S. m. populus, (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur en chaton, composée de plusieurs petites feuilles qui ont des sommets. Cette fleur est stérîle ; les jeunes fruits naissent sur des espèces de peupliers qui ne portent point de fleurs ; ils sont disposés en épi, et composés de plusieurs petites feuilles, sous lesquelles on voit une sorte de cloche qui embrasse un embryon ; cet embryon devient dans la suite une silique membraneuse et en épi, qui s'ouvre en deux parties, et qui renferme des semences aigrettées. Ajoutez aux caractères de ce genre le port des espèces du peuplier qui diffère de celui des saules. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez PLANTE.

PEUPLIER, populus, (Jardinage) grand arbre qui croit naturellement dans les climats tempérés de l'Europe et de l'Amérique septentrionale. Il fait une tige droite qui, loin de se confondre avec les branches, conserve toujours une pointe jusqu'à la plus grande élévation de l'arbre. Sa tête est garnie de quantité de rameaux qui sont grêles et un peu courbes, à cause de leur disposition naturelle à se dresser du côté de la principale tige. Son écorce, d'une couleur jaunâtre est longtemps lisse et unie : il ne s'y fait des gersures que quand l'arbre est avancé en âge. Ses racines sont fortes, et s'enfoncent assez profondément dans la terre. Sa feuille est lisse, dentelée, et d'un verd brun ; elle est légèrement arrondie par le bas, et se termine rapidement en pointe. Tous les peupliers ne produisent pas des graines ; les fleurs mâles viennent sur des arbres différents de ceux qui produisent les fleurs femelles propres à donner des semences. Les fleurs mâles sont des chatons d'une couleur rougeâtre d'assez jolie apparence, qui paraissent au commencement d'Avril, et qui tombent au bout de quinze jours ou trois semaines. Les fleurs femelles qui donnent la graine, sont rassemblées sur un filet commun, de même forme que les chatons, mais de couleur d'herbe, et qui ne tombe que longtemps après, lors de sa maturité, vers la fin de Mai ou le commencement de Juin : dans ce temps, les graines qui sont fort petites et terminées par une aigrette, sont dispersées par le vent.

Le peuplier doit être mis au nombre des plus grands arbres, et il mérite de tenir le premier rang parmi ceux qui se plaisent dans un terrain aquatique. Cet arbre croit très-promptement, se multiplie avec la plus grande facilité, et résiste à toutes les intempéries des saisons. Son utilité s'étend à divers usages très-profitables à la société.

Le peuplier peut venir dans différents terrains, mais il réussit infiniment mieux dans les lieux aquatiques, autour des étangs, le long des rivières, sur le bord des ruisseaux, et il se plait singulièrement sur les berges des fossés remplis d'eau. Cet arbre vient mieux dans les vallons que dans les plaines, et il se contentera plutôt de cette dernière position que de celle des coteaux ; il languit sur les hauteurs, il dépérit dans les terrains secs et sablonneux, et il ne dure pas longtemps dans les terres argilleuses, trop fortes ou trop dures.

Cet arbre se multiplie de rejeton, de plançon et de bouture ; mais ce dernier moyen étant la voie la plus facile, la plus prompte et la plus assurée, c'est celle dont on doit se servir. Ces boutures se font après l'hiver, aussi-tôt que la terre commence à être praticable ; il faut choisir de préférence absolue, les rejetons de la dernière année les plus forts, les plus vigoureux, et les plus unis, car le bois de deux et trois ans n'est point propre à cet usage. On coupe les boutures d'un pied ou de quinze pouces de longueur ; on les pique dans la terre en les couchant et les tournant de façon qu'il y ait un oeil en dessus qui puisse pousser perpendiculairement. Ces boutures ne doivent sortir de terre que de deux ou trois yeux : on peut les planter dans la place même où on veut les élever, à un pied où quinze pouces les unes des autres, en rangées de deux pieds ou de deux pieds et demi de distance. On les laissera pousser à leur gré la première année ; mais au printemps suivant on coupera tous les rejetons, à l'exception de celui qui marquera le plus de disposition pour se dresser : les années suivantes on élaguera les jeunes plants à mesure qu'ils prendront de la force ; mais chaque année on rabattra jusqu'au pied ceux qui seront d'une mauvaise venue, pour les obliger à former une nouvelle tige. Ces arbres au bout de quatre ou cinq ans auront communément dix à douze pieds de haut, et seront en état d'être transplantés à demeure ; ils sont à leur perfection à 25 ou 30 ans.

