S. m. (Histoire naturelle, Botanique) pinus ; genre de plante à fleur en chaton, composée de plusieurs étamines. Cette fleur est stérîle : l'embryon nait séparément de la fleur, et devient dans la suite un fruit composé de feuilles en forme d'écailles, qui ont deux fosses. On trouve entre ces feuilles deux coques osseuses, ou noyaux souvent ailés, qui renferment une amande oblongue. Ajoutez aux caractères de ce genre, que les feuilles naissent par paire, et qu'elles sortent de la même gaine. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.

PIN, (Jardinage) pinus, grand arbre toujours vert, qui se trouve en Europe et dans l'Amérique septentrionale. On connait plus de vingt espèces de pins, qui ont entr'elles des différences si variées, qu'il n'est guère possible d'en donner une idée sure et satisfaisante par une description générale : il sera plus convenable de traiter de chacune en particulier. On les distingue en trois classes, relativement au nombre des feuilles qui sortent ensemble d'une gaine commune ; c'est ce qui les a fait nommer pin à deux feuilles, pin à trois feuilles, et pin à cinq feuilles.

I. Pin à deux feuilles. Le pin sauvage ou pin de Genève, devient un grand arbre fort branchu, dont le tronc est court et souvent tortueux ; ses racines s'étendent beaucoup plus qu'elles ne s'enfoncent ; son écorce qui est grise dans la première jeunesse de l'arbre, devient rougeâtre à mesure qu'il avance en âge ; ses feuilles sont fermes, piquantes, filamenteuses et d'un pouce ou deux de longueur ; leur verdure est agréable et uniforme ; ses fleurs mâles ou chatons s'épanouissent au mois de Mai ; ses cônes commencent à paraitre dans le même temps, mais ils ne mûrissent qu'après le second hiver ; ils ont environ un pouce de diamètre au gros bout sur deux à trois de longueur, ils sont pointus, et leurs écailles sont relevées d'éminences saillantes et recourbées vers la base, qui le rendent rude au toucher.

Cet arbre vient aisément de graine jetée au hasard, il croit assez promptement même dans des lieux incultes, il ne se refuse à aucun terrain quelqu'ingrat qu'il sait, et il ne faut ni soins ni précautions pour le multiplier, ni aucune culture pour l'élever. Il se plait dans les lieux froids, sur les montagnes et à l'exposition du nord ; il réussit dans les terrains secs et légers, pauvres et superficiels, il ne se refuse ni au sable le plus stérile, ni à la craie la plus vive ; il profite également dans la terre forte et humide comme dans la glaise la plus dure ; enfin il vient partout où le terrain peut avoir trois pouces d'épaisseur. Cet arbre ne craint point les vapeurs salines de la mer, il résiste à l'impétuosité des vents et il s'accommode de tous les climats de l'Europe, où on le trouve jusqu'aux extrémités de la Laponie.

Le pin de Genève est peut-être le plus sauvage, le plus robuste, le plus agreste et le plus vivace de tous les arbres, il ne craint ni le froid, ni le chaud, ni la sécheresse. J'ai tenu pendant cinq ans un pin de cette espèce, dans un pot de six pouces de diamètre ; je l'ai toujours laissé au grand air sans le serrer pendant l'hiver, ni l'arroser dans les plus grandes sécheresses ; il a bravé toutes les vicissitudes des saisons, et malgré la petitesse du vase qui le contenait, il s'est élevé à quatre pieds, mais comme ses racines sortaient du pot, je le fis transplanter il y a dix ans dans un lieu inculte contre un rocher où il est plein de vie et où il fait autant de progrès que s'il y était venu de semence.

On ne peut multiplier cet arbre qu'en semant ses graines après les avoir tirées des cônes : on doit être assuré de leur maturité, lorsque leur couleur verte est devenue roussâtre, ce qui arrive dans le mois de Février qui est le temps propre à les cueillir, car dès que le hâle de Mars se fait sentir, les cônes s'ouvrent et les graines sont bien-tôt dispersées par le vent. On peut conserver pendant deux ou trois ans les cônes sans qu'ils s'ouvrent, en les tenant dans un lieu frais, mais exempt d'humidité, et quand on a tiré la graine des cônes, elle garde encore très-longtemps sa vertu productrice. J'en ai fait un essai remarquable ; j'ai semé tous les ans des graines de cet arbre qui avaient été recueillies au mois de février 1737, et qu'on avait envoyées de Genève épluchées et tirées des cônes ; elles ont levé constamment pendant dix-huit ans, et depuis ce temps il n'en a levé aucune pendant cinq ans que j'ai continué d'en semer ; mais il est vrai que le semis des cinq ou six dernières années a peu-à-peu diminué de production, au point qu'à la fin il n'a pas levé la vingtième des graines. Pour les tirer des cônes, il n'y a qu'à les exposer au soleil ou devant le feu pour les faire ouvrir.

Pour semer ces graines, il faut aux petits semis un procédé bien différent des grands semis ; si l'on ne veut avoir qu'un nombre médiocre de plants, il faudra semer dans des terrines ou des caisses plates, parce qu'il y a trop d'inconvénients à semer en pleine terre ; ce n'est pas que les graines ne puissent très-bien lever de cette façon, mais les intempéries de l'hiver, et surtout le hâle du printemps qui est le fléau des arbres toujours verts dans leur première jeunesse, détruisent presque tout. On garnira le fond des caisses ou terrines d'un pouce d'épaisseur de sable ou vieux décombres ; ensuite on les emplira jusqu'à un pouce du bord, de bonne terre quelconque, pourvu qu'elle soit fraiche et bien meuble, puis on y mettra un demi-pouce d'épaisseur de terreau bien consommé et passé dans un crible très-fin, après quoi on répandra la graine pardessus, et enfin on la couvrira d'un demi-pouce du même terreau.

