linum, s. m. (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur en oeillet ; elle a plusieurs pétales disposées en rond, qui sortent d'un calice composé de plusieurs feuilles, et ressemblant en quelque sorte à un tuyau ; il sort aussi de ce calice un pistil qui devient ensuite un fruit presque rond, terminé pour l'ordinaire en pointes et composé de plusieurs capsules ; elles s'ouvrent du côté du centre du fruit, et elles renferment une semence aplatie presqu'ovale, plus pointue par un bout que par l'autre. Tournefort. Inst. rei herb. Voyez PLANTE.

LIN, (Botanique) Des 31 espèces de lin que distingue Tournefort, nous ne considérons que la plus commune, le lin ordinaire qu'on seme dans les champs, et qui est nommé par les Botanistes, linum sativum, vulgare, caeruleum, en Anglais manur'd-flax.

Sa racine est fort menue, garnie de peu de fibres ; sa tige est cylindrique, simple le plus souvent, creuse, grêle, lisse, haute d'une coudée ou d'une coudée et demie, branchue vers le sommet. Cette tige est revêtue d'une écorce rude ; on a découvert en la battant, qu'elle est composée d'un grand nombre de fils très-déliés. Ses feuilles sont pointues, larges de deux ou trois lignes, longues d'environ deux pouces, placées alternativement, ou plutôt sans ordre sur la tige, molles, lisses. Ses fleurs sont jolies, petites, peu durables, et d'un beau bleu. Elles naissent au sommet des tiges, portées sur des pédicules grêles, assez longs. Elles sont disposées en oeillet, composées chacune de cinq pétales, arrondis à leur bord, et rayés. Leur calice est d'une seule pièce en forme de tuyau, découpé en cinq parties.

Le pistil qui s'élève du fond du calice, devient un fruit de la grosseur d'un pois chiche, presque sphérique, et terminé en pointe. Ce fruit est composé de plusieurs capsules en dedans qui s'ouvrent du côté du centre ; elles sont remplies de graines aplaties, presqu' ovalaires, obtuses d'un côté, pointues de l'autre, lisses, luisantes, et d'une couleur fauve, tirant sur le pourpre.

On seme le lin dans les champs ; il fleurit au mois de Juin. Sa graine seule produit un trafic considérable, indépendamment de son emploi en Médecine ; mais la culture de la plante est bien précieuse à d'autres égards. De sa petite graine, il s'élève un tuyau grêle et menu, qui étant brisé, se réduit en filaments, et acquiert par la préparation la mollesse de la laine. On la fîle ensuite pour la couture, les points ou les dentelles. Enfin, on en fait la toîle et le papier qui sont d'un usage immense, et qu'on ne saurait assez admirer. Voyez donc LIN, (Agriculture) (D.J.)

LIN SAUVAGE PURGATIF, (Botanique) il est appelé linum catharticum, ou linum sylvestre catharticum, par la plupart des botanistes, linum pratense, flosculis exiguis, par C. B. P. 214, et par Tournefort I. R. H. 340 ; en anglais purging flax.

Sa racine est menue, blanche, ligneuse, garnie de quelques fibrilles. Ces tiges sont fort grêles, un peu couchées sur terre, mais bientôt après elles s'élèvent à la hauteur d'une palme et plus. Elles sont cylindriques, rougeâtres, branchues à leur sommet, et panchées. Ses feuilles inférieures sont arrondies et terminées par une pointe mousse ; celles du milieu et du haut des tiges, sont opposées deux à deux, nombreuses, petites, longues d'un demi-pouce, larges de deux ou trois lignes, lisses et sans queue. Ses fleurs sont portées sur de longs pédicules ; elles sont blanches, en oeillets, à cinq pétales, pointus et entiers. Elles sont garnies de cinq étamines jaunes, renfermées dans un calice à cinq feuilles. Les capsules séminales qui succedent à la fleur sont petites, cannelées, et contiennent une graine luisante, aplatie, oblongue, semblable à celle du lin ordinaire, mais plus menue.

Le lin sauvage croit aux lieux élevés, secs, comme aussi dans les champs parmi les avoines, et fleurit en Juin et Juillet.

Cette plante parait contenir un sel essentiel tartareux, vitriolique, uni à une grande quantité d'huîle fétide. Elle est d'un goût amer, desagréable, et qui excite des nausées. On en fait peu d'usage, parce qu'elle purge violemment, et presque aussi fortement que la gratiole. Le médecin qui s'en servirait pour l'hydropisie, ne doit jamais la donner que dans les commencements du mal, et à des corps très-robustes. (D.J.)

LIN INCOMBUSTIBLE, (Histoire naturelle) c'est un des noms de l'amiante. Voyez AMIANTE.

Vous trouverez dans cet article les observations les plus vraies et les plus importantes sur cette substance minérale.

Sa nature est très-compacte et très-cotonneuse. Toutes ses parties sont disposées en fibres luisantes, et d'un cendré argentin, très-déliées, arrangées en lignes perpendiculaires, unies par une matière terreuse, capables d'en être séparées dans l'eau et de résister à l'action du feu.