Le peuplier réussit aisément à la transplantation, et on peut le tailler dans toutes les saisons sans inconvénient ; non pas à la façon des saules que l'on étête entièrement, mais en coupant toutes les branches près de la maîtresse tige, au-dessus de laquelle on laisse un bouquet. Cette façon de tailler le peuplier tous les quatre ou cinq ans, est la meilleure pour en retirer de l'utilité ; on peut même le couper plus souvent en menus branchages pendant le mois d'Octobre : on fait sécher ces rameaux avec leurs feuilles, c'est une excellente nourriture pour le bétail pendant l'hiver.

Le bois de peuplier est jaunâtre, souple, assez dur, passablement solide, mais un peu difficîle à la fente ; on en peut faire des pièces de charpente pour les bâtiments de peu de conséquence ; on en tire aussi des planches de durée, si on les garantit de l'humidité. Les Sculpteurs l'emploient à défaut du tilleul ; il est aussi de quelqu'usage pour les Menuisiers, les Tourneurs, les Sabotiers, etc.

Cet arbre a quelques propriétés qui sont d'usage en Médecine. Les yeux ou les boutons de branches du peuplier, lorsque le mouvement de la seve se fait sentir au printemps, se chargent d'une espèce de gomme d'une odeur assez agréable ; les bonnes qualités de ce suc visqueux le font entrer dans la composition du baume que l'on nomme populeum, qui est recommandable à plusieurs égards.

Les différentes espèces ou variétés de peupliers, sont,

1°. Le peuplier noir ; c'est à cette espèce que l'on doit particulièrement appliquer tout ce qui a été dit ci-dessus.

2°. Le peuplier noir, que l'on nomme vulgairement l'osier blanc. Il a plu aux gens de la campagne de l'appeler ainsi, parce qu'ils emploient dans les travaux de la vigne les jeunes branches de cet arbre en place de l'osier ; pour cet effet ils l'assujettissent à la tonte comme l'osier, mais il n'est pas si convenable que ce dernier pour l'usage que l'on en fait. Les feuilles de cet arbre sont dentelées plus profondément et ondées sur les bords ; et c'est ce qui sert principalement à le distinguer du peuplier noir ordinaire.

3°. Le peuplier noir de Lombardie ; c'est une très-jolie variété nouvellement venue d'Italie, où on en fait grand cas. Sa beauté consiste en ce que ses feuilles qui ont beaucoup de ressemblance avec celles de l'osier blanc, sont d'un verd brillant très-vif, quoique foncé ; et cette verdure qui est stable, ne s'obscurcit point sur l'arrière saison comme celle des feuilles du peuplier noir ordinaire ; mais un autre agrément plus recommandable, c'est que le peuplier de Lombardie forme naturellement la pyramide bien plus que les autres arbres de son genre, au moyen de ce que ses branches affectent de se rapprocher de la maîtresse tige, ce qui rend cet arbre des plus propres à former des avenues d'une grande et singulière apparence.

4°. Le peuplier de Canada, autre variété du peuplier noir qui a son mérite. Il prend plus de corps, sa tête est plus garnie de rameaux forts et épais, qui se dirigent plus en dehors que ceux du peuplier noir ordinaire, mais la maîtresse tige ne pointe pas, et l'arbre prend moins d'élévation. Ses jeunes rameaux ont des cannelures, mais dont les arêtes sont bien moins saillantes que dans le peuplier de la Caroline, dont il sera parlé ci-après ; son écorce est jaunâtre, elle est sujette à contracter promptement beaucoup de gersures très-profondes. Sa feuille est plus grande, plus épaisse, plus obtuse à la pointe, et d'un verd plus clair que celle du peuplier noir ordinaire. Celui de Canada dont il s'agit ici, est encore rare en France : je ne connais pas l'espèce mâle ; tous les plants que j'ai de cet arbre sont de l'espèce femelle. Le plus gros qui est âgé de 12 ans, a 35 pieds de hauteur, sur trois de circonférence : sa tête est aussi ronde que celle d'un tilleul. Il a 18 pieds de tige, dont l'écorce est extrêmement et profondément sillonnée ; cependant l'aspect n'en est point désagréable, parce que les gersures se rappellent l'une l'autre en s'adoucissant ; elles font un compartiment varié, et la couleur jaunâtre est uniforme. Quand l'arbre entre en seve au printemps, ses boutons se gonflent et répandent au loin une odeur balsamique extrêmement agréable ; au mois de Juin suivant, on voit tomber les filets qui portent la graine, et qui sont de trois, quatre et cinq pouces de longueur ; mais ce qu'ils ont de remarquable, c'est que chaque loge qui contient ou doit contenir les graines, est remplie d'un duvet plus soyeux que le coton, et tout aussi blanc, qui se tient rassemblé autour des filets. L'arbre en produit une si grande quantité, que la terre en est couverte au pied de l'arbre lorsqu'ils sont tombés. Peut-être pourra-t-on trouver moyen d'employer cette matière dans les arts. Par la comparaison qui a été faite de grosses branches de neuf pouces de tour que l'on a coupées de cet arbre, avec des branches de pareille force de peuplier noir et de tremble, il parait que le bois du peuplier de Canada tient le milieu entre celui du peuplier noir et du tremble, pour la couleur et la consistance. Cet arbre serait très-propre à former des avenues : il a plus de soutien que le peuplier noir ; il est de plus belle apparence, et il est tout aussi robuste. Il se plait dans un terrain frais et humide ; mais ceux que l'on avait plantés dans un terrain sec et élevé, y ont bientôt dépéri, et sont morts enfin.