Le printemps est la seule saison convenable pour semer la graine de pin, on peut s'y prendre dès le commencement de Mars, et il serait encore temps au 20 de Mai ; cependant le mois d'Avril est le temps le plus assuré.

Mais si l'on veut faire de grands semis pour former des cantons de bois de cet arbre, il faut s'y prendre de toute autre façon. Quantité de gens ont tenté différents moyens pour le faire avec succès, mais les soins de culture et les procédés les plus recherchés n'ont nullement servi à remplir leur objet ; quand on veut travailler en grand dans l'agriculture, ce qu'il y a de mieux à faire, c'est d'imiter la nature le plus près qu'il est possible : on s'est avisé de ne point épargner la graine et de la semer avec profusion sur les terres incultes, dans l'herbe et les fougeres, parmi les genevriers, les joncs, les bruyeres, etc. cette opération toute simple qu'elle est, a presque toujours été suivie partout du plus grand succès ; il est vrai que les plants ne paraitront que la troisième année, mais bien-tôt ils s'empareront du terrain, ils étoufferont les buissons qui l'occupaient, et ils feront des progrès qui dédommageront de l'attente ; si cependant on se détermine à semer de grands cantons avec plus de précision, on fera faire avec la charrue des sillons distants de trois à quatre pieds, et après y avoir répandu la graine, on la fera recouvrir légèrement avec la pioche à main d'homme, d'un pouce d'épaisseur de terre ou environ, il arrivera encore souvent que les graines ne leveront qu'à la troisième année pour la plupart ; ainsi beaucoup de patience et nulle culture.

Cet arbre dans sa première jeunesse réussit à la transplantation avec une facilité admirable ; mais à moins qu'on ne les enlève avec la motte, il ne faut pas que les plants aient plus de deux à trois ans ; à cet âge on pourra les mettre avec assurance dans des terrains pauvres, incultes et superficiels au point de n'avoir que trois pouces de fond : il suffira de les planter à 4, 5 ou 6 pieds de distance, dans de petits trous faits avec la pioche, sans qu'il soit besoin d'y toucher ensuite, que pour commencer à les élaguer à l'âge de 5 ou 6 ans ; cette opération favorise leur accroissement, mais il ne faut la faire que peu-à-peu et avec beaucoup de ménagement. Le mois d'Avril est le temps propre à cette transplantation, après que les hâles sont passés, et avant que les jeunes plants commencent à pousser ; cet arbre s'élève à 15 pieds en dix ans dans un terrain cultivé : et des cantons formés en bois avec de jeunes plants de trois ans, se sont élevés en 21 ans à la hauteur commune de 25 pieds dans un terrain stérile, inculte et sablonneux qui n'a que trois ou quatre pouces de profondeur. Il y a une sorte d'avantage à ne former que de petits cantons de cet arbre ; comme sa graine est fort légère, le vent la disperse, et en vingt ans le canton se trouve triplé : il est vrai que la venue n'est pas égale pour la hauteur, mais elle est bien plus considérable pour la quantité. Le pin n'est sujet à aucun insecte, et quoiqu'il soit exposé au parcours du gros et menu bétail, il n'en reçoit aucun préjudice ; soit que son odeur résineuse les écarte, ou que la pointe des feuilles soit un obstacle à les brouter. Cet arbre craint le fumier, et après qu'il a été coupé, sa souche ne repousse point.

II. Le pin d'Ecosse. C'est aussi un pin sauvage qui approche beaucoup du pin de Genève, dont il diffère pourtant en ce que ses feuilles sont plus courtes, plus étroites et d'un verd plus blanchâtre : ses cônes sont moins gras, moins roux, et leurs éminences moins saillantes ; l'arbre fait une tige plus droite et il prend plus d'élévation : au surplus on le multiplie et on l'élève de la même façon. Ses qualités sont aussi les mêmes, et on en peut tirer pour le moins autant de service et d'utilité.

