S. m. (Histoire naturelle, Botanique) rosmarinus ; genre de plante à fleur monopétale labiée ; la lèvre supérieure est fendue en deux parties, et recourbée en arrière ; elle a des étamines crochues : la lèvre inférieure est divisée en trois parties dont celle du milieu est concave comme une cuillere. Le calice de cette fleur a deux ou trois pointes. Le pistil sort du calice ; il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, et entouré de quatre embryons qui deviennent dans la suite autant de semences arrondies, et renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Tournefort, I. R. H. Voyez PLANTE.

ROMARIN, (Jardinage) rosmarinus, arbrisseau toujours verd et odoriférant, qui vient en Espagne, en Italie, dans les provinces méridionales de ce royaume, et dans quelqu'autres pays chauds de l'Europe. Il fait de lui-même un buisson fort branchu qui s'étend en largeur et s'élève peu ; cependant quand on le dirige par des soins de culture, on peut lui faire prendre 8 à 10 pieds de hauteur. Ses feuilles sont fermes, longues, étroites, d'un verd foncé en-dessus, et blanchâtre en-dessous. Ses fleurs qui sont petites et d'un bleu pâle, paraissent au mois d'Avril. Elles durent longtemps, et se renouvellent encore en automne. Cet arbrisseau porte très-rarement des graines ; elles sont à-peu-près de la forme et de la grosseur de celle du mûrier : le mois d'Aout est le temps de leur maturité dans les pays chauds.

Le romarin se multiplie très-aisément de branches couchées et de boutures. Les premières se font au printemps ; mais le commencement de Juillet est le temps le plus favorable pour faire les boutures d'arbres toujours verts. Quoiqu'on puisse faire prendre différentes formes à cet arbrisseau, il convient surtout à faire des haies qu'on peut tenir à six pieds de hauteur, et en les taillant régulièrement dans le commencement des mois de Juillet et de Septembre, elles se garnissent bien et font un bon abri pour des parties de jardin que l'on veut tenir chaudement. Cet arbrisseau est un peu délicat pour plusieurs provinces de l'intérieur de ce royaume, où les hivers rigoureux le font souvent périr. Mais on attribue quelquefois au froid un dépérissement qui n'est venu que de caducité. Le romarin veut être renouvellé au bout de 10 ou 12 ans qui sont à-peu-près le terme de sa durée. On la prolongera considérablement en mettant l'arbrisseau dans un terrain sec et leger, sablonneux et très-pauvre ; il s'y plaira, il y sera moins sujet à être mutilé par le froid, et il y fera des progrès plus rapides que s'il était dans une meilleure terre. D'ailleurs, plus il est jeune, moins il résiste aux gelées. Il est un moyen de l'en garantir surement, c'est de lui faire prendre racine dans un vieux mur où il résistera à toutes les intempéries du plein air. Il n'exige aucuns soins de culture, que d'être arrosé largement si l'on veut accélérer son accroissement.

Cet arbrisseau peut servir à un objet utile. On assure que les abeilles recherchent ses fleurs de préférence, parce qu'elles sont printanières, abondantes, de longue durée, et très-odorantes.

On fait entrer aussi ces fleurs dans les sachets de senteur, dans les pots-pourris, et elles font la base de l'eau de la reine d'Hongrie. La Médecine en fait usage à quantité d'égards. On prétend que l'eau où l'on a fait infuser pendant douze heures des feuilles et des fleurs de cet arbrisseau, prise intérieurement, fortifie la mémoire et la vue. La fumée de cette plante desséchée est des plus propres à purifier l'air, et à chasser les mauvaises odeurs.

On ne regarde à présent le romarin ordinaire que comme un arbrisseau trivial et ignoble. Son odeur quoique aromatique n'est supportable qu'aux gens du commun. Cependant il y a des variétés de cet arbrisseau assez belles pour être admises dans les collections les plus riches. Voici les différentes espèces de romarin que l'on connait à présent.

1. Le romarin ordinaire à feuilles étroites ; c'est à cette espèce qu'on peut appliquer plus particulièrement ce qui a été dit ci-dessus.

2. Le romarin ordinaire à feuilles étroites panachées de jaune ; cette variété a une apparence agréable ; ses feuilles sont parsemées accidentellement de taches d'un jaune vif, qui font le même aspect que si l'on avait répandu au hasard quelques paillettes d'or sur l'arbrisseau. Sa feuille est plus étroite que celle du précédent ; il fleurit plus tôt, et il est un peu plus délicat.

3. Le romarin à feuilles étroites panachées de blanc ; c'est l'espèce qui a le plus d'agrément ; toutes ses feuilles sont si bien tachées, qu'il semble de loin qu'elles ont été argentées. C'est le plus beau, le plus rare et le plus délicat des romarins.

4. Le romarin d'Almérie ; il s'élève moins que le romarin commun. Ses feuilles sont plus petites, plus blanches, et d'une odeur encore moins supportable. Ses fleurs qui viennent en épi au haut des branches, sont d'un violet foncé.

5. Le romarin à larges feuilles ; cet arbrisseau ne s'élève qu'à deux ou trois pieds. Ses branches sont moins ligneuses que celles du romarin commun. Sa feuille est plus épaisse, plus rude et d'un verd plus foncé. Il est extrêmement commun aux environs de Narbonne.

6. Le romarin panaché à larges feuilles ; il est rare et peu connu. Article de M. D'AUBENTON.

ROMARIN, (Matière médicale) les feuilles et les fleurs de cet arbrisseau sont d'usage en médecine. Les pharmacologistes ont donné à cette plante et à sa fleur le nom d'anthos, c'est-à-dire fleur par excellence, et certes fort arbitrairement. Les feuilles de romarin sont recommandées dans l'usage intérieur, comme fortifiantes, céphaliques, bonnes contre l'épilepsie et la paralysie, hystériques, apéritives, utiles surtout contre la jaunisse, contre la leucophlegmatie et la cachexie, etc. Ces feuilles sont presque absolument inusitées dans tous ces cas, et on ne les emploie guère que dans une seule préparation magistrale destinée à l'usage extérieur, savoir le vin aromatique vulgaire, et dans une composition officinale, savoir le miel de romarin, mel anthosatum.

Les fleurs de romarin, ou pour mieux dire, les calices de ces fleurs sont de toutes les parties de cette plante aromatique, celles qui contiennent le plus abondamment le principe odorant et une huîle essentielle lorsqu'on les cueille dans le temps balsamique, qui est ici celui où la plus grande partie des sleurs est à-demi épanouie. On retire de ces fleurs une eau distillée qui est peu usitée, une huîle essentielle dans laquelle on ne reconnait évidemment que les qualités communes des huiles essentielles, un esprit ardent aromatique très-connu, sous le nom d'eau de la reine d'Hongrie, auquel on ne peut raisonnablement attribuer aussi que les qualités génériques des esprits ardents aromatiques. Voyez ESPRIT, Chimie, ODORANT, principe, et ESPRIT-DE-VIN, sous le mot VIN.

Une conserve qui est regardée comme cordiale, stomachique, anti-spasmodique et emmenagogue ; et enfin le miel anthosat, dont nous avons déjà parlé, et qui ne s'emploie guère que dans les lavements carminatifs.

Les fleurs et les sommités du romarin entrent dans un grand nombre de remèdes officinaux composés, tant internes qu'externes. (b)