S. m. taxus, (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur composée de sommets, qui, pour la plupart, ont la forme d'un champignon ; cette fleur est stérile, l'embryon devient dans la suite une baie concave faite en forme de cloche et pleine de suc ; elle renferme une semence. Il y a de ces fruits qui ressemblent à un gland, car ils ont une calotte qui embrasse la semence. Tournefort, Instit. rei herb. Voyez PLANTE.

IF, taxus, arbre toujours verd, qui vient naturellement dans quelques contrées méridionales de l'Europe ; mais par l'usage que l'on en fait, et la contrainte où on l'assujettit, il ne parait nulle part que sous la forme d'un arbrisseau. Si cependant on le laisse croitre de lui-même, il prend une tige droite, qui s'éleve, grossit, et devient un moyen arbre. Son écorce est mince, rougeâtre, et sans gersures à tout âge ; ses feuilles sont petites, étroites, assez ressemblantes à celles du sapin, mais d'un verd obscur et triste. L'arbre donne au printemps, aux extrémités de ses jeunes rameaux, des fleurs mâles ou chatons écailleux qui servent à féconder ses fruits ; ce sont des baies molles, visqueuses, et d'un rouge vif, dont chacune contient une semence.

Cet arbre est très-robuste ; et quoiqu'il habite les pays tempérés, on le trouve plus volontiers sur le sommet des montagnes les plus froides, dans les gorges serrées et exposées au nord, dans des coteaux à l'ombre, dans les lieux secs et pierreux, dans les terres légères et stériles. Il peut venir sous les autres arbres, et il est si traitable, qu'on le voit réussir dans tous les terrains où on l'emploie pour la décoration des jardins, et où il n'y a que l'humidité qui puisse le faire échouer.

L'if se multiplie aisément de semences, de boutures ou de branches couchées. Le premier moyen est le plus lent, mais le meilleur qu'on puisse employer pour avoir des arbres forts et bien enracinés. Les deux autres méthodes seraient préférables par leur célérité, si elles n'avaient l'inconvénient de donner des plants défectueux, soit parce qu'ils sont courbes, ou qu'ils n'ont point de tige déterminée. La graine de l'if est mûre au mois de Septembre, elle reste ordinairement sur les arbres jusqu'en Décembre ; mais comme les oiseaux en sont fort avides, on court risque de n'en plus trouver en différant plus longtemps de la faire cueillir : il vaut donc mieux faire cette récolte dans le mois d'Octobre. On peut la semer sur-le-champ, ou attendre le printemps, ou bien l'automne suivante, ou même différer jusqu'à l'autre printemps. En prenant le premier parti, il en pourra lever quelques-unes au printemps suivant ; mais le plus grand nombre ne levera qu'au second printemps, et il en sera de même des graines que l'on aura semées dans les trois autres temps ; en sorte qu'il faut que cette graine soit surannée pour être assuré de la voir lever au bout de six semaines. Comme il n'y a presque rien à gagner en la semant immédiatement après qu'elle a été recueillie, il vaut encore mieux la garder pendant la première année, dans de la terre ou du sable, en un lieu sec ; on épargnera l'occupation du terrain, et la peine de le tenir en culture. Si cependant on avait intérêt d'accélérer, il y a différents moyens d'en venir à bout que l'on pourra employer ; il faudra où laisser suer les graines, ou les mettre en fermentation : voyez ce qui a été dit à ce sujet à l'article HOUX.

Il faut semer la graine d'if dans un terrain frais et léger, contre un mur exposé au nord. Bien des gens la sement en plein champ ; mais il vaut mieux la mettre en rayons, que l'on recouvrira d'un demi pouce de terreau fort léger ; cela donnera plus de facilité pour la culture. La première année les plants s'éleveront à un pouce ; la seconde, à environ trois ou quatre pouces ; et la troisième année, ils auront communément un pied ; c'est alors qu'ils seront en état d'être mis en pepinière. Mais comme les racines de cet arbre sont courtes, menues, en petite quantité, et à fleur de terre, il faut avoir la précaution de transplanter les jeunes plants tous les deux ans, afin de les empêcher d'étendre leurs racines, et les disposer à pouvoir être enlevés avec la motte lorsqu'on voudra les placer à demeure : pendant le séjour qu'ils font à la pepinière on les taille tous les ans, pour les faire brancher et épaissir, et on les prépare ainsi à prendre les figures auxquelles on les destine.