III. Le franc pin, ou le pin piguier. On cultive beaucoup cette espèce de pin en Italie, en Espagne et dans les provinces méridionales du Royaume. C'est un bel arbre fort touffu qui s'étend plus qu'il ne s'élève ; ses feuilles ont six pouces de longueur ou environ, elles sont dures, épaisses et d'un beau verd, et lorsqu'il se trouve dans un lieu spacieux, ses branches retombent jusqu'à terre ; sa tête prend naturellement la forme d'une pyramide écrasée, et toujours peu d'élévation ; ses cônes sont courts, obtus et fort gros ; ils ont 4 à 5 pouces de longueur, sur 3 ou 4 de diamètre : on nomme pignons les graines qui y sont renfermées sous des écailles très-dures ; ces pignons qui sont de figure ovale et de la grosseur d'une naisette, renferment une amande bonne à manger dont on peut faire le même usage que des pistaches. Les cônes sont en maturité dans les pays chauds dès le mois de Septembre, ils s'ouvrent deux mois après, et les pignons tombent d'eux-mêmes. Le franc pin se plait dans les climats chauds, cependant il peut réussir dans la partie septentrionale de ce royaume ; il n'y parait délicat que dans sa jeunesse, on avait d'assez beaux arbres de cette espèce au jardin du roi, à Paris, où ils ont résisté à de fort grands hivers. Ce n'est donc que dans les premières années de l'éducation de cet arbre, qu'il faut prendre quelques précautions pour le garantir des fortes gelées ; on ne peut le multiplier qu'en semant ses pignons : on pourrait le faire en plein air dans une plate-bande, contre un mur bien exposé ; on les a souvent sauvés du froid au moyen de quelque abri durant l'hiver ; mais il sera plus sur de les semer dans des terrines ou des caisses plates, dans le temps et de la même façon qu'on l'a dit pour le pin sauvage, mais les graines ne leveront qu'au bout de six semaines environ, si on les y a disposées par de fréquents arrosements dans les temps de sécheresse ; parce que la coquille des pignons étant dure, elle ne s'ouvre qu'à la faveur d'une humidité suivie, sans quoi ils ne leveraient qu'au bout de 3 ou 4 mois : on évite encore mieux cet inconvénient, en faisant tremper les pignons sept ou huit jours avant de les semer. Au surplus même temps, mêmes soins et mêmes arrangements à observer pour la transplantation de cet arbre, qui se plait sur les collines dans un terrain sec, leger et sablonneux : son accroissement est lent dans sa jeunesse, surtout quand il a été transplanté. Il ne donne du fruit qu'à 10 ou 12 ans, et ce n'est qu'à 15 qu'il commence à avoir de l'apparence.

Les pignons étaient autrefois à la mode : on en faisait des dragées, des pralines, des crêmes, et on les faisait entrer dans quantité de plats du service de l'entremets ; on leur a substitué les pistaches, qui font une nourriture plus indifférente. On tire des pignons une huîle très-douce, qui a toutes les autres qualités de l'huîle d'amande, et le marc fait encore une meilleure pâte à laver les mains.

Le bois de franc-pin est blanchâtre, médiocrement chargé de resine, et il est propre aux mêmes usages que celui des autres pins.

4. Le pin de montagne ou torchepin, que l'on nomme pin suffis à Briançon, et que les Botanistes désignent sous le nom de mugo. Il fait un arbre d'une belle venue ; ses feuilles qui ont environ deux pouces de longueur, sont fermes, piquantes, et d'une belle verdure. Ses jeunes branches ont l'écorce écailleuse et d'une couleur de canelle assez luisante ; elles prennent une courbure naturelle qui tourne en agrément. Ses fleurs mâles ou chatons viennent en bouquet qui sont d'un joli aspect. Ses cônes ont un pouce de diamètre environ sur deux de longueur ; ils ont la figure d'un œuf très-pointu à l'extrémité ; leur couleur est d'un rouge canelle, vif et brillant ; ses écailles sont chargées de tubercules très-saillantes d'une forme variable ; les graines que renferment ces cônes sont de la grosseur d'un pepin de poire. Son bois, lorsqu'il est nouvellement coupé, est d'une couleur roussâtre ; il est très-resineux, aussi les gens de la campagne s'en servent ils pour faire des torches.

5. Le pin de montagne, ou pin d'Haguenau ; cet arbre a beaucoup de ressemblance avec le précédent, si ce n'est que ses cônes sont plus longs, plus menus et plus pointus, et qu'assez souvent on y trouve des feuilles qui sortent trois à trois d'une même gaine.

6. Le grand pin maritime ; c'est l'espèce de pin la plus répandue dans le royaume ; il fait un grand arbre garni de belles feuilles qui sont assez longues, et d'une verdure agréable. Ses fleurs mâles ou chatons, forment au printemps des bouquets rouges de belle apparence. Ses cônes sont plus longs que ceux du franc-pin, mais de moindre grosseur ; ils ont deux pouces et demi de diamètre, environ sur quatre à cinq pouces de longueur ; les éminences des écailles sont tantôt coniques, tantôt pyramidales, et plus ou moins saillantes ; dans le premier cas elles finissent en pointe, et dans le second, elles sont terminées par un mamelon. Les pignons qui renferment ces cônes sont durs et bien moins gros que ceux du pin cultivé. Le bois de cet arbre sert aux mêmes usages que celui du franc-pin, et on en retire aussi de la resine.

7. Le petit pin maritime ; il fait un aussi grand arbre que le précédent, et son bois est de même service ; mais comme ses cônes sont de moindre grosseur, et ses feuilles plus courtes et plus menues, c'est ce qui lui a fait donner une qualification en petit ; d'ailleurs on s'est assuré dans le pays de Bordeaux, qu'en semant ces deux pins maritimes, les graines produisaient leur même espèce.

8. Le pin maritime de Mathiole ; cet arbre tient en quelque sorte le milieu entre le petit pin maritime et le pin de Genève. Ses feuilles sont plus menues, plus longues que celles du petit pin maritime, et d'un verd blanchâtre ; elles viennent par touffes en façon d'aigrettes, au bout des jeunes branches qui sont minces, souples, et se recourbent ; les autres branches sont presque dénuées de feuilles, ce qui laisse voir leur écorce qui est grise et unie : ses fleurs mâles ou chatons sont blancs, et ses cônes un peu plus gros que ceux du pin de Genève. Le bois de cette espèce de pin est chargé de beaucoup de resine, mais il ne fait pas un si bel arbre que les deux autres pins maritimes.

9. Le petit pin sauvage, dont les chatons sont verdâtres.

10. Le petit pin sauvage, dont les chatons sont pourpres.

Ces deux espèces de pin ne s'élèvent qu'à hauteur d'homme, et donnent une grande quantité de cônes. Leurs feuilles sont courtes et semblables à celles de l'épicéa ; leurs branches sont aussi rangées régulièrement dans le même ordre, en sorte que de loin on prend ces pins pour des épicéas.

