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Catégorie parente: Histoire naturelle
Catégorie : Botanique
S. m. (Botanique) bas arbrisseau dont toutes les tiges sont armées d'épines, et qui portent des baies séparées les unes des autres ; ce genre de plante renferme deux espèces générales, l'une sauvage, qui vient parmi les buissons dans la campagne, ou en forme de haies : et l'autre cultivée dans un grand nombre de jardins. Ces deux espèces générales contiennent en outre plusieurs espèces particulières ; mais il suffira de caractériser la plante.

Ses feuilles sont laciniées ou déchiquetées ; ses fleurs sont à cinq pétales ; toute la plante est garnie d'épines ; le fruit croit épars sur l'arbre, qui n'a d'ordinaire sur chaque bouton de ses tiges qu'un seul fruit, lequel est d'une figure ovalaire ou sphérique, renfermant plusieurs petites graines environnées d'une pulpe molle.

Ses noms botaniques sont grossularia, ou uva crispa, Park. théat. 1560. Ger. 1. 143. J. B. 147. Raii, hist. 1484. grossularia simplici acino, spinosa sylvestris, C. B. P. 455. Tourn. inst. 639. Boerh. ind. alt. 2. 153. En français le groseillier-blanc-épineux, dont le fruit s'appelle groseille-blanche-épineuse, en anglais, the goose-berry tree.

Cet arbrisseau est haut de deux coudées et plus ; sa racine est ligneuse, garnie de quelques fibres ; ses tiges sont nombreuses, et se partagent en plusieurs rameaux ; son écorce est purpurine dans les vieilles branches, blanchâtre dans les jeunes ; son bois est de couleur de bouis pâle ; il est garni de longues et fortes épines près de l'origine des feuilles ; quelquefois les épines sont seules à seules ; d'autres fois elles sont deux à deux, ou trois à trois.

Ses feuilles sont larges d'un doigt, quelquefois arrondies, légèrement découpées, semblables en quelque façon à celles de la vigne, d'un verd foncé, luisantes en-dessus, d'un verd plus clair en-dessous, molles, un peu velues, acidules, et portées sur de courtes queues.

Ses fleurs sont petites, d'une odeur suave, mais un peu forte ; elles naissent plusieurs ensemble du même tubercule d'où sortent les feuilles, sur un pédicule très-court, rougeâtre, velu. Elles sont pendantes, faites en rose, composées de cinq pétales placées en rond, d'un verd blanchâtre ; leur calice est d'une seule pièce, en forme de bassin, partagé en cinq segments rouges des deux côtés, réfléchis en-dehors ; elles ont cinq étamines, et un pistil verdâtre, garni à sa partie inférieure d'un duvet blanc.

La partie postérieure du calice est comme sphérique ; elle se change en une baie sphérique ou ovalaire, quelquefois velue, le plus souvent lisse, molle, pleine de suc, marquée d'un nombril, distingué par plusieurs lignes qui s'étendent depuis le pédicule jusqu'au nombril, et qui sont comme autant de méridiens. Cette baie est de couleur verte, dans le commencement acide et austère au gout, jaunâtre quand elle est mûre, d'une saveur douce et vineuse, remplie de plusieurs petites graines blanchâtres.

Cet arbrisseau vient de lui-même en France, presque par-tout, et n'est pas moins fréquent en Allemagne et en Angleterre. Mais on le cultive dans ce dernier pays, de même qu'en Hollande, où ses feuilles et ses baies deviennent plus grandes. Alors on l'appelle groseillier épineux cultivé. Les Botanistes l'ont nommé grossularia spinosa sativa, C. B. P. 455. J. R. H. 639. grossularia majore fructu, Clus. Histoire 120. uva crispa fructu cerasi magnitudine. Gesn. hort.

On ne fait usage que des fruits du groseillier épineux. soit sauvage, soit cultivé. On les mange verts ou mûrs. Dans leur maturité ils ont une saveur un peu douce, mais fade. Quand ils sont verts, ils sont acides, austères, rafraichissants, et astringens. On s'en sert quelquefois à la place de verjus ; ils sont agréables aux personnes qui ont du dégoût pour toutes sortes de nourriture alkaline, et alors ils apaisent les nausées et les maux de cœur qui proviennent d'une bîle prédominante ; mais si l'on en abuse, ils sont flatulenteux, et nuisent aux estomacs faibles.

Il s'en consomme une grande quantité en Hollande et en Angleterre ; et on ne voit à Londres pendant la saison de ces fruits dans les boutiques de pâtissier, que des gooseberries-pyes ; il faut convenir que ce fruit est utîle pour tempérer l'acrimonie muriatique et alkaline de la nourriture anglaise. En France, il n'y a que les enfants, les femmelettes, ou les gens de la campagne qui en mangent. Ce fruit étant mou dans sa maturité avec une douceur fade, se corrompt promptement dans l'estomac, et n'est plus astringent comme quand il est verd. On n'en use guère en Médecine, excepté quelquefois dans les tisanes, pour rafraichir et ranimer le ton des fibres du ventricule.