Cette matière minérale est un genre de fossîle très-abondant. Du temps de Pline on ne l'avait encore découvert qu'en Egypte, dans les déserts de Judée, dans l'Eubée près de la ville de Corinthe, et dans l'île de Candie, pays dont le lin portait les noms. Nos modernes en ont aujourd'hui trouvé dans toutes les îles de l'Archipel, en divers endroits de l'Italie, surtout aux montagnes de Volterre, en Espagne dans les Pyrénées, dans l'état de Gènes, dans l'île de Corse, en France dans le comté de Foix, à Namur dans les pays-bas, en Bavière, en Angleterre, en Irlande, en Ecosse, etc. Il faut avouer aussi que toutes ces nouvelles découvertes ne nous fournissent guère que des espèces d'amiante de rebut, dont on ne saurait tirer parti dans les Arts.

La manière de filer cette matière minérale, est la seule chose qui touche notre curiosité. Quoiqu'elle ait été pratiquée par les anciens orientaux, le secret n'en était pas connu des Romains, puisqu'au rapport de Pline, la valeur de l'asbeste filé égalait le prix des perles les plus chères ; et que du temps de Néron, on regardait avec admiration, et comme un trésor, une serviette de cette toîle que cet empereur possédait.

Les Grecs n'ont pas été plus éclairés sur l'art de filer l'asbeste ; car à l'exception de Strabon qui n'en dit que deux mots, aucun de leurs auteurs ne l'a décrite : cependant puisque Pline a Ve de ses yeux des nappes de lin vif que l'on jetait au feu pour les nettoyer lorsqu'elles étaient sales ; il en résulte qu'on avait quelque part le secret d'en faire des toiles ; et les ouvrages tissus de ce fil, qui ont paru de siècle en siècle, prouvent que ce secret ne s'est pas perdu, et qu'il se trouve du lin incombustible propre à cette manufacture.

En effet, l'histoire moderne nous apprend que Charles-Quint avait plusieurs serviettes de ce lin, avec lesquelles il donnait le divertissement aux princes de sa cour, lorsqu'il les régalait, d'engraisser et de salir ces sortes de serviettes, de les jeter au feu, et de les en retirer nettes et entières. L'on a Ve depuis à Rome, à Venise, à Londres et en d'autres villes, divers particuliers prendre ce plaisir à moins de frais que cet empereur. On a présenté à la société royale un mouchoir de lin vif, qui avait un demi-pié de long sur demi pied de large ; mais on n'indiqua point l'art du procédé, ni d'où l'on avait tiré le fossile.

Enfin, Ciampini (Jean Justin) né à Rome en 1633, et mort dans la même ville en 1698, a la gloire de nous avoir appris le premier, en 1691, le secret de filer le lin incombustible, et d'en faire de la toile. Le lecteur trouvera le précis de sa méthode au mot AMIANTE ; mais il faut ici transcrire la manière dont M. Mahudel l'a perfectionné, parce que les objets qui concernent les Arts sont particulièrement du ressort de ce Dictionnaire.

Chaisissez bien, dit ce savant, Mém. de littér. tom. VI, édit. in-12. l'espèce de lin incombustible, dont les fils soient longs et soyeux. Fendez votre minéral délicatement en plusieurs morceaux avec un marteau tranchant. Jettez ces morceaux dans de l'eau chaude. Amman veut qu'on les fasse infuser dans une lessive préparée avec des cendres de chêne pourri, et des cendres gravelées, et qu'on les laisse ensuite macérer environ un mois dans l'eau douce. M. Mahudel prétend que l'eau chaude suffit en y laissant les morceaux d'asbête pendant un temps proportionné à la dureté de leurs parties terreuses : remuez-les ensuite, dit-il, plusieurs fois dans l'eau et divisez-les avec les doigts en plus de parcelles fibreuses que vous pourrez, en sorte qu'elles se trouvent insensiblement dépouillées de l'espèce de chaux qui les tenait unies ; cette chaux se détrempant dans l'eau, blanchit l'amiante et l'épaissit. Changez l'eau cinq ou six fais, et jusqu'à ce que vous connaissiez par sa clarté que les fils seront suffisamment rouis.

Après cette lotion, étendez-les sur une claie de jonc pour en faire égoutter l'eau : exposez les au soleil ; et lorsqu'ils seront bien secs, arrangez-les sur deux cardes à dents fort fines, semblables à celles des cardeurs de laine. Séparez-les tous en les cardant doucement, et ramassez la filasse qui est ainsi préparée ; alors ajustez-la entre les deux cardes que vous coucherez sur une table, où elles vous tiendront lieu de quenouille, parce que c'est des extrémités de ces cardes que vous tirerez les fils qui se présenteront.

Ayez sur cette table une bobine pleine de lin ordinaire filé très-fin, dont vous tirerez un fil en même temps que vous en tirez deux ou trois d'amiante ; et avec un fuseau assujetti par un peson, vous unirez tous ces fils ensemble, en sorte que ce fil de lin commun soit couvert de ceux d'asbeste, qui par ce moyen ne feront qu'un même corps.

Pour faciliter la filure, on aura de l'huîle d'olive dans un mouilloir, où l'on puisse de temps-en-temps tremper le doigt, autant pour les garantir de la corrosion de l'asbeste que pour donner plus de souplesse à ces fils.