11. Le pin dont les cônes sont placés verticalement sur les branches ; cet arbre est très-peu connu.

12. Le pin rouge de Canada ; ses feuilles ont environ cinq pouces de longueur ; elles sont un peu arrondies par le bout : ses cônes sont de moyenne grosseur, et de la figure d'un œuf. Cet arbre a beaucoup de ressemblance avec le torchepin.

13. Le petit pin rouge de Canada ; il diffère du précédent en ce que ses feuilles sont plus déliées et plus courtes ; elles n'ont que trois ou quatre pouces de longueur.

14. Le pin gris ou pin cornu de Canada ; ses feuilles sont recourbées, en se réunissant par les deux extrémités, elles forment une espèce d'anneau ; il en est de même des cônes, qui par leur recourbure, ont l'apparence d'une corne ; ils sont au surplus de pareille longueur et grosseur que ceux du torchepin, avec lequel le pin gris a autant de ressemblance que les deux précédents. Ces trois sortes de pins prennent une grande hauteur, et seraient très propres à la mâture des vaisseaux, s'ils n'étaient trop noueux par la quantité de branches dont ces arbres se garnissent sur toute la longueur de leur tige. Le pin gris se trouve dans les terres seches et sablonneuses ; son bois est fort résineux et très-souple.

15. Le pin de Jérusalem, ou d'Alep ; ses branches sont menues ; son écorce est cendrée ; ses feuilles ont environ quatre pouces de longueur ; elles sont d'un verd foncé et si déliées, qu'elles se croisent et s'entremêlent ainsi que les branches, ce qui donne à cet arbre une irrégularité qui ne peut passer qu'à la faveur de sa singularité. Ses cônes sont de la forme de ceux du franc-pin, si ce n'est qu'ils sont plus petits. Les graines conservent pendant plusieurs années leur vertu productrice, quoiqu'elles aient été tirées des cônes. M. Miller, auteur anglais, a éprouvé qu'elles ont très-bien levé pendant trois ans. Cet arbre n'étant pas si robuste que les autres espèces de pins, il faut des soins de plus pour le garantir des gelées, jusqu'à ce qu'il soit dans sa force. Il parait aussi qu'il lui faut plus de temps qu'aux autres pins pour rapporter des graines qui soient fécondes.

Pins à trois feuilles.

16. Le pin de Virginie à cônes hérissés ; ses feuilles sortent par trois ou quatre ensemble d'une gaine commune. Il fait un grand arbre d'une belle apparence, et quand il se trouve dans un terrain léger et humide, son accroissement est très-prompt. C'est-là tout ce qu'en a dit M. Miller, et c'est le seul auteur qui soit encore entré dans quelque détail sur cet arbre.

17. Le pin de Virginie à cônes épineux, ou le pin de Jersey, chez les Anglais. Cet arbre devient très-haut ; ses feuilles sortent au nombre de trois d'une gaine qui leur est commune ; elles ont une rainure sur toute la longueur de la face extérieure ; elles sont un peu moins longues et plus déliées que celles du pin rouge de Canada. Ses cônes sont à-peu-près de la grosseur de celui du pin rouge, mais ils sont plus aigus : les éminences des écailles se terminent en une pointe qui est assez épineuse pour offenser la main ; son bois est souple, fort résineux, et il a le grain très-fin. Voilà les principales circonstances de la description que l'on trouve de cet arbre dans le traité des arbres de M. Duhamel.

18. Le pin à trochet ; ses feuilles sortent trois à trois d'une même gaine, et elles sont plus longues que celles du précédent : ses cônes viennent rassemblés dans un gros bouquet, quelquefois au nombre de vingt. Cet arbre est encore très-rare en France.

19. Le pin de marais ; cet arbre vient en Amérique dans les places humides ; il se soutient difficilement dans les terrains secs, et il fait peu de progrès dans les lieux élevés. Ses feuilles viennent trois et souvent quatre ensemble, d'une gaine commune ; elles ont quatorze pouces de longueur ; elles sont d'un verd foncé, plus grosses que celles d'aucun autre espèce de pin, et les jeunes rameaux en sont très-garnis. Ses branches sont couvertes d'une écorce rude et crevassée, ce qui ôte beaucoup de l'agrément de cet arbre. C'est le plus délicat de toutes les espèces de pin que l'on connait ; il faut le garantir des gelées jusqu'à ce qu'il soit dans sa force ; ce qui étant difficîle dans des lieux bas et humides où cet arbre se demande, on fera bien de le tenir en caisse jusqu'à ce qu'il soit en état de se soutenir contre le froid.

Pins à cinq feuilles.