5°. Le peuplier noir odorant, le tacamahaca, le baumier ; cet arbre est originaire de la Caroline, où il ne se trouve que le long des rivières : il y devient fort élevé, et il étend considérablement ses branches ; mais il s'en faut bien que ce peuplier fasse de tels progrès en Europe. M. Miller, auteur anglais, assure que les plus grands arbres de cette espèce que l'on ait Ve en Angleterre, n'avaient que 15 ou 16 pieds de hauteur ; et on n'en a point encore Ve en France qui aient atteint cette élévation. Ce peuplier fait une tige assez droite, et il affecte de diriger ses branches en-dehors. L'écorce des jeunes rameaux est d'une couleur rousse très-obscure ; ses boutons sont fort gros, et toujours remplis d'une gomme jaune, épaisse et balsamique, dont l'odeur, quoique très-forte, n'est point désagréable ; mais cette gomme est plus abondante quand l'arbre entre en seve, et elle regorge à l'insertion des feuilles dans les tendres rejetons : alors elle est plus liquide, et d'une odeur plus pénétrante. Ses feuilles paraissent de bonne heure au printemps, et à la fin de Février ; dans ce temps elles sont d'un jaune vif qui se change en un verd clair, puis en un verd brun et terne. Le dessous de la feuille est d'un blanc sale, mat et un peu jaunâtre ; elle est grande, figurée en cœur, légèrement dentelée et pointue. Je n'ai encore Ve que les chatons de l'arbre mâle de cette espèce de peuplier ; ils paraissent en même temps que les feuilles ; ils sont plus gros et plus longs que ceux du peuplier noir ordinaire, et d'un rouge plus apparent. Cet arbre veut absolument un terrain humide, sans quoi il languit : il est sujet à pousser des rejetons sur ses racines, qui peuvent servir à le multiplier ; mais il est plus court de le faire venir de boutures, qui réussissent fort bien quand on les fait de bonne heure dans un endroit abrité, c'est-à-dire dès le mois de Novembre. Au lieu que si on les fait à la fin de l'hiver, le succès en est bien moins assuré. On peut encore l'élever de branches couchées, mais il ne réussit pas à la greffe sur le peuplier noir ; car en ayant fait faire plusieurs écussons à la pousse sur des sujets de cette espèce, ces écussons reprirent et poussèrent bien pendant l'année, mais au printemps suivant tous les sujets se trouvèrent morts et desséchés. Ceci sert à prouver qu'il ne suffit pas pour le succès de la greffe, que les parties solides et configurantes du sujet et de la greffe se correspondent, et qu'il faut encore de l'analogie entre les sucs séveux de l'un et de l'autre. Cet arbre m'a paru jusqu'à-présent suffisamment robuste pour résister en plein air dans ce climat. Ses feuilles se flétrissent et tombent de bonne heure en automne, même dès la fin de Septembre ; il est vrai que cette feuille est assez belle au printemps et en été. Mais cet arbre tire son principal mérite de sa gomme balsamique, qui pourrait être d'usage en Médecine ; ce qu'il y a de certain, c'est que cette gomme est souveraine pour guérir les coupures.

