S. m. (Histoire ancienne, Botanique) chez les botanistes modernes, la plante qu'ils appellent en Latin helenium ou enula campana, est notre aunée en Français. Voyez AUNEE.

Mais il est bien étrange que Théophraste et Dioscoride, tous deux Grecs, aient nommé helenium des plantes entiérement différentes. Théophraste met son helenium au rang des herbes dont on faisait des couronnes ou des bouquets, et cet auteur remarque qu'elle approchait du serpolet. Dioscoride, au contraire, donne à son helenium une racine d'odeur aromatique, et des feuilles semblables à celles de notre bouillon-blanc ; de sorte que par-là sa description convient du moins à notre aunée pour la racine, et pour les feuilles, qui sont molles, velues en dessous, larges dans le milieu, et pointues à l'extrémité. Je crois volontiers que l'inula d'Horace peut être l'aunée des modernes ; mais, dira-t-on, la racine de l'aunée des modernes est amère, et Horace appelle la sienne aigre : il dit,

---- Quum crapulâ plenus

Atque acidas mavult inulas.

La raison de cette différence viendrait de ce que ce poète parle de l'aunée préparée, ou confite avec du vinaigre et d'autres ingrédiens, de la manière apparemment que Columelle l'enseigne, lib. XII. cap. xlvj. Il faudrait donc alors traduire le passage d'Horace : " Puni de sa gloutonnerie par le mal qu'elle lui cause, il cherche à se ragoûter par de l'aunée préparée ".

Pour ce qui regarde Pline, il a rejeté dans sa description de l'helenium celle de Dioscoride, a emprunté la sienne de Théophraste, et autres auteurs grecs, et en même temps il a adopté les vertus et les qualités que Dioscoride donne à la plante qu'il décrit sous le nom d'helenium ; ainsi faisant erreurs sur erreurs, il a encore donné lieu à plusieurs autres de les renouveller après lui. Il importe de se ressouvenir dans l'occasion de cette remarque critique, car elle peut être utîle plus d'une fais. (D.J.)