20. Le pin blanc ou le pin du lord Weymouth ; cet arbre se trouve dans le Canada, la nouvelle Angleterre, la Virginie, la Caroline, et autres pays de l'Amérique septentrionale, où on lui donne le nom de pin blanc. Il est fort fréquent dans toutes ces contrées et dans les terrains humides et de légère consistance, où il se plait ; il y prend souvent plus de cent pieds d'élevation : il fait une tige droite ; sa tête prend d'elle-même la forme d'un cône ; son écorce est lisse, unie et d'un verd brun sur les jeunes rameaux, mais elle est blanchâtre sur le tronc et les grosses branches. Ses feuilles sortent au nombre de cinq ensemble d'une gaine commune ; elles ont environ trois pouces de longueur, et elles sont d'un verd de mer des plus beaux : les jeunes rejetons en sont très-garnis ; le reste du branchage en est donné. Ses fleurs mâles ou chatons, qui sont d'abord très-blancs, prennent ensuite une teinte de violet : ses cônes tiennent aux branches par des queues d'un pouce de longueur ; ils ont environ quatre pouces de haut sur huit lignes de diamètre : les écailles en sont minces, flexibles, et détachées à leur extrémité, ce qui donne à ces cônes quelque ressemblance avec ceux du sapin. Les pignons en sont assez gros, et bons à manger ; ils tombent des cônes si on ne les cueille de bonne heure en autonne : cet arbre fait bien du branchage qui est très-garni de feuilles d'une belle verdure ; c'est l'espèce de pin la plus convenable pour les plantations d'agrément ; son bois est blanc ; il est chargé d'une résine fluide et transparente, qui coule assez abondamment des entailles qu'on fait au tronc : on en peut faire des planches, mais il est trop rempli de nœuds pour être employé à faire une bonne mature.

21. Le pinastre ou alviez, dans le Briançonnais ; quelques Botanistes ont aussi donné le nom de cembro à cet arbre ; on le trouve fréquemment sur les Alpes, où il se plait dans les endroits les plus froids qui sont couverts de neiges la plus grande partie de l'année : il fait une tige droite, et une tête ronde bien garnie de branches ; ses feuilles sortent d'une même gaine au nombre de cinq le plus souvent, quelquefois quatre, et plus rarement jusqu'à six ensemble ; elles sont fermes, épaisses, et des plus larges ; leur longueur est de quatre pouces et demi environ. Ses cônes sont courts et obtus ; leur longueur est de trois pouces sur près de deux de diamètre ; les écailles se recouvrent de la façon de celles des cônes du sapin. Les pignons qu'elles renferment sont presque triangulaires, faciles à rompre, mais moins gros que ceux du franc-pin ; l'amande en est douce et d'un goût agréable ; on les mange comme les noisettes, et on les fait entrer dans les ragouts. Cet arbre prend une bonne hauteur ; il est de belle apparence, et la verdure de son feuillage est très-agréable.

Généralement tous les pins ne peuvent se multiplier que de graines : on pourra se régler pour la façon de les semer, sur ce qui a été indiqué à l'article du pin sauvage, ou du franc pin, relativement à la grosseur des pignons.

Le pin est de tous les arbres, l'un des plus intéressants, par les différents usages auxquels il est propre, et qui sont très-profitables à la société ; mais ce qui en relève encore plus les avantages, c'est que la plupart des espèces de pins peuvent venir et réussir presque par-tout, même dans les endroits où tous les autres arbres se refusent. On ne saurait trop répéter que le plus grand nombre des pins n'exigent aucune culture, ou plutôt qu'ils en sont ennemis ; qu'ils supportent le froid comme le chaud, qu'ils ne craignent ni la sécheresse ni l'humidité ; qu'ils résistent encore mieux qu'aucun arbre à l'impétuosité des vents et aux vapeurs salines de la mer, et qu'ils réussissent dans des lieux élevés, incultes et abandonnés, dans des terrains pauvres, stériles et superficiels ; enfin dans l'argille, le sable, la craie, la pierraille, et même parmi les rochers. Cet arbre croit fort vite, surtout dans les terrains où il se plait : dès l'âge de dix ans on en peut faire des échalas pour les vignes, et quand il en a quinze ou dix-huit, on peut l'abattre pour le bruler ; et si l'on prend la précaution de l'écorcer et de le laisser sécher pendant deux ans, il n'aura presque plus de mauvaise odeur. Ces arbres sont dans leur force à 60 ou 80 ans : quel avantage donc ne pourrait-on pas tirer de cet arbre pour différents besoins de la société, si on le semait dans quantité de places vaines et vagues, où pas un buisson ne peut naître, et qui restent absolument inutiles et abandonnés ? Cependant le pin est encore inconnu dans plusieurs provinces du royaume ; on peut citer pour exemple la Bourgogne, où on ne trouve que dans le seul canton de Montbard un petit bois de pin de Genève, qui a été planté depuis vingt ans.

Le bois des différentes espèces de pins est plus ou moins chargé de résine ; mais en général il est d'un excellent usage pour les arts ; il est de très-longue durée et de très-bon service ; il est propre à la charpente et à la menuiserie : il entre dans la construction des vaisseaux ; on l'emploie en planche ; on en fait des corps de pompe, et des tuyaux pour la conduite des eaux : c'est aussi un bon bois à bruler ; son charbon est très-recherché pour l'exploitation des mines, et on assure que l'écorce des pins peut servir à tanner les cuirs. Mais on retire encore de cet arbre, pendant qu'il est sur pied, d'autres services qui ne sont pas moins avantageux. Outre quelques espèces de pins dont les pignons peuvent se manger, toutes ces sortes d'arbres donnent plus ou moins de résine, que l'on peut tirer de différentes façons, et dont on fait du brai gras, du brai sec, du goudron, de la résine jaune, du galipot, de la térebenthine, du noir de fumée, etc. On commence à tirer cette résine lorsque les arbres ont 25 ou 30 ans, et on pourra continuer de le faire pendant 30 autres années, si on y apporte les ménagements nécessaires, après quoi les arbres seront encore de bon service pour la charpente.

