S. m. (Histoire naturelle, Botanique) le vouede ou guesde, et le pastel, ne sont qu'une seule et même plante connue des botanistes sous le nom d'isatis ; on la nomme pastel en Languedoc, et vouede en Normandie ; les deux seules provinces de France où on la cultive soigneusement.

On a décrit cette plante sous le nom de pastel ; il ne reste qu'à dire un mot ici de sa préparation pour la teinture.

Celle qu'on lui donne, consiste à la faire fermenter après l'avoir cueillie, jusqu'à ce qu'elle commence à se pourrir : cette fermentation développe les particules colorantes qui étaient contenues dans la plante, mais on ne se met point en peine de les séparer comme on fait aux Indes celles de l'anil, pour les avoir seules : on met le tout en pelote, qu'on emploie dans la teinture ; aussi quatre livres d'indigo donnent-elles autant de teinture que deux cent livres de pastel, et M. Hellot croit qu'il y aurait un bénéfice réel et considérable à travailler le pastel comme les Indiens travaillent leur indigo ; quelques expériences même qui en ont été faites d'après les mémoires de M. Astruc, semblent prouver que cette opération ne serait ni difficîle ni dispendieuse.

Le pastel, ou le vouede s'emploie en le faisant seulement dissoudre dans l'eau chaude, et en y mêlant une certaine quantité de chaux : sa teinture est cependant solide, et quoique les teinturiers soient dans l'usage de mêler de l'indigo dans la cuve de pastel, M. Hellot s'est assuré que cet ingrédient n'était nullement nécessaire pour rendre solide la couleur du premier, qui est aussi bonne sans ce mélange. Ceci semble encore faire une exception à la règle ; car on ne voit ici ni tartre vitriolé, ni alkali volatil ; mais l'analyse du vouede fait évanouir cette difficulté : il contient naturellement les mêmes sels qu'on ajoute à la cuve d'indigo, et n'a besoin que de la chaux qui est nécessaire pour développer l'alkali volatil qui doit en opérer la parfaite dissolution.

Il y a sur cette plante un livre également bon et rare, dont voici le titre : Crolucchius (Henric.) de culturâ herbae isatidis ejusque praeparatione ad lanas tingendas. Tiguri 1555. in-8°. il mériterait d'être traduit en français. Miller et Mortimer ont aussi traité savamment de la culture de cette plante précieuse, par son profit. J'y renvoie le lecteur. (D.J.)