Il faut avoir un nerf de bœuf, et mettre tremper le gros bout dans l'eau pendant quatre ou cinq heures ; et après qu'il sera ramolli de la sorte, le faire ronger au cheval, qui l'aplatira peu-à-peu : ou bien vous l'aplatirez avec un marteau, et y mettrez ensuite gros comme une noix de l'armand : vous ouvrirez d'une main la bouche du cheval, lui faisant tenir la langue par quelqu'un avec la main, et la tête aussi, de peur qu'il ne la remue ; et vous introduirez votre nerf ainsi chargé, le plus avant qu'il sera possible. Dès qu'il aura pénétré assez avant dans la bouche, il faut lui lâcher la langue, et lui laisser mâcher le nerf de bœuf et l'armand tout ensemble l'espace d'un pater ; vous lui en remettrez ensuite jusqu'à cinq ou six fais, et le laisserez manger au bout de trois heures, pour lui redonner l'armand ; et continuerez de la sorte de trois en trois heures.

L'armand est utîle à tous les chevaux dégoutés et malades, pourvu qu'ils n'aient point de fièvre. Il nourrit et fait revenir l'appétit, et ne manque jamais, lorsqu'on fourre tout doucement le nerf jusqu'au fond du gosier, de faire jeter au-dehors quantité de flegmes amères et bilieuses qui causent le dégout. Il faut à chaque fois qu'on retire le nerf du gosier, le nettoyer et l'essuyer avec du foin. Soleysel, Parfait Maréchal.

L'armand est bon pour déboucher le gosier d'un cheval qui aurait avalé une plume ou telle autre ordure semblable, enfonçant par plusieurs fois le nerf chargé d'armand jusqu'au fond. On éprouvera que l'usage de ce remède ne fait aucune violence au cheval, et qu'il le nourrit et le remet en appétit ; mais si le maréchal a la main rude, et que le nerf ne soit pas amolli, il peut crever le gosier du cheval, et le faire mourir par la suite : mais cela arrive fort rarement. Ibid.

Autre armand pour un cheval dégouté. Prenez une livre de miel, et le faites un peu chauffer ; un demi-verre de vinaigre, et un peu de farine de froment cuite au four : faites cuire doucement le tout dans un pot devant le feu : ajoutez-y une canelle rapée, et pour deux liards de girofle battu. Quand le tout sera cuit, vous le ferez prendre au cheval le mieux que vous pourrez.

Comme un cheval peut être dégouté parce qu'il est malade, et que si on laissait agir la nature il serait en danger de se laisser atténuer faute de nourriture, on prend du gruau ou de l'orge mondé qu'on fait bouillir dans un pot sans beurre, puis on le donne tiede au cheval ; ce qui suffit pour le soutenir dans son mal, et empêcher qu'il ne meure de faim. (V)