sub. m. (Histoire naturelle, Botanique) fruit très-commun aux Antilles ; il croit de la grosseur d'un melon, mais moins gros et un peu recourbé vers la partie opposée à la queue ; il est couvert d'une peau verte, lissée, épaisse comme du drap, hérissée de petites pointes de la même substance, un peu courbées, fléxibles, et ne piquant point ; l'intérieur du fruit est d'une très-grande blancheur, ressemblant à de la crême ; cependant lorsqu'on y fait attention, on aperçoit une prodigieuse quantité de vesicules de forme pyramidale, longues d'environ deux pouces, tendantes de la circonférence vers le cœur du fruit, renfermant une eau blanchâtre, un peu visqueuse, au milieu de laquelle se trouve la graine, de figure oblongue, de couleur brune, et de la grosseur d'une petite fève. Le cœur du fruit est fibreux, coriace, se séparant aisément ; ce n'est autre chose que le prolongement de la queue, qui traversant les deux tiers du fruit se termine en pointe insensible.

La substance du corossol est d'un goût sucré relevé d'une pointe aigrelette très-agréable ; elle se résoud en eau, à l'exception des vesicules, qui glissent avec tant de facilité qu'on les avale sans s'en apercevoir. On prétend que le nom de ce fruit vient de l'île de Curacao ou Corossol, appartenante aux Hollandais.

L'arbuste qui porte le corossol se nomme corossolier ; il s'élève d'environ huit à neuf pieds ; ses feuilles sont d'un beau verd, plus nourries, plus larges, et moins pointues que celles du laurier.

Le fruit du corossolier est sort sain : on a éprouvé que plusieurs personnes incommodées de violentes diarrhées, ont été guéries en ne mangeant que des corossols pendant plusieurs jours. Lorsque ce fruit n'est pas encore en maturité, si on le coupe par tranches de l'épaisseur du doigt, il tient lieu de culs d'artichauts dans les fricassées et les ragouts ; mais quand il est trop mûr, on l'emploie utilement à engraisser les cochons, qui en sont extrêmement friands. Art. de M. LE ROMAIN.