6°. Le peuplier noir de la Caroline ; c'est sans contredit la plus belle espèce de peuplier, qui n'est pourtant connue que depuis peu d'années en France, non plus qu'en Angleterre. Cet arbre est surtout remarquable par la grandeur admirable de ses feuilles, qui ont souvent 10 pouces de longueur, sur 8 à 9 de largeur ; elles sont aussi légèrement qu'agréablement campanées sur les bords : la verdure en est vive, brillante et stable : elles tiennent à l'arbre par de longs pédicules qui étant aplatis sur les côtés, s'inclinent à contre-sens des feuilles ordinaires ; ce qui fait que la feuille de ce peuplier est suspendue de côté. Vers la fin de l'été les principales côtes de sa surface se teignent d'une couleur rougeâtre qui fait avec la verdure un contraste singulier ; mais l'accroissement de ce peuplier est un phénomène digne d'admiration : c'est de tous les arbres qui peuvent venir dans les climats tempérés de l'Europe, celui qui croit le plus promptement ; il s'élève et grossit d'une vitesse surprenante. De jeunes plants d'un demi-pié de haut plantés dans une terre meuble et fraiche, ont pris en deux ans 15 pieds de hauteur, sur huit à neuf pouces de circonférence, ayant des têtes de huit à dix pieds de diamètre, garnies de six, sept ou huit branches de cinq, sept et jusqu'à neuf pieds de longueur. On peut regarder cet arbre comme un prodige de végétation. Ce peuplier est encore remarquable par ses profondes cannelures, au nombre de quatre ou cinq, qui sont sur le bois de l'année, et dont les arêtes sont saillantes et très-vives ; ces arêtes s'adoucissent avec l'âge, et laissent encore des traces sur le bois de deux et de trois ans. On ne connait encore ni les fleurs males, ni la graine, ni la qualité du bois de cet arbre ; quoiqu'originaire des contrées méridionales de la Caroline et de la Virginie, il est néanmoins fort robuste ; il vient à toutes les expositions dans les lieux bas ; il profite assez bien dans une terre franche, meuble et douée, mais il se plait surtout dans l'humidité, pourvu qu'elle ne soit pas permanente : c'est-là surtout qu'il prospere et qu'il fait de grands progrès. On le multiplie de branches couchées, qui font peu de racines en un an, mais qui ne laissent pas de reprendre ; de boutures qui réussissent passablement quand on les fait dès le commencement du mois de Novembre, et par la greffe, qui prend assez bien sur le peuplier noir ordinaire. Il m'a paru que le peuplier de Lombardie n'était pas à beaucoup près si propre à lui servir de sujet. Le peuplier de la Caroline est extrêmement convenable pour former des avenues, des allées, et surtout des salles en verdure et des quinconces, où cet arbre se défend mieux contre les vents impétueux, qui lui rompent quelquefois des branches.

7°. Le peuplier blanc à larges feuilles, que l'on nomme aussi grisaille d'Hollande, ou ypreau, ou franc picard, et en Angleterre abele, est un grand arbre qui ne pointe pas autant que le peuplier noir ordinaire, mais qui s'étend beaucoup plus, et qui grossit davantage : son accroissement est aussi plus prompt, mais moindre pourtant que celui du peuplier de la Caroline. Son écorce, qui est blanche et fort unie, ne se ride que dans un âge très-avancé. Sa feuille en général est figurée en cœur, et découpée par les bords d'échancrures, les unes plus, et les autres moins profondes ; elle est d'un verd fort brun en-dessous, et d'une extrême blancheur par-dessous qui est veloutée. Ses fleurs mâles et les filets qui portent la graine, paraissent et tombent en même temps que ceux du peuplier noir ordinaire. Les racines du peuplier blanc s'étendent beaucoup à la surface de la terre, ce qui le rend sujet à être quelquefois renversé par les vents. Il a le mérite particulier de réussir dans tous les terrains, même dans les lieux assez secs et élevés ; il ne redoute que la craie, le gravier maigre et le sable pur ; il se plait dans les terres noires, grasses et argilleuses, mais il profite beaucoup plus dans les lieux bas et aquatiques, où il croit avec une extrême vivacité. Les intempéries des saisons ne peuvent rien contre cet arbre, que l'on peut multiplier très-facilement de boutures, mais plus promptement en se servant des rejetons qui viennent en quantité sur ses racines ; il ne leur faut que trois ans de pepinière pour les mettre en état d'être plantés à demeure. Il se garantit par lui-même des bestiaux, car ils ne veulent point de son feuillage, à ce que rapporte Ellis, auteur anglais. Le bois de ce peuplier est très-blanc ; aussi est-il tendre, léger, et facîle à fendre ; mais il est moins sujet à se gerser que beaucoup d'autres espèces de bois blancs : c'est ce qui le fait employer par les Tourneurs, les Luthiers et les Layetiers. Les Menuisiers font aussi usage de ce bois, qui est excellent pour la boiserie, et surtout pour parqueter. Il sert aussi aux Charrons pour faire des trains de voitures légères. Enfin le peuplier blanc est très-propre à former de grandes avenues le long des canaux et dans des fonds marécageux, où quantité d'arbres refusent de venir.

