(Botanique) petite pointe aiguë qui part du bois ou de l'écorce des arbres. Les épines sont ou ligneuses comme celles de l'épine-vinette, ou corticales comme celles du framboisier : les premières partent du bois, et les dernières de l'écorce.

Les petits poils dont plusieurs plantes sont revêtues, ont dans leur forme tant d'analogie avec les épines, que dans quelques-unes les poils un peu roides se changent en épines, comme dans la tige de la bourache, et même dans la partie supérieure de ses feuilles.

La base de chaque épine est composée de petites trachées ou vaisseaux excrétoires oblongs, rouges dans les tiges tendres, et verdâtres dans les autres. La hampe de l'épine est un tube plein d'un liquide transparent, qui sort par l'extrémité de ce tube quand on en rompt le bout.

On ne manque pas de plantes garnies de piquans, et quelques-unes, comme la courge, le sont dans leurs tiges, leurs feuilles, et leurs fleurs. Les branches de la bugrande, ou de l'arrête-bœuf, forment une palissade de pointes aiguës, qui percent l'endroit où sont posées les feuilles. L'ortie piquante, nommée par cette raison urtica aculeata, jette depuis sa tige quantité d'épines molles et faibles, entre lesquelles il en pousse d'autres plus fortes, plus grandes, droites, horizontales, courbes, diversement panchées tantôt en-haut, tantôt en-bas ; elles sont plantées dans une base solide et ligneuse, s'élèvent ensuite, et finissent en forme de stylet. La bardane pousse aussi des feuilles garnies de longues épines crochues.

Je ne détaillerai point les noms des arbustes et des arbres armés d'épines ligneuses ou corticales ; ce sont des faits si connus, que plusieurs botanistes ont imaginé que le seul usage des épines était de servir de défense ou d'appui aux parties qu'elles avoisinent.

Le rosier, cet arbrisseau qui donne les plus belles et les plus odorantes fleurs du monde, est tout hérissé d'épines dans sa tige, ses fleurs, et ses feuilles. Les piquans de l'épine-vinette sortent de la tige d'une année, à l'origine de la feuille qui tombe, et se cachent sous l'apparence de boutons feuillus ; ils sont revêtus d'une écorce molle, formée de vaisseaux excrétoires rouges et diaphanes : la partie ligneuse de l'épine de cet arbrisseau s'endurcit, et vient ensuite se terminer en pointe. A la base de cette épine, sous les petites feuilles de la tige, il se forme d'ordinaire une nouvelle épine, qui reçoit un pareil accroissement : enfin, pour abréger, toutes les espèces de néflier, l'aubépine, et l'épine -jaune, sont si chargées d'aiguillons épineux, tournés en différents sens, qu'il n'est pas possible d'y porter la main sans se piquer.

Mais quel que soit le nombre des plantes épineuses, et la différente position de leurs épines, on remarque qu'en général elles naissent de la base des boutons, ou paraissent vers les nœuds des plantes. Est-ce que le suc nourricier qui doit servir à l'accroissement des boutons et des rejetons, n'ayant pas acquis dans les trachées la ténuité requise, et en conséquence ne pouvant être reçu dans les branches supérieures, perce nécessairement par la base des boutons, s'élève ensuite en petit rejeton qui s'amenuise faute de nourriture, et devient finalement une pointe ligneuse, laquelle disparait avec le temps à mesure que la plante s'élève et prospere ? C'est le système du célèbre Malpighi, qui nous parait cependant plus ingénieux que solide.

Il vaut mieux avouer ici deux choses : l'une, qu'on n'a point encore trouvé la vraie cause de l'origine des épines : l'autre, que leur utilité nous est également inconnue. Souvent les épines nous offrent dans leur distribution les mêmes variétés que les fleurs et les fruits ; souvent elles suivent le même arrangement que les feuilles ; souvent aussi le contraire se présente : en un mot, tout ce qui regarde cette matière est un champ neuf à défricher. On a fait des recherches et des découvertes sur toutes les autres parties des plantes, le bois, l'écorce, la racine, les feuilles, les fleurs, les fruits, et les graines : mais on n'a jeté que de loin des regards sur les épines ; il semble qu'on ait craint d'en approcher. Article de M(D.J.)

