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Catégorie parente: Histoire naturelle
Catégorie : Botanique
S. f. clematitis, (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleurs en rose, qui sont composées ordinairement de quatre pétales, et qui n'ont point de calice. Le pistil sort du milieu de la fleur, et devient dans la suite un fruit dans lequel les semences sont rassemblées en bouquet, et sont terminées par un filament semblable en quelque sorte à une petite plume. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE. (I)

CLEMATITE, (Jardinage) Il y a quelques espèces de clématite qui ne sont que des plantes vivaces : les autres en plus grand nombre, sont des arbrisseaux grimpans, dont quelques-uns par l'agrément de leurs fleurs, méritent de trouver place dans les plus beaux jardins. Ce qui peut encore engager à les y admettre, c'est que tous ces arbrisseaux sont très-robustes, à l'exception d'un seul ; qu'ils croissent très-promtement, fleurissent très-longtemps, et qu'ils réussissent dans les terrains les plus médiocres, et aux expositions les moins favorables. Une autre qualité doit encore leur donner faveur ; c'est qu'ils ne sont jamais attaqués des insectes : ce qu'on peut attribuer au suc caustique de leurs feuilles, qui brulent la bouche lorsqu'on les mâche.

Arbrisseaux grimpans. La clématite commune ou l'herbe aux gueux, est ainsi appelée de ce que les mendiants de profession se servent de ces feuilles pour se former des ulcères, et exciter la compassion du peuple : mais dans la basse Bourgogne on l'appelle viorne, quoique ce nom ne soit propre qu'à un autre arbrisseau qu'on appelle mancienne dans le même pays. Cette espèce de clématite est fort commune dans les bois, dans les haies, et dans les anciennes ruines de bâtiments, où ses longues tiges rampent et couvrent tout ce qui l'avoisine. Ses fleurs blanchâtres qui viennent en bouquet au mois de Juin, et qui durent pendant tout l'été, sont plus singulières que belles, et ont une odeur agréable ; les graines qui leur succedent ont des aigrettes barbues, blanches, et rassemblées de manière à les faire prendre de loin pour des flocons de laine : elles couvrent l'arbrisseau pendant tout l'automne, et une grande partie de l'hiver. La bouture serait le plus court moyen de multiplier cet arbrisseau, si on lui connaissait d'autre utilité que d'être propre à faire des liens et des ruches de mouches à miel.

La clématite à feuille entière ; c'est une variété de la précédente, dont elle ne diffère que parce que ses feuilles ne sont pas découpées.

La clématite du Canada ; c'est encore une variété de notre clématite commune, dont elle n'est différente qu'en ce que sa feuille n'est constamment composée que de trois lobes ; au lieu que dans l'espèce commune, les feuilles ont plus souvent cinq lobes que trois.

La clématite du Levant ; sa feuille qui est lisse, d'un verd foncé, et fort découpée, a quelque ressemblance avec celle du persil. Sa fleur qui est petite, d'un verd jaunâtre, ne parait qu'en automne ; mais elle n'a nulle beauté. Si on peut tirer quelqu'agrément de cet arbrisseau, ce n'est que de son feuillage, qui étant bien garni, peut servir à faire des palissades et des portiques de verdure dans les glus mauvaises places, où beaucoup d'autres arbrisseaux ne pourraient réussir. Cette clématite est d'ailleurs très-robuste, se multiplie aisément, et s'élève moins que les précédentes.

La clématite à fleur bleue ; cet arbrisseau de son naturel rampe par terre, ce qui le distingue d'une autre clématite à fleur bleue qui sera rapportée ci-après, et qui n'est qu'une plante vivace.

