S. m. (Botanique) le lustre, ou la girandole d'eau, est un genre de plante que M. Vaillant nomme en Botanique chara, et qu'il caractérise ainsi dans les Mém. de l'acad. des Scienc. ann. 1719.

Ses fleurs naissent sur les feuilles ; chaque fleur est incomplete , régulière, monopétale et androgine : elles portent sur le sommet d'un ovaire dont les quartiers figurent une couronne antique. Par-là, cet ovaire devient une capsule couronnée, laquelle est monosperme. Les feuilles sont simples, sans queue, et disposées en rayons qui accollent la tige d'espace en espace. Celles d'où naissent les fleurs, sont découpées ; de manière que les segments d'un côté se trouvent directement opposés à ceux de l'autre, pour former ensemble comme des mors de pincettes, dans chacun desquels un ovaire est engagé.

M. Linnaeus prétend que le caractère de ce genre de plante consiste en ce que le calice est petit et composé de deux feuilles. Il est fort douteux que la fleur soit monopétale, et même qu'il y en ait une. Il n'y a point d'apparence d'étamines, ni de style. Le germe du pistil est ovale, la graine est unique, et est d'une forme ovoïde et allongée.

Le chara et ses espèces ont été mal rangés avant M. Vaillant parmi les equisetum ou prêles. Ces plantes n'ont d'autre rapport ensemble, qu'en ce que les feuilles du prêle et les branches de celui-ci sont disposées de la même manière.

Le nom de lustre ou de girandole d'eau donné par M. Vaillant au chara, est fondé sur ce que ses verticilles ou rangs de feuilles chargés d'ovaires couronnés représentent assez bien ces sortes de chandeliers branchus, qu'on nomme lustres ou girandoles. (D.J.)

LUSTRE, s. m. (Littér : rom.) lustrum ; espace que les anciens et les modernes ont constamment regardé comme un intervalle de cinq ans. En effet, comme le cens devait naturellement avoir lieu tous les cinq ans, cet espace de temps prit le nom de lustre, à cause d'un sacrifice expiatoire que les censeurs faisaient à la clôture du cens, pour purifier le peuple.

Si nous approfondissions cependant le véritable état de la chose, nous ne trouverions point de raison suffisante pour donner au lustre la signification précise de cinq ans ; nous verrions au contraire que le cens et le lustre furent célébrés le plus souvent sans règle, dans des temps incertains et différents, suivant l'exigence particulière et les besoins de la république.

Ce fait résulte invinciblement et du témoignage des anciens auteurs, et des monuments antiques, tels que les fastes gravés sur le marbre et conservés au capitole, où l'on voit une suite de magistrats de la république, ainsi qu'un abrégé de leurs actions, depuis les premiers siècles de Rome. Par exemple, Servius Tullius qui établit le cens, adopta le lustre, et qui ne fit que quatre fois l'estimation des biens et le dénombrement des citoyens, commença à régner l'an 175, et son règne dura trente-quatre ans : Tarquin le superbe son successeur ne tint point de cens.

Les consuls P. Valerius et T. Lucretius rétablirent l'institution de Servius, et tinrent le cinquième cens, l'an de Rome 245 ; les marbres du capitole manquent à cette époque, et l'on y voit une lacune qui comprend les sept premiers lustres, mais ils marquent que le huitième fut fait l'an de Rome 279 ; de sorte que les trois premiers lustres célébrés par les consuls, forment un intervalle de 34 ans.

Ce fut à la création des censeurs l'an de Rome 311, qu'on célébra le onzième lustre qui à un an près, a le même intervalle que les trois derniers tenus par les consuls.

Le douzième lustre, selon les marbres du capitole, se rapportent à l'an de Rome 390 ; ce qui montre que sous les censeurs créés afin de faire le dénombrement du peuple, et d'en estimer les biens, les neuf premiers lustres l'un dans l'autre, embrassent chacun d'eux à peu près l'espace de neuf années.

Le dernier lustre fut fait par les censeurs Appius Claudius et L. Pison l'an de Rome 703, et ce fut le 71e lustre. Si donc on compte les lustres, depuis le premier célébré par les censeurs jusqu'au dernier, on trouve entre chacun des 60 lustres intermédiaires, une intervalle d'environ six ans et demi : tel est le véritable état des choses. Il en résulte avec évidence, que quoique le temps et l'usage aient attaché l'idée d'un intervalle de cinq ans au mot lustre, c'est sans fondement que cet usage s'est établi.

Au reste, l'on n'a pas eu moins de tort d'écrire que Servius Tullius est l'auteur du lustre pris pour le sacrifice expiatoire du peuple. Servius Tullius n'inventa que le cens ou le dénombrement. Le lustre, la lustration, le sacrificium lustrale était d'usage avant ce prince ; je le prouve par ce passage de Tite-Live qui dit que Tullus Hostilius ayant gagné la bataille contre les habitants d'Albe, prépara un sacrifice lustral ou expiatoire pour le lendemain à la pointe du jour. Après que tout fut préparé selon la coutume, il fit assembler les deux armées, etc. Sacrificium lustrale in diem posterum parat, ubi illuxit. Paratis omnibus, ut assolet, vocari ad concionem utrumque exercitum jubet, &c.

Servius Tullius adopta seulement pour la clôture du cens le même sacrifice lustral, pratiqué avant lui par Tullus Hostilius, lors de sa bataille contre les Albains.

Si le mot lustrum, lustre, ne vient pas de lustrare, purifier, peut-être est-il dérivé de luere qui signifiait payer la taxe à laquelle chaque citoyen était imposé par les censeurs : c'est du moins le sentiment de Varron. (D.J.)

LUSTRE, (Chapeliers). On donne souvent le lustre aux chapeaux avec de l'eau commune, à quoi on ajoute quelquefois un peu de teinture noire : le même lustre sert aux peaussiers, excepté qu'ils ne se servent jamais de teinture noire pour leurs fourrures blanches. Lorsqu'ils veulent donner le lustre à des fourrures très-noires, ils préparent quelquefois pour cela un lustre de noix de galle, de couperose, d'alun romain, de moèlle de bœuf, et d'autres ingrédiens. On donne le lustre aux draps, aux moères, en les passant à la calandre, ou les pressant sous la calandre. Voyez CALANDRE.

LUSTRE, en terme de Boursiers, c'est une espèce de vernis fait de blancs d'œufs, de gomme, et d'encre, dont les boursiers se servent pour rendre leurs calottes de maroquin luisantes.

LUSTRE, (Corroyeurs). Les Corroyeurs s'y prennent de différentes façons pour donner le lustre à leurs cuirs, selon les différentes couleurs qu'ils veulent lustrer. Pour le noir, ils donnent le premier lustre avec le jus du fruit de l'épine-vinette, et le second avec un composé de gomme arabique, de bière douce, de vinaigre, et de colle de Flandre qu'ils font bouillir ensemble. Pour les couleurs, ils se servent d'un blanc d'œuf battu dans de l'eau. On donne le lustre au maroquin avec du jus du fruit de l'épine-vinette et du jus d'orange ou de citron.

LUSTRE, (Pelletiers). Les Pelletiers se servent du même lustre que les Chapeliers, à l'exception qu'ils ne mettent point de teinture sur les fourrures blanches et sur celles qui sont d'une couleur claire. Quelquefois cependant ils composent un lustre pour les fourrures très-noires, et principalement pour celles qu'ils emploient aux manchons. Il y entre de la noix de galle, de la couperose, de l'alun de Rome, de la moèlle de bœuf, et quelques autres drogues.