Les pins ont encore le mérite de l'agrément ; ils conservent pendant toute l'année leurs feuilles, qui dans la plupart des espèces sont d'une très-belle verdure. Ces arbres sont d'une belle stature, et d'un accroissement régulier ; ils ne sont sujets ni aux insectes, ni à aucune maladie ; enfin plusieurs de ces pins sont de la plus belle apparence au printemps, par la couleur vive des chatons dont ils sont chargés. Voyez sur la culture du pin, le dictionnaire des Jardiniers de M. Miller, et pour tous égards, le traité des arbres de M. Duhamel, qui est entré dans des détails intéressants sur cet arbre.

PIN, manière d'en tirer le suc résineux, (Art mécanique) on choisit pour cet effet le pin le plus commun dans les forêts du pays sablonneux, connu sous le nom des landes de Bordeaux, c'est le petit pin maritime de Gaspard Bauhin, ou celui que M. Duhamel désigne par le n°. 3. à l'article du pin, de son Traité des arbres et arbustes.

Pour retirer du suc résineux de ce pin, on attend qu'il ait acquis quatre pieds de circonférence. Il est parvenu à cette grosseur environ trente-cinq ans après sa naissance dans les bons terrains, c'est-à-dire, dans des sables profonds de trois ou quatre pieds. En général la grandeur de l'arbre, la rapidité de son accroissement, l'abondance du suc résineux, et la bonne qualité du bois augmentent toujours en raison d'une plus grande épaisseur de la couleur du sable.

L'ouvrier commence par emporter la grosse écorce de l'arbre depuis sa racine jusqu'à la hauteur de deux pieds sur six pouces de largeur. Cette première opération se fait au mois de Janvier, et c'est avec une hache ordinaire qu'elle s'exécute. Ensuite dès que les froids semblent avoir cessé, il enlève avec une hache d'une structure particulière, le liber ou la seconde écorce ; il pénètre aussi dans le corps ligneux, et il en emporte un copeau très-mince.

Cette première entaille faite au pied de l'arbre, n'a guère plus de trois pouces de hauteur ; et elle ne doit point excéder quatre pouces en largeur. L'ouvrier la rafraichit chaque semaine, quelquefois plus souvent, lui conservant sa même largeur ; mais s'élevant toujours de manière qu'après six ou sept mois, qui sont le temps de ce travail, elle se trouve haute d'environ 15 pouces.

L'année suivante, après avoir enlevé encore deux pieds de grosse écorce, il élève de nouveau son entaille de 15 pouces, et il continue de même pendant huit années consécutives, après lesquelles elle a acquis environ 11 pieds de hauteur.

La neuvième année on entame l'arbre à la racine auprès de l'endroit où s'est faite la première opération ; on suit celle-ci pendant huit ans, et procédant toujours de la même manière, on fait le tour de l'arbre, même plusieurs fais, car on pratique aussi des entailles sur les cicatrices qui ont couvert ses premières plaies.

Après trois ou quatre ans, l'ouvrier ne saurait poursuivre son ouvrage sans le secours d'une échelle. Celle qu'il emploie et qu'il est quelquefois obligé d'appliquer à plus de deux mille pins éloignés au-moins de quinze pieds les uns des autres, devrait être légère, et faite de manière à ne point l'embarrasser dans sa marche, qui est assez prompte. Sa construction remplit ces deux objets. C'est une grosse perche qu'on a rendue fort mince par le haut, et qu'on a diminuée par le bas jusqu'à ne lui laisser que deux pouces de diamètre. On ménage un empatement au bout inférieur, et ensuite des saillies peu éloignées les unes des autres, et taillées en cul-de-lampe. L'extrémité supérieure est aplatie et un peu courbée. L'ouvrier l'engage dans quelqu'un des intervalles que laissent entr'elles les rugosités de l'écorce. Il s'élève à la hauteur qui lui convient ; et l'un de ses pieds demeurant sur une des saillies, il embrasse l'arbre de l'autre jambe. Dans cette attitude il se sert de sa hache, et il continue son ouvrage de la manière qui a été décrite.

Une hache dont le tranchant se trouverait dans le plan du manche entamerait difficilement le pin de la manière qu'on conçoit assez qu'il doit l'être, c'est-à-dire, en formant une espèce de voute à l'origine de l'entaille. Aussi la hache est-elle montée obliquement sur son manche, et de plus courbée en-dehors à l'extrémité du tranchant la plus éloignée de la main de l'ouvrier.

Depuis le printemps jusqu'au mois de Septembre, le suc résineux coule sous une forme liquide ; et dans cet état il se nomme galipot. Il Ve se rendre dans des petites auges taillées dans l'arbre même, à la naissance des racines. Celui qui sort depuis le mois de Septembre se fige le long de l'entaille, à laquelle il se colle quelquefois. Sous cette forme, on le nomme barras. On le détache, lorsque cela est nécessaire, avec une petite ratissoire emmanchée.

On met le galipot et le barras dans une chaudière de cuivre montée sur un fourneau de briques ou de tuileaux maçonnés avec de la terre grasse. On introduit le feu sous la chaudière par un conduit souterrain, et on l'entretient avec du bois de pin, mais seulement avec la téde, c'est-à-dire, avec la partie qui a été entaillée. Le suc résineux doit être tenu sur le feu jusqu'à ce qu'il se réduise en poudre étant pressé entre les doigts. Alors on étend de la paille sur une auge de bois. On répand avec un poèlon la matière sur cette paille. Elle tombe dans l'auge parfaitement nette, ayant déposé sur ce filtre les corps étrangers dont elle était chargée. On la fait couler par un trou percé à l'extrémité de l'auge dans des creux cylindriques pratiqués dans le sable, et où elle est conduite par différentes rigoles. Elle s'y moule en pains du poids de cent ou de cent cinquante livres. Cette préparation du suc résineux se nomme le brai sec.