Les Anglais, au rapport de Ray, font du vin des fruits mûrs du groseillier épineux. Ils les mettent dans un tonneau, et répandent de l'eau bouillante dessus ; ils bouchent bien le tonneau, et le laissent dans un lieu tempéré pendant trois ou quatre semaines, jusqu'à-ce que la liqueur soit imprégnée du suc et de l'esprit de ces fruits, qui restent insipides. Ensuite on verse cette liqueur dans des bouteilles : on y jette du sucre, on les bouche bien, et on les laisse jusqu'à-ce que la liqueur mêlée intimement avec le sucre par la fermentation, se soit changée en une liqueur pénétrante, et assez semblable à du vin.

Miller compte neuf espèces de groseilliers-épineux cultivés en Angleterre, auxquels il faut ajouter le groseillier-épineux de l'Amérique que nous nous contenterons de décrire.

Ses tiges sont jaunes, rondes, deux fois grosses comme le pouce, et hérissées de petites étoiles piquantes, si près les unes des autres, qu'il est presque impossible de les prendre sans se blesser. Ses feuilles sont petites, de la largeur de la filaria, mais un peu plus longues, et deux fois plus épaisses. Au haut de ses tiges croissent des bouquets de fleurs blanches comme neige, toutes semblables aux roses de Gueldre. A leur chute succedent des fruits gros comme des œufs de pigeon, de couleur jaune quand ils sont bien mûrs : Il sort de l'écorce du fruit cinq ou six petites feuilles pointues et fort étroites. Le dedans du fruit est assez semblable à celui des groseilles, mais d'un mauvais gout.

Les botanistes qui ont nommé le groseillier épineux uva crispa simplici acino, l'ont fort bien désigné ; 1°. parce que son fruit ressemble au raisin, et qu'il est velu ; 2°. parce que ce fruit vient en grains ou baies séparées, et non pas en grappe. Pour le nom de grossularia, j'en ignore l'origine : car celle qu'on donne à cute grossâ, de sa peau grosse ou épaisse, est aussi pitoyable que barbare. (D.J.)

GROSEILLIER-EPINEUX, (Jardinage) cet arbrisseau cultivé se met ordinairement en France dans un lieu écarté du jardin. Il n'est point d'une nature délicate, et pourvu qu'on l'entretienne de temps en temps par un labour, il vient également bien dans toute sorte de terre. Les labours lui sont nécessaires, parce que portant successivement une nouvelle nourriture à leurs racines, ils procurent un fruit plus beau, plus gros, et d'un meilleur gout. Tous les groseilliers-épineux chargent extrêmement, et quoique leur bois soit d'un génie assez retenu, pour peu qu'il s'échappe, on prend soin de l'arrêter avec des ciseaux. Ils rapportent beaucoup, et produisent autour de leurs vieux pieds un grand nombre de rejetons enracinés, qui servent à les multiplier ; outre que les branches, et particulièrement les jeunes prennent de bouture. On les plante en rigole ainsi qu'on fait une haie vive, au mois de Septembre ou de Mars, et on les espace de six à huit pieds ; c'est à-peu-près-là toute la façon que nous y employons dans ce royaume.

Mais comme les Anglais font une consommation prodigieuse des baies de cet arbuste, les jardiniers de Londres pour pourvoir à cette consommation, et profiter en même temps de leur terrain, qui est très-cher, taillent leurs groseilliers-épineux après la Saint-Michel, bechent la terre qui est entre chaque arbrisseau, et y plantent tels légumes que le débit en soit fait au printemps : saison où leurs groseilliers-épineux commencent à pousser. Au moyen de cette méthode ingénieuse, qu'on peut appliquer à d'autres points d'Agriculture dans tous les lieux où le terrain est précieux et borné, ils ne portent aucun préjudice à leurs autres arbres, et ils se servent même de cette ressource pour mettre à l'abri du grand froid des légumes qui périraient ailleurs, et dont ils tirent en outre un profit considérable. (D.J.)

GROSEILLIER, ou GROSEILLIER A GRAPPES, (Botanique) en anglais, the currant-tree, et par les Botanistes, ribes, ou ribes vulgaris non spinosa.

Voici ses caractères : c'est un arbrisseau sans piquans, à larges feuilles ; son pédicule se termine par un ovaire couronné d'un calice divisé en cinq segments ; sa fleur est pentapétale, et est garnie de cinq étamines ; l'ovaire donne un tuyau qui forme un fruit long en ombilic figuré en grappes, et plein de petits pepins.

On compte plusieurs espèces de groseilliers à grappes, dont la plus commune qu'il suffira de décrire dans cet ouvrage, est le ribes vulgaris acidus, ruber, de J. Bauhin, Boerhaave, Gérard, Ray, Parkinson, etc.

