S. m. (Histoire naturelle, Botanique) rosa ; genre de plante à fleur composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le calice est formé de plusieurs feuilles, et il devient dans la suite un fruit arrondi ou oblong, et charnu ; il n'a qu'une capsule, et il renferme des semences le plus souvent anguleuses et velues. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.

ROSIER, (Jardinage) rosa ; arbrisseau épineux qui se trouve en Europe plus qu'en nulle autre partie du monde. Il pousse plusieurs tiges du pied, qui sont de peu de durée, mais qui se renouvellent aisément. La hauteur commune des rosiers est de quatre à cinq pieds : quelques espèces en prennent beaucoup moins, et d'autres un peu plus. Les racines de cet arbrisseau tracent beaucoup, et produisent des rejetons. Sa feuille est composée de cinq ou sept folioles qui sont ovales, dentelées, et attachées par paires à un filet commun qui est terminé par une seule foliole. Ses fleurs sont simples ou doubles, plus ou moins, et de différentes grandeurs et couleurs, selon les espèces. Elles viennent au bout des branches, et elles donnent un fruit oblong qui contient plusieurs semences.

Le rosier doit tenir une des premières places parmi les arbrisseaux fleurissants. C'est sans contredit l'un des plus beaux, des plus variés, et des plus agréables, tant par la quantité et la durée de ses fleurs, que par leur éclat et la douce odeur qu'elles exhalent. La rose embellit tous les lieux qu'elle habite ; elle est la parure la plus brillante de la nature ; c'est le plus riant objet de ses productions, et l'image la plus pure de la douceur, de la beauté et de la candeur.

Rien de plus simple et de plus facîle que d'élever, de cultiver et de multiplier le rosier. Il se plait dans tous les climats tempérés ; il vient à toutes expositions, et il réussit dans tous les terrains. Cependant il vit peu dans les terres seches et legeres, et ses fleurs ont moins d'odeur dans celles qui sont grasses et humides. On évitera ces deux inconvénients en mettant le rosier dans un terrain de moyenne qualité.

On peut multiplier cet arbrisseau de toutes les façons possibles ; de rejetons, de branches couchées, de boutures ; par les graines, par la greffe et par ses racines. La semence est le moyen le plus long et le plus incertain : pour l'ordinaire, on n'acquiert de cette façon que des espèces batardes ou dégénérées. Toutes les autres méthodes ont un succès à-peu-près égal. Cet arbrisseau peut se transplanter en tout temps avec succès, et même pendant tout l'été, en supprimant tout le fanage, et en réduisant la tige à quatre pouces au-dessus de terre. Nulle autre culture que de le tailler souvent et sans ménagement. Plus on le taillera, plus il durera, plus il donnera de fleurs, et plus le temps de leur venue pourra varier. Les différents temps de la transplantation rempliront aussi ce dernier objet.

Tous les rosiers peuvent se greffer les uns sur les autres ; mais il faut éviter de prendre pour sujets, ou plutôt on doit exclure des jardins la rose à odeur de canelle, celle à fleur jaune simple, celle à feuille de pimprenelle, et surtout la rose sauvage de Virginie. Elles envahissent le terrain par la quantité de rejetons qu'elles poussent sur leurs racines, qui s'étendent considérablement. Le mois de Juin est le temps le plus convenable pour greffer ces arbrisseaux en écusson.

On connait près de quatre-vingt variétés du rosier, dont le tiers environ ne donne que des fleurs simples ; cependant il y en a plusieurs qui ont assez d'agrément ou de singularité pour mériter qu'on les cultive. Tous les rosiers à fleurs doubles ont de la beauté. On peut considérer les roses sous quatre couleurs principales ; les jaunes, les blanches, les incarnates et les rouges. Il y en a peu de jaunes, un peu plus de blanches, beaucoup davantage d'incarnates, et les rouges font le plus grand nombre. Dans ces deux dernières couleurs, il y a une infinité de nuances depuis le couleur de chair le plus tendre, jusqu'à l'incarnat le plus vif, et du rouge pâle au pourpre foncé. Il règne encore une grande variété dans la stature des rosiers, dans l'odeur des fleurs, dans les saisons de leurs venues, dans leur grandeur. Il y a aussi des rosiers sans épines ; d'autres sont toujours verts ; dans quelques-uns les feuilles ont une odeur agréable ; dans d'autres elles sont joliment tachées. Il s'en trouve plusieurs dont les roses sont panachées, tiquetées ou mi-parties. On en voit de proliferes ; d'autres à fruit épineux ; d'autres qui fleurissent deux fois l'an ; d'autres pendant presque toute l'année ; d'autres enfin ne s'ouvrent qu'à demi. Nul arbrisseau ne rassemble des différences aussi singulières, aussi variées et aussi intéressantes. Le rosier seul peut former une collection nombreuse, où chaque jour de la belle saison donnera du nouveau et de l'agréable.

Le rosier étant donc de la plus grande ressource pour l'embellissement des jardins, on peut en faire plusieurs usages. On le met en buisson dans les plates-bandes ; on le mêle avec d'autres arbrisseaux fleurissants dans les bosquets ; on en garnit des carrés entiers, où on les retient à trois pieds de hauteur ; mais si l'on veut tirer grand parti de cet arbrisseau, c'est de l'entremêler de jasmin et de chevrefeuilles pour en former des bordures longues et épaisses, que l'on taille en ados, et que l'on retient à deux ou trois pieds de hauteur. Les bordures peuvent se mettre, et réussissent fort bien sous des grands arbres taillés en hautes palissades sur tiges, où elles donneront des fleurs pendant toute la belle saison.

La Médecine tire des services du rosier. Il y a des roses astringentes, et d'autres purgatives. On en tire un miel, une huile, et un suc électuaire : on en fait des syrops, des conserves, et jusqu'à du vinaigre ; les roses pâles et odorantes sont les plus propres à donner l'eau-rose. On fait aussi quelque usage des fruits du rosier, et d'une sorte d'éponge qui vient sur cet arbrisseau, et qui a des propriétés.

Les variétés du rosier sont si nombreuses, que la nature de cet ouvrage ne permet pas d'entrer ici dans une description détaillée de toutes les espèces. Je n'en rapporterai qu'une seule, qui est en quelque façon nouvelle et fort à la mode.

Le rosier de Bourgogne, ou le rosier à pompons. Ce petit arbrisseau ne s'élève qu'à un pied, ou un pied et demi. Il pousse du pied quantité de tiges, qui sont fortes et ont du soutien. Ses feuilles sont petites, étroites, d'une verdure terne et pâle. Ses fleurs d'environ trois quarts de pouce de diamètre, sont dans leur milieu de l'incarnat le plus vif, qui se dégrade insensiblement vers les bords qui sont d'une couleur de chair pâle. L'arbrisseau en produit une grande quantité dès le commencement de Mai ; elles sont d'une odeur excellente, et de la plus brillante apparence. Ce rosier est extrêmement propre à former de petites bordures, parce qu'il ne s'étend pas beaucoup. Il se couvre de tant de fleurs, qu'il s'épuise et périt en peu d'années, surtout lorsqu'on le tient en pot. On peut y remédier par la taille en rabattant toutes ses branches à moitié, et en l'arrosant fréquemment durant l'été. L'art et la culture n'ont eu aucune part à la découverte de ce rosier. C'est un jardinier de Dijon qui l'a trouvé en 1735, en cherchant des buis sur les montagnes voisines dans le temps qu'il était en fleurs.