Dans quelques endroits on travaille avec beaucoup de propreté les creux dans lesquels on moule le brai sec. On a une aire remplie de sable fin, dans lequel on enfonce des morceaux de bois auxquels on a donné en les tournant la forme d'un petit tourteau. On remplit ces creux de matière fondue, qu'on transporte avec le poèlon ; il en sort de petits pains plus estimés que les grands, et qu'on vend plus avantageusement.

Le suc résineux étant dans l'auge, bien dépuré et encore très-chaud, on y mêle de l'eau qu'on a fait chauffer, mais qu'on n'a point laissé bouillir. On brasse fortement le mélange avec de grandes spatules de bois. Il devient jaune à mesure qu'on lui donne de l'eau ; et lorsque la couleur est parvenue au ton qu'on souhaite, on fait couler la matière dans les moules où elle se durcit, et c'est la résine.

Le sable ne pouvant se soutenir par lui-même, il céderait au poids du brai ou de la résine, dont les masses deviendraient informes. On mouille les creux et les rigoles pour leur donner de la consistance.

On met du galipot dans la chaudière. Lorsqu'il est assez cuit pour avoir pris une couleur légèrement dorée, on le coule et on le fait passer de l'auge dans les barriques, où il conserve l'état de liquidité d'un syrop très-épais.

Dans la partie septentrionale des forêts de pins, on expose le galipot au grand soleil dans des baquets. Les pièces du fond de ces baquets n'étant pas exactement jointes, le galipot fondu tombe dans des auges placées pour le recevoir. C'est la térébenthine de soleil beaucoup plus estimée que la première, qu'on appelle térébenthine de chaudière.

La térébenthine ayant été mise avec de l'eau dans une chaudière entièrement semblable à celle dont on se sert pour faire l'eau-de-vie, et qui a le même attirail que celle-ci ; on en tire par la distillation une liqueur d'une odeur pénétrante, et assez désagréable, qu'on nomme huîle de térébenthine.

On construit avec des tuileaux et de la terre grasse un four assez semblable à ceux qui servent à cuire le pain. Il en diffère par une ouverture pratiquée à son sommet et par sa base creusée en manière d'entonnoir fort évasé. Cette base pavée de briques, communique par un canal à une auge, qui se trouve au-dehors du four. L'auge et le canal sont construits de briques liées avec de la terre grasse. Ce four est inscrit dans une cage quadrangulaire formée par des poutres de pin posées les unes sur les autres, et assemblées par leurs extrémités. L'intervalle qui reste entre le four et la cage doit être bien garni de terre. Après avoir rempli ce four de copeaux enlevés en entaillant les pins, de la paille à travers laquelle le galipot et le barras ont été filtrés, de mottes de terre ramassées sous les pins, et pénétrées du suc qui en a découlé, on met le feu par le trou du sommet : une substance noire et grasse coule bientôt après, et Ve se rendre dans l'auge. On garnit le feu, et lorsqu'il a brulé assez longtemps pour que la matière ait perdu une partie de sa liquidité, et qu'elle se réduise en poudre entre les doigts, on l'éteint en couvrant l'auge de gazon. On fait couler dans des trous creusés dans le sable ce qui était contenu dans l'auge, et on a des pains d'une matière noire et dure qu'on nomme pégle, nom qui parait répondre au mot français poix.

Ces différentes préparations viennent de l'arbre vivant ; il faut le détruire pour avoir le goudron. On le tire de la partie des pins la plus chargée du suc résineux. Le bois propre à donner du goudron est pesant, rouge, et quelquefois transparent en quelque degré, lorsqu'on l'a rendu fort mince. Les pins n'en fournissent point dans toute leur étendue ; et la quantité qu'ils en fournissent, dépend de la nature des terrains. On en trouve par-tout dans les racines des arbres coupés depuis quelques années ; la téde en donne en petite quantité dans les bois les plus avancés vers l'orient ou vers le sud-est, parce que la couche de sable y est moins épaisse, et plus abondamment dans les forêts les plus voisines de la mer. Dans ces mêmes cantons où le sable descend à une plus grande profondeur, les arbres que l'âge, les incendies, ou d'autres accidents ont fait périr, et qui ont demeuré sur pied ou renversé pendant plusieurs années, ont du bois propre à faire du goudron dans presque toute la longueur de leur tige.

On coupe le bois propre au goudron en petites buches de deux pieds de longueur, sur un pouce et demi de largeur dans chacune des deux autres dimensions. On le rassemble auprès du four, qui n'est autre chose qu'une aire circulaire de dix-huit ou vingt pieds de diamètre, pavée de briques creusées en entonnoir, et plus basse d'environ deux pieds au centre qu'à la circonférence. Le centre est percé d'un trou qui communique à un canal bâti de brique qui, passant sous le four, Ve se terminer à une fosse. Autour d'un jeune pin qu'on a fait entrer dans ce trou, et qu'on élève perpendiculairement, on arrange les buches avec beaucoup de soin, observant qu'un de leurs bouts soit dirigé vers le centre, et l'autre vers la circonférence. Après avoir formé de cette manière une pîle de bois d'environ 20 pieds de hauteur ; on la couvre de gazon dans toute son étendue, exceptant seulement une ouverture qu'on laisse au sommet, et on retire le pin autour duquel elle a été construite.