EPINE-JAUNE, scolimus, (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur, composée de plusieurs demi-fleurons, portés chacun sur un embryon, dont le filet s'insere dans le trou qui est au-bas de chacun de ces demi-fleurons ; ils sont séparés les uns des autres par une petite feuille, et ils sont soutenus par un calice écailleux. Lorsque la fleur est passée, chaque embryon devient une semence qui tient à une petite feuille, et qui est attachée à la couche. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE. (I)

EPINE-VINETTE, berberis, (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Il s'élève du milieu de la fleur un pistil, qui devient dans la suite un fruit de figure cylindrique, qui est mou, plein de suc, et qui renferme une ou deux semences oblongues. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE. (I)

L'épine-vinette est un arbrisseau épineux, qui croit naturellement en Europe dans les bois et dans les haies des pays plus froids que chauds, et plutôt en montagnes, que dans les vallées. Il pousse du pied plusieurs tiges assez droites, dont l'écorce lisse, mince, grise en-dessus, est d'une belle couleur jaune en-dessous. Ses jeunes branches sont hérissées d'épines faibles, longues, et souvent doubles ou triples. Il fait de copieuses racines qui sont peu profondes, et dont l'écorce est d'un jaune encore plus vif que celles des tiges. Sa feuille est ovale, finement dentelée, d'un verd tendre, et d'un goût aigrelet. Au commencement de Mai l'arbrisseau donne ses fleurs, qui durent pendant trois semaines : elles sont jaunâtres et assez apparentes, mais d'une odeur forte et desagréable. Le fruit qui succede est cylindrique, d'une belle couleur rouge, disposé en grappe comme la groseille sans épines, et d'un goût fort aigre, mais rafraichissant et très-sain. Il mûrit au mois de Septembre.

Cet arbrisseau s'élève jusqu'à dix pieds quand on le cultive, mais le plus souvent il n'en a que quatre ou cinq. Il vient à toute exposition, et dans tous les terrains ; cependant il se plait davantage dans les terres fortes et humides. On peut le multiplier de graine, c'est la voie la plus longue ; de branches couchées, qui font de bonnes racines la même année ; de rejetons, que l'on trouve ordinairement au pied des vieux arbrisseaux, et c'est le plus court moyen ; enfin par les racines mêmes, qui reprennent et poussent aisément en les plantant de la longueur du doigt. Le meilleur service que l'on puisse tirer de cet arbrisseau, c'est d'en former des haies vives qui croissent promptement, qui font une bonne défense, et qui sont de longue durée. On fait quelqu'usage en Bourgogne du fruit de cet arbrisseau, qui y est fort commun ; on en fait des confitures, qui sont en réputation. L'écorce de ses racines a la propriété de teindre en jaune ; on s'en sert aussi pour donner du lustre aux cuirs corroyés.

On connait six espèces ou variétés de cet arbrisseau.

1. L'épine-vinette commune ; c'est principalement à cette espèce qu'on doit appliquer ce qui vient d'être dit en général.

2. L'épine-vinette sans pepin ; c'est une variété accidentelle qui se rencontre dans quelques vieux pieds de l'espèce commune, qui ont été cultivés, et qui sont sur le déclin : encore se trouve-t-il souvent que tous les fruits du même arbrisseau ne sont pas sans pepin. Mais cette variété n'est pas constante : il n'est guère possible de la perpétuer par la transplantation des rejetons de l'arbrisseau dont le fruit est sans pepin ; parce que ces rejetons acquérant par ce déplacement de nouvelles forces, ils font des plants vigoureux, qui perfectionnent leur fruit et produisent des semences : quoiqu'il puisse encore arriver que ces rejetons transplantés donnent pendant un temps des fruits sans pepin, relativement au degré de culture et à la qualité du terrain. Ceci s'accorde avec l'observation que l'on a faite, que c'est sur les plus vieilles tiges de l'arbrisseau que l'on trouve des fruits sans pepin, et que c'est tout le contraire sur les jeunes rejetons qui sont sur le même pied.