8°. Le peuplier blanc à petites feuilles. Cet arbre ne différe du précédent que par la figure de ses feuilles, qui sont plus petites et moins échancrées, ce qui le rend fort inférieur pour l'agrément.

9°. Le peuplier blanc à petites feuilles panachées. Il faut que cette variété soit d'un agrément bien médiocre, car les auteurs anglais n'en font aucun détail, quoiqu'en Angleterre on soit fort curieux de rassembler les arbres panachés.

10°. Le tremble. C'est un grand arbre, et l'espèce la plus ignoble des peupliers : il a presque toujours un air chenu et dépérissant qui le dégrade ; il vient communément dans les bois dont le sol est froid, humide, argilleux ; il fait une tige assez droite qui ne grossit pas à-proportion de sa longueur. Sa tête est assez ronde. Ses racines tracent à fleur de terre, et poussent une grande quantité de rejetons. Son écorce, de couleur cendrée, parait terne, matte, et seche comme si elle était morte. Sa feuille est presque ronde, fort unie, légèrement campanée sur les bords, et d'un verd clair cendré assez joli ; elles sont soutenues par de longs pédicules si minces, que les feuilles sont agitées au moindre mouvement de l'air. Ses fleurs mâles ou chatons paraissent des premiers, et plus d'un mois avant ceux des autres peupliers ; ils sont d'une couleur rousse obscure ; les filets qui portent la graine tombent à la fin de Mai. Nul agrément à attendre de cet arbre, et encore moins d'utilité, si ce n'est celle qu'on peut retirer de son bois, qui n'est guère propre pour le chauffage ; c'est le moindre de tous les bois des différents peupliers pour l'usage des Arts ; cependant les Menuisiers, les Tourneurs et les Sabotiers, l'emploient, et les Ebénistes s'en servent pour les bâtis propres à recevoir les bois de placage.

11°. Le tremble à petites feuilles. C'est une variété de l'espèce qui précède, dont elle diffère par sa feuille, et de plus par son volume. Le tremble ne devient ni si grand ni si gros que l'espèce à large feuille ; mais ce diminutif est compensé par la facilité qu'il a de venir avec quelques succès dans des terrains secs et élevés, et d'assez mauvaise qualité. (M. D'AUBENTON le subdélégué.)

PEUPLIER, (Matière médicale) peuplier noir, le peuplier noir fournit à la Pharmacie ses yeux ou bourgeons naissants, en latin oculi seu gemmae populi nigrae. Ces yeux sont enduits et pénétrés d'un suc balsamique d'une odeur fort agréable. Tournefort recommande contre les diarrhées invétérées et les ulcères internes, l'usage intérieur d'une teinture tirée des yeux de peuplier. Plusieurs auteurs en recommandent encore l'usage extérieur ; par exemple, leur application en forme de cataplasme sur les hémorrhoïdes, etc. mais l'un et l'autre de ces usages est absolument négligé, et les bourgeons de peuplier ne sont absolument employés que dans la préparation de l'onguent populeum, auquel ils donnent leur nom, et dont voici la description d'après la pharmacopée de Paris.

Onguent populeum. Prenez des bourgeons de peuplier une livre et demie ; broyez-les dans trois livres de sain doux, et gardez ce mélange dans un vaisseau de terre vernissé à orifice étroit et bien bouché dans un lieu temperé, jusqu'à ce que vous puissiez vous procurer dans le courant de l'été les matières suivantes : savoir feuilles de pavot noir, de mandragore, ou à son défaut, de belle de nuit, de jusquiame, de grande et petite joubarbe, de laitue, de glouteron, de violette, de nombril de Vénus, ou à son défaut d'orpin, de jeunes pousses de ronces, de chacun trois onces ; de morelle des boutiques, six onces ; pilez toutes ces matières ; mêlez-les exactement avec votre sain-doux chargé de bourgeons de peuplier, mises à feu doux, en agitant de temps-en-temps dans un vaisseau couvert ; passez, exprimez à la presse, et vous aurez votre onguent.

Cet onguent est d'un usage très-commun contre les tumeurs inflammatoires extérieures, et principalement contre les hémorrhoïdes très-douloureuses, dont il est regardé comme le calmant spécifique.

L'onguent populeum entre dans la composition de plusieurs médicaments officinaux externes ; par exemple, dans le baume hypnotique, l'onguent contre la gale, l'onguent hémorrhoïdal, et l'onguent épispastique de la pharmacopée de Paris. (b)