On tire de l'able la matière avec laquelle on colore les fausses perles. Voyez FAUSSES PERLES. C'est cette matière préparée que l'on appelle essence d'Orient. Pour la faire, on écaille le poisson à l'ordinaire, on met les écailles dans un bassin plein d'eau claire, et on les frotte comme si on voulait les broyer. Lorsque l'eau a pris une couleur argentée, on la transverse dans un verre, et ensuite on en verse de nouvelle sur les écailles, et on réitère la même opération tant que l'eau se colore : après dix ou douze heures, la matière qui colorait l'eau se dépose au fond du verre, l'eau devient claire ; alors on la verse par inclination jusqu'à ce qu'il ne reste plus dans le verre qu'une liqueur épaisse à peu près comme de l'huile, et d'une couleur approchante de celle des perles : c'est l'essence d'Orient. Les particules de matière qui viennent des écailles sont sensibles dans cette liqueur au moyen du microscope, ou même de la loupe. On y voit des lames, dont la plupart sont de figure rectangulaire, et ont quatre fois plus de longueur que de largeur : il y en a aussi dont les extrémités sont arrondies, et d'autres qui sont terminées en pointe ; mais toutes sont extrêmement minces ; toutes sont plates et brillantes. Cette matière vient de la surface intérieure de l'écaille où elle est rangée régulièrement et recouverte par des membranes ; de sorte que si on veut en enlever avec la pointe d'une épingle, on enlève en même temps tout ce qui vernit l'écaille, ou au moins la plus grande partie, parce qu'on arrache la membrane qui l'enveloppe. Cette matière brillante ne se trouve pas seulement sur les écailles du poisson ; il est encore brillant après avoir été écaillé, parce qu'immédiatement au-dessous de la peau que touchent les écailles, il y a aussi une membrane qui recouvre des lames argentées. La membrane qui enveloppe l'estomac et les intestins en est toute brillante. Cette matière est molle et souple dans les intestins, et elle a toute sa consistance et sa perfection sur les écailles. Ces observations, et plusieurs autres, ont fait conjecturer que la matière argentée se forme dans les intestins, qu'elle passe dans des vaisseaux pour arriver à la peau et aux écailles, et que les écailles sont composées de ces lames qui sont arrangées comme autant de petites briques, soit les unes contre les autres, soit les unes au-dessus des autres, ainsi qu'on peut le reconnaître à l'inspection de l'écaille. Si les écailles de l'able se forment de cette façon, celles des autres poissons pourraient avoir aussi la même formation. M. de Réaumur, Mém. de l'Acad. royale des Scienc. année 1716. Voyez ÉCAILLE, POISSON. (I)

ABLETTE, poisson de rivière. Voyez ABLE. (I)