3. L'épine-vinette à fruit blanc ; c'est une variété qui est fort rare, et qui ne diffère de l'espèce commune que par la couleur du fruit.

4. L'épine-vinette de Canada. Cet arbrisseau, qui se trouve dans la plupart des pays septentrionaux de l'Amérique, est aussi robuste et s'élève à la même hauteur que l'espèce commune, dont il diffère surtout par sa feuille qui est plus grande, et dont l'arbrisseau n'est pas si garni.

5. L'épine-vinette de Candie. Cet arbrisseau est si rare, que n'étant point encore connu en France, il faut s'en tenir à la description qui en a été faite par Belus médecin de l'île de Candie, et qui a été donnée par J. Bauhin. " Il s'élève à six ou sept pieds ; il est hérissé d'une grande quantité d'épines qui ont trois pointes, comme celles de l'espèce commune. Sa feuille est petite, légèrement dentelée, et d'une forme approchante de celle du buis. Il donne beaucoup de fleurs jaunes, ressemblantes à celles du palivre, mais plus petites. Le fruit qui en provient contient une ou deux graines ; il est cylindrique comme celui de l'épine-vinette commune, mais il ne vient point en grappe ; il est de couleur noire, et il rend au goût un mélange d'acide et de douceur. L'écorce du bois de cet arbrisseau loin d'être lisse, comme dans l'espèce commune, est raboteuse et d'une couleur grisâtre. Son bois est jaune, ainsi que sa racine, dont on peut faire la plus belle teinture ".

6. L'épine-vinette du Levant. Cet arbrisseau qui a été découvert par Tournefort, dans son voyage au Levant, est aussi rare et aussi peu connu que le précèdent. Tout ce que l'on en sait, c'est qu'il fait un plus grand arbrisseau que ceux dont on vient de parler, et qu'il produit un fruit noir très-agréable au gout. (c)

EPINE-VINETTE, berberis, (Pharmacie et Matière médicale) Il n'y a que les fruits de cet arbrisseau qui soient usités en Pharmacie ; on en exprime le suc, dont on fait le sirop et le rob ; on nettoie les pepins, et on les fait sécher, pour s'en servir dans différentes compositions ; comme le suc exprimé entre aussi dans plusieurs préparations, on en conserve sous l'huile. On trouve chez les Confiseurs les grains d'épine-vinette confits avec le sucre, aussi-bien que la gelée des mêmes fruits.

Le suc de berberis était un des menstrues que les Chimistes employaient pour faire ce qu'ils appelaient teinture de corail, de perle, &c.

Simon Pauli préparait un sel essentiel d'épine-vinette, qu'il appelait tartre de berberis. Il prenait deux livres de suc de ces fruits bien dépuré ; il y ajoutait deux onces de suc de citron, il faisait évaporer à un petit feu jusqu'à ce que la liqueur fût réduite à moitié, et il la mettait dans un endroit frais ; au bout de quelques jours, il la retirait du vase, dont le fond se trouvait couvert de quantité de crystaux ; il faisait évaporer derechef le suc qui lui avait fourni ces crystaux, et il en retirait des nouveaux, etc.

Le suc d'épine-vinette occupe dans la classe des corps muqueux, l'extrême marqué par l'excès d'acide, avec le citron et les groseilles, auxquels il peut être substitué, et qui sont réciproquement ses succédanés propres. Voyez MUQUEUX et CITRON.

La gelée, le rob, le sirop de berberis, sont des analeptiques rafraichissants, qui ont toutes les propriétés des doux-aigrelets. Voyez DOUX, ACIDE, CITRON, LIMONADE.

Le suc de berberis entre dans le sirop magistral astringent ; ses pepins dans la poudre astringente, dans l'électuaire de psyllium, de diaprun, la confection hyacinthe, le diascordium, etc. (b)

EPINE DU DOS, (Anatomie) colonne osseuse, composée de vingt-quatre pièces mobiles appelées vertèbres, appuyées sur l'os sacrum. Le nom d'épine lui a été donné, parce qu'elle est munie à sa partie postérieure de plusieurs apophyses pointues en forme d'épines. Elle ressemble un peu à deux pyramides inégales, dont les bases sont communes ou jointes ensemble : cependant l'épine, au lieu d'être droite, a quatre ou cinq courbures considérables ; mais nonobstant ces courbures, il se rencontre toujours que son centre de gravité qui soutient un grand poids, tombe sur le milieu de la base commune. Entrons dans un plus grand détail, dont nous tirerons les conséquences.