Ce bucher ayant été allumé par son extrémité supérieure, rien n'est plus intéressant que d'empêcher que le feu ne trouve quelque issue. Lorsqu'il menace de se faire jour par quelqu'endroit, on y met aussi-tôt du gazon qu'on a en réserve, et dont on doit être bien fourni.

Il sort d'abord une certaine quantité d'eau rousse, ensuite vient le goudron, c'est-à-dire, cette substance noire, un peu liquide, mais épaisse et gluante, qui est assez connue ; on la reçoit dans des barrils qu'on arrange dans la fosse au-dessous d'une gouttière qui termine le canal.

On ne se met point en peine de séparer du goudron l'eau qui le précède dans cette distillation lorsqu'il en entre dans les barrils. Elle ne lui est point nuisible, à la différence de l'eau commune qui en altérerait la qualité.

Trais parties de pégles et une partie de goudron mises sur un fourneau dans une chaudière de fer fondues ensemble et bien écumées, font ce qu'on appelle le brai gras. Cette matière qui a quelque degré de liquidité, se transporte dans des barrils, dans lesquels on l'entoure en le tirant de la chaudière.

PIN, chenille de, (Insectologie) en latin pithyocampa. Les forêts de pins nourrissent ces fameuses chenilles, qui passent une grande partie de leur vie en société, et qui sont dignes d'attention par la seule quantité et la qualité de la soie dont est fait le nid qu'elles habitent en commun. Cette soie est forte, et les nids sont quelquefois plus gros que la tête d'un homme.

La figure de ces nids est toujours à-peu-près celle d'un cône renversé. Tout l'intérieur est rempli de toiles dirigées en différents sens, lesquelles forment divers logements qui se communiquent.

Toutes les chenilles de pin sorties des œufs d'un même papillon, travaillent apparemment de concert à se construire un nid peu de temps après qu'elles sont nées. Elles en sortent toutes à la fîle au lever du soleil pour aller chercher de la pâture ; une trace de soie d'une ligne de large, marque la route qu'elles suivent pour s'éloigner de leur nid ; et elles y reviennent par la même route deux ou trois heures après en être sorties.

Cette chenille n'est guère plus grande et plus grosse dans nos climats que la chenille de grandeur médiocre. Elle est velue, sa peau est noire, et parait en une infinité d'endroits au-travers des poils. Ceux du dessus du corps sont feuille morte, et ceux des côtés sont blancs ; sa tête est ronde et noire ; elle a seize jambes, dont les membraneuses sont armées de demi-couronnes de crochets ; la peau du ventre est rase, d'un vilain blanchâtre ; ses poils ne portent nulle part des tubercules ; ils tirent leur origine de la peau même.

Ces chenilles, comme la plupart de celles qui aiment à s'enfoncer en terre pour se métamorphoser, se métamorphosent néanmoins, quoique la terre leur manque.

On leur a attribué une singularité étonnante, celle de ne jamais se transformer en papillon, celle de faire des œufs pendant qu'elles sont chenilles ; ce serait là un grand prodige dans l'histoire des insectes ; aussi ce prodige merveilleux est-il contraire aux observations.

Mais une autre particularité véritable de ces chenilles, c'est d'avoir sur le dos des espèces de stigmates, différents de ceux par lesquels elles respirent l'air ; et qui plus est, de darder visiblement dans certains temps par ces mêmes stigmates des flocons de leurs poils même assez loin. Ils peuvent en tombant sur la peau y causer des démangeaisons, pour peu qu'on ait été près de ces chenilles, mais l'effet en sera bien plus grand si on les a maniées.

Voilà sans doute la cause de l'aversion qu'on porte surtout à cette espèce de chenille, et qui la fait regarder non-seulement comme venimeuse à toucher, mais encore comme un poison dangereux pour l'intérieur. Quelques modernes en parlent ainsi avec tous les anciens naturalistes ; les uns nous disent qu'elles agissent en vésicatoires sur la peau, comme les cantharides ; et d'autres qu'elles ont un venin encore plus efficace, si on en avalait mises en poudre ; cette dernière opinion est établie anciennement dans les pays chauds, et le droit romain en condamne l'usage formellement par les plus grandes peines.

Tous les jurisconsultes connaissent la loi contre ceux qui empoisonneront avec l'espèce de chenille nommée pithyocampae, c'est-à-dire, chenille de pin, ainsi que le mot grec le porte.

C'est une faute, pour le dire en passant, in digest. apud Marcellum, l. XLVIII. tit. ad leg. corn. de venef. le mot de pithyocarpa, qu'on y trouve pour pithyocampa.

Ulpien expliquant la loi cor. de Sicar. met au nombre des gens qui ont mérité la peine statuée par cette loi, ceux qu'il nomme pithyocampae propinatores. Y avait-il réellement dans le pays chaud une chenille de pin qui empoisonnât et que nous ne connaissons plus ? Ou plutôt cette idée serait-elle une erreur populaire qui a passé jusqu'à nous par tradition et par écrit ? Il y en a tant de ce genre !

PIN, (Iconolog.) il était consacré à plusieurs déités, mais surtout à Cybèle ; car on le trouve ordinairement représenté avec cette déesse. Le dieu Sylvain porte aussi quelquefois de la main gauche un rameau de pin chargé de ses pommes. Properce prétend encore, que le dieu d'Arcadie aimait et favorisait cet arbre de sa protection. Enfin, on s'en servait par préférence à tout autre pour la construction des buchers sur lesquels on brulait les morts ; et c'était-là le meilleur usage qu'on en put tirer. (D.J.)