chicorium, s. f. (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleurs composées de demi-fleurons portés sur des embryons, et soutenues par le calice qui se resserre dans la suite, et devient, pour ainsi dire, une capsule dans laquelle il y a des semences anguleuses qui ressemblent en quelque façon à un coin, et qui portent la marque d'un ombilic. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE. (I)

CHICOREE SAUVAGE, (Matière médicale) cette plante fournit à la Médecine beaucoup d'excellents remèdes, tant magistraux qu'officinaux.

Elle est de l'ordre des plantes extractives-amères et laiteuses, ou très-légèrement résineuses.

Ses vertus peuvent se réduire à celles-ci : elle est tonique, stomachique, fébrifuge ; elle est aussi faiblement purgative et diurétique, rafraichissante et tempérante. C'est à ces différents titres qu'on l'emploie dans les obstructions commençantes, surtout du foie, dans la jaunisse, la cachexie, les affections mélancholiques, les ardeurs d'entrailles, les fièvres intermittentes, et dans tous les cas où on a en vue de lâcher doucement le ventre, de faire couler la bîle et les humeurs intestinales, de pousser même légèrement par les urines.

Les préparations magistrales de la chicorée se réduisent au suc qu'on tire de ses feuilles, à l'infusion, à la décoction de ses feuilles et de sa racine.

Les préparations officinales sont l'eau distillée de la plante fraiche ; l'extrait, le sirop simple fait avec son suc ; le sirop composé dont nous allons donner la composition d'après la pharmacopée de Paris, et le sel lixiviel qu'on retire de ses cendres.

D'ailleurs sa racine entre dans le decoctum rubrum de la pharmacopée de Paris, dans le catholicum ; les feuilles entrent dans le sirop d'erysimum composé ; le suc dans les pilules angéliques, etc.

Sirop de chicorée composé : racines de chicorée sauvage, quatre onces ; de pissenlit, de chiendent, de chaque une once ; feuilles de chicorée sauvage, six onces ; d'aigremoine, d'hépatique d'eau, de pissenlit, de fumeterre, de houblon, de scolopendre, de chaque trois onces ; de politric, de capillaire de Montpellier, de cuscute, de chaque deux onces ; bayes ou fruits d'alkekenge, deux onces : faites cuire le tout dans vingt livres d'eau commune que vous réduirez à douze livres ; dissolvez dans la colature seize livres de beau sucre ; clarifiez selon l'art, et faites cuire en consistance de miel épais. D'autre part, eau commune, huit livres, dans laquelle faites infuser pendant vingt-quatre heures au bain marie dans un vaisseau fermé, rhubarbe choisie coupée menu, six onces ; santal citrin, canelle, de chaque demi-once : passez et exprimez, et ajoutez la colature au sirop susdit ; mêlez exactement, et achevez-en la cuite à feu lent selon l'art.

Nota bene que la canelle et le santal citrin qu'on employait autrefois pour correctif ordinaire de la rhubarbe, paraissent assez inutiles ici, que si des observations particulières venaient à nous apprendre qu'ils sont de quelqu'utilité dans cette composition, il faudrait, selon la pratique des bons artistes, ne les ajouter que lorsque le sirop serait sur la fin de sa cuite, et les y laisser infuser même après la cuite, jusqu'à ce qu'il fût refroidi ; dans ce cas on serait obligé de les mettre dans un nouet selon l'usage ordinaire. Le sirop de chicorée composé est un purgatif leger fort usité dans notre pratique : on le fait entrer à la dose d'une ou de deux onces dans les potions purgatives ; il purge assez bien les enfants à la dose d'une once ou d'une once et demie ; et il n'est pas difficîle de le leur faire prendre, soit seul, soit délayé dans un peu d'eau. On s'en sert aussi avec succès dans les maladies chroniques, quand on veut purger les malades doucement, et pendant plusieurs jours de suite.

Le suc, l'eau distillée, l'extrait, le sirop simple, et le sel lixiviel de chicorée, se préparent chacun comme la pareille substance tirée d'une plante quelconque. Voyez SUC, EAU DISTILLEE, EXTRAIT, SIROP SIMPLE, L LIXIVIELVIEL.

Le pissenlit est le succédanée ordinaire de la chicorée. (b)

CHICOREE SAUVAGE, (Médecine, Diete) quelques personnes mangent en salade la chicorée amère verte ; le plus grand nombre ne saurait pourtant s'en accommoder à cause de sa grande amertume ; mais elle s'adoucit beaucoup par la culture, qui la blanchit aussi, et la rend très-tendre ; dans cet état, il est peu de personnes qui ne la mangent volontiers en salade avec l'huile, le vinaigre et le sel, ou avec le sucre et le jus de citron ou d'orange. La chicorée verte, avec toute son amertume, est très-célébrée soit à titre de médicament, soit à titre d'aliment dans diverses maladies, principalement lorsqu'il est question de résoudre, de déterger, de tempérer. Geoffroy, Mat. méd. Voyez LEGUME et SALADE.