L'épine est articulée avec la tête, et prend depuis l'apophyse condyloïde de l'os occipital, jusqu'à l'extrémité du coccyx.

Comme le crane est composé de différentes pièces osseuses, qui contiennent, conservent, et défendent le cerveau, de même l'épine forme un canal osseux, qui contient, conserve, et défend des injures extérieures la moèlle spinale, qui est une continuité du cerveau dans toute la longue route qu'elle parcourt.

Cette colonne est le principal appui de la tête, des bras, et de la poitrine. Sa composition est formée de plusieurs pièces osseuses, articulées ensemble par des cartilages et des ligaments, qui lui donnent la facilité d'obéir aux mouvements du corps. Ces pièces osseuses s'appellent vertèbres, du verbe latin vertère, qui signifie tourner ; parce que le corps se tourne diversement par leur moyen. Voyez VERTEBRE.

Les plus grandes et les plus massives de ces vertèbres constituent la base de l'épine du dos ; ce qui fait qu'elle est plus solidement appuyée et mieux soutenue.

Les vertèbres en montant perdent insensiblement quelque chose de leur volume ; de sorte que l'épine considérée dans sa totalité de bas en-haut, finit en manière de pyramide. C'est à l'égard de cette figure pyramidale, que M. Winslow a remarqué que toute l'épine étant vue de front et par-devant, la largeur de ce corps n'augmente d'abord que depuis la deuxième vertèbre du cou jusqu'à la septième ; ensuite elle diminue de plus en plus jusqu'à la quatrième ou cinquième vertèbre du dos ; de-là elle recommence son augmentation de suite jusqu'à l'os sacrum : cette disposition est ordinairement constante par rapport aux viscères du bas-ventre.

Ainsi lorsqu'on regarde l'épine par sa partie antérieure ou postérieure, elle parait droite ; quand, au contraire, on la considère par une de ses parties latérales, on reconnait qu'elle se jette tantôt en-dedans, tantôt en-dehors : mais il est impossible d'imiter cette figure en montant un squelete ; il la faut observer dans un cadavre, après avoir emporté les parties qui empêchent de s'en bien éclaircir.

Toute cette suite de pièces osseuses posées les unes sur les autres, et qui contiennent l'épine, se divise en vraies et en fausses vertèbres : les vraies vertèbres sont les vingt-quatre os supérieurs de l'épine, qui forment la longue pyramide supérieure avec sa base inférieure : les fausses vertèbres composent l'os sacrum, et forment la courte pyramide inférieure avec sa base supérieure.

Les connexions de l'épine sont distinguées en communes et en propres. J'appelle connexions communes, celles qu'a l'épine avec les parties voisines, comme avec l'occipital, les côtes, et les os des îles : les propres sont celles que les différentes pièces qui les composent ont entr'elles. Ces dernières sont de deux sortes : la première est la connexion que l'os sacrum, le coccyx, et les vertèbres ont ensemble par leur corps, et que l'on peut nommer syneuro-synchondrosiale, ou ligamenteuse mixte, puisque les ligaments n'y ont pas moins de part que les cartilages : la seconde est celle qu'elles ont par leurs apophyses obliques.

Les cartilages qui unissent les vertèbres en recouvrant leur surface, ont plus d'épaisseur en-devant qu'en-arrière, et sont maintenus dans leur état par une espèce de mucilage onctueux. Les ligaments qui affermissent ces mêmes vertèbres, qui attachent étroitement leurs apophyses obliques, épineuses, et transverses, sont composés de fibres élastiques et très-fortes ; les uns de ces ligaments s'étendent extérieurement sur toute l'épine ; d'autres tapissent la surface interne du canal. Il y a encore quantité de petits ligaments, dont les uns attachent les bords de chaque vertèbre, et recouvrent leurs cartilages ; d'autres sont attachés à la circonférence des apophyses, pour faciliter les mouvements de l'épine, et s'opposer à l'écoulement de la synovie, qui humecte continuellement ces parties. Telle est en gros la structure de la colonne osseuse, dont les pièces sont en si grand nombre et si merveilleusement articulées ensemble, qu'on ne peut se lasser de l'admirer.