Si on veut multiplier l'if de branches couchées, on doit faire cette opération au printemps ; on se sert pour cela des branches qui se trouvent au pied des vieux arbres, et pour en assurer le succès il faut marcotter les branches en les couchant ; elles auront de bonnes racines au bout de deux ans, et alors on pourra les mettre en pepinière. Si on prend le parti de propager cet arbre de boutures, il faut les faire au mois d'Avril, par un temps humide, dans un terrain frais et bien meuble, contre un mur, à l'exposition du nord. Les plus jeunes branches sont les meilleures pour cet œuvre ; le plus grand nombre de ces boutures poussera la première année, et annoncera du succès ; mais la plupart malgré cela n'ayant point encore fait racine, ou n'en ayant que de bien faibles, on les verra se dessécher et périr par le hâle du printemps suivant, si on n'a grand soin de les couvrir et de les arroser : il ne faut s'attendre à les trouver bien enracinés qu'après la troisième année, qui sera le temps de les transplanter en pepinière.

Par les précautions que l'on a conseillé de prendre pour l'éducation de ces arbres durant le temps qu'ils sont en pepinière, on doit juger qu'il ne faut pas moins d'attention pour les transplanter à demeure, et c'est surtout au choix de la saison qu'il faut s'attacher. Le fort de l'hiver et le grand été n'y sont nullement propres ; tous autres temps sont convenables, à l'exception toutes-fais des commencements du printemps, et particulièrement de ce temps sec, vif et brulant, que l'on nomme le hâle de Mars. Ce hâle est le fléau des arbres toujours verts ; c'est l'intempérie la plus à craindre pour les plants de ces arbres, qui sont jeunes ou languissants, ou nouvellement plantés. Les mois que l'on doit préférer pour la transplantation de l'if sont ceux d'Avril et de Septembre, encore faut-il profiter pour cela d'un temps doux, nébuleux et humide ; garantir les plants du soleil en les couvrant de paille, et les arroser souvent, mais modérément. Si cependant les ifs que l'on prend le parti de transplanter sont trop forts, il sera bien difficîle de les faire reprendre avec toutes les précautions possibles, et les plants jeunes ou moyens que l'on sera dans le cas d'envoyer au loin, doivent être enlevés avec la motte de terre, et mis en manequin pour en assurer le succès. L'if est un arbre agreste, sauvage, robuste ; dès qu'il est repris, il n'exige plus aucune culture.

Le bois de l'if est rougeâtre, veineux et fléxible, très-dur, très-fort, et presque incorruptible ; sa solidité le rend propre à différents ouvrages de Menuiserie, il prend un beau poli, et les racines s'emploient par les Tourneurs et les ébénistes.

On ne plante presque jamais cet arbre, pour le laisser croitre naturellement ; on ne l'emploie au contraire que pour l'assujettir à différentes formes, qui demandent des soins, et encore plus de gout. L'if n'a nulle beauté, il est toujours verd, et puis c'est tout ; mais sa verdure est si obscure, si triste, que tout l'agrément de cet arbre vient de la figure que l'art lui impose. Autrefois les ifs envahissaient les jardins par la quantité de plants de cet arbre qu'on y admettait, et plus encore par les formes volumineuses et surchargées qu'on leur laissait prendre. Aujourd'hui, quoique le goût soit dominant pour les arbrisseaux, on n'emploie l'if qu'avec ménagement, et on le retient à deux ou trois pieds de haut ; on le met dans les plates-bandes des grands jardins pour en interrompre l'uniformité, et marquer à l'oeil des intervalles symétriques ; on le place aussi entre les arbres des allées, autour des bosquets d'arbres toujours verts, dans les salles de verdure, et autres pièces de décoration ; mais le meilleur usage que l'on puisse faire de cet arbre, c'est d'en former des banquettes, des haies de clôture ou de séparation, et surtout de hautes palissades ; il est très-propre à remplir ces objets, par la régularité dont il est susceptible. Ces haies et ces palissades sont d'une force impénétrable, par l'épaisseur qu'on peut leur faire prendre.

L'if est peut-être de tous les arbres celui qui souffre la taille avec le moins d'inconvénient, et qui conserve le mieux la forme qu'on veut lui donner. On lui voit prendre sous les ciseaux du jardinier des figures rondes, coniques, spirales, en pyramide, en vase, etc. le mois de Juillet est le temps le plus propre pour la taille de cet arbre.

