Il y a donc des animaux qui ont des sexes et des parties propres à la copulation, d'autres qui ont aussi des sexes et qui manquent de parties nécessaires à la copulation ; d'autres, comme les limaçons, ont des parties propres à la copulation et ont en même temps les deux sexes ; d'autres, comme les pucerons, n'ont point de sexe, sont également pères ou mères et engendrent d'eux-mêmes et sans copulation, quoiqu'ils s'accouplent aussi quand il leur plait, sans qu'on puisse savoir trop pourquoi, ou pour mieux dire, sans qu'on puisse savoir si cet accouplement est une conjonction de sexes, puisqu'ils en paraissent tous également privés ou également pourvus ; à moins qu'on ne veuille supposer que la nature a voulu renfermer dans l'individu de cette petite bête plus de faculté pour la génération que dans aucune autre espèce d'animal, et qu'elle lui aura accordé non-seulement la puissance de se reproduire tout seul, mais encore le moyen de pouvoir aussi se multiplier par la communication d'un autre individu ".

Et à la page 313. " Presque tous les animaux, à l'exception de l'homme, ont chaque année des temps marqués pour la génération : le printemps est pour les oiseaux la saison de leurs amours ; celle du frai des carpes et de plusieurs autres espèces de poissons est le temps de la plus grande chaleur de l'année, comme aux mois de Juin et d'Aout ; celle du frai des brochets, des barbeaux et d'autres espèces de poissons, est au printemps ; les chats se cherchent au mois de Janvier, au mois de Mai, et au mois de Septembre ; les chevreuils au mois de Decembre ; les loups et les renards en Janvier ; les chevaux en été ; les cerfs au mois de Septembre et Octobre ; presque tous les insectes ne se joignent qu'en automne, etc. Les uns, comme ces derniers, semblent s'épuiser totalement par l'acte de la génération, et en effet ils meurent peu de temps après, comme l'on voit mourir au bout de quelques jours les papillons qui produisent les vers à soie ; d'autres ne s'épuisent pas jusqu'à l'extinction de la vie, mais ils deviennent comme les cerfs, d'une maigreur extrême et d'une grande faiblesse, et il leur faut un temps considérable pour réparer la perte qu'ils ont faite de leur substance organique ; d'autres s'épuisent encore moins et sont en état d'engendrer plus souvent ; d'autres enfin, comme l'homme, ne s'épuisent point du tout, ou du moins sont en état de réparer promptement la perte qu'ils ont faite, et ils sont aussi en tout temps en état d'engendrer, cela dépend uniquement de la constitution particulière des organes de ces animaux : les grandes limites que la nature a mises dans la manière d'exister, se trouvent toutes aussi étendues dans la manière de prendre et de digérer la nourriture, dans les moyens de la rendre ou de la garder, dans ceux de la séparer et d'en tirer les molécules organiques nécessaires à la reproduction ; et par-tout nous trouverons toujours que tout ce qui peut être est ". (I)