Il résulte de cette structure de l'épine plusieurs considérations très importantes : nous allons en exposer quelques-unes aux yeux des Physiciens.

1°. Il parait de cette structure, que la première courbure de l'épine est formée par le poids de la tête, et pour la capacité de la poitrine. Comme la partie inférieure est chargée d'un très-pesant fardeau, on ne doit point être surpris que les vertèbres des lombes s'avancent considérablement en-devant pour recevoir la ligne de direction de toute la masse qu'elle supporte, sans quoi nous ne saurions nous tenir debout. Il est aisé de remarquer cette mécanique dans les chiens qu'on a instruits à marcher sur deux pieds ; leur épine dans cette attitude prend la courbure que nous observons dans celle des hommes, au lieu qu'elle est droite lorsqu'ils marchent sur leurs quatre jambes.

2°. Il suit de la structure de l'épine, que comme les jointures dont cette colonne est composée sont en très-grand nombre, la moèlle épinière, les nerfs, et les vaisseaux sanguins, ne sont pas sujets à des compressions et à des tiraillements lors des mouvements du tronc ; et comme plusieurs vertèbres sont employées à chaque mouvement de l'épine, il se fait toujours alors une petite courbure à l'endroit où se joignent deux vertèbres.

3°. Que l'attitude droite est la plus ferme et la plus assurée ; parce que la surface de contact des points d'appui est plus large, et que le poids porte dessus plus perpendiculairement.

4°. Que les muscles qui meuvent l'épine ont plus de force pour amener le tronc à une attitude droite, que pour se prêter à aucune autre, car pour courber le tronc du corps en devant, en arrière, ou sur les côtés, il faut que les muscles qui concourent à ces actions, s'approchent des centres du mouvement ; et par conséquent leur levier est plus court que quand le centre du mouvement est sur la partie des vertèbres, opposée à celle où ces muscles sont insérés, comme il arrive quand le tronc est droit.

En effet, à mesure que l'épine s'écarte de la position perpendiculaire, le poids du corps l'incline bientôt du côté que nous voulons ; au lieu que quand nous nous tenons droits, ce grand poids est plus que contre-balancé.

5°. Qu'en calculant la force qu'emploient les muscles qui meuvent l'épine, il en faut distribuer une partie pour l'action des cartilages d'entre les vertèbres, lesquels cartilages, dans tout mouvement qui s'écarte de l'attitude droite, sont tirés d'un côté, et comprimés de l'autre ; au lieu que le tronc étant dans une attitude droite, ces mêmes cartilages y concourent par leur force naturelle.

6°. Il est aisé de déduire, de la structure de l'épine, la raison du phénomène observé par M. Wasse, que notre taille est allongée le matin, et diminuée le soir : cette raison est que les cartilages intermédiaires des vertèbres, pressés tout le jour par le poids de notre corps, sont le soir plus compactes ; mais après qu'ils ont été remis de cette pression, par le repos de la nuit, ils reprennent leur état naturel. Voyez le mot ACCROISSEMENT.

7°. Les différentes articulations, soit des corps, soit des processus obliques des vertèbres, et le plus ou moins de force des différents ligaments, montre que leur destination est plutôt de faciliter le mouvement en devant, que celui du mouvement en arrière : ce dernier est de difficîle exécution, et même sujet dans les adultes à rompre, par un tiraillement excessif, les vaisseaux sanguins qui sont contigus aux corps des vertèbres.

C'est un fait si vrai, que les danseurs de corde et les voltigeurs, qui plient leur corps en tant de manières différentes, ne le font que parce qu'ils y sont accoutumés, et même façonnés dès la plus tendre enfance, cet âge de la vie où les apophyses et les bords des vertèbres ne sont encore que des cartilages flexibles, et où les ligaments sont d'une extrême souplesse. Cette flexibilité et cette souplesse continuent de se maintenir par un exercice et une habitude perpétuellement répétée ; et c'est peut-être par cette raison que dans la dissection des cadavres de deux danseurs de corde, âgés d'environ vingt ans, Riolan observa que leurs épiphyses n'étaient pas encore devenues apophyses.