Dès qu'on est ainsi parvenu à la manière d'en allonger le continu, il est aisé en les multipliant ou en les entrelaçant, d'en former les tissus plus ou moins fins, dont on tirera, en les jetant au feu, l'huîle et les fils de lin étrangers qui y sont entrés.

On fait actuellement aux Pyrenées des cordons, des jarretières et des ceintures avec ce fil, qui sont des preuves de la possibilité de les mettre en œuvre. Il est certain qu'avec un peu plus de soins que n'y donnent les habitants de ces montagnes, et avec de l'asbeste choisie, il s'en ferait des ouvrages très-délicats.

Cependant, quand on pourrait en façonner de ces toiles si vantées par les anciens, de plus belles mêmes que les leurs, et en plus grande quantité, il sera toujours vrai de dire que par la friabilité du minéral dont elles tirent leur origine, elles ne pourront être de durée au service, et n'auront jamais qu'un usage de pure curiosité.

Les engraisser et les salir pour avoir le plaisir de les retirer du feu nettes et entières, c'est à quoi se rapporte presque tout ce qu'en ont Ve les auteurs qui ont écrit avant et après Pline.

L'usage des chemises, ou des sacs de toîle d'amiante, employés au brulement des morts, pour séparer leurs cendres de celles des autres matières combustibles, serait un point plus intéressant pour l'histoire romaine, s'il était bien prouvé. Mais Pline, liv. XIII. chap. j. dit que cette coutume funéraire ne s'observait qu'à l'égard des rais.

Un autre usage du lin d'asbeste était d'en former des meches perpétuelles, qui avaient la propriété d'éclairer toujours, sans aucune déperdition de leur substance, et sans qu'il fût besoin de les moucher, quelque grande que put être la quantité d'huîle qu'on voulait qu'elles consumassent. On s'en servait dans les temples pour les lampes consacrées aux dieux. Louis Vives, espagnol, qui vivait au commencement du quinzième siècle, dit avoir Ve employer de ces mêches à Paris. Il est singulier que cet usage commode, et fondé sur une expérience certaine, ne subsiste plus.

M. Mahudel assure avoir observé que les filaments de lin incombustible, sans avoir été même dépouillés par la lotion des parties terreuses qui les unissent, étant mis dans un vase plein de quelque huîle ou graisse que l'on voudra, éclairent tant que dure la substance oléagineuse.

Les Transactions philosophiques, Juin 1685, parlent d'un autre moyen d'employer le lin incombustible. On en peut fabriquer un papier assez bien nommé perpétuel, parce que toutes les fois qu'on a écrit dessus, on en efface l'écriture en le jetant au feu, où il n'est pas plus endommagé que la toîle de ce minéral. On dit que l'on conserve une feuille de ce papier dans le cabinet du roi de Danemarck ; et Charleton témoigne que de son temps on fabriquait de ce papier près d'Oxford.

Quant aux vertus médicinales attribuées au lin incombustible, il faut toutes les reléguer au nombre des chimères. Il est si peu propre, par exemple, à guerir la gale, étant appliqué extérieurement en forme d'onguent, qu'il excite au contraire des démangeaisons à la peau. Bruckmann a réfuté plusieurs autres fables semblables, dans son ouvrage latin intitulé Historia naturalis lapidis, , Brunsvig, 1727, in-4°. j'y renvoye les curieux, et je remarque en finissant, que l'asbeste est le seul lin incombustible dont on peut faire des toiles et du papier ; ses mines ne sont pas communes ; celles de l'amiante le sont beaucoup ; mais comme ses fils sont courts et se brisent, on n'en peut tirer aucun parti. (D.J.)

* LIN, Culture du lin, (Economie rustique) du choix de la graine de lin. On la fait venir communément de l'île de Casan. On la nomme graine de Riga ou de tonneau. C'est la plus chère, et elle est estimée la meilleure. Mais celle du pays, quand elle est belle, ne se distinguant pas facilement de celle de Riga, les commissionnaires l'enferment dans des tonneaux semblables, et la vendent pour telle. Elle n'est pas mauvaise, mais il faut avoir l'attention de la laisser reposer, ou de la semer dans un terrain distant de quelques lieues de celui où elle aura été recueillie.

Pour se mettre à couvert de l'inconvénient d'être trompé dans l'achat de la graine, il y a des gens qui prennent le parti de conserver la leur, quand elle est épuisée, c'est-à-dire lorsqu'elle a été semée trois ou quatre fois de suite au même lieu, et de la garder un ou deux ans dans des sacs, bien mêlée de paille hachée. Elle reprend vigueur, ou plutôt elle devient par l'interruption, propre au terrain où l'on en a semé d'autre, et on l'emploie avec succès.

Des qualités que doit avoir la graine pour être bonne. Il faut qu'elle soit pesante et luisante. On observe, quand on l'achète, que le marché sera nul, si elle ne germe pas bien ; et pour en faire l'essai, on en seme une poignée, quelque temps avant la semaille.

Quel est son prix. Elle n'a point de prix fixe. On distingue la nouvelle de la vieille. Au temps où l'on nous a communiqué ce mémoire, c'est-à-dire, lorsque nous commençâmes cet ouvrage, que tant de causes iniques ont suspendu, la nouvelle valait année commune, vingt francs la razière. Elle n'est pas moins bonne, lorsqu'elle a produit une ou deux fais. La troisième année elle diminue de moitié ; la quatrième, on la porte au moulin pour en exprimer l'huile. Alors son prix est réduit à six livres, bon an, mal an.

