S. f. (Histoire naturelle, Botanique) acetosa, genre de plante à fleur sans pétales, composée de plusieurs étamines soutenues par un calice à six feuilles. Le pistil devient dans la suite une semence triangulaire, enveloppée d'une capsule formée par trois feuilles du calice, les trois autres se flétrissent. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez PLANTE.

Parmi les trente-une espèces d'oseille que comptent les Botanistes, il y en a deux principales qui sont en usage dans la Médecine et dans les cuisines, savoir l'oseille ordinaire et la ronde.

L'oseille ordinaire, acetosa vulgaris, acetosa pratensis, oxalis pratensis, a la racine fibreuse, longue, jaunâtre, amère, et styptique ; ses feuilles sont alternes, grandes d'une palme et plus, pointues, échancrées, et à oreilles du côté qu'elles tiennent à leur queue, d'un verd foncé, acides, et succulentes. Sa tige est cannelée, longue d'une coudée, et branchue ; elle porte des fleurs sans pétales, chargées d'étamines garnies de sommets jaunâtres, et qui s'élèvent d'un calice composé de six feuilles.

Ray observe que dans cette espèce de plante il y a des fleurs stériles ou incomplete s, et d'autres fertiles ou complete s. Les fleurs stériles ne portent point de fruit, et le pistil de celles qui sont fertiles se change en une graine triangulaire, de couleur de châtaigne, luisante, enveloppée dans une capsule feuillée, composée de trois feuilles du calice, et dont les trois autres se fannent.

L'oseille ronde, acetosa et oxalis rotundifolia, seu hortensis, a la racine menue, rampante, d'une saveur astringente ; elle pousse des tiges longues d'une coudée et plus, menues, rampantes. Ses feuilles varient quelquefois ; elles sont presque rondes ; d'autres fois elles sont à oreilles, et d'autres fois elles sont pointues comme une lance, de couleur verd de mer, un peu grasses, d'une saveur aigrelette et délicate : les fleurs et les graines ne sont pas différentes de celles de l'oseille ordinaire.

On cultive beaucoup ces deux espèces d'oseille dont les feuilles, la racine, et la graine sont d'usage médicinal.

Le suc des racines donne la couleur de pourpre au papier bleu ; mais cette couleur disparait bien-tôt après, et il reste une tache brune à cause de la grande quantité d'huîle qu'elles contiennent, laquelle tache s'étend peu-à-peu sur les parties qui ont été développées par l'acide.

Les racines contiennent en effet presque trois fois autant d'huîle et de terre que les feuilles : elles enveloppent un sel essentiel ammoniacal, nitreux, tel que celui que l'on découvre dans les feuilles : c'est de-là que vient ce goût stiptique et amer des racines ; c'est aussi de-là que vient la vertu qu'elles ont d'ouvrir et de lever les obstructions. Au contraire on découvre dans les feuilles qui contiennent un acide plus développé, la vertu de rafraichir et de calmer le mouvement de fermentation du sang et de la bile.

La vertu cardiaque des graines est entièrement différente de celle des feuilles et des racines, car elle dépend d'une huîle abondante, mêlée avec une grande portion de sel ammoniacal, les graines ont encore par leurs parties huileuses la qualité d'adoucir les humeurs âcres, d'amollir les fibres des parties, et de les rendre plus flexibles.

Il résulte de ces détails, que le suc d'oseille s'emploie avec succès dans les fièvres bilieuses, soit simples, soit pestilentielles, et que c'est en particulier un excellent remède dans le scorbut alkalin. La racine d'oseille étant amère et astringente, convient dans les décoctions apéritives : les feuilles d'oseille pilées ou bouillies, appliquées extérieurement, sont puissamment résolutives et maturatives. (D.J.)

OSEILLE, (Diète et Matière médicale) oseille ordinaire, oseille longue, vinette, et oseille ronde.

On prend indifféremment l'une et l'autre oseille, soit pour les usages de la Cuisine, soit pour ceux de la Pharmacie. Ce n'est que les feuilles de ces plantes qu'on emploie à titre d'aliment ; et l'on se sert comme remède de leurs feuilles, de leurs racines, et de leurs semences.