Il a ses racines branchues, fibreuses, et astringentes ; ses tiges ou verges sont nombreuses, pliantes, et flexibles, hautes de deux ou de trois coudées, couvertes d'une écorce brune ou cendrée ; leur bois est verd, et renferme beaucoup de moèlle ; ses feuilles sont semblables à celles de la vigne, mais beaucoup plus petites, molles, sinuées, d'un goût acerbe, d'un verd foncé en-dessus, lisses, blanchâtres, et couvertes en-dessous de duvet ; ses fleurs sont par grappes, disposées en rose, composées de cinq pétales purpurins en manière de cœur. Elles naissent des crenelures du calice, qui est en forme de bassin découpé en cinq segments, dont la partie postérieure se change en une baie ou grain verd d'abord, rouge ou blanc quand il est mûr, large de deux lignes, sphérique, rempli d'un suc acide, agréable, et de plusieurs petites semences.

Cet arbrisseau vient en France, par exemple, dans les forêts des Alpes et des Pyrénées. On le cultive communément dans les jardins et dans les vergers. Il fleurit en Avril et Mai ; son fruit est mûr en Juin et Juillet. On le mange et on s'en sert en Médecine. Voyez GROSEILLE. (D.J.)

GROSEILLIER, ribes, (Agric. Jard.) il réussit mieux de bouture que de plan ; mais quand il a bien repris, il ne faut pas couper le bout des branches, ni les arrêter, à-moins que ces branches ne nuisent. On peut aisément multiplier les groseilliers en plantant leurs rejetons en Octobre, en les arrosant dans la sécheresse, et en les garantissant des mauvaises herbes. La terre sablonneuse est celle de toutes qui leur convient le mieux ; et pour que les groseilles deviennent belles, il est bon d'amender et de labourer le terrain : ensuite il sera nécessaire de renouveller cet arbuste tous les dix ans, parce qu'au bout de ce terme il ne donne que des petits fruits, et ne fait plus de beau bois.

On plante communément ces arbrisseaux à l'ombre d'autres arbres : cependant dans nos climats tempérés, le fruit est tout autrement meilleur, quand on les expose en plein air : méthode qui se pratique en Hollande, le pays de l'Europe où l'on entend le mieux la culture du groseillier, et où l'on en voit davantage ; c'est-là qu'on les diversifie de toutes manières : on les met en buisson, on les tient en arbrisseaux, auxquels on donne un à deux pieds de tige ; on les attache à des échalas, on les range par allées, on les élève en espaliers contre des murs ou palissades, à six ou sept pieds de hauteur, et finalement on en fait des contr'espaliers ; à tous ces égards ils offrent une charmante perspective dans la saison, et fournissent en abondance un fruit recherché par sa beauté, sa grosseur, sa qualité, et son éclat.

Pour mettre en buisson les groseilliers avec profit, il faut les planter à une distance convenable les uns des autres, et leur donner deux ou trois labours tous les ans.

Le groseillier en buisson demande une forme ronde et bien évuidée dans le dedans ; sa tige doit être touffue par le bas, plus ou moins grosse, et les branches doivent sortir du pied pour former le corps de ce buisson. On ne les taille point les deux premières années, afin de conserver le jeune bois qui donne du fruit, mais on ne négligera pas de les tailler les années suivantes : car autrement par la confusion des branches qui passeraient, le groseillier ne serait plus agréable à la vue, ne jouirait plus des rayons du soleil, et ne produirait plus d'aussi beaux fruits.

Les groseilliers plantés en alignement par rangées, requièrent quatre pieds d'espace d'un rang à l'autre, et environ dix pieds entre chaque groseillier. La distance qu'ils doivent avoir en espaliers sera de huit pieds, afin que leurs branches puissent être trainées horizontalement, ce qui contribue beaucoup à améliorer leurs fructifications. Ceux qu'on plante contre des murs ou des palissades, sont plus précoces qu'en plein vent, et en outre donnent leurs fruits mûrs quinze jours plutôt ou plus tard, suivant leur exposition au midi ou au nord.

La bonne manière de tailler les groseillers, est de couper les branches fort courtes, afin d'avoir l'année suivante un fruit gros, nourri, et moins sujet à couler ; mais comme ce fruit est produit sur les petits nœuds qui sortent du vieux bois, il faut conserver ces nœuds, et raccourcir les jeunes rejetons à proportion de leur force ; il est donc très-essentiel en taillant le groseillier, de ne point toucher à ces nœuds pour les rendre unis.

Les groseilliers ne tirent pas seulement leur mérite de donner du fruit promptement, mais encore de produire un fruit durable, et qu'on peut manger jusqu'aux gelées, en mettant des plans de groseilliers à l'ombre entre deux buissons assez grands pour qu'ils soient moins frappés du soleil. Si l'ombrage de ces buissons ne suffit pas, on peut empailler les groseilliers, et par ce moyen conserver les groseilles fort avant dans la saison. Quant aux fourmis, qui sont les ennemis de cet arbuste, il faut tâcher de les détruire avec de l'eau bouillante, ou par quelqu'un des artifices indiqués au mot FOURMILIERE. (D.J.)

GROSEILLIER NOIR, (Matière médicale) voyez CASSIS.