La razière est une mesure qui doit contenir à peu près, cent livres, poids de marc, de graine bien seche.

Ce qu'il faut de graine pour semer une mesure de terre, dont la grandeur sera déterminée ci-après, relativement à la taise de Paris. Un avot fait le quart d'une razière sur un cent de terre. Le cent de terre contient cent verges carrées, ou dix mille pieds de onze pouces, la verge étant de dix pieds ; ou neuf mille cent soixante-six, et huit pouces de roi ; ou deux cent cinquante-quatre taises, trois pieds, neuf pouces et quatre lignes. Cette mesure est la seizième partie d'un bonier, et le bonier est par conséquent de quatre mille soixante et quatorze taises, cinq pouces, quatre lignes. Mais l'arpent est de neuf cent taises ; il faut donc pour l'équivalent d'un bonier, quatre arpens et demi, vingt-quatre taises, cinq pouces et quatre lignes. Voilà la mesure sur laquelle tout est fixé dans cet article. Elle ne s'accorde pas avec celle du colsat, où l'on a fait usage de celle de Paris. Il y a ici plus d'exactitude.

De la nature de la terre propre au lin. Il n'y faut point de pierres ; la plus pesante est la meilleure, surtout si sa couleur est noire, si elle est mêlée de sable, comme à Saint-Amand et aux environs, où les lins sont très-hauts et très-fins, et sont employés en dentelles et en toiles de prix. Dans la châtellenie de Lille, d'où ce mémoire vient, la hauteur ordinaire des lins est depuis six paumes jusqu'à douze au plus. Il y a peu d'endroits où il monte davantage. On serait content, si l'on avait la bonne qualité, l'abondance et la hauteur de huit paumes.

De la préparation de la terre. Il faut la bien fumer avant l'hiver. Quatre charretées de fumier suffisent pour l'étendue que nous avons déterminée. Chaque charretée doit peser environ quatorze cent, poids de marc. On laboure après avoir fumé.

Lorsque le temps de semer approche, on donne un second labour, surtout si la terre ne se manie pas assez facilement pour qu'il suffise d'y faire passer deux ou trois fois la herse, afin de l'ameublir convenablement ; on l'applanit ensuite au cylindre. On ne peut l'aplanir trop bien. On seme. On repasse la herse. La semence est couverte. Un dernier tour de cylindre acheve de l'affermir en terre.

Il y en a qui emploient à la préparation de la terre de la fiente de pigeon en poudre, mais elle brule le lin, lorsque l'année est seche. D'autres jettent cette fiente dans le pureau des vaches, et arrosent la terre préparée de ce mélange, ou même le répandent sur le terrain avant le premier labour, afin qu'au printemps la chaleur en soit éteinte. Ces deux cultures sont moins dangereuses, mais la dernière consomme beaucoup de matière.

Du temps de la semaille. On seme à la fin de Mars ou au commencement du printemps, selon le temps. Il ne le faut pas pluvieux. Plus tôt on seme, mieux on fait. Le lin ne grandit plus lorsque les chaleurs sont venues. C'est alors qu'il graine.

Du prix de la semaille. Un avot de graine, sur le pied de vingt francs la razière, coutera cent sols ; les quatre charretées de fumier, douze francs ; un sac de fiente de pigeon, quatre livres ; deux labours, une livre, dix-sept sols, six deniers ; trois herses, au moins neuf sols ; trois cylindres, au moins neuf sols ; la semaille, une livre, trois sols. Tous ces prix peuvent avoir changé.

Faut-il faire à la terre quelque façon après la semaille ? Aucune.

Faut-il faire au lin quelque façon avant la recolte ? Pas d'autre que de sarcler. On sarcle quand il est monté de deux ou trois pouces. Pour ne le pas gâter, le sarcleur se déchausse. Ce travail est plus ou moins couteux, selon que la terre est plus ou moins sale. On en estime la dépense année commune, à trente-sept sols. S'il se peut achever à six personnes en un jour, c'est six sols deux deniers pour chacune.

Dans les cantons où le lin s'élève à plus de dix ou douze paumes, on le soutient par des ramures ; mais il n'en est pas ici question.

Quel temps lui est le plus propre dans les différentes saisons. Il ne lui faut ni un temps trop froid, ni un temps trop chaud. S'il fait trop sec, il vient court ; trop humide, il verse. Les grandes chaleurs engendrent souvent de très-petites mouches ou pucerons, qui ravagent la pousse quand elle commence. Elle en est quelquefois toute noire. Il n'y a que la pluie qui secourt le lin contre cette vermine. La cendre jetée fait peu d'effet, et puis il en faudrait trop sur un grand espace. Les taupes et leurs longues tramées retournent le germe, et le rendent stérile. On les prend, et l'on raffermit avec le pied les endroits gâtés.

Du temps de la récolte. On la fait à la fin de Juin, lorsque le lin jaunit et que la feuille commence à tomber.