Si l'on en croit la plupart des anciens auteurs d'agriculture, et quelques-uns des modernes, cet arbre a des propriétés très-nuisibles ; le bois, l'écorce, le feuillage, la fleur et le fruit, son ombre même, tout en est venimeux, à ce qu'ils assurent ; il peut causer la mort à l'homme, à plusieurs animaux quadrupedes, et aux oiseaux : ils citent même quantité de faits à ce sujet. Mais il parait que cette malignité si excessive doit être surtout attribuée à une autre espèce d'if, qui ne se trouve que dans les contrées méridionales de l'Europe, et qui a les feuilles plus larges et plus luisantes que celles de l'espèce que nous cultivons. M. Evelyn, dans son Traité des forêts, rapporte avoir Ve à Pise en Italie, de ces ifs à larges feuilles, qui rendaient une odeur si forte et si active, que les Jardiniers ne pouvaient les tailler pendant plus d'une demi-heure, sans ressentir un grand mal de tête. Il est très-certain que le fruit de notre if, ne cause aucun mal ; on a Ve souvent des enfants et des animaux en manger sans aucun inconvénient ; bien des gens se sont trouvés dans le cas de se reposer, et même de dormir sous son ombre, sans en avoir ressenti aucun mal ; mais à l'égard des rameaux, qui peuvent comprendre en même temps le bois, la feuille et la fleur, il y a lieu de soupçonner qu'il est très-dangereux d'en manger : il y a sur cela un exemple assez récent. Un particulier de Montbard, en Bourgogne, ayant conduit sur un âne des plantes au jardin du Roi à Paris, au mois de Septembre 1751, il attacha son âne dans une arrière cour du château, où il y avait une palissade d'if ; pendant que le conducteur s'occupa à transporter dans les serres les plantes qu'il avait amenées, l'animal, qui était pressé de la faim, brouta des rameaux d'if qui étaient à sa portée, et lorsque le conducteur revint pour prendre son âne et le conduire à l'écurie, il le vit tomber par terre, et mourir subitement, malgré les secours d'un maréchal qui fut appelé sur-le-champ, et qui reconnut par l'enflure qui était survenue à l'animal, et par d'autres indices, qu'il fallait qu'il eut mangé quelque chose de venimeux. Jean Bauhin dans son histoire des Plantes cite pareil fait d'un âne mort subitement, au village d'Oberentzingen, pour avoir mangé de l'if.

On ne connait encore que deux variétés de cet arbre ; l'une, dont les feuilles sont plus larges et plus luisantes ; l'autre, dont les feuilles sont rayées de jaune : celle-ci a si peu d'agrément qu'on ne s'est point encore avisé de la tirer d'Angleterre, où la curiosité pour les plantes panachées trouve plus de partisans qu'en France. Les auteurs Anglais conviennent que cette sorte d'if panaché n'a presque nulle beauté ; que pendant l'été, qui est le temps où cet arbre pousse vigoureusement, à peine aperçoit-on la bigarrure, et qu'elle présente plutôt une défectuosité qu'un agrément ; qu'il est vrai qu'elle est plus apparente en hiver, mais qu'il faut beaucoup de soin pour empêcher l'arbre de reprendre son état naturel.

IF, (Médecine) Dioscoride, Galien, Pline, presque tous les anciens naturalistes, et quelques modernes, mettent cet arbre au rang des poisons ; non seulement ses fruits, l'infusion ou la décoction de ses feuilles et de son bois, ont, selon ces auteurs, une qualité assoupissante et véritablement venimeuse, mais encore il est dangereux de dormir à son ombre, et de s'occuper pendant un certain temps continu à le tailler. Les naturalistes modernes s'accordent au contraire assez à absoudre cet arbre de ces qualités pernicieuses. Or, comme les anciens ont été beaucoup moins circonspects que les modernes sur les assertions de ce genre ; qu'ils ont moins reconnu que ceux-ci les droits de l'expérience, il parait raisonnable de pancher vers le sentiment des derniers. (b)

IF, l'île d', Hypaea, (Géographie) île de France en Provence, la plus orientale des trois qui sont devant le port de Marseille. Le fort qui la défend passe pour un des meilleurs de la mer Méditerranée ; ce n'était auparavant qu'une place d'ifs, dont elle a gardé le nom. (D.J.)