La clématite à fleur bleue double ; c'est l'un des plus beaux arbrisseaux fleurissants que l'on puisse employer dans un jardin pour l'agrément. Son feuillage d'un verd brun et constant, est très-propre à varier les nuances de verdure. Sa fleur, quoique d'un bleu obscur, est très-apparente ; on est dédommagé de ne la voir paraitre qu'à la fin de Juin, par sa durée qui Ve souvent à plus de deux mois ; et l'arbrisseau en produit une si grande quantité, qu'elles cachent son feuillage : mais elle est si double, que ne pouvant s'épanouir tout-à-la-fais, les pétales extérieurs tombent peu-à-peu, pour laisser aux plus prochaines la liberté de s'ouvrir et de se détacher à leur tour ; en sorte que pendant tout l'été le terrain au-dessous est jonché de fleurs. On peut le multiplier de boutures ou de branches couchées : c'est la plus courte voie et la plus sure : mais comme l'arbrisseau commence à pousser de très-bonne heure, et souvent dès la fin de Janvier, il faudra coucher ses branches qui feront de bonnes racines dans l'année ; au lieu que si l'on couchait du vieux bois, il ferait rarement des racines ; et s'il en produisait, elles ne seraient suffisantes pour la transplantation qu'au bout de deux ans. Les boutures prises sur les jeunes branches, réussissent beaucoup mieux aussi que celles faites de vieux bois ; elles donneront même des fleurs dès la seconde année : mais il vaudra mieux attendre les deux ans révolus pour les transplanter. Comme cet arbrisseau pousse vigoureusement, et qu'il produit de longues tiges qui s'élèvent souvent à douze ou quinze pieds, la moitié de ces rejetons se desseche et meurt pendant l'hiver ; non-seulement on doit ôter ce bois mort, mais il faut aussi tailler le bois vif au-dessus d'un oeil ou deux, sans craindre de nuire aux fleurs ; l'arbrisseau étant si disposé à en donner qu'il en produit toujours, quoiqu'on ne lui ait laissé que du bois fort vieux ; et quand même on en vient jusqu'à retrancher la plus grande partie des jeunes rejetons lorsqu'il est prêt à fleurir, il pousse de nouvelles tiges, et donne autant de fleurs qu'il aurait fait sans cela ; avec cette différence seulement, qu'elles paraissent cinq ou six semaines plus tard, et qu'elles durent tout l'automne : facilité qui n'est pas sans mérite par l'avantage qu'on en peut tirer pour l'ornement des jardins, dont on n'a à jouir que dans cette saison. Il souffre également le retard de la taille au printemps : je l'ai souvent fait couper jusqu'auprès des racines, lorsqu'il avait déjà poussé des tiges d'un pied de long, sans que cela l'ait empêché de repousser avec vigueur, ni de fleurir à l'ordinaire. Ce bel arbrisseau qui croit promptement, qui résiste aux plus cruels hivers, qui réussit dans tous les terrains, qui s'accommode des plus mauvaises expositions, qui se multiplie aisément, qui n'est jamais attaqué des insectes, est si traitable à tous égards, qu'il ne demande aucune culture : aussi n'y en a-t-il point de plus convenable pour garnir de grandes palissades, des portiques, des cabinets, des berceaux, et d'autres semblables décorations de jardins, dont il fera l'aspect le plus agréable pendant tout l'été.

La clématite à fleur pourprée, la clématite à fleur double pourprée, la clématite à fleur rouge, la clématite à fleur double incarnate : ces quatre dernières espèces de clématite sont encore de beaux arbrisseaux fleurissants, surtout les espèces à fleur double, et mieux encore celles qui sont rouges et incarnates : mais elles sont fort rares, même en Angleterre. On peut leur appliquer ce qui a été dit au sujet de la clématite à fleur bleue double ; elles ont les mêmes bonnes qualités ; elles sont aussi aisées à élever, à conduire, et à cultiver : l'agrément qu'elles ont de plus par la vivacité des couleurs rouges et incarnates de leurs fleurs, devrait bien engager à les tirer d'Angleterre.

La clématite toujours verte ou la clématite d'Espagne : cet arbrisseau qui est originaire des pays chauds, se trouvant un peu délicat, il est sujet à être endommagé du froid dans les hivers rigoureux ; ce qui doit engager à le placer aux meilleures expositions, qui ne l'empêchent pas souvent d'être gelé jusqu'aux racines. Mais malgré qu'on vante la beauté de son feuillage, qui est d'un verd tendre et brillant, et plus encore la rare qualité de produire au cœur de l'hiver ses fleurs qui sont faites en clochette et d'un verd jaunâtre, ce n'est tout au plus qu'un arbrisseau du ressort des curieux en collections, n'ayant pas assez de tenue ni d'apparence pour être admis dans les jardins d'ornement. On peut aisément le multiplier de branches couchées et de boutures, qui font de bonnes racines dans l'année.

On peut aussi multiplier de graine toutes les espèces de clématite qui sont à fleurs simples ; mais comme elle est une année en terre sans lever, on ne se sert guère de ce moyen qu'au défaut des autres plantes vivaces.

La clématite à fleur bleue, la clématite à fleur blanche, la petite clématite d'Espagne : ces plantes périssent tous les hivers jusqu'aux racines, repoussent chaque année de bonne heure au printemps, et fleurissent en été. Les deux premières s'élèvent à trois ou quatre pieds, et l'autre seulement à un pied et demi ; et c'est la seule circonstance qui la distingue de la seconde plante. On peut les élever de graine, ou en divisant leurs racines, qui donnent des fleurs l'année suivante : on ne manque pas de préférer ce dernier moyen comme le plus court et le plus simple, la graine ne levant ordinairement que la seconde année ; et il lui en faut encore deux autres pour donner des fleurs. Du reste ces plantes sont très-robustes, viennent par-tout, et ne demandent aucune culture particulière. (c)

CLEMATITE, ou HERBE AUX GUEUX, (Matière médicale) la fleur, la semence, son écorce et sa racine sont caustiques, et ne doivent pas être employées intérieurement ; mais elle est bonne à l'extérieur, pour ronger les chairs baveuses qui empêchent les plaies de se cicatriser. On l'appelle herbe aux gueux, parce que ces sortes de gens se servent du suc caustique de cette plante pour se déchirer les jambes et autres parties du corps, et inspirer par cette manœuvre la compassion de ceux qui les voient dans cet état, qui n'est pas de longue durée ni bien fâcheux, car lorsqu'ils veulent faire passer ces marques, ils n'ont besoin que de les étuver avec de l'eau commune.