.

37. Le chêne d'Afrique. Cet arbre ne diffère de nos chênes communs que par son gland, qui est du double plus long.

Toutes ces espèces de chênes sont assez robustes pour résister au froid de la partie septentrionale de ce royaume, et on peut les élever comme nos chênes ordinaires. (c)

CHENE, (Matière médicale) Les feuilles et l'écorce du chêne sont astringentes, résolutives, propres pour la goutte sciatique, pour les rhumatismes, étant employées en fomentation.

L'écorce entre dans les gargarismes qu'on emploie contre le relâchement de la luette, et contre les ulcères de la bouche et de la gorge.

Elle entre dans les clystères astringens, et dans les injections pour les chutes de la matrice ou du fondement.

Le gland de chêne est employé en Médecine : on doit le choisir gros, bien nourri ; on en sépare l'écorce, et on le fait sécher doucement, prenant garde que les vers ne s'y mettent, car il y est sujet : on le réduit en poudre pour s'en servir. Il est astringent, propre pour apaiser la colique et les tranchées des femmes nouvellement accouchées, pour tous les cours de ventre ; la dose en est depuis un scrupule jusqu'à un gros.

La cupule ou calotte du gland de chêne est astringente ; on s'en sert dans les remèdes extérieurs pour fortifier : on pourrait aussi en prendre intérieurement comme du gland.

Les galles de chêne ou fausses galles, les pommes de chêne, et les raisins de chêne, sont des excraissances que produit la piqûre de certains insectes qui y déposent leurs œufs, et qui y produisent des vers : ces excraissances sont astringentes.

Au demeurant, il en est de ces propriétés du chêne, de sa feuille, et de ses autres parties, comme de celles des autres productions que la matière médicale compte parmi ses ressources ; elles demanderaient presque toutes plus d'observations que nous n'en avons.

La vraie noix de galle est différente de ces communes. Voyez GALLE, ou NOIX DE GALLE. (N)

CHENE VERD, ilex, genre d'arbre qui porte des chatons composés de plusieurs étamines qui sortent d'un calice fait en forme d'entonnoir, et attachés à un petit filet. Les glands naissent sur le même arbre séparément des fleurs ; ils sont enchâssés dans une espèce de coupe, et ils renferment un noyau que l'on peut séparer en deux parties. Ajoutez au caractère de ce genre que les feuilles sont dentelées, mais cependant bien moins profondément découpées que celles du chêne. Tournefort, Instit. rei herb. Voyez PLANTE et YEUSE. (I)

CHENE ROYAL ou CHENE DE CHARLES, (Astronomie) constellation de l'hémisphère méridional, qu'on ne voit point sur notre horizon : elle est une de celles que M. Halley a été observer en 1667 à l'île de Sainte-Hélene, et il l'a nommée ainsi en mémoire du chêne où Charles II. roi d'Angleterre, se tint caché lorsqu'il fut poursuivi par Cromwel après la déroute de Worcester. Voyez CONSTELLATION, ETOILE. (O)