Les Pyrrhoniens ou Sceptiques tenaient pour l'acatalepsie absolue : toutes les sciences ou les connaissances humaines n'allaient, selon eux, tout au plus qu'à l'apparence et à la vraisemblance. Ils déclamaient beaucoup contre les sens, et les regardaient comme la source principale de nos erreurs et de notre séduction. Voyez SCEPTIQUE, PYRRHONIEN, ACADEMIQUE, SENS, ERREUR, PROBABILITE, DOUTE, SUSPENSION, etc. (X)

* Arcésilas fut le premier défenseur de l'acatalepsie. Voici comment il en raisonnait. On ne peut rien savoir, disait-il, pas même ce que Socrate croyait ne pas ignorer, qu'on ne sait rien.

Cette impossibilité vient, et de la nature des choses, et de la nature de nos facultés, mais plus encore de la nature de nos facultés que des choses.

Il ne faut donc ni nier, ni assurer quoi que ce soit ; car il est indigne du philosophe d'approuver ou une chose fausse, ou une chose incertaine, et de prononcer avant que d'être instruit.

Mais tout ayant à-peu-près les mêmes degrés de probabilité, un philosophe pour et contre peut donc se déclarer contre celui qui nie ou qui assure quoi que ce soit ; sur, ou de trouver enfin la vérité qu'il cherche, ou de nouvelles raisons de croire qu'elle n'est pas faite pour nous. C'est ainsi qu'Arcésilas la chercha toute sa vie, perpétuellement aux prises avec tous les philosophes de son temps.

Mais si ni les sens ni la raison ne sont pas des garants assez surs pour être écoutés dans les écoles de Philosophie, ajoutait-il, ils suffisent au moins dans la conduite de la vie, où l'on ne risque rien à suivre des probabilités, puisqu'on est avec des gens qui n'ont pas de meilleurs moyens de se déterminer.