De la manière de recueillir. On l'arrache par poignée. On le couche à terre comme le blé. On le relève vingt-quatre heures après, à moins qu'on ne soit hâté de le relever plus tôt, par la crainte de la pluie. Alors on dresse de grosses poignées les unes contre les autres, en forme de chevron ; de manière que les têtes se touchent ou se croisent ; et que le vide du bas forme une tente où l'air soit admis entre les brins. C'est là ce qu'on appelle mettre en chaîne. Le paysan dit qu'on les fait si longues qu'on veut ; mais il semble que les plus courtes recevront plus d'air par le bas.

Lorsqu'il est assez sec, on le met en bottes, que l'on range en lignes droites de front, sur l'épaisseur desquelles on couche d'un bout à l'autre, quatre autres bottes, afin que la graine soit couverte, et que le tout soit à l'abri de la pluie. Ces lignes se font aussi longues qu'on veut, par la raison contraire à la longueur des chaînes. Les bottes ont communément six paumes de tour.

Quand la graine est bien seche, on met le lin dans la grange ou le grenier, qu'il faut garantir soigneusement des souris. Elles aiment la graine que l'on bat, avant que de rouir. On remet le lin en bottes. On les lie bien serré en deux ou trois endroits sur la longueur. Ces bottes sont plus grosses du double que les précédentes ; c'est-à-dire qu'on en prend deux des précédentes, et qu'on les met l'une la tête au pied de l'autre qui a sa tête au pied de la première. Elles résistent mieux, et occupent moins d'espace. Deux bottes ainsi liées, s'appellent un bonjeau.

C'est ainsi qu'on les fait rouir. On a pour ce travail le choix de trois saisons, ou Mars, ou Mai, ou Septembre. Le mois de Mai n'est pas regardé comme le moins favorable.

Du rouir. Rouir, c'est coucher les bonjeaux les uns contre les autres dans une eau courante, et les retourner tous les jours à la même heure, jusqu'à ce qu'on s'aperçoive que le lin est assez roui. Pour s'en assurer, on tire deux ou trois tiges, que l'on brise avec les mains ; quand la paille se détache bien, il est assez roui. Le rouir dure huit jours, plus ou moins, selon que l'eau est plus ou moins chaude.

Aussitôt qu'il est tiré du rouir, on Ve l'étendre fort épais sur une herbe courte ; là il blanchit. On le retourne avec une gaule au bout de trois ou quatre jours, et on le laisse trois ou quatre autres exposé. Quand il est sec et blanc, on le remet en bottes, et on le reporte au grenier. Alors les souris n'y font plus rien, et il ne dépérit pas. Lorsqu'il est à bas prix, ceux qui sont en état d'attendre, le peuvent sans danger.

Lorsqu'on ne se défait pas de son lin en bottes, il s'agit de l'écanguer.

Ecanguer le lin. Ecanguer le lin, c'est en séparer toute la paille, ou chenevotte, par le moyen d'une planche échancrée d'un côté à la hauteur de ceinture d'homme, et montée sur des pieds. L'écangueur étend le lin par le milieu de la longueur, sur l'échancrure ; il le tient d'une main, de l'autre il frappe avec un écang de bois dans l'endroit ou le lin répond à l'échancrure ; par ce moyen il est brisé ; la paille tombe, et il ne reste que la soie. On travaille ainsi le lin sur toute sa longueur, passant successivement d'une portion écanguée à une portion qui ne l'est pas.

Après cette opération on le remet en bottes qui ont perdu de leur volume ; de cent bottes dépouillées par l'écangue, il en reste au plus une quarantaine du poids chacune de 3 liv. 1/4 ou de quatorze onces.

Du prix du travail précédent. Pour arracher et coucher, vingt-deux sols ; pour relever, six sols trois deniers ; pour botteler et mettre en chaîne, six sols trois deniers ; pour battre et rebotteler, trente sols ; pour rouir, vingt sols ; pour blanchir et renfermer, quarante sols ; pour écanguer et rebotteler, neuf francs.

Des bottes et des graines qu'on retire année commune du terrain donné ci-dessus. Il donnera cent bottes à la dépouille, comme il a été dit ci-dessus, et deux avots et demi de graine.

Du prix du lin. Cette appréciation n'est pas facile. Le prix varie sans cesse. Point de récolte plus incertaine. Elle manque des quatre, cinq, six années de suite. La dépense excède quelquefois le produit, parce qu'il péche en qualité et en quantité. Il arrive que pour ne pas tout perdre, après avoir fumé la terre et semé le lin, on sera obligé de labourer et de semer en avoine. Aussi beaucoup de gens se rebutent-ils de la culture du lin.

On vend le lin de trois manières différentes ; ou sur la terre, avec ou sans la graine, que le vendeur se réserve ; ou après avoir été recueilli, avec ou sans la graine ; ou après avoir été écangué. Dans le premier cas, on en tirera trente livres avec la graine, ou vingt-cinq sans la graine ; dans le second, trente-cinq livres avec la graine, ou trente livres sans la graine ; dans le troisième, soixante livres.

Dépense du lin sur terre jusqu'à ce qu'il soit en état d'être vendu.