Les feuilles d'oseille dont tout le monde connait le goût très-acide, se mangent dans les potages avec les viandes, le poisson, les œufs, etc. Cet assaisonnement est regardé avec raison comme très-salutaire, et surtout en été, temps auquel il est principalement en usage, parce que c'est-là la saison de l'oseille. Il tempere, rafraichit, donne de l'appétit, et réveille le jeu des parties relâchées par la chaleur. Il n'est cependant utîle qu'aux sujets vraiment sains ; car on ne doit point le permettre à ceux qui sont sujets aux aigreurs de l'estomac, aux hypocondriaques, aux personnes du sexe qui sont attaquées des pâles couleurs ; à ceux qui sont sujets à la toux, à l'asthme, au crachement de sang, car ce sont-là les affections principales dans lesquelles les aliments et les assaisonnements acides sont pernicieux.

L'oseille soit en substance accommodée à la manière des épinards, et mêlée avec cette dernière plante peut tempérer convenablement son acidité ; la décoction et le suc de cette plante, sont regardés par tous les Médecins comme un spécifique dans le scorbut : ces mêmes remèdes sont très-utiles aussi, lorsqu'on en combine l'usage avec celui des plantes alkalines, telles que le cochlearia, le cresson, etc. Le célèbre Thomas Bartholin a même observé que l'oseille et le cochlearia croissaient en abondance l'un à côté de l'autre dans le Groenland où le scorbut est endémique ; comme si la nature avait fait naître ces deux plantes ensemble pour que les hommes de ces contrées pussent commodément les tempérer l'une par l'autre, et qu'ils trouvassent dans leur mélange un remède facîle et assuré. Cette observation botanique a été vérifiée par les Naturalistes qui ont voyagé postérieurement dans la plupart des pays du nord.

Les remèdes tirés des feuilles d'oseille dont nous venons de parler, possèdent toutes les propriétés communes des acides végétaux spontanés. Ils sont rafraichissants, anti-putrides, utiles dans les coliques bilieuses, les chaleurs d'entrailles, les digestions languissantes, les fièvres ardentes, continues, les fièvres tierces, intermittentes, printanières, etc.

On distille une eau des feuilles d'oseille, qui est de la classe des eaux distillées dépouillées de toute vertu (voyez EAU DISTILLEE), et qu'il est bien singulier de voir donner encore par Géoffroi comme analogue au suc et à la décoction de cette plante, et seulement comme un peu plus faible que ces remèdes.

La racine d'oseille n'est point acide ; elle a un goût amer et légérement stiptique. On la compte parmi les remèdes apéritifs et diurétiques, et on l'emploie communément à ce titre dans les bouillons et les apozèmes apéritifs. Elle a la propriété singulière, lorsqu'elle est seche, de donner à l'eau dans laquelle on la fait bouillir une belle couleur rouge délayée. On peut profiter de cette propriété pour faire une tisane dont la couleur imite celle du vin, et tromper avec cette boisson certains malades qui demandent opiniâtrement du vin, et à qui il pourrait être dangereux d'en accorder. Il ne faut pas se mettre en peine dans ce cas qu'ils puissent découvrir la fraude par la différence du gout, parce que ce n'est communément que de la part des malades en délire qu'on a à se délivrer de cette sorte d'importunités ; et qu'au surplus on peut toujours leur faire entendre que la maladie leur a perverti le gout. Un apozème apéritif, fort usité sous le nom de bouillon rouge, doit sa couleur à la racine d'oseille et à celle de fraisier.

La semence d'oseille qui est émulsive, est comptée parmi les remèdes cordiaux et astringens, mais elle est fort peu employée ; et certes il est très-vraisemblable qu'elle est négligée avec raison, surtout à ces titres, et qu'elle ne possède que les qualités très-communes des substances émulsives. Voyez ÉMULSION.

Les feuilles d'oseille appliquées extérieurement en forme de cataplasme sur des tumeurs inflammatoires, sont puissamment résolutives et maturatives. Ce remède est employé très-communément et avec beaucoup de succès.

On fait avec les feuilles d'oseille une conserve et un syrop simple avec leur suc. Le sucre ne fait que tempérer l'acidité de ces feuilles et de ce suc, mais ne la détruit point. Ainsi ces remèdes ont les mêmes usages, et à-peu-près les mêmes vertus que les feuilles et que le suc.

La conserve d'oseille entre dans l'opiate de Salomon, la graine dans la confection d'hyacinthe, la poudre diamargariti frigidi, le diascordium, etc. de la plupart des pharmacopées ; car ces ingrédiens sont bannis de toutes ces compositions dans la pharmacopée de Paris. On ne sait trop par quelle préférence. (b)