8°. Du mécanisme général de l'épine on peut déduire aisément toutes les différentes courbures contre nature dont l'épine est capable ; car si une ou plusieurs vertèbres sont d'une épaisseur inégale à des côtés opposés, il faudra que l'épine panche sur le côté le plus mince, qui ne soutenant que la moindre partie du poids du corps, sera de plus en plus comprimée, et par conséquent ne pourra pas s'étendre autant que l'autre côté, qui étant bien moins chargé, aura toute l'aisance propre à le laisser grossir excessivement.

Les causes d'où provient cette inégalité d'épaisseur dans différents côtés des vertèbres sont différentes ; car l'inégalité peut procéder ou d'une distension trop forte des vaisseaux d'un côté, ou d'un accroissement contre nature de l'épaisseur de cette partie, ou, ce qui est encore plus commun, de l'obstruction des vaisseaux, qui empêche l'application de la substance alimentaire nécessaire à l'os. Cette obstruction dépend, 1°. de la disposition vicieuse des vaisseaux ou des fluides, 2°. d'une pression mécanique inégale, occasionnée par la faiblesse paralytique des muscles et des ligaments, 3°. de l'action spasmodique des muscles sur un côté de l'épine, 4°. d'une longue continuité, ou de la reprise fréquente d'une posture éloignée de la droite.

Dans tous ces cas il arrive également que les vertèbres s'épaissiront du côté que les vaisseaux sont libres, et demeureront minces du côté où les vaisseaux sont obstrués. Toutes les fois qu'il arrive une pareille courbure contre nature, il en résulte presque infailliblement une autre, mais dans une direction opposée à la première, tant parce que les muscles du côté convexe de l'épine étant tiraillés, tirent avec plus de force les parties auxquelles leurs extrémités sont attachées, que parce que la personne incommodée fait ses efforts pour maintenir le centre de gravité de son corps dans une direction perpendiculaire à sa base.

Dès qu'on aura compris comment se forment ces courbures contre nature de l'épine, il sera plus aisé de faire un pronostic sur l'indisposition du malade, et d'imaginer la méthode propre à y remédier : mais une indication générale que le chirurgien doit suivre, c'est d'affoiblir la puissance courbante, en augmentant la compression sur la partie convexe de la courbure, et la diminuant sur la partie concave. Or la manière de pratiquer cette méthode varie suivant la différence des cas, et demande qu'on fasse une attention particulière aux diverses causes du déjettement de l'épine. Voyez GIBBOSITE. Article de M(D.J.)

EPINE, s. f. en Anatomie, se dit de certaines éminences qui ont à-peu-près la figure d'une épine.

L'épine occipitale, voyez OCCIPITAL.

L'épine des os des îles, voyez ILEON.

L'épine nasale, voyez MAXILLAIRE.

L'épine frontale ou coronale, voyez CORONALE.

EPINE, (Manège et Maréchalerie) Faire tirer l'épine. pratique non moins digne de la sagacité de la plupart des maréchaux, que celle de faire nager à sec dans la circonstance d'un écart. Quelques-uns d'entr'eux s'y livrent encore aujourd'hui dans le cas d'une luxation arrivée dans une des extrémités de l'animal : ils mettent un entravon à l'extrémité affectée, et ils le fixent au-dessous de la partie luxée ; ils passent ensuite une longe dans l'anneau de ce même entravon, l'y arrêtent par un bout, et attachent l'autre à un arbre quelconque : après quoi ils assomment le cheval à coups de fouet, et l'obligent de fuir en avant, de manière que l'extrémité malade, prise et retenue dans cette fuite précipitée, essuie une extension qui favorise, selon eux, la rentrée de l'os déplacé dans son lieu.

C'en est assez ; et que pourrais-je dire de plus ? Voyez LUXATION, FRACTURE. (e)