On sera peut-être surpris de voir le produit augmenté de cent sols depuis la recolte, la dépense ne l'étant que de trente-quatre sols six deniers. Cet accroissement n'est pas trop fort, relativement au danger que court celui qui dépouille ; car les grandes pluies qui noircissent le lin, malgré toutes les précautions, avant qu'il soit renfermé, peuvent le rabaisser considérablement. Il en est de même du péril du roui et du blanchissage. Il faut encore ajouter à cela le loyer, la dixme, les impositions, le ravage de la guerre fréquente en Flandres, les rentes seigneuriales dont les terres sont chargées, l'entretien du ménage, etc.

Ce qui soutient l'agriculteur, c'est l'espérance d'une bonne année qui le dédommagera ; et puis il met en lin et en colsat, sa terre qui repose, aulieu de la laisser en jachère.

Il faut savoir que la même terre ne porte lin qu'une fois tous les cinq à six ans. On l'ensemence autrement dans l'intervalle ; on aime cependant à semer le lin sur une terre qui a porté du treffle, et le blé vient très-bien après le lin.

De la culture du lin. Les agriculteurs distinguent trois sortes de lins, le froid, le chaud, et le moyen entre les extrêmes.

Le lin chaud croit le premier. Il pousse fort d'abord et s'élève beaucoup au-dessus des autres ; mais cette vigueur apparente ne dure pas ; il s'arrête et reste au-dessous des autres. Il a d'ailleurs un autre défaut considérable, c'est d'abonder en graine, et par conséquent en têtes ; or ces têtes naissent quelquefois de fort bas ; quand on travaille le lin, elles cassent, se détachent, et le lin déjà court, se raccourcit encore.

Le lin froid croit au contraire fort lentement d'abord. On en voit qui six semaines et plus après avoir été semé, n'a pas la hauteur de deux doigts ; mais il devient vigoureux et finit par s'élever au-dessus des autres ; il porte peu de graines ; il a peu de branches ; il ne se raccourcit pas autant que le chaud ; en un mot ses qualités sont aussi bonnes que celles du lin chaud sont mauvaises.

Le lin moyen participe de la nature du froid et du chaud. Il ne croit pas si vite que le lin chaud ; il porte moins de graine ; il s'élève davantage. Quant à la maturité, le lin chaud murit le premier, le moyen ensuite, le froid le dernier.

Ces espèces de lins sont très-mêlées ; mais ne pourrait-on pas les séparer ? On ne fait pour avoir la graine du lin froid, que de l'acheter en tonnes de linuise de Riga en Livonie. On en trouve à Coutras, à Saint-Amant, à Valenciennes, etc. mais on peut être trompé.

La linuise de Riga est la meilleure. Le lin froid se défend mieux contre la gelée que toutes les autres espèces. Mais comme la linuise n'est jamais parfaite, il vient à la récolte des plantes d'autres sortes de lins ; le mélange s'accrait à chaque semaille, les lins chauds produisant plus de grains que les lins froids, et l'on est forcé de revenir à l'achat de nouvelle linuise tous les trois ou quatre ans.

La linuise de Riga est mêlée d'une petite semence rousse et oblongue avec quelques brins de lin et un peu de la terre du pays. On la reconnait à cela. Mais comme il faut purger la linuise de ces ordures, il arrive aussi que les marchands les gardent, et s'en servent pour tromper plus surement, en les mêlant à de la linuise du pays. Il n'y a aucun caractère qui spécifie une linuise du pays d'une linuise de Riga.

On considère dans le lin la longueur, la finesse et la force. Pour avoir la longueur, il ne suffit pas de s'être pourvu de bonne graine, il faut l'avoir semée en bonne terre et bien meuble, qui seche facilement après l'hiver, et qui soit de grand jet ; c'est-à-dire, qui pousse toutes les plantes qu'on y seme avant l'hiver ; on aura par ce moyen de la longueur. Mais il faut savoir si l'on veut ou si l'on ne veut pas le ramer. Dans ce dernier cas, on peut s'en tenir à une terre qui ait porté du blé, de l'avoine ou du treffle dans l'année ; labourer ou fumer modérément avant l'hiver. Dans le dernier, les frais seront considérables ; il faut pour s'assurer du succès, choisir une terre en jachère, la bien cultiver pendant l'été, fumer extraordinairement, et laisser passer l'hiver sur un labour fait dans le mois d'Aout. Par ce moyen elle se disposera beaucoup mieux au printemps vers le 20 de Mars. Si la terre est assez seche pour pouvoir être bien labourée, hersée et ameublie, on y travaillera, et l'on semera. Plus tôt on semera, mieux on fera, plus le lin aura de force. Il faut si bien choisir son temps, que l'on n'essuie pas de grandes pluies pendant ce travail, la terre en serait gâtée et le travail retardé.

Un des moyens les plus surs, est de semer en même temps que le lin la fiente de pigeon bien pulvérisée, de herser immédiatement après, et de resserrer la graine avec un bon rouleau bien lourd. On prépare, ou plutôt on tue toutes les mauvaises graines contenues dans la fiente de pigeon, en l'arrosant d'eau, ce qui l'échauffe. Quand on juge que l'espèce de fermentation occasionnée par l'eau a tué les graines de la fiente, et éteint sa chaleur propre, on la fait sécher et on la bat.

On obtient la finesse du lin en le semant dru. En semant jusqu'à deux avots de linuise, mesure de l'Isle, sur chaque cent de terre, contenant cent verges carrées, de dix pieds la verge, on s'en est fort bien trouvé : d'autres se réduisent à une moindre quantité. Il s'agit ici de lins ramés. Un avot de semaille pour les autres lins, suffit par cent de terre.

Aussi-tôt que le lin peut être sarclé, il faut y procéder. On ne pourra non plus le ramer trop tôt. Il serait difficîle d'expliquer cette opération. Il faut la voir faire, et si l'on n'a pas d'ouvriers qui s'y entendent, il faut en appeler des endroits où l'on rame.

Il ne faut jamais attendre pour recueillir que le lin soit mûr. En le cueillant, toujours un peu verd, on l'étend derrière soi sur les ramures. On retourne quand il est sec d'un côté : ensuite on le range droit autour d'une perche fichée en terre. On l'y attache par le haut, même à plusieurs étages : quand il est assez sec, on le lie par bottes et on le serre.

Il faut surtout bien prendre garde qu'il ne soit mouillé, lorsque les petites feuilles commencent à secher ; s'il lui survient cet accident, il noircira comme de l'encre et sans remède. Lorsqu'il est assez sec pour être lié, sans qu'il y ait risque qu'ilmoisisse, on l'emporte, comme on a dit, et l'on fait secher la graine ; pour cet effet on dresse les bottes et l'on les tient exposées au soleil. Si le temps est fixé au beau, on les laisse dehors la nuit, sinon on les remet à sec.

Il ne faut pas surtout qu'il soit trop serré, ni trop tôt entassé, car il se gâterait par le haut. On le visitera souvent dans les temps humides, principalement au commencement. On reconnaitra la secheresse du lin à la siccité de sa graine.

Quand la graine est bien seche, il faudra battre la tige le plus tôt possible, pour se garantir du dégât des souris. On ne bat pas avec le fléau ; on a une pièce de bois épaisse de deux pouces et demi à trois pouces, plus longue que large, emmanchée d'un gros bâton un peu recourbé ; c'est avec cet instrument qu'on écrase la tête du lin qu'on tient sous le pied, et qu'on frappe de la main. Ensuite on vanne la graine et l'on en fait de l'huile, ou on la garde, selon qu'elle est ou maigre ou pleine.

Il s'agit ensuite de le rouir. On commence par le bien arranger à mesure qu'on le bat. On le lie par grosses poignées qu'on attache par le haut avec du lin même. On range ensuite les poignées les unes sur les autres, les racines en dehors à chaque bout ; et quand on a formé une botte de six à sept pieds de tour, on a deux bons liens dont on la serre à chaque extrémité, après quoi on jette les bottes en grande eau ; et on les charge de bois, de manière qu'elles soient arrêtées, pressées et toutes couvertes. Il faut que l'eau soit belle. Les eaux coulantes sont préférables aux croupissantes ; mais le rouir en est dur. Le point important est de le tirer à temps du rouir. Il faut avoir égard à la saison et aux circonstances, et même à l'usage auquel on destine le lin.

On choisit ordinairement pour rouir le lin, les mois ou de Mai ou de Septembre. Si les eaux sont froides, on l'y laisse plus longtemps. Si les eaux sont chaudes et le temps orageux, le rouir ira plus vite. Il faut veiller à ceci avec attention. On attend communément que sa soie se détache bien du pied et qu'elle se lève facilement d'un bout à l'autre de la tige. Alors il faut se hâter de le retirer, le faire essuyer, l'étendre sur l'herbe courte, le secher, le retourner, et le lier.

Plus le lin a été roui, moins il a de force. Aussi s'il a été ramé et qu'on le destine à la malquinerie, il faut le retirer aussi-tôt qu'il se pourra tiller. Il ne peut être trop fort, pour le filer si fin, et pour soutenir les opérations par lesquelles il passera. Il faudra d'abord le mailler, c'est-à-dire, l'écraser à grands coups de mail. Le mail est une pièce de bois emmanchée et pareille à celle qui sert à battre la linuise. On le brisera ensuite à grands coups d'une lame de bois, large de trois ou quatre pouces, plate et un peu aiguisée, comme on l'a pratiqué aux lins plus communs. On l'écorchera après cela, ou si l'on veut on le dégagera de sa paille avec trois couteaux, qu'on emploiera l'un après l'autre, et sur lesquels on le frottera jusqu'à ce que toute la paille soit enlevée. Les couteaux sont plus larges par le bout que vers le manche, où ils n'ont qu'environ dix lignes de large. Ils ne sont pas coupans ; le tranchant en est arrondi ; ils vont en augmentant de finesse, et le plus grossier sert le premier. Enfin le lin étant parfaitement nettoyé, on le pliera, et l'on le laissera plié jusqu'à ce qu'on veuille le mettre en ouvrage. Toutes ces opérations supposent des ouvriers attentifs et instruits.

Il y a beaucoup moins de façons aux lins non ramés, qu'on appelle gros lins : si on les passe aux couteaux, c'est seulement pour les polir un peu. On peut donc les rouir plus fort. Quand on les voudra filer, on se contentera de les séranner. Voyez comment on séranne à l'article CHANVRE.

Quant au filer des lins fins, on n'y procede qu'après les avoir passés ou refendus à la brosse ou peigne ; il faut que tous les brins en soient bien séparés, bien dégagés. On pousse cet affinage selon la qualité du lin et de l'ouvrage auquel on destine le fil.

Un arpent de terre d'un lin ramé fin et de trois à quatre pieds de hauteur, vaut au-moins deux cent écus, argent comptant, vendu sur terre, tous frais et risques à la charge du marchand. Quand il n'est pas ramé, il faut qu'il soit beau pour être vendu la moitié de ce prix.

Au reste, il ne faut avoir égard à ces prix que relativement au temps où nous avons obtenu le mémoire, je veux dire, le commencement de cet ouvrage. Nous en avons déjà averti, et nous y revenons encore : tout peut avoir considérablement changé depuis.

On trouve dans les mémoires de l'académie de Suède, année 1746, une méthode pour préparer le lin d'une manière qui le rende semblable à du coton ; et M. Palmquist, qui la propose, croit que par son moyen on pourrait se passer du coton. Voici le procédé qu'il indique : on prend une chaudière de fer fondu ou de cuivre étamé ; on y met un peu d'eau de mer ; on répand sur le fond de la chaudière parties égales de chaux et de cendres de bouleau ou d'aune ; après avoir bien tamisé chacune de ces matières, on étend par-dessus une couche de lin, qui couvrira tout le fond de la chaudière ; on remettra pardessus assez de chaux et de cendres, pour que le lin en soit entièrement couvert ; on fera une nouvelle couche de lin, et l'on continuera à faire de ces couches alternatives, jusqu'à ce que la chaudière soit remplie à un pied près, pour que le tout puisse bouillonner. Alors on mettra la chaudière sur le feu ; on y remettra de nouvelle eau de mer, et on fera bouillir le mélange pendant dix heures, sans cependant qu'il seche ; c'est pourquoi on y remettra de nouvelle eau de mer à mesure qu'elle s'évaporera. Lorsque la cuisson sera achevée, on portera le lin ainsi préparé à la mer, où on le lavera dans un panier, et on le remuera avec un bâton de bois bien uni et bien lisse. Lorsque tout sera refroidi au point de pouvoir y toucher avec les mains, on savonnera ce lin doucement comme on fait pour laver le linge ordinaire, et on l'exposera à l'air pour se sécher, en observant de le mouiller et de le retourner souvent, surtout lorsque le temps est sec. On finira par bien laver ce lin ; on le battra, on le lavera de nouveau, et on le fera sécher. Alors on le cardera avec précaution, comme cela se pratique pour le coton, et ensuite on le mettra en presse entre deux planches, sur lesquelles on placera des pierres pesantes. Au bout de deux fois vingt-quatre heures ce lin sera propre à être envoyé comme du coton. Voyez les mémoires de l'académie de Suède, année 1746.

LIN, (Pharmacie et Mat. med.) la semence seule de cette plante est d'usage en Médecine : elle est composée d'une petite amande émulsive, et d'une écorce assez épaisse, qui contient une grande quantité de mucilage.

La graine de lin concassée ou réduite en farine et imbibée avec suffisante quantité d'eau, fournit un excellent cataplasme émollient et résolutif, dont on fait un usage fort fréquent dans les tumeurs inflammatoires.

On fait entrer aussi cette graine à la dose d'une pincée, dans les décoctions pour les lavements, contre les tranchées, la dyssenterie, le tenesme, et les maladies du bas-ventre et de la vessie.

On s'en sert aussi, quoique plus rarement, pour l'usage intérieur : on l'ajoute aux tisanes et aux apozèmes adoucissants, qu'on destine principalement à tempérer les ardeurs d'urine, à calmer les coliques néphrétiques par quelque cause d'irritation qu'elles soient occasionnées, à faciliter même l'excrétion et la secrétion des urines, et la sortie du gravier et des petites pierres. On doit employer dans ces cas la graine de lin à fort petite dose, et ne point la faire bouillir, parce que le mucilage qu'elle peut même fournir à froid, donnerait à la liqueur, s'il y était contenu en trop grande quantité, une consistance épaisse et gluante, qui la rendrait très-desagréable au gout, et nuisible à l'estomac.

L'infusion de graine de lin est excellente contre l'action des poisons corrosifs : on peut dans ce cas-ci, on doit même charger la liqueur, autant qu'on doit l'éviter dans le cas précédent.

Le mucilage de graine de lin tiré avec l'eau rose, l'eau de fenouil, ou telle autre prétendue ophtalmique, est fort recommandé contre les ophtalmies douloureuses ; mais cette propriété, aussi-bien que toutes celles que nous avons rapportées, lui sont communes avec tous les mucilages. Voyez MUCILAGE.

On retire de la graine de lin une huîle par expression, que plusieurs auteurs ont recommandée tant pour l'usage intérieur que pour l'usage extérieur ; mais que nous n'employons que pour le dernier, parce qu'elle est très-inférieure pour le premier à la bonne huîle d'olives et à l'huîle d'amandes douces, qui sont presque les seules que nous employons intérieurement. Au reste, l'huîle de lin n'a dans aucun cas que les qualités génériques des huiles par expression. Voyez